16.06.2014 par Philippe Chapleau - Lignes de défense
Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) a diffusé ce matin ses données annuelles sur les forces nucléaires (voir le communiqué de presse ici). Les données montrent que, bien que le nombre total d'armes nucléaires dans le monde continue de baisser, aucun des États dotés d'armes nucléaires n'est prêt à abandonner ses arsenaux dans un avenir prévisible. Début 2014, neuf États — États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord — possédaient près de 4 000 armes nucléaires opérationnelles. Si toutes les ogives nucléaires étaient comptabilisées, l’ensemble de ces États posséderaient un total d'environ 16 300 armes nucléaires contre 17 270 début 2013 (le détail des données est à voir ici).
Selon le SIPRI, la France dispose de 300 ogives (un chiffre stable). Ces chiffres me donnent l'occasion de dire un mot du récent ouvrage de Philippe Wodka-Gallien (auteur du Dictionnaire de la dissuasion, paru chez Marines éditions).
L'essai de Philippe Wodka-Gallien est intitulé Essai nucléaire. la force de frappe française au XXIe siècle: défis, ambitions et stratégie; il a été publié chez Lavauzelle (23,60 €, 220 pages).
Conçu durant la guerre froide, l'arsenal nucléaire français sert-il encore à quelque chose? La force nucléaire remet elle en cause l'équipement des forces conventionnelles ? Qu'en est-il des perspectives de désarmement ? Le petit livre du responsable des relations Presse de Sagem (qui n'imagine pas un seul instant qu'un responsable politique français puisse décider de remettre en cause cet acquis stratégique, politique et militaire) répond à ces interrogations.
Si cet ouvrage est destiné "au citoyen qui cherche à mieux comprendre l'ambition nucléaire militaire française", le ton de l'auteur est souvent celui du plaidoyer en faveur de la dissuasion. Mais l'angle choisi remet bien en perspective les fondements d'une politique de défense fondée sur la dissuasion : politiques, militaires, technologiques, industriels, voire culturels.
Le verdict est clair : la dissuasion à la française (avec un "format de stricte suffisance") se présente comme un réducteur d'incertitudes. Elle projette le concept français de défense loin dans l'avenir, compte-tenu d'un environnement international instable qui renoue avec les logiques de puissance et de course aux armements.
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