Paris dispose d’une carte maîtresse même si elle doit être maniée avec prudente : la reprise des 60 Mirage 2000-9. Rafale fighter 11 Jul – source Stéphane Fort
23/07 Par Alain Ruello – LesEchos.fr
La France reste bien décidée à vendre 60 Rafale aux Emirats. Mais pour y arriver, elle devra améliorer son offre sur le plan de la coopération industrielle.
Même si elle n’a pas réussi à le faire sous l’ère Sarkozy, la France reste bien décidée à vendre 60 Rafale aux Emirats, en surfant sur la relation de confiance retrouvée entre les deux pays. Face à l’Eurofighter poussé par BAE Systems et Londres, Dassault peut arguer de performances supérieures. Pour ce qui est du prix, là encore, le match apparaît favorable à l’avion tricolore comme l’a démontré sa victoire sur son concurrent européen en finale de l’appel d’offres indien.
Sur le plan diplomatique, les jeux sont plus équilibrés. Paris est un allié historique du royaume du golfe au point de d’avoir conclu un accord d’auto défense en 2007 assorti de l’implantation d’une base militaire sur place. Mais Londres n’est pas en reste et négocierait un important accord de défense avec son ancien protectorat.
Dernier critère qui permettra de départager les deux camps : la coopération industrielle. Sur ce volet, les Britanniques semblent avoir pris une longueur d’avance. « Ils ont beaucoup proposé », reconnaît-on dans le camp français. Lorsque le Rafale était seul en lice, l’avionneur et la DGA avait mis sur la table la possibilité pour les deux pays de partager le coût de certaines améliorations techniques du Rafale. Il va sans doute falloir aller plus loin en associant les industriels locaux.
La reprise des 60 Mirage 2000-9
In fine, Paris dispose d’une carte maîtresse même si elle doit être maniée avec prudente : la reprise des 60 Mirage 2000-9. A ce stade, Abou Dhabi a fixé la règle suivante, explique-t-on aux « Echos » : celui qui emportera l’affaire devra se charger de revendre ces appareils, dont la moitié va sur ses 30 ans. Comme il s’agit d’un matériel d’armement français, Paris a un droit de veto sur leur réexportation.
Pour satisfaire cette règle, BAE a donc besoin d’informations précises – ne serait-ce que pour évaluer le prix de reprise - que Paris refuse évidemment de fournir pour ne pas favoriser le concurrent de Dassault. C’est de bonne guerre. Mais quid si Abou Dhabi devait in fine trancher en faveur de l’Eurofighter ? La France irait-elle jusqu’à bloquer la revente des Mirage et donc tout l’affaire quitte à casser la relation de confiance patiemment retissée ?
Pendant ce temps-là, les Américains ne restent pas inactifs. Ils négocient la vente d’une vingtaine de F-16 pour remplacer une partie des 80 exemplaires hors de service, ainsi que l’installation sur toute cette flotte de la liaison de donnée tactique L16 de l’Otan. Il semble également que tout cela s’accompagne d’un gros paquet de missiles air-sol. Avec le bon espoir, qu’à terme, les Emirats remplacent tous ces appareils par des F-35.
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