25 octobre 2013 Günther Nonnenmacher (Frankfurter Allgemeine Zeitung) - courrierinternational.com
La France envisage de retirer ses troupes stationnées en Allemagne pour raisons financières. Une évolution regrettable, mais une conséquence logique des divergences politiques entre les deux pays, estime un éditorialiste allemand.
L'inspecteur général de la Bundeswehr, le général Henning von Ondarza (G) et le chef d'Etat-major de l'armée de terre française, le général Gilbert Forray (2ndL) passent en revue les troupes de la brigade franco-allemande à l'occasion de son baptême, le 12 janvier 1989 à Boeblingen. - AFP L'inspecteur général de la Bundeswehr, le général Henning von Ondarza (G) et le chef d'Etat-major de l'armée de terre française, le général Gilbert Forray (2ndL) passent en revue les troupes de la brigade franco-allemande à l'occasion de son baptême, le 12 janvier 1989 à Boeblingen. - AFP
En 1987, quand le chancelier Helmut Kohl et le président François Mitterrand ont décidé de créer une brigade franco-allemande, cette décision était censée être un geste fort, le pendant pratique à la poignée de main symbolique sur le champ de bataille de Verdun : les ennemis jurés qui s'étaient affrontés devenaient des alliés au sein d'unités militaires conjointes.
L'affaire n'en a pas moins été épineuse. Les esprits soupçonneux habituels n'ont pas manqué de redouter que cela donne naissance à une alliance dans l'alliance qui saperait l'OTAN. Depuis l'époque de De Gaulle, l'armée française ne faisait pas partie de la structure de commandement intégré de l'Alliance atlantique. Preuve du caractère complexe du dossier, lors de la réunification allemande, Mitterrand a décrété que les troupes françaises stationnées en Allemagne seraient rapatriées. Ce n'est qu'après de longues négociations que Kohl a réussi à convaincre le président français que l'Allemagne ne le souhaitait pas.
Pas de politique étrangère commune
Il est loin, le temps où la brigade franco-allemande échauffait les esprits. Sous Nicolas Sarkozy, la France a réintégré la structure de commandement de l'OTAN, les troupes françaises sont rentrées chez elles pour des raisons non politiques, mais d'économie. Pourtant, c'est aussi la faute de la brigade elle-même si l'on ne parle plus autant de coopération militaire. Jamais elle n'a été déployée sur le terrain et elle n'a aucune vocation opérationnelle, au-delà du besoin d'apprendre à se connaître, à s'entraîner ensemble, et du défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées. Il n'est donc pas étonnant que Paris, en ces temps d'austérité et de caisses vides, fasse connaître son intention de retirer sa dernière unité militaire du sud de l'Allemagne.
En réalité, une telle formation n'aurait de sens que si elle devenait l'instrument militaire d'une politique étrangère commune. Ce dont il ne saurait être question, comme l'ont prouvé ces derniers temps la Libye, le Mali ou la Syrie. La France se considère encore comme une puissance capable d'intervenir sur la scène géopolitique mondiale, dans le cadre de ses moyens. L'Allemagne, elle, s'est imposée une "culture de retenue militaire" qui frise l'incapacité à participer à l'Alliance. La fin de la brigade franco-allemande serait donc certes regrettable, mais logique d'un point de vue politique.
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