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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 12:45
photo EMA

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Si l'opération Serval orchéstrée par la France a chassé du Mali les groupes terroristes qui avaient pillés les arsenaux de Kadhafi, une partie des djihadistes est désormais réfugiée dans le Sud Libyen d'où ils mènent des actions.

 

10/10/2013 Par Isabelle Lasserre


 

DECRYPTAGE - Les opérations militaires en Libye avaient été un succés pour la coalition en 2011. Depuis, le pays est dans une impasse et la fin du conflit se fait encore attendre.

 

En 2011, la guerre aérienne franco-britannique menée en Libye, avec le soutien des États-Unis, fut considérée par certains comme un modèle d'intervention militaire pour l'avenir. Les objectifs furent atteints en quelques mois, sans pertes humaines pour la coalition et avec très peu de dégâts collatéraux au sol. Deux ans et demi plus tard, le chaos qui règne dans ce pays relativise le succès remporté à l'époque par la coalition.

Une guerre se gagne toujours au sol, ont coutume de dire les «terriens». Il existe une autre maxime dans la théorie militaire: la guerre d'avant pèse toujours lourdement sur celle d'après. Tirant la leçon de l'enlisement des troupes en Afghanistan, les armées occidentales, sous l'impulsion des pouvoirs politiques, ont adopté dans le conflit libyen une approche indirecte: un engagement à distance avec les avions de chasse, couplé à un soutien aux alliés locaux. De Washington à Paris en passant par Londres régnait alors un consensus: ne pas engager de forces au sol, qu'il s'agisse de la phase de coercition ou de celle de stabilisation, une fois la paix obtenue. Il s'agissait aussi de ne pas braquer le nationalisme des combattants libyens, défavorables à une présence de soldats étrangers sur leur territoire.

La Libye paye aujourd'hui cette impasse. En l'absence de troupes internationales pour sécuriser les arsenaux de Kadhafi, ceux-ci ont été pillés par les groupes islamistes. La prolifération des armes a gangrené l'ensemble du Sahel. L'effondrement de l'État libyen, ultracentralisé mais sans institutions fortes, a créé un vide de pouvoir qui fait parfois penser à l'Irak au lendemain de la chute de Saddam Hussein. Libérés de la «dictature», les mouvements islamistes se sont renforcés, notamment dans le sud du pays. Ils ont depuis été rejoInts par les groupes armés chassés du nord du Mali par l'opération «Serval», en début 2013.

 

Cercle vicieux

«La bataille a été gagnée, mais la guerre a été perdue. Le bilan de la Libye, c'est une victoire tactique mais un échec stratégique», commente le général Vincent Desportes. Si l'objectif militaire a été atteint, la paix, censée être l'aboutissement de la guerre, se fait toujours attendre.

«Depuis la guerre froide, la force militaire de l'Otan a été réduite par plusieurs diviseurs d'efficacité comme la réduction des budgets de défense européens, la différenciation des cultures militaires, le refus politique de “stratégiser” les opérations, tout en s'introduisant dans leur conduite», écrivait, au lendemain du conflit en Libye, le colonel Michel Goya, sur son blog «La voie de l'épée». Les outils mis en place par la communauté internationale pour fixer la paix ont été insuffisants et trop longs à se concrétiser, comme la mission européenne d'assistance pour le contrôle des frontières.

«Nous manquons d'épaisseur stratégique», poursuit Vincent Desportes. Le général voit dans l'exemple libyen l'illustration «de nos difficultés actuelles», qui risquent selon lui d'être aggravées par les nouvelles restrictions budgétaires de la loi de programmation militaire (LPM). Jadis première puissance militaire au monde, la France n'aurait plus les moyens, politiques et militaires, de se lancer seule dans des opérations militaires de grande envergure.

Malgré le franc succès de l'opération «Serval», l'histoire, dans le Sahel, tourne en rond. L'intervention occidentale en Libye a fait tomber Kadhafi mais a permis aux groupes djihadistes de prospérer. L'opération française au nord du Mali a cassé les reins des groupes terroristes qui avaient pillé les arsenaux de Kadhafi. Mais une partie des djihadistes qui ont survécu à l'offensive se sont réfugiés dans le Sud libyen, où ils prolifèrent à nouveau. Seule «une action internationale dans la durée au Mali, mais aussi en Libye et auprès des autres partenaires sous-régionaux» permettra de rompre ce cercle vicieux, écrit Antonin Tisseron dans une note de l'Institut Thomas More.

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