La livraison à la Chine de grilles d’appontage par le français DCNS a provoqué des tensions entre Tokyo et Paris
07/01 Par Claude Fouquet - Les Echos.fr
Les ministres français et japonais des affaires étrangères se retrouvent à Paris jeudi. Ils vont tenter d’apaiser les tensions qui existent entre les deux pays depuis la livraison à la Chine de matériel sécuritaire français pouvant aussi être utilisé à des fins militaires.
C’était l’un des dossiers qui avait pesé lors de la visite de François Hollande au Japon en juin 2013 . Il devrait être l’un des principaux points abordés jeudi à Paris lors d’une rencontre « 2+2 »des ministres français et japonais des affaires étrangères et de la Défense : compte tenu de l’embargo européen sur la vente d’armes à la Chine, était-il légitime pour une entreprise française de vendre à Pékin du matériel sécuritaire destiné à une utilisation civile mais pouvant être aussi utilisé à des fins militaires ?
Selon plusieurs sources citées ce lundi par l’agence de presse Kyodo, Paris et Tokyo devraient s’entendre sur la création d’un cadre formel de consultations sur les questions d’exportation de ce type de matériel sécuritaire à potentiel militaire. Lors de cette réunion qui réunira côté français Laurent Fabius et Jean-Yves le Drian et côté japonais leurs homologues respectifs, Fumio Kishida et Itsunori Onodera.
Tokyo s’inquiète d’une utilisation militaire du matériel livré par Paris
A l’origine de cette polémique qui agite Tokyo depuis plusieurs mois la livraison au printemps dernier de grilles d’appontage pour hélicoptères à Pékin par le constructeur français DCNS. L’entreprise qui est l’un des leaders mondiaux de l’équipement naval de défense a en effet livré ce matériel à la Zhōngguó Hǎijiǎn (la Surveillance maritime chinoise), une agence civile, sous tutelle du ministère de la Sécurité publique.
Rien d’illégal donc puisqu’il s’agit de matériel civil vendu à une structure civile. Mais s’inquiète Tokyo, ce matériel qui permet aux hélicoptères de mieux s’arrimer aux navires, ont été installées sur les ponts d’atterrissage des patrouilleurs chinois qui multiplient les provocations contre la marine japonaise près des Senkaku, des îlots de la mer de Chine orientale contrôlés par Tokyo mais revendiqués par Pékin. Une question d’autant plus sensible que la situation est loin de s’arranger.
Les ministres japonais et français devraient également confirmer la mise en place d’un autre cadre de consultation au niveau opérationnel visant au développement commun de matériel de défense. Et discuteront également des catégories de matériels qui pourrait être développés conjointement et des règles d’exportation vers des pays tiers qui pourraient être appliquées.
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