22.01.2013 affaires-strategiques.info
Alors qu’en Europe, la question d’une défense commune semble empêtrée dans des considérations purement politiques, le continent européen étant libre de tout conflit à l’heure actuelle, l’Union africaine (UA) fait face à des défis plus pratiques dus à la multiplication des crises dans la région.
Dans une note d’analyse, le chercheur du GRIP, Michel Luntumbue, met en lumière les difficultés rencontrées par l’Union africaine dans ce domaine depuis sa création en 2002. Ainsi, bien que cette organisation régionale ait affiché sa volonté d’assumer davantage de responsabilités en matière de prévention, de résolution des conflits et de maintien de la paix, les crises qui ont marqué la dernière décennie ont montré les limites de cet engagement et suscité des doutes quant à la capacité de l’UA à y répondre sans soutien extérieur. Aussi, M Luntumbue considère qu’il est nécessaire de remettre en perspective les défis liés à l’opérationnalisation de l’architecture africaine de paix et de sécurités (APSA selon l’acronyme anglais). Celle-ci est chapeautée par le Conseil de paix et de sécurité (CPS), un organisme calqué sur le Conseil de sécurité de l’ONU et qui jouit de larges pouvoirs en matière de prévention, de gestion et de règlement des conflits.
Pour répondre aux crises touchant la région, le CPS s’est doté en 2004 d’une Force africaine en attente (FAA) devant compter à l’échéance 2015 de 25.000 à 32.000 hommes et déployée selon un principe régional. Ainsi, la FAA est divisée en cinq brigades correspondant aux cinq régions économiques du continent à savoir l’Afrique australe, centrale, de l’Est, du Nord et de l’Ouest. Dans l’optique de l’opérationnalisation de la FAA, le CPS a établi une feuille de route définissant un plan de mise en place assorti d’exercices stratégiques, tactiques et opérationnels ainsi que des délais indicatifs. Or, comme le note M Luntumbue, fin 2013, seules deux des cinq brigades régionales étaient en passe de devenir opérationnelles, en raison de multiples écueils politiques et matériels, rendant hypothétique l’opérationnalisation de la FAA en 2015. Aussi, la crise malienne, qui a clairement montré l’incapacité de l’UA à gérer ce type de crises sans aide extérieure, a poussé l’organisation panafricaine à réfléchir à un moyen d’africaniser les réponses sécuritaires, d’où la création, annoncée en avril 2013, de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC).
Composée de 1.500 hommes et déployable en dix jours, la CARIC est conçue comme un mécanisme transitoire en attendant l’opérationnalisation de la FAA et est, à la différence de cette dernière qui intègre des fonctions policières et civiles, un dispositif exclusivement militaire. Cependant, avant même sa mise en œuvre, ce dispositif a fait l’objet de critiques et de réserves, notamment quant à la capacité des pays de l’UA à se mettre d’accord sur son financement ou encore sur les déploiements futurs de la CARIC. Aussi, même si les exemples de la MONUSCO et l’AMISOM ont montré au contraire que l’UA pouvait s’entendre pour réagir, les difficultés liées à l’émergence d’un consensus et à la répartition des dépenses restent le principal frein au succès de l’APSA. Néanmoins, si les dernières avancées témoignent de la volonté de l’UA de créer de réels mécanismes visant à répondre aux conflits africains, M Luntumbue considère que l’organisation panafricaine devrait également s’atteler à trouver des moyens de prévenir ces crises en investissant en amont, via, par exemple, le développement économique ou encore la mise en place d’institutions politiques légitimes.
Source : GRIP
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