Lockheed espère vendre son F35 - l’avion le plus cher de l’histoire qui a subi de nombreux déboires techniques récemment - pour moitié à l’étranger. La Corée du Sud compte lui en acheter une quarantaine l’an prochain
04/02 Par Lucie Robequain – lesEchos.fr
Les fournisseurs du Pentagone ont tous vu leurs ventes chuter l’an dernier. Ils rebondissent en démarchant les pays étrangers et les clients civils.
Les groupes de défense américains sont les principales victimes de la rigueur budgétaire qui s’est abattue sur les Etats-Unis l’an dernier. Pratiquement tous ont vu leurs ventes baisser au cours du dernier trimestre 2013. Raytheon, le principal fabricant de missiles au monde, a vu son chiffre d’affaires chuter de près de 9% par rapport à la même période de l’année précédente.
Même tendance pour Northrop Grumman (-5%), Lockheed Martin (-4%) et Boeing Défense (-1%). Le pire est a priori derrière eux : le budget du Pentagone a été raboté de 45 milliards de dollars l’an dernier. Il devait l’être d’encore 20 milliards de dollars cette année, mais le Congrès a annulé ces nouvelles coupes, estimant que le redressement spectaculaire du budget américain ne justifiait plus un tel effort.
La rigueur a beau n’avoir été que passagère, elle a montré aux groupes de défense qu’ils avaient tout intérêt à diversifier leurs marchés. « Il y a du soulagement pour 18 à 24 mois. Mais nous restons très inquiets de l’incertitude budgétaire à long terme », a indiqué la semaine dernière le PDG de Boeing, Jim McNerney. Le groupe est d’autant plus vulnérable à ces coupes que le Pentagone représente 80% des revenus de sa branche défense.
Deux relais de croissance essentiels
Les géants du secteur misent donc sur deux relais de croissance essentiels : les commandes commerciales et les marchés à l’exportation. C’est évidemment le cas de Boeing, qui n’a jamais enregistré autant de commandes d’avions commerciaux. United Technologies, qui produit les avions Pratt & Whitney, a lui aussi augmenté de 14% ses ventes d’engins commerciaux sur un an et réduit de 8% celles d’engins militaires. A titre d’exemple, le groupe vend moins d’hélicoptères Sikorsky à l’armée mais davantage aux compagnies pétrolières. « La croissance du marché commercial a plus que compensé la faiblesse de celui de la défense », se félicite Greg Hayes, le directeur financier du groupe.
Lockheed, le premier sous-traitant du Pentagone, diversifie lui aussi son offre. Il est en train de transformer l’un de ses avions militaires, le Super Hercule, en avion commercial. Il espère en vendre une petite centaine aux compagnies pétrolières et minières, qui ont besoin de transporter des générateurs et des installations lourdes dans les endroits les plus reculés du monde. « Cela ouvre un marché complètement nouveau pour nous », explique Jack Crisler, vice-président du groupe.
Plus important encore est le développement des marchés à l’exportation. La Maison-Blanche fait tout pour accompagner le mouvement : rompant avec 50 ans de contrôle strict, elle s’apprête à lever les barrières à l’exportation pour tous les équipements jugés non stratégiques - gouvernails, roues, cockpits, etc. La réforme, qui demandera encore plusieurs mois de concertation, est attendue depuis des années par les sous-traitants. En attendant, c’est Raytheon, le fabricant des fameux missiles Patriot, qui se montre le plus agressif. Les ventes à l’étranger représentent 27% de son chiffre d’affaires et leur part devrait encore grimper de 10% l’an prochain.
La demande des pays du Moyen-Orient est particulièrement forte : le groupe vient de vendre un système de défense terrestre de 1,3 milliard de dollars à Oman. Il devrait encore signer un contrat de 600 millions de dollars avec le Koweït dans les prochaines semaines. Lockheed joue son va-tout avec le fameux F35, l’avion le plus cher de l’histoire et qui a subi de nombreux déboires techniques récemment. Il espère en vendre la moitié à l’étranger. La Corée du Sud compte déjà en acheter une quarantaine l’an prochain.
Pour aller plus loin, lire aussi : Les dépenses militaires mondiales rebondissent
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