5/03/14 - 7sur7.be (Belga)
Le ministère de la Défense a fini par annoncer mardi la désignation et l'affectation d'une demi-douzaine de généraux, mettant fin aux spéculations qui circulaient en interne depuis des semaines. Il a également confirmé la nomination - en fait le "commissionnement" pour la durée d'un mandat - de deux généraux de brigade ("à une étoile") francophones, dont une femme, qualifiés de "généraux en chocolat" par le député Denis Ducarme.
Le commandant militaire du Palais de la Nation (le bâtiment qui abrite le parlement fédéral), le lieutenant-général Jean-Marie Jockin, quitte le service actif le 1er avril prochain et sera bien remplacé par le général-major Harry Vindevogel, a indiqué le ministère sur son site internet.
Cet officier, qui commande l'Ecole royale militaire (ERM) de Bruxelles, cèdera sa place dès le 25 mars au général-major Henk Robberecht, actuellement "adjoint du sous-chef d'état-major Opérations du département d'état-major Opérations et Entraînement", précise la Défense.
Son successeur à cette fonction sera le colonel Frederik Vansina, actuel chef d'état-major - et donc "numéro deux" de la composante Air. Il sera nommé général-major ("deux étoiles") le 26 mars, tout comme le colonel Jean-Paul Claeys. Chef du Secrétariat administratif et technique (SAT) du département de la Défense, accolé au cabinet du ministre, il conservera cette fonction.
Ces deux nominations contribueront à redresser - très légèrement - le déséquilibre linguistique qui prévaut au sein de la haute hiérarchie militaire, en faveur des néerlandophones.
A moyen terme, le chef de la composante Terre, le général-major néerlandophone Hubert De Vos, quittera le service actif le 1er octobre 2014 et sera remplacé par le général-major francophone Jean-Paul Deconinck.
Deux généraux de brigade francohones seront enfin commissionnés: le colonel Pascal Laureys et une de ses collègues féminines, Corinne Faut. Lui qui commande depuis un an et demi la brigade légère, dont l'état-major est installé à Marche-en-Famenne, ira au Joint Force Command (JFC), un quartier général de l'Otan installé à Brunssum, dans le sud-ouest des Pays-Bas. Il devrait y remplacer en tant qu'assistant du chef d'état-major logistique (alias ACOS J4) un autre "brigadier" francophone, Patrice Laurent, qui partira à la retraite cet été. La générale Corinne Faut prendra pour sa part la tête du service de communication de la Défense, la DG-Com, vacante depuis le mois d'octobre.
Mais ces promotions ne satisfont guère le député Denis Ducarme (MR), qui n'a de cesse de réclamer un rééquilibrage linguistique dans la haute hiérarchie militaire.
"Les francophones mis en place par (le ministre de la Défense, Pieter) De Crem sont des généraux de brigade, des 'une étoile', des généraux en chocolat parce qu'ils n'ont pas le pouvoir des autres", déclarait-il par avance vendredi dernier aux journaux du groupe L'Avenir.
En date du 10 janvier, l'armée comptait 42 généraux (à une, deux, trois ou quatre étoiles), dont 27 néerlandophones et quinze francophones, dont une femme. Mais les deux seuls "quatre étoiles" sont néerlandophones: le chef de la Défense (Chod), le général Van Caelenberge, et le chef de la Maison militaire du roi, le général Jef Van den Put.
La déclaration gouvernementale régissant l'action de l'équipe Di Rupo 1er contient toutefois une volonté de rééquilibrage et stipule que "le respect de l'équilibre linguistique au sein de l'armée sera un souci permanent du gouvernement". Elle fait suite à l'"affaire Gennart" - du nom de l'ancien commandant de la base aérienne de Florennes, le colonel Luc Gennart, qui avait dénoncé publiquement en octobre 2010 la "flamandisation" de l'armée -, ce qui avait conduit à la mise sur pied d'un groupe de travail à la Chambre. Celui-ci a recommandé de "tendre vers l'équilibre" entre les officiers francophones et néerlandophones pour les plus hautes fonctions de la hiérarchie militaire et suggéré une série de mesures pour y parvenir.