11 Mars 2014 Par Pierre-Alexandre Bouclay – V.A.
Etat des lieux. Moscou a pris un gage en Crimée pour négocier au mieux ses intérêts, menacés par la révolution de Kiev. L’Occident a peu d’options. Seule l’Allemagne peut tirer son épingle du jeu.
Pressions russes, menaces américaines, flottements ukrainiens, médiation allemande, absence française, glissements boursiers… La chute du président Viktor Ianoukovitch, le 22février, chassé par la contestation née en novembre dernier sur la place Maïdan de Kiev, a déclenché une crise internationale inattendue. L’attention s’est focalisée sur la Crimée, une province autonome ukrainienne mais peuplée en majorité de Russes, entrée en quasi-sécession avec l’aide de Moscou qui en fait un gage dans l’inévitable négociation qui va commencer.
Le 27 février, selon un scénario bien préparé à Moscou, des groupes de gens armés favorables à la sécession bloquaient le Parlement et hissaient le drapeau russe. Le premier ministre était destitué. Son remplaçant, Sergueï Aksenov, le chef du parti Unité russe (4 % aux dernières législatives), appelait les forces ukrainiennes de la région à passer sous ses ordres. Il demandait à Moscou d’intervenir, au nom de la sécurité des citoyens russes.
Le 1er mars, le Sénat russe votait à l’unanimité l’autorisation d’une intervention militaire. Les routes menant sur la presqu’île de Crimée et les deux aéroports principaux étaient bloqués par des groupes de militaires non identifiés, appartenant aux forces spéciales russes. Les casernes ukrainiennes de Crimée restées fidèles au pouvoir central étaient encerclées. L’armée russe exigeait leur désarmement, “pour leur sécurité”. Après un pic d’inquiétude, marqué par le minikrach de la Bourse à Moscou, la pression pouvait commencer à retomber. Les problèmes restaient pourtant en l’état, comme le montre notre point de situation.
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