9 mars 2014 Ju. Vl – RTBF.be
Alors que la crise ukrainienne bat son plein, Didier Reynders (MR), ministre des Affaires étrangères, et Isabelle Durant (Ecolo), vice-Présidente du Parlement européen, ont débattu de la réaction à adopter vis-à-vis de la Russie et des nouvelles autorités ukrainiennes.
Les Russes ont récemment déclaré être prêts à entamer un "dialogue d’égal à égal" avec les "partenaires internationaux" sur le dossier ukrainien. Une porte ouverte au dialogue qui ne change pas le fait que l’heure soit plutôt à l’escalade qu’au refroidissement entre occidentaux et Russes sur ce dossier.
"Cette escalade, c’est une phase qui vise à renouer le dialogue", a cependant tempéré Didier Reynders sur le plateau de Mise au Point ce dimanche.
Le ministre fédéral, invite également l’Europe à renforcer ses capacités à peser dans le concert international. "Si l’Europe veut pouvoir peser sur les discussions à venir, elle doit renforcer à la fois sa capacité à développer une politique étrangère", a déclaré l’élu libéral.
La question de la défense européenne relancée
L’UE se doit également de dialoguer avec la Russie afin de trouver un modus vivendi, estime Didier Reynders. Pour cela, le dossier ukrainien constitue un test important. "Dans les prochains mois et les prochaines années pour l’UE -ce n’est pas seulement de créer sa défense et une politique étrangère plus intégrée-, c’est le débat avec ses partenaires. Et la Russie doit être un partenaire. On ne peut pas se dire qu’on va gérer l’Europe avec quelqu’un à l’est avec qui on ne veut pas parler. Et ce dialogue il devra passer par une solution acceptable pour tous les Ukrainiens".
Isabelle Durant s’inscrit dans le même constat. "Il faut arriver à une défense commune à l’échelle de l’UE et à une politique étrangère plus unie. Nos réactions individuelles n’ont aucun sens, nous ne pèserons que si nous réagissons ensemble", a déclaré l’eurodéputée.
Cette dernière estime qu’il est indispensable que l’Europe s’engage dans le dossier ukrainien, détourner le regard n’est pas une option. "Parfois on a le sentiment que l’Ukraine c’est loin, qu’on se demande ce que l’on va faire là-bas et pourquoi on irait leur prêter de l’argent alors qu’on a déjà du mal avec notre économie?", déplore-t-elle. Or, selon l’ancienne ministre, "ce qui se passe en Ukraine, ce nécessaire dialogue avec la Russie, c’est la garantie de notre sécurité et d’un monde plus juste. Quand les Ukrainiens se tournent vers nous pour une question de droits de l’homme, on en peut pas leur répondre que les droits de l’homme ce n’est bon que pour nous".
Didier Reynders enfonce le clou de la nécessité de mettre sur pied une réelle Défense européenne. "Comment fait-on pour, au départ de l’UE, s’exprimer fortement par rapport aux grands acteurs mondiaux: Chine, Etats-Unis, Russie? Cela nécessite une politique étrangère forte mais aussi une Défense. Or, je crains fort qu'aujourd'hui en Europe, beaucoup dans les jeunes générations ont le sentiment que 'finalement une défense cela sert à quoi quand on vit en paix depuis si longtemps' ", .
Mais ce qui se passe à nos frontières immédiates peut peut-être faire changer un peu la réflexion. Une défense européenne, cela ne veut pas dire dépenser plus, cela peut peut-être même vouloir dire dépenser moins mais ensemble avec un objectif commun. Cela signifie surtout avoir une capacité de discussion d’égal à égal avec les autres grandes puissances.