30 Octobre 2014 Source : Préfecture maritime de l’Atlantique
Les 1er et 2 octobre 2014, un exercice national de sécurité nucléaire de grande ampleur s’est déroulé dans la base navale de Brest et ses quartiers environnants. Un enchaînement d’évènements techniques hautement improbables affectant la chaufferie nucléaire d'un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) en escale, a permis de tester la capacité des cellules de crises de la marine nationale, de la défense et des pouvoirs publics, à agir conjointement.
«Pour Exercice : Alerte incendie en tranche arrière». Le compartiment auxiliaire du SNA Saphir est en feu. Heureusement, aucune flamme réelle, seulement un nuage dense et opaque produit par un générateur de fumée. Malgré l’aguerrissement de l’équipage, l’intervention à l’intérieur du sous-marin demeure complexe. Soutenu par les marins-pompiers de la base navale, l’équipage parvient à éteindre l’incendie au bout d'une heure et demie d’une lutte opiniâtre. Le bilan est lourd : un marin décédé et quatre blessés.
Conformément au scénario de l’exercice, plusieurs avaries sont déclenchées dans l’environnement de la chaufferie nucléaire. « Fuite primaire confirmée » ! Les opérateurs de conduite engagent immédiatement la tactique de « ralliement vers un état sûr » maintes fois déroulées en plateforme d’entraînement, actionnant de façon méthodique et sereine les dispositifs de sécurité. Malheureusement, pour permettre le déroulement « inéluctable » du scénario de l’exercice (celui devant conduire à une situation d’urgence radiologique impliquant l’espace public, les parades activées et les contre-mesures mises en place s’avèrent inefficaces ou compromises. Une stratégie de sauvegarde ultime se met en place.
Conformément à l’organisation nationale de crise, le SNA et la base navale ont déclenché leurs plans d’urgence interne (PUI) pour permettre à toutes les équipes d’intervention ainsi qu’aux états-majors de crise de réagir avec la plus grande efficacité. Le PUI est un document cadre associé à chaque installation nucléaire de défense. L’organisation ainsi déployée pour ce type d’évènement a pour principaux objectifs de limiter les conséquences d’une situation d’urgence radiologique et permettre le ralliement vers un état sûr. La stratégie adoptée et la tactique mise en place visent à protéger les populations riveraines, les acteurs de la crise ainsi que l’environnement et si possible, à recouvrer à terme le patrimoine. Lorsque les effets de l’incident risquent de dépasser l’enceinte militaire, l’autorité militaire propose au préfet de département d’activer son plan particulier d’intervention destiné à assurer la protection de la population.
Sur le terrain, plusieurs marins sont déclarés « radio contaminés » par les animateurs de l’exercice. Les victimes non blessées sont dirigées vers le centre de traitement et de décontamination sommaire (CTDS) où elles sont prises en charge par le personnel du service de surveillance radiologique formé à la décontamination. Les blessés légers sont soignés par le personnel du service de santé des armées au poste d’accueil des blessés radio contaminés (PABRC). Les blessés plus gravement atteints dont le pronostic vital est engagé, sont transportés sans délai vers les plateformes hospitalières spécialisées : le CHU de la Cavale Blanche ou l’hôpital d’instruction des armées de Brest.
Au poste de commandement et de direction locale (situé au centre de traitement de crise de la préfecture maritime de l’Atlantique), l'autorité militaire territoriale a la responsabilité de définir, en étroite concertation avec les échelons nationaux et les pouvoirs publics, les orientations stratégiques visant à garantir la protection des personnes présentes sur le site et à limiter les conséquences de l'accident. En tant que commandant d'arrondissement maritime, le vice-amiral d'escadre Emmanuel de Oliveira assume cette responsabilité. Il est entouré d'une équipe de spécialistes de la gestion de crise nucléaire, composée principalement d’atomiciens, de radioprotectionnistes et de médecins. Les évaluations environnementales et les premiers diagnostics techniques conduisent à envisager, dans le cas le plus défavorable, un risque de rejet dans l'atmosphère d'éléments radioactifs à échéance d’une vingtaine d'heures.
Devant ce risque et en vertu du principe de prévention, les autorités militaires proposent au préfet du Finistère d’activer les mesures opérationnelles du Plan Particulier d'Intervention : le PPI. Ce plan, qui s’inscrit dans la logique du plan ORSEC, définit l’organisation et l’intervention des secours pour assurer la sauvegarde des populations et la protection de l’environnement en cas d’accident à caractère radiologique dont les conséquences s’étendraient à l’extérieur des installations nucléaires de défense.
Le deuxième jour de l’exercice, à 9h30, sur ordre du préfet, le PPI est déclenché de manière préventive. Un signal sonore d’alerte (de 3 fois 1 minute et 41 secondes, soit près de 5 minutes) est diffusé par les sirènes d’alerte dans les quartiers riverains de la base navale. Une partie de la population brestoise est invitée à se mettre à l’abri. Il s’agit surtout d’une action pédagogique visant à rappeler des consignes simples mais efficaces en cas d’accident à caractère radiologique. Peu après, une école primaire et ses 200 enfants sont évacués méthodiquement et dans le calme vers un autre établissement scolaire hors du périmètre potentiellement impacté par les hypothétiques dépôts d’éléments radioactifs. Cette dernière simulation permet d’impliquer l’éducation nationale, les services d’ordre et de secours brestois.
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