Le général de brigade Isabelle Guion de Méritens, commandant la gendarmerie maritime photo Patrice Donot – Marine Nationale
26 Mars 2015 Propos recueillis par le CNE Yves Goudé – Marine Nationale
À la tête de la Gendarmerie maritime depuis septembre 2012, le général de brigade Isabelle Guion de Meritens exerce son autorité sur celle que l’on appelle la « 5ème force de la Marine », chargée notamment d’exécuter des missions de police administrative et de police judiciaire. Des missions devenues plus sensibles depuis les attentats survenus à Paris en janvier dernier.
Général, quelle est la contribution concrète de la Gendarmerie maritime à la mission de surveillance du territoire « Sentinelle » ?
La Gendarmerie maritime contribue activement au dispositif d'ensemble Vigipirate - Opération Sentinelle notamment pour ce qui concerne la sécurité des activités d'importance vitale de la Marine sur ses différentes emprises, et en particulier, celles liées à la dissuasion nucléaire. Concrètement, les contrôles sont renforcés à l'entrée des différents sites sensibles par une présence accrue. En moyenne, une centaine de gendarmes maritimes sont présents aux heures d'embauche et de dégagé, et lors de vérifications supplémentaires systématiques ou aléatoires. Enfin, un effort tout particulier est réalisé sur la recherche du renseignement dans la profondeur aux abords des sites de jour comme de nuit, en multipliant d'une part les patrouilles externes et d'autre part les échanges de renseignements avec l'ensemble des acteurs militaires et civils concernés. Des contrôles systématiques de l'identité des conducteurs de véhicules circulant la nuit aux alentours des sites les plus sensibles (Ile longue) sont réalisés en coordination avec la Gendarmerie départementale. Des moyens supplémentaires, humains et matériels sont aussi mobilisés, comme l’engagement de nos unités judiciaires avec leur capacité de surveillance et d'observation discrète, ou la mise en œuvre ciblée de nos dispositifs de lecture automatisée de plaques d'immatriculation... Quant aux délais d'appareillage des bâtiments de l'ère brestoise, ils ont été réduits au minimum pour préserver une capacité d'intervention immédiate sur les plans d'eau de la base navale. La Gendarmerie maritime est également très présente grâce à toutes ses unités navigantes, ses brigades de surveillance du littoral, ses pelotons de sûreté maritime et portuaire civils et militaires, ses unités de recherche (unités spécialisées dans la police judiciaire). Toutes ces unités sont mobilisées pour accorder la priorité à la lutte contre le terrorisme : renseignements, surveillance et intervention dans les approches, lutte contre les trafics… Pour mener ses missions, les gendarmes maritimes travaillent en étroite coopération avec les fusiliers marins, la chaîne sémaphorique, et toutes les composantes de la Marine nationale côtoyées au quotidien, mais aussi avec les forces de sécurité intérieure, police, Gendarmerie, et toutes les entités civiles et militaires du monde du renseignement.
Quelles sont plus globalement les missions de la Gendarmerie maritime, notamment en terme de sûreté des approches maritimes du territoire?
La Gendarmerie maritime est au quotidien au service de la Marine. Il s’agit avant tout de donner à la Marine l'anticipation et la profondeur nécessaire à sa protection. Le continuum s'exerce aussi depuis la terre jusqu’à la haute mer, grâce à la diversité des unités de Gendarmerie maritime et des moyens dont elles disposent. Les brigades de surveillance du littoral (BSL) permettent l’action en mer et sur la frange terrestre placée sous influence maritime. Les pelotons de sûreté maritime portuaire viennent compléter le dispositif implanté sur le territoire « maritime ». Ils agissent sur le plan d’eau à l’intérieur des limites administratives du port et la zone maritime et fluviale de régulation, comme les chenaux d’accès au port, ou les zones d’attente et de mouillage. Les unités navigantes travaillent du littoral jusqu'à la haute mer, dans le cadre élargi de la fonction garde-côte. Les Groupes d'Exploitation du Renseignement Opérationnel Maritime (GEROM) sont compétents sur chacune des façades maritimes. Enfin, la chaîne judiciaire comprend en particulier une section de recherches à compétence nationale en capacité d'agir en tout point de métropole et d'outre-mer.
Quelles sont les perspectives et les enjeux à l’horizon 2025 pour la Gendarmerie maritime ?
La Gendarmerie maritime n'a cessé de se transformer, de se moderniser et de se professionnaliser depuis 30 ans. Dans le cadre du plan[1] « Horizon Marine 2025 », il va s’agir de préserver ses capacités opérationnelles tout en réussissant à stabiliser son organisation et ses modes d'action, après avoir contribué à la réduction des effectifs de la Marine dans le cadre de la Loi de Programmation Militaire (LPM). Le second enjeu sera de renouveler ses patrouilleurs qui arriveront en fin de vie à partir de 2025. Leur capacité hauturière est en effet primordiale pour la surveillance des approches maritimes car elle offre la maîtrise de l'espace et la capacité à agir dans des délais rapides par surprise, dans la profondeur et sur de larges étendues, tout en pouvant durer sur zone malgré des conditions météorologiques défavorables.
Mais dès à présent, un grand chantier s'ouvre pour la Gendarmerie maritime : la reprise en 2015 des deux patrouilleurs de la Marine, l'Athos et l'Aramis, s'appuie sur une manœuvre humaine, opérationnelle et logistique complexe, sur laquelle tous les efforts se concentrent actuellement. Cette reprise permettra d'une part de combler un trou capacitaire actuel sur la façade Atlantique, et d'autre part, de manière transitoire, d'attendre le patrouilleur de nouvelle génération espéré par tous. Ces enjeux sont autant de défis à relever pour tous les gendarmes maritimes. Chacun y contribue en fonction de ses responsabilités et nous sommes tous mobilisés ! »
[1] Plan diffusé par le CEMM fin 2014 fixant l’orientation de l’action de la Marine pour les 10 ans à venir
commenter cet article …