10 juillet 2012 Thierry Dubois à Farnborough – Aerobuzz.fr
Avec le KC-390, son premier avion de transport tactique, le constructeur brésilien Embraer, vise le remplacement des C-130 Hercules. Le récent accord de commercialisation conclu avec Boeing devrait faciliter la pénétration de ce vaste marché.
Embraer va bientôt geler la conception de son premier avion de transport militaire, le KC-390, destiné aux missions tactiques. Bien que le premier vol soit prévu pour bientôt (2014), certains détails restent flous. Le programme semble en tous cas bien financé, grâce au gouvernement brésilien qui fournit la majeure partie des 1,8 milliards d’euro nécessaires.
Le KC-390 fera essentiellement du transport de fret, de troupes et du ravitaillement en vol. Les 23 tonnes de charge offerte correspondent à 64 parachutistes, 80 soldats, un hélicoptère ou des véhicules blindés légers. Quant à la capacité de ravitaillement, elle se fonde sur deux réservoirs internes amovibles. Le KC-390 lui-même pourra être ravitaillé en vol.
Six pays ont signé des lettres d’intention pour un total de 60 avions. Il s’agit du Brésil (28), de la Colombie (12), de l’Argentine (6), du Portugal (6), du Chili (6) et de la République Tchèque (2). Les Argentins, les Portugais et les Tchèques sont aussi devenus des partenaires industriels du programme. La France, qui avait exprimé un besoin d’une douzaine d’appareils, n’a rien signé. Paris attend que le Brésil commande le Rafale.
Le financement de 1,8 Md€ court jusqu’à la fin 2014. C’est alors que le KC-390 est censé faire son premier vol. La phase financée du développement comprend deux prototypes et l’outillage de production. A partir de 2015, Embraer compte recevoir des paiements partiels de ses clients. Les premières livraisons à l’armée de l’Air brésilienne sont attendues en 2016.
Les caractéristiques préliminaires diffusées en 2010 indiquaient une distance franchissable proche de 2 600 km à la masse maximale. Ces chiffres devraient être précisés prochainement. Au premier trimestre 2013, le constructeur de São José dos Campos commencera à faire des propositions fermes, avec prix et spécifications à la clé. Le programme est aujourd’hui en phase de « définition commune ». Il occupe 180 ingénieurs de 50 sociétés, regroupés dans les bureaux d’études d’Embraer. En outre, le Brésilien a signé le 26 juin avec Boeing un accord sur le KC-390. Il s’agit notamment de « mettre en commun certaines technologies. » C’est la première concrétisation d’un protocole d’accord plus large (et assez vague) conclu en avril.
Le Brésil fournit plus de 90 % du financement et les Tchèques et les Argentins fournissent le reste. Pour un montant fixe, Embraer est censé livrer l’avion à l’heure et avec les performances attendues. Tout retard au-delà de 2014 devra être financé par le constructeur. Et le gouvernement pourra refuser la livraison d’un avion moins performant qu’annoncé.
Embraer a choisi ses fournisseurs. Le consortium IAE équipera le KC-390 de deux turboréacteurs V2500. Ce genre d’avion utilise pourtant, d’habitude, des turbopropulseurs. Les hélices donnent en effet des distances de décollage plus courtes. Cette fois, c’est la « productivité », selon le mot d’Embraer, qui prime. Le Brésil est un pays vaste. Les temps de parcours sont d’autant plus importants et la vitesse supérieure (Mach 0.80) procurée par les réacteurs fait la différence. Autre technologie relativement nouvelle sur un avion de transport militaire, le KC-390 emploiera des commandes de vol électriques.
En termes de prévisions de marché, les dirigeants d’Embraer envisagent 700 avions d’ici à 2025. L’accord avec Boeing comprend d’ailleurs un volet « commercialisation ». Il s’agit principalement de remplacer des Lockheed Martin C-130 Hercules. Embraer se contenterait de 17 à 18 % des 700. Soit 120 KC-390 environ. La ligne d’assemblage livrerait alors huit à 10 avions par an.