La table tactile imaginée par DGA TN satisfait déjà les Marins
qui ont pu tester le système en contexte simulé au Mourillon.
Photo Matthieu Dalaine
04 juillet 2012varmatin.com
Au Mourillon, la Direction générale de l’armement Techniques navales (DGA TN) développe une épatante table tactile pour les navires militaires du futur
L'objet avait fait sensation lors d'un séminaire en marge du salon mondial de l'armement Eurosatory. La Direction générale de l'armement Techniques navales (DGA TN) présentait alors aux spécialistes l'un de ses nouveaux joujoux futuristes : la table « menasym ». Un dispositif tactile multi-touch(1) de 42 pouces qui pourrait bientôt embarquer sur les bateaux de la Marine nationale.
Chargés par le ministère de la Défense de penser les armes de demain, les ingénieurs toulonnais de DGA TN voulaient frapper fort. Mission accomplie : cette sorte d'iPad géant devrait bouleverser les habitudes à bord, avec la version améliorée d'une technologie qui fait fureur dans le civil. Pas de quoi, toutefois, concurrencer la fameuse marque à la pomme. L'écran de 107 cm ne rentre pas dans une poche de pantalon. Et l'objectif n'est évidemment pas de permettre au pacha d'actualiser son Facebook en pleine opération.
Non. Comme son nom l'indique, la table doit aider à lutter contre l'un des dangers auquel sont confrontées les marines modernes : la menace asymétrique. Soit le risque terroriste venu de la mer via des embarcations petites et difficilement identifiables.
Une interface intuitive à l'extrême
À l'arsenal du Mourillon, la table subit actuellement ses dernières évaluations en contexte simulé. Elle se trouve intégrée au jeu vidéo de bataille navale le plus perfectionné de l'Hexagone : une passerelle de frégate reconstituée, jusqu'à une mer virtuelle en 270° qui défile derrière les vitres.
Ce jour-là, ce sont les côtes de la Bretagne qui s'affichent sur la « menasym ». Un scénario de guerre se joue, dans lequel des symboles indiquent la présence de navires. Des vedettes s'approchent de la frégate. Invisibles à l'œil, il suffit de les toucher du doigt sur la table pour savoir qui ils sont.
Martine Pellen-Blin, expert « facteur humain » à DGA TN, manipule ces données comme d'autres partagent leurs photos sur un iPad. « On peut se renseigner sur l'identité d'un bateau ou son comportement en appuyant sur sa représentation, explique-t-elle. Il est aussi possible de zoomer sur la carte en écartant son pouce et son index, d'ouvrir une fenêtre secondaire et de la glisser à son interlocuteur, d'incruster une vidéosurveillance du navire… »
Bref, de remplacer ce qui tient aujourd'hui dans deux ou trois postes informatiques, pour autant de claviers ou de « trackballs ». « Là, un seul opérateur bénéficie d'une vision simplifiée de la situation tactique, insiste notre ingénieur. Il peut surveiller plusieurs axes de menace en même temps, les identifier et vite prendre les décisions qui s'imposent. Pas une seconde n'est perdue dans la gestion de l'interface. » Celle-ci, intuitive à l'extrême, fait sienne le slogan des ergonomes : la machine au service de l'homme, et non l'inverse. Et ce n'est qu'un début. Avant même de commander l'objet à un industriel (pour le compte de la Marine), DGA TN réfléchit déjà à une deuxième version : une table pouvant être manipulée à plusieurs, simultanément, et satisfaire « d'autres besoins opérationnels. » Lesquels ? Mystère. Ici le secret est à la mesure des équipements de la Marine : bien protégé.
1 : Un dispositif multi-touch ou multi-tactile sert à interagir avec le matériel informatique par le biais de plusieurs points de contact (souvent avec plusieurs doigts).