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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 08:50

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photo US DoD

 

06.12.11 par Commandant (Air) Nicolas Lyautey, 19e promotion de l'Ecole de guerre C2 - Point de vue École de Guerre

 

"La principale menace, c'est la dette", déclarait récemment l'amiral Mullen, chef d'état-major des armées des Etats-Unis. Face à cette menace, il n'y a pas de stratégie simple. Réduire les dépenses de l'Etat ? C'est certain. Réduire les dépenses militaires ? Sans doute, mais dans quels domaines et dans quelle mesure ?

 

Après plusieurs années de relative stabilité budgétaire, la Défense pourrait voir son budget amputé dans les mois et les années à venir. Les gouvernements auront peut être cette tentation, d'autant que les militaires sont dans ce domaine particulièrement "résilients". Pour autant, revoir à la baisse le budget de la Défense signifierait renoncer à des capacités. L'évolution de notre politique industrielle pourrait en limiter les conséquences.

 

Alors que la zone Euro est en pleine tempête, les Etats membres mettent en place des politiques d'austérité. Le gouvernement vient d'annoncer un effort de 100 Md€ d'ici 2016, afin de contenir notre endettement. Dans ce contexte, les armées devront certainement faire des économies, mais l'effort devra être reparti sur l'ensemble des ministères.

 

Que demandent les armées ? "Rien" : elles feront du mieux possible, avec les moyens que la Nation sera disposée à leur confier. Certains éléments de contexte doivent cependant retenir notre attention.

 

Alors que les dépenses militaires dans le monde ne cessent d'augmenter, l'Europe désarme. Les Européens ne consacrent en moyenne à leur défense, que 1% de leur PIB. La France et le Royaume-Uni font figure d'exception, avec près de 1,7 %. Autre fait inquiétant : le retrait ou le désengagement des Américains en Europe, comme l'illustre leur "implication" dans la crise libyenne. Ce repli est lié à trois facteurs : leur niveau d'endettement inquiétant, le déplacement du centre de gravité du monde vers l'Asie, mais également la faiblesse des investissements des pays européens dans les affaires militaires. Enfin, les missions confiées aux forces armées ne cessent de s'étendre. De nouveaux champs d'affrontement apparaissent, comme l'espace et le cyberespace par exemple. Les réductions budgétaires seront donc difficiles à mener pour les armées, les choix douloureux.

 

Dans une première approche, deux possibilités viennent à l'esprit : réduire le nombre de militaires ou renoncer à des équipements cruciaux (frégates, avions de combat, blindés,...). Dans les deux cas, les contrats opérationnels définis dans le Livre blanc de 2008 devraient être revus à la baisse, au détriment du spectre des missions confiées aux armées. En d'autres termes, et pour ne citer que l'exemple des forces aériennes, ce serait renoncer au niveau d'engagement qu'a réalisé la France lors des opérations en Libye.

 

En revanche, réduire l'activité d'entraînement des forces n'est pas une solution réellement envisageable. Elle pose en particulier une question d'ordre moral : peut-on lésiner sur la préparation au combat d'hommes prêts au sacrifice ultime pour leur pays ?

 

Dans quel domaine le ministère de la défense pourrait-il donc porter son effort ? En terme capacitaire, la réflexion est permanente. Il n'y a pas de sujet "tabou". Il est cependant difficile d'envisager la diminution des capacités de dissuasion et de protection de la France à court terme, comme certains le laissent à penser. En matière de dissuasion nucléaire notamment, il ne faut pas prendre de décision à l'emporte pièce. Est-ce en temps de crise qu'il faut toucher à son assurance-vie ? Revoir à la baisse nos capacités se traduirait donc sans doute par la diminution de nos capacités d'intervention à l'extérieur de nos frontières. D'une manière générale, il faudra se montrer critique sur tous les projets afin d'en mesurer l'efficience. A titre d'exemple, la défense anti-missile est-elle une priorité pour l'Europe ?

 

Un domaine mérite cependant d'être étudié de près : l'amélioration des dépenses d'équipement. Sans doute faudra-t-il prendre l'habitude d'ouvrir davantage à la concurrence les contrats d'armement ne touchant pas aux technologies dites de "souveraineté". Depuis 2008, force est de constater que la crise économique ne facilite pas ce type d'ouverture. Le renoncement récent à l'achat de drones américains pour préserver la filière française sur le long terme, illustre ce dilemme récurrent dans les affaires d'armement.

 

Pour dépasser ce dilemme, il faut oser se tourner vers l'Europe. Si ce n'est l'Europe de la défense, dont la construction semble en perte de vitesse actuellement, il faut achever l'Europe de l'armement. C'est la seule et unique manière de partager les coûts de recherche, de développement et de production grâce à la réalisation de séries plus volumineuses. Cet objectif est à portée de mains et ne remet pas en cause notre souveraineté. Il demande au préalable d'orienter notre politique industrielle en ce sens, tout en faisant converger les besoins capacitaires militaires des pays européens. Finalement rien de plus que ce que ne prévoyait déjà le Livre blanc de 2008 dans ce domaine.

 

Vu l'ampleur de la crise, l'exercice budgétaire dans les années à venir sera délicat, quel que soit le gouvernement en charge de relever le défi. Au sein du ministère de la défense, les marges de manœuvre sont limitées, tant la transformation que vivent actuellement les armées est profonde et ambitieuse. Pour réduire les budgets de défense sans trop porter préjudice aux capacités militaires, la construction d'une Europe de l'armement est l'impératif auquel les gouvernements européens devront se soumettre. A plus long terme, la France devra continuer à investir dans sa défense, si elle entend rester la puissance globale, crédible, influente et reconnue qu'elle est aujourd'hui.

 

Souhaitons que la campagne présidentielle puis la révision du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale éclairent ce débat dans les prochains mois.

 

Pour lire d'autres analyses, rendez-vous sur le site de l'Ecole de Guerre

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