15 juin 2012 - Vincent Durupt - letelegramme.com
Directeur de DCNS Brest jusqu'à la rentrée 2009, Gérard Solve est aujourd'hui à Rio. Il y préside ICN, société impliquée dans le contrat de construction de cinq sous-marins pour le Brésil, quatre conventionnels et le cinquième à propulsion nucléaire.
«L'intérêt ici, c'est que l'on développe», résume l'ex-directeur brestois, aujourd'hui président de la société ICN. DCNS y détient 41% du capital; Odebrecht, une grosse entreprise brésilienne, à l'origine dans le bâtiment et les travaux publics, les 59% restants. Pour l'heure, ICN emploie 150 personnes. «Nous devrions être 450 à la fin de l'année, et 1.200 en 2014», indique Gérard Solve. Le job? Fabriquer les sous-marins, former des gens aptes à les réaliser, monter un outil industriel, mis à disposition neuf et le rendre en l'état une fois le travail effectué. L'objectif n'est pas en soi de développer une société mais de réaliser un contrat. Peut-être s'y ajoutera plus tard de la maintenance, mais ce n'est pas le cas pour l'instant. Le chantier situé à Itaguai, à 80km environ à l'ouest de Rio, région où se trouvent déjà d'autres industries, est en cours. Six mille personnes ytravaillent en 3 x 8. Il s'agit ni plus ni moins de construire une usine et, un peu plus loin, une base navale, édifiée sur une zone gagnée sur la mer. Bref une sorte de «mix» de Cherbourg, Brest et l'Île-Longue. Entre, un tunnel de 1,6km a été percé. Un acheminement de pièces par voie maritime, en contournant la montagne, est aussi possible.
Le premier en 2017
Juste à côté de l'usine, un sous-traitant, Nuclep, est déjà en place et fabriquera la coque épaisse. «Participer à l'élaboration d'outils de cette ampleur, dans un délai aussi serré, c'est exceptionnel, on ne fait pas cela 36 fois dans sa vie», observe Gérard Solve. Normalement, le premier sous-marin, de type Scorpène, doit être remis à la marine brésilienne en 2017. Il est prévu que les autres s'échelonnent ensuite tous les 18mois, le sous-marin à propulsion nucléaire étant sans doute le plus fondamental aux yeux des Brésiliens, qui étaient déjà dotés de sous-marins avant la commande auprès de la France. La moitié du premier doit arriver au premier trimestre de l'année prochaine, venant de Cherbourg, où il a été fabriqué. Un des enjeux est de développer des formations spécifiques localement pour les Brésiliens. «Le Brésilien ne dit jamais qu'il ne sait pas faire, n'aime pas le conflit. Il faut surveiller de près pour avoir la garantie que les choses soient bien comprises», explique Gérard Solve, avec un recul de près de trois ans.
«Tout, tout de suite»
Dans un Brésil en développement où la main-d'oeuvre manque, la projection dans une carrière à venir paraît assez limitée. «C'est tout, tout de suite», constate Gérard Solve. D'une certaine façon, les écarts de salaires brésiliens, de 1 à 100, incitent aussi à une certaine volatilité...