29 Février 2012 Jean-Dominique Merchet – Secret Défense
L'analyse politique d'un haut responsable de la défense nationale.
La défense antimissile balistique (DAMB) sera l'un des grands enjeux du sommet de l'Otan, à Chicago, en mai prochain. Un haut responsable de la défense nationale nous a récemment confié son point de vue, pragmatique, sur cette question délicate.
"La menace existe. Aujourd'hui, c'est l'Iran, mais demain elle peut venir d'ailleurs en Méditerranée. Nous n'allons donc pas nous opposer à la DAMB de l'Otan. Toute la question est celle du Command and Control. Evidemment, il sera d'abord très américain, mais à terme, il doit devenir otanien et nous voulons avoir notre mot à dire. On peut donc discuter.
Nous devons nous méfier de l'impression de sécurité qui pourrait donner prétexte à certains pays européens de renoncer à des efforts pour leur défense.
Pour nous, la DAMB est complémentaire de la dissuasion nucléaire. C'est un instrument dans la panoplie auquel nous ne pourrons pas consacrer des dépenses massives. D'ailleurs, nous ne pourrons pas tout protéger : il va falloir faire des choix.
Pratiquement, nous allons apporter des briques du système "en nature" (détection, etc..). Et nos industriels (MBDA, Astrium, Thalès...) ne peuvent pas rester en dehors d'un tel projet. Car, même si la France s'y opposait, ça se ferait quand même. Donc, on ne peut pas dire non ! Il ne faut pas se laisser griser par ce projet, mais on doit demeurer dans la course".

