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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 07:45

http://www.theatrum-belli.com/images/medium_defense_antimissiles.jpg

source theatrum-belli.com

 

27.10.11 Point de vue - par Note de la FRS n° 15/11, Camille Grand et Bruno Gruselle, 11 octobre 2011

 

Le 20 novembre 2010, les chefs d'État et de gouvernement des pays membres de l'Alliance atlantique en endossant le nouveau concept de l'OTAN ont décidé de "développer une capacité de défense antimissile afin de protéger les territoires, les populations et les forces de l'Alliance" tout en invitant "la Russie à coopérer avec les Alliés" sur ce futur système.

 

L'ALLIANCE A DÉSORMAIS EN CHARGE LA MISSION DAMB

 

Le compromis de Lisbonne se fonde sur le principe d'une extension progressive des fonctions du programme Active Layered Theatre Ballistic Missile Defense (ALTBMD) afin d'englober, à l'horizon 2018-2020, la protection des territoires et des forces.

 

De fait, cette décision est historique, tant il y a encore quelques années la seule mention d'une protection antibalistique de territoire soulevait d'importantes inquiétudes chez certains Alliés, en particulier la France. Cette dernière a su, au prix d'une réflexion longue, faire co-exister sa posture de dissuasion avec la perspective du déploiement d'un système à présent perçu comme utile à sa sécurité. On ne peut que se féliciter de voir Paris aborder un sujet aussi riche et complexe avec une attitude plus ouverte et pragmatique même si sa position devra être consolidée pour faire face aux échéances.

 

Toutefois, il faut s'interroger sur le fait que, confrontée à une pression américaine très forte en termes de calendrier comme de solutions techniques et opérationnelles, l'administration française soit en mesure de résister, en particulier en l'absence de soutien pour une position singulière parmi les alliés européens.

 

Le consensus de façade cache en effet difficilement les divergences politiques de fond entre les Alliés et celles qui continuent à exister avec la Russie, malgré l'enthousiasme du Secrétaire Général.

 

Quelques points méritent plus particulièrement d'être relevés du fait de leur importance :

 

· En premier lieu, l'évaluation de la nature et du développement de la menace balistique pourrait continuer à poser des problèmes. Quelles que soient les positions prises par les uns et les autres, le fait est qu'il faudra parvenir à mettre d'accord l'ensemble des participants – y compris la Russie – afin de dimensionner les capacités du système que ce soit en termes de C2 ou du point de vue des senseurs et des intercepteurs (aspects quantitatif et qualitatif). Un consensus de fond existe entre les Alliés sur la réalité du développement et l'aggravation à venir de la menace de théâtre tant en termes de performances que de volume et de risques d'emploi : le choix de l'ALTBMD comme fondation de la future capacité de défense du territoire et des populations s'impose si l'on considère à la fois ces perspectives mais également le fait qu'il s'agit de l'évolution logique des capacités de théâtre qui devront peu à peu se dimensionner pour prendre en compte des systèmes adverses de portée et de sophistication croissantes.

 

· Par ailleurs, il existe un profond hiatus entre les alliés sur la question de la posture nucléaire et sur le rôle des défenses antimissiles. Nos partenaires allemands semblent considérer que dans la recherche d'un désarmement complet, il est possible de substituer aux armes nucléaires les défenses antimissiles pour parvenir à un niveau de sécurité équivalent. Cette perception – illusoire quand on considère que l'étendue des menaces auxquelles la posture de dissuasion s'adresse dépasse largement le cadre de la défense antimissile – est également de nature à ralentir la progression d'un projet commun de protection antibalistique.

 

· Moscou, enfin, continue de faire valoir ses préoccupations sur l'évolution à moyen et long termes d'un système qu'il considère comme menaçant sa sécurité. Même si les inquiétudes russes sont alimentées par l'absence de progrès sur la coopération prévue par le sommet de Lisbonne – qui résulte d'ailleurs autant des atermoiements américains que des lignes rouges russes –, elles sont aussi le symbole de la défiance qui continue de caractériser pour l'essentiel les relations entre l'Europe et la Russie. Elles sont aussi alimentées par le fait que Moscou considère que la seule menace balistique réaliste résulte du développement de capacités de courte et de moyenne portées par les pays proliférants.

 

D'ores et déjà, la réunion des ministres de la Défense en juin 2011 a entériné un plan d'action permettant en théorie de remplir les objectifs fixés par le sommet de Lisbonne en matière de défense antimissile. Les ministres de la Défense se sont également entendus pour que l'Alliance propose aux chefs d'État l'activation dès le sommet de Chicago d'une capacité intérimaire qui devra offrir une première protection aux populations dans l'attente des premiers résultats de l'extension du programme ALTBMD prévus en 2016 : d'ici là ce sont essentiellement les moyens américains déployés dans le cadre de l'EPAA et le système de commandement et de contrôle de la Missile Defense américaine (C2BMC) qui fourniront la base de la défense antimissile de l'Alliance sous le contrôle opérationnel de SACEUR. Cependant, dès 2014, le système de commandement de l'Alliance pour les opérations aériennes – qui devra devenir celui de la future capacité antimissile – répondra, grâce à ses évolutions, à la mission de Missile Defense. Il reste à savoir dans quelles conditions la convergence entre les deux systèmes de commandement sera effectivement obtenue.

 

Le Secrétaire Général, en proposant une extension à la mission de défense du territoire du projet ALTBMD, dont il estime le coût à 200 millions d'euros, s'inscrit ainsi dans une logique de participation minimale des Européens au programme américain qui consisterait à garantir une interopérabilité logicielle pour un système sous comman-dement uniquement américain.

 

Il convient de souligner à ce stade que la poursuite et la finalisation du programme ALTBMD (800 millions d'euros) est d'une importance cruciale pour permettre aux forces armées européennes de disposer d'un socle commun permettant l'interopérabilité de leurs moyens de défense antimissiles avec ceux des Américains notamment dans le cas d'un engagement hors des frontières européennes.


De fait, la mise en oeuvre pratique du projet initié par les chefs d'État n'est pas plus simple que sa concrétisation politique à court terme, s'agissant de questions dont l'impact opérationnel et stratégique se ressentira vraisemblablement longuement.

 

Elle aura du reste des conséquences importantes en termes techniques et financiers à moyen et long termes.

 


 

Pour lire la suite de la note, rendez-vous sur le site de la FRS

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