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16 février 2012 Pierre Jury -Le Droit
Plusieurs pays réduisent leurs promesses d'achat d'avions de chasse F-35. La plupart invoquent des motifs économiques, même les États-Unis, qui devaient originalement en acheter 2200, à 75 millions $ chacun.
Évidemment, les premiers estimés étaient déficients. On parle aujourd'hui de 150 millions $ par avion, lorsqu'on inclut à la facture les frais d'entretien pour les trois décennies pendant lesquelles les F-35 doivent servir.
Maintenant que l'Australie, l'Angleterre, l'Italie, les Pays-Bas et la Turquie, entre autres, réévaluent leurs besoins et leurs moyens de se payer ce joyau militaire, le manufacturier Lockheed Martin avertit que la facture par avion pourrait grimper.
Malgré tout, le gouvernement du Canada maintient le cap. Nous devons en acheter 65, pour une facture globale de 16 milliards $, selon le ministre de la Défense nationale, Peter MacKay. Des sources indépendantes estiment plutôt la note à 28 milliards $.
Ces F-35 doivent remplacer les 77 F-18 qui restent des 138 que le Canada avait achetés au début des années 1980.
Même si la situation économique du Canada semble meilleure que bien des pays d'Europe et du G-8, le message du gouvernement conservateur depuis des mois est qu'il faut se serrer la ceinture afin d'effacer un déficit de 30 milliards $ d'ici 2015-2016. Des milliers d'emplois fédéraux seront éliminés, les budgets de tous les ministères seront amputés de 5 à 10 %, peut-être même davantage.
Le ministère de la Défense nationale n'y échappera pas.
Évidemment, le patron des Forces armées, Walter Natynczyk, estime que 65 appareils sont le minimum dont l'aviation militaire a besoin pour répondre à la fois aux besoins intérieurs du pays et à nos engagements ponctuels à l'étranger. Le ministre MacKay répète cela en choeur.
Le programme d'achat des F-35 a été controversé dès son dévoilement. Les retombées pour les fournisseurs canadiens étaient minces et incertaines. L'un des rares avantages, c'était que le Canada achetait le même appareil que ses alliés et que cet achat groupé permettait de réduire la facture par appareil.
Rien de tout cela ne tient aussi fermement aujourd'hui.
Le gouvernement conservateur, qui a multiplié les acquisitions pour l'armée depuis son élection en 2006, n'a jamais fléchi. Mais il devrait y penser sérieusement. Dans quelques semaines, le Canada accueillera des représentants des pays acquéreurs du F-35. L'occasion est propice, au lendemain de cette rencontre, de revoir cette dépense à la baisse.