05.07.2012 Sébastien PANOU. - Ouest-France
L'Île-Longue en bref
Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense a visité hier après-midi Le Triomphant. Son quatrième passage à bord. Quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) utilisent l'Île-Longue en Presqu'île de Crozon, comme garage et base opérationnelle : Le Triomphant, Le Terrible, Le Vigilant et Le Téméraire. Chacun mesure 130 mètres, pèse 14 000 tonnes et embarque 115 personnes pour des missions de 60 à 80 jours. Environ 2 200 personnes travaillent à l'Île-Longue.
Missiles M51 à Guenvenez
Le ministre a également visité le site de Guenvenez, sur la Presqu'île de Crozon, en retrait de 4 km de l'Île-Longue. C'est l'une des deux plus grandes pyrotechnies en France. La société Astrium y assemble les lanceurs de missiles. Le site peut en recevoir 16, soit le jeu complet d'un bateau. 250 personnes y travaillent. Le M51 remplace peu à peu le M45. Il équipe déjà Le Terrible. Le Vigilant, en cours de chantier d'adaptation à DCNS Brest, sera opérationnel à l'été 2013.
1 000 fois Hiroshima à bord
Le M51 mesure 12 mètres de haut pour 2 mètres de diamètre et pèse 50 tonnes. Dont environ 35 tonnes de carburant solide, du propergol en poudre. Cela confère une portée de 8 000 à 10 000 km au missile. Les ogives nucléaires (1 000 fois Hiroshima pour un jeu de 16 missiles) restent à l'Île-Longue.
Un club restreint
Seulement trois pays au monde sont capables de tirer des missiles depuis un sous-marin avançant immergé : les États-Unis, la Russie et la France. Jean-Yves Le Drian a salué « une communauté de compétences, de technologies et de savoir-faire ». Et d'ajouter, flattant ses hôtes : « je crois n'avoir jamais vu cela ailleurs ».
3,5 milliards
La dissuasion coûte environ 3,5 milliards d'euros par an, soit 10 % du budget de la Défense. Les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins sont la principale composante. Parce que l'un d'eux, tapi sous l'eau, est prêt à tirer en permanence. Et parce que les charges embarquées sont colossales. Mais les avions du porte-avions Charles-de Gaulle et l'escadron de la Force aérienne stratégique (armée de l'Air) peuvent également larguer des ogives nucléaires.
Approche nationale
La Défense participera aux efforts budgétaires. « Pas plus, pas moins », selon Jean-Yves Le Drian. Dans les années 1990, la France était passée de six à quatre SNLE. Compte tenu des périodes d'entretien et d'adaptation au missile M51 (deux ans de chantier), il n'est pas envisagé de maintenir une permanence en mer avec moins de bateaux. À moins d'une coopération avec les Anglais, ce qui semble encore très éloigné. L'approche reste très nationale.
« Consensus »
Et le débat sur la dissuasion, dont le concept était né en pleine guerre froide ? « Il est permanent », selon Jean-Yves Le Drian. « Il y a l'Assemblée nationale pour cela. Et il va y avoir le Livre blanc sur la Défense. » Force est de constater que peu de députés se sont jamais hasardés sur ce sujet... « Je pense qu'il y a un consensus politique assez large en France en faveur de la dissuasion », a conclu le ministre de la Défense.

