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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 12:30

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source valeursactuelles.com/

 

20/10/2011 Propos recueillis par Charles Chatelin, Valeurs Actuelles

 

Après des années de difficultés et de retards, les premiers satellites Galileo, le GPS européen, décollent cette semaine. Depuis Kourou, à bord d’une fusée russe.


Ce jeudi 20 octobre, à 12 h 34 (heure française), Arianespace devait effectuer, sauf imprévu, le premier tir d’une fusée russe Soyouz depuis la base de Kourou, en Guyane. À bord, les deux premiers satellites de la constellation Galileo – l’équivalent européen du système américain GPS – , qui entrera en service opérationnel en 2014 et comptera, à terme, une trentaine d’unités en orbite. Ce double événement marque une étape cruciale pour l’Union et l’Agence spatiale européenne qui ont voulu, soutenu et financé Galileo, et pour les Français du Cnes et de l’industrie qui se sont battus les premiers pour l’installation de Soyouz à Kourou… Spécialiste de l’Europe spatiale, Alain Dupas explique les enjeux de ce lancement hors norme.

 

Galileo coûtera sans doute beaucoup plus que les 3,4 milliards d’euros prévus jusqu’en 2014, et son fonctionnement annuel approchera le milliard. Quel est son avenir sur un marché où les applications du GPS américain sont déjà largement diffusées ? Galileo sera plus performant que la version actuelle du GPS. Et il fournira des services supplémentaires. Cela étant, il est évident que ce ne sera pas simple sur le plan commercial, car le signal GPS est diffusé gratuitement par le Pentagone – les satellites Navstar-GPS sont des engins militaires. C’est d’ailleurs parce que ce signal est gratuit que tous les services que nous connaissons aujourd’hui ont pu se construire si vite. Est-ce que Galileo, avec un modèle économique différent, pourra contribuer au développement du secteur ? Disons que, pour l’instant, c’est un succès politique pour l’Union européenne. Ce sera certainement un grand succès technique. Pour le succès économique, il faudra attendre quelques années.

 

Quels sont ces services supplémentaires ? À côté d’un signal Galileo gratuit, il y aura des accès payants avec des niveaux de qualité supérieurs. Cela pourrait, par exemple, favoriser le développement de la navigation par satellite dans le transport aérien, notamment en Europe où l’on a une très grande densité d’aéroports et de trafic. Avec un signal plus puissant et bien mieux sécurisé que le GPS, les avions pourront se localiser eux-mêmes les uns par rapport aux autres, avec un recours moindre aux contrôleurs aériens ; cela permettra de diminuer les écarts entre avions, d’où un trafic plus fluide, moins de retards, des économies substantielles de kérosène… On peut comprendre que les compagnies aériennes paieront pour cela !

 

Soyouz à Kourou, c’est aussi une première… Soyouz, c’est la fusée de Spoutnik et de Gagarine, c’est aussi la plus tirée au monde – près de 1 800 lancements ! – avec une fiabilité tout à fait remarquable, même si elle connaît parfois des incidents, vite réglés, comme cet été.

Historiquement, après la chute de l’URSS, les Européens ont eu le souci, après les Américains, de développer des coopérations majeures avec les Russes. Un choix stratégique, comme souvent dans le spatial. Une société conjointe entre des partenaires russes et européens (à 50-50), d’initiative française, Starsem, a été créée en 1996. Cela a très bien marché avec, jusqu’à aujourd’hui, 23 lancements réussis depuis Baïkonour. Les Soyouz sont fabriquées en Russie, à Samara, sont lancées par des équipes russes. Toute la partie commerciale est aujourd’hui assurée par Arianespace.

 

Pourquoi lancer depuis la base de Kourou ? La question s’est posée de savoir s’il était toujours commode d’emmener des charges utiles à Baïkonour ; il a paru plus logique de tout regrouper en Guyane. De là, Soyouz pourra soit lancer des petits satellites de télécoms commerciaux – 3 tonnes vers l’orbite géostationnaire, le tiers de la performance d’Ariane – , soit viser des orbites plus basses pour les satellites “institutionnels” européens – des engins comme Galileo, ou ceux destinés à l’observation de la Terre, y compris militaires, ou encore des satellites scientifiques qui, avec une masse de quelques tonnes, sont bien petits pour Ariane 5.

 

N’est-il pas gênant qu’une fusée non européenne lance les satellites institutionnels de l’Europe ? Quand Ariane 5 a été conçue, il y a vingt-cinq ans, l’idée était d’avoir une seule fusée avec laquelle on lancerait non seulement des satellites géostationnaires à 36 000 kilomètres d’altitude, mais aussi de très gros modules pour la Station spatiale internationale qui pointait déjà à l’horizon; cela impliquait des charges utiles de 20 tonnes en orbite basse, et c’est aujourd’hui exactement ce qu’il faut pour le vaisseau cargo ATV qui ravitaille la Station et son équipage.

Certains, en Europe, auraient préféré que l’on se dote, à côté d’Ariane 5, d’un lanceur plus petit de la classe du Soyouz. Ce n’est pas le choix qui a été fait. Mais la question va se poser à nouveau, pour les années 2020, avec une possible Ariane 6 modulaire.  

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