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24 février 2013 Antoine Malo et François Clemenceau - Le Journal du Dimanche
Après les violents combats qui ont causé la mort d'un sous-officier du 2e REP mardi, les forces spéciales sont convaincues d'avoir atteint leur cœur de cible dans le massif des Ifoghas.
Pour la première fois depuis le début de l'opération Serval, les forces françaises engagées au Nord-Mali ont affronté une résistance digne de ce nom. Après un pilonnage aérien d'une zone suspecte au nord-ouest du massif des Ifoghas, les unités d'écoute et de surveillance ont détecté en début de semaine une intense activité électromagnétique signalant un regroupement des forces ennemies. Les trois jours de combats diurnes qui s'en sont suivis ont permis de mieux cerner l'état des forces. "On est loin de quelques gars en tongs qui courent dans le désert", raconte une source officielle. Caches souterraines, tranchées, utilisation de mortiers, de mitrailleuses avec également des tirs très précis à l'arme légère : les forces françaises pensent que le niveau de la riposte correspond au "cœur de cible" recherché, autrement dit au noyau dur d'Aqmi. "S'ils se battent si fort, c'est qu'ils ont quelque chose à défendre", précise la source. Les forces françaises et tchadiennes (qui ont perdu une vingtaine d'hommes dans les combats) devraient en apprendre davantage auprès de deux djihadistes capturés au cours de cette opération. Des renseignements sur l'activité des djihadistes dans cette région montagneuse sont également collectés depuis quelques jours des drones de l'armée américaine stationné sur une base au nord du Niger.
Une vaste opération dans les prochaines heures
Dans la région de Gao, 350 km au sud-ouest de Kidal, le calme semble être revenu hier, après deux jours d'affrontements entre des éléments de Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) et des soldats des armées malienne, française et nigérienne. Selon un résident, une bonne partie des assaillants qui se sont infiltrés jeudi jusqu'au centre-ville de Gao provenaient de trois villages situés sur la rive opposée du fleuve Niger et étaient acquis depuis de longues années à l'islam wahhabite saoudien. Ce que confirmait hier Hamza, un combattant du Mujao originaire du bourg de Kadji, que le JDD a pu joindre par téléphone. "Nous ne sommes qu'à une trentaine de kilomètres de Gao et nous sommes prêts à l'attaquer de nouveau", ajoute ce jeune de 21 ans.
Selon nos informations, une vaste opération de nettoyage de la zone pourrait être lancée dans les prochaines heures par les forces françaises et africaines. Le combattant du Mujao dit s'y préparer : "Nous avons tous été entraînés pour ça il y a plusieurs mois dans des camps des Ifoghas. Nous combattons au nom de Dieu, nous n'avons peur de personne, pas même de la mort." Un porte-parole du mouvement a par ailleurs menacé de perpétrer des attentats à Bamako, Ouagadougou (Burkina Faso) et Niamey (Niger).