Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 12:50

Europe Flag

 

07/02/2013 Par Rodolphe Baron - Le Point.fr

 

L'Europe de la défense accuse la panne sèche. La France hésite, la Grande-Bretagne renâcle et l'Allemagne est toujours paralysée dès qu'on parle d'armée.

 

C'est un serpent de mer. "L'Europe de la défense" est devenue un marronnier aussi bien politique que médiatique qui refait surface au gré des interventions militaires. Pendant la guerre en Libye de mars 2011 d'abord où la dynamique Cameron-Sarkozy a accéléré un processus militaire freiné par les fortes divergences entre des États membres. À l'occasion de l'intervention au nord du Mali ensuite où l'Europe s'est limitée à offrir un support logistique à la France, seul État européen à l'origine du déploiement de troupes sur le terrain "faute d'une préparation diplomatique suffisante", précisait il y a quelques jours l'ex-ministre de la Défense Hervé Morin sur Le Point.fr.

 

Malgré un soutien politique réaffirmé et sa proposition de former l'armée malienne, l'Europe n'a pas unanimement soutenu l'effort français. Pourtant, la création d'un sanctuaire terroriste dans la région du Sahel intéresse toute la communauté européenne, directement visée dans les nombreuses vidéos des groupes terroristes de la région. "Il est temps d'en finir avec la dispersion des initiatives", jugeait François Hollande lors de son passage devant le Parlement à Strasbourg, où il a plaidé pour une harmonisation des positions européennes dans les instances internationales, parce que "l'Europe doit parler d'une seule voix".

 

Une Europe qui fait du surplace

 

Plusieurs éléments peuvent expliquer l'engluement de "l'Europe de la défense". Le premier est économique. La crise a considérablement influé sur le montant des budgets de la défense des pays européens. À titre d'exemple, le budget du ministère de la Défense français a été amputé de près de 5 milliards d'euros sur la période 2009-2013. Une coupe malvenue au moment où l'armée française constate son retard en matière de robotique de guerre et tergiverse sur les solutions possibles, rapporte Slate.fr. Dans le même temps, plusieurs États membres ont plaidé pour une meilleure convergence des forces européennes, parmi lesquelles la France joue un rôle moteur, mais reste isolée dans sa conception.

 

La seconde raison du blocage est sans doute la plus importante : le manque de volonté politique. L'opinion européenne reste concentrée sur les effets néfastes de la mondialisation et fait peu de cas d'une avancée politique et militaire de l'Europe. L'autre partie du problème est également structurelle. Chaque tentative de relance de la France se heurte à l'Otan, plus développée et mieux considérée. Vingt et un États membres de l'UE en sont également membres. "L'existence de l'Otan a un effet direct sur les budgets militaires européens", rappelle le général Henri Bentégeat, ancien chef d'état-major des armées françaises, qui a dirigé le comité militaire de l'Union européenne entre 2006 et 2009. Dès lors, difficile de plaider pour un espace militaire resserré sur la seule Europe en dépit d'une domination américaine évidente sur l'Otan (50 % de l'apport financier et 75 % des ressources militaires). De toute manière, en l'état actuel, une "Europe de la défense" n'a, par définition, "pas vocation à la concurrencer", mais plutôt à la compléter. L'un des seuls partenaires pro-européens de la France dans ce domaine, c'est encore l'Allemagne. Problème, celle-ci fait preuve d'un comportement ambigu. Grosse contributrice de l'Otan, la première économie d'Europe se prononce en faveur d'une "Europe de la défense", mais limite son engagement dans les interventions extérieures. Allant même jusqu'à torpiller les rapprochements entre entrepreneurs militaires français et allemands, comme ce fut le cas avec l'arrêt de la fusion EADS-BAE en octobre dernier. "L'Allemagne a un tropisme otanien très fort", estime Arnaud Danjean, député européen et président de la sous-commission Sécurité et Défense (Sede) au Parlement européen. "Ils ont les contraintes constitutionnelles que l'on connaît", souligne-t-il, avant de rappeler que l'Allemagne reste "très présente en Bosnie et au Kosovo".

 

Désillusions et outils déjà en place

 

Quelques rapprochements bilatéraux entre États membres ont tout de même eu lieu. À commencer par les accords de Lancaster House en 2010 entre la France et la Grande-Bretagne (qui représentent à elles deux 50 % de la capacité militaire totale de l'Europe) pour lesquels le cadre européen n'était pas mentionné dans le texte, comme c'était le cas au sommet de Saint-Malo en 1998. La coopération franco-britannique en matière de défense en est ressortie renforcée, avant de connaître un premier couac dans le domaine naval en mai 2012. Les Anglais ayant préféré, pour des raisons de coûts, un porte-avions à tremplin sur lequel les avions français ne peuvent se poser... Par ailleurs, la Grande-Bretagne, qui s'interroge encore sur son avenir européen, a refusé que ces accords avec la France soient intégrés dans les mécanismes de défense de l'UE et verrouille depuis de nombreuses années la création d'un quartier général militaire européen.

 

Pourtant, on ne peut pas dire que rien n'est en place. Presque toute la chaîne décisionnelle - copiée sur le modèle otanien - est en activité. Certes, les Britanniques, encore eux, bloquent le budget de l'Agence européenne de défense qui est seulement de 30 millions d'euros et les groupes tactiques de l'UE - 1 500 hommes environ - n'ont encore jamais été déployés faute de sollicitations, mais le comité militaire et le comité politique et de sécurité de l'UE sont opérationnels. Tous ces efforts notés, le verdict reste sans appel : "L'Europe de la défense" est à l'arrêt depuis plus de dix ans, selon le rapport Védrine remis à François Hollande en novembre 2012 : "Aucune grande opération n'a eu lieu depuis la création d'EADS en 1999." Le même document note que rien de tout ce qui a été accompli "n'a pu déclencher jusqu'ici de vraie dynamique", malgré "une vraie capacité globale de traitement des crises : économique, civile et militaire". Pas la peine donc d'espérer une accélération du projet avant "au moins dix ans", pour les plus optimistes.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : RP Defense
  • : Web review defence industry - Revue du web industrie de défense - company information - news in France, Europe and elsewhere ...
  • Contact

Recherche

Articles Récents

Categories