Overblog Tous les blogs Top blogs Entreprises & Marques Tous les blogs Entreprises & Marques
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 07:40

2011-05-31 23.51.15

 

15.11.11 par Jacques Quesada, commissaire de l’armée de l’air, pour l'Ecole de guerre - Point de vue/LeMonde.fr

 

Un an après la signature des accords de Londres, le 2 novembre 2010, instituant une coopération militaire approfondie entre la France et le Royaume-Uni, la plupart des spécialistes s'accordent à dire que son caractère bilatéral, parce qu'il ignore le cadre institutionnel, sonne le glas d'une défense européenne intégrée. A contrario, ce partenariat industriel et opérationnel n'est-il pas un progrès décisif et une étape importante franchie dans l'édification d'une force militaire, et, à terme, d'une armée européenne ?

 

La coopération franco-britannique s'inscrit dans une longue tradition historique mais les circonstances du moment ont plaidé pour l'adoption par les deux pays d'une Realpolitik sur la scène de la défense et de la sécurité européennes. Elles constituent une occasion historique de donner un élan définitif à une future défense européenne. En effet, des enseignements majeurs ont été retirés de l'analyse commune de la situation géopolitique réalisée par les deux pays.

 

Tout d'abord, l'absence de volonté politique et le renoncement de l'Europe institutionnelle à être un acteur majeur sur la scène internationale contredisent ses ambitions diplomatiques affichées et participent d'un affaiblissement irrémédiable. Cela confirmerait le choix par l'Union européenne d'un "soft power", c'est-à dire d'une puissance d'influence, jugée suffisante au maintien de sa crédibilité dans les affaires mondiales, la responsabilité de la défense collective étant laissée à l'OTAN.

 

Par ailleurs, les réductions drastiques des budgets de défense incitent à réaliser des économies d'échelle en mutualisant l'acquisition des matériels et en optimisant leur emploi afin de conserver des capacités dignes de leur statut de grandes puissances mondiales. Cependant, les raisons économiques à l'origine de cette coopération ne peuvent à elles seules faire une défense commune.

 

La principale caractéristique du rapprochement militaire entre Paris et Londres est à rechercher dans des motifs d'ordre géostratégique et politique, qui lui confèrent une orientation nouvelle fondamentale. Les deux pays présentent des caractéristiques similaires : membres du conseil de sécurité de l'ONU, puissances nucléaires, disposant de capacités conventionnelles développées dans les milieux terrestres, aériens, et maritimes. Ils représentent près de la moitié des budgets de défense et des effectifs opérationnels en Europe et ont compris que le maintien de leur poids militaire sur la scène internationale passait par l'adoption d'une coopération renforcée. La perspective historique rappelle que cette nouvelle Entente Cordiale ne signifie pas un alignement de la position française sur la position britannique et inversement. Il s'agit bien d'une nouvelle vision pragmatique rendue possible par des inflexions des postures de défense.

 

D'une part, lors de la dernière décennie, des interrogations ont surgi au Royaume-Uni sur le bien fondé, de certains choix de politique étrangère inscrits dans une soumission aux intérêts géopolitiques américains. Or, la fragilisation de la relation transatlantique spéciale entretenue avec les Etats-Unis est confirmée par leur désengagement de la sécurité européenne et le glissement stratégique de leur centre de gravité vers l'Asie et le Pacifique.

 

D'autre part, les évolutions de la politique de défense en France se caractérisent par un infléchissement des postulats traditionnels, tels que l'autonomie stratégique, la normalisation des relations avec l'OTAN, un atlantisme affiché et la volonté d'un rééquilibrage de l'axe Washington Londres.

 

La conjoncture favorable annonce une dimension nouvelle bénéficiant à l'Europe de la défense. Le rapprochement militaire entre les deux pays est à cet égard une occasion historique de transcender les différences et de transformer l'essai par un rapprochement diplomatique qui serait porteur d'une ambition et d'une stratégie pour l'Europe. C'est une œuvre de long terme qui doit être menée sur le fondement d'une politique étrangère unique fondée sur la fin des réticences britanniques sur tout engagement intégrationniste.

 

L'histoire a montré que toute avancée dans la construction européenne a été difficile. Loin d'être un renoncement définitif à une Europe de la défense, la coopération franco-britannique est une solution innovante et réaliste, appelée à bénéficier à l'ensemble des pays de l'Union européenne. Son architecture est pour le moment indépendante des institutions européennes et repose sur une rationalisation des efforts de défense. A terme, elle porte en germe les conditions de réussite et l'émergence de la coopération renforcée structurée prévue par le traité de Lisbonne. Une des différences majeures avec l'Europe monétaire est simplement qu'en matière de défense, l'Europe des nations est un préalable obligatoire à l'Europe des institutions.

 

Pour lire d'autres analyses, rendez-vous sur le site de l'Ecole de guerre

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : RP Defense
  • : Web review defence industry - Revue du web industrie de défense - company information - news in France, Europe and elsewhere ...
  • Contact

Recherche

Articles Récents

Categories