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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 07:05

DGSE logo

 

02.04.2012 par Jean-Dominique Merchet - Secret Défense

Une cérémonie aura lieu ce matin boulevard Mortier. Coup de projecteur sur la "Boîte".

La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) célèbre aujourd'hui son trentième anniversaire. Créée le 2 avril 1982 par la gauche, il s'agissait alors essentiellement d'un changement de nom : au SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, créé en 1945) succèdait la DGSE. Mais il faudra attendre une dizaine d'année pour que la "boîte" se transforme en profondeur et devienne ce qu'elle est aujourd'hui : un grand service.

Ce matin, une grande cérémonie (pas ouverte au public...) se déroule dans la cour de la DGSE, boulevard Mortier à Paris. Tous les anciens directeurs de la maison ont été invités. Cette cérémonie fait suite à celle du 17 janvier dernier, dans la cour d'honneur des Invalides, qui marquait le soixante-dixième anniversaire de la création du BCRA à Londres. Cette politique nouvelle entend, selon ses promoteurs, renforcer une forme de "culture d'entreprise" au sein de la DGSE,  en mettant en avant l'histoire et les valeurs de la "boîte".

Dans les années 80, la DGSE était "vieillotte, endogame, larguée sur la guerre froide et empêtrée en Afrique", reconnait-on aujourd'hui. Qui plus est, complètement "traumatisée par le Rainbow Warrior" (1985), une affaire qui marquera profondément la génération des actuels quinquagénaires. Le pouvoir, et l'opinion, n'ont plus confiance dans la DG. La "remise d'aplomb" commence à la fin des années 80 avec la nomination du préfet de Silberzahn à sa tête (1989-93). Elle est aujourd'hui acquise, avec les directeurs successifs (Dewattre, Cousserand, Brochand, Corbin de Mangoux). Boulevard Mortier, on assure que "le service a retrouver sa place au coeur de l'Etat".

"La crédibilité d'un service repose sur quatre choses : un bon budget, un haut niveau technologique, la protection du secret et le proximité entre son chef et le chef de l'Etat
".

Le budget de la DGSE, "en constante augmentation" s'élève aujourd'hui à environ 550 millions d'euros par an. Une situation excetionnelle au sein de l'Etat qui fait dire à certains que "la DGSE pète dans le fric". Cette hausse de 10% au cours des cinq dernières années a notamment permis le recrutement de 590 personnes. Les effectifs dépassent aujourd'hui les 5000, auxquels il faut ajouter le millier de militaire du Service Action.

Le recrutement s'est banalisé : il ne s'opère pas dans une une arrière-salle de café, mais par un concours administratif, dont l'ouverture est publiée au Journal Officiel. Et ça marche ! Pour 18 postes d'analystes l'année dernière, il y avait plus de 800 candidats. Le concours s'apparente à celui des affaires étrangères. En ce qui concerne les ingénieurs, le recrutement s'opère plutôt sur une base contractuelle. Les femmes (20% de l'effectif) représentent aujourd'hui la moitié des promotions qui intègrent la maison, mais elle reste peu présente dans la hiérarchie. Il n'y a qu'un sous-directeur féminin, à la Stratégie. Même si des évolutions sont en cours, trop de peu de recrutement se font encore dans la population issue d'une immigration récente. Les militaires constituent 30% de l'effectif (hors service action) mais environ 50% de la hiérarchie. Désormais, des énarques peuvent intégrer la DGSE dès la sortie de l'école. Les carrières de cadre (attaché, attaché principal, administrateur) correspondent à ce que l'on rencontre dans l'ensemble de la fonction publique. Sauf que les salaires y sont supérieurs : "on n'a pas à se plaindre" confie un cadre. Le personnel n'a pas le droit de se syndiquer et encore moins celui de faire grève. Il est représenté par des élus : le Centre d'entraide social et culturel, qui publie le journal interne L'échauguette et le Comité du dialogue social.

L'argent sert aussi à rester dans la course technologique. Le renseignement technique côûte cher, car "il faut rester dans la course des télécoms".  L'intercpetion des nouveaux moyens de communications (Skype, internet, portables) ou des plus anciens, comme les câbles sous-marins par lesquels passent l'essentiel du flux - nécessitent des investissements importants. Avec le CEA, la DGSE possède les ordinateurs les plus puissants du pays. Des Crays tellement gros que la chaleur qu'il dégage permet de chauffer les locaux du boulevard Mortier. Ou exige l'arrivée de ligne électrique à haute tension comme on le voit vers les Alluets-le-Roi (Yvelines)... En matière technique, la DGSE entretient des rapports étroits avec la NSA américaine. La France a la chance de rester un grand pays en matière de télécoms civils : ce n'est pas sans répercussions sur ses capacités de renseignement.  

A l'aise financièrement, la DGSE n'a pourtant plus les moyens d'assurer une couverture mondiale. La vieille dans des zones entières a été abandonnée depuis une dizaine d'années : l'Amérique du Nord, l'Amérique du Sud, la péninsule indochinoise, le Pacifique, l'Europe (hors Russie, Biélorussie et Turquie)... Les postes de Varsovie ou de Sarajevo vont être fermés. "On se concentre sur des niches, qui nous sont fixées par le Plan national d'orientation du renseignement (PNOR) de l'Etat".

La DGSE coopère avec de nombreux services étrangers, en tout premier lieu américain et britannique. Au niveau européen, les choses sont plus contrastées avec l'Allemagne ou l'Italie, par exemple. Il existe des coopérations plus inattendues et efficaces, avec la Roumanie, l'Erythrée ou le Canada, dans des genres différents... En face ? Certains Etats posent de vrais problèmes, en tout premier lieu les services pakistanais. Quand aux Russes, ils sont toujours là, pas très amicaux. Les Chinois ne font guère partie du paysage de la DGSE.

La protection du secret est l'une des conditions de la crédibilité d'un service, notamment aux yeux de ses partenaires étrangers. Et de ces informateurs... Car personne ne veut prendre le risque de donenr une information (donc une source) si elle risque de se retrouver sur la place publique. Les Allemands, très "transparents", en savent quelque chose... "On veut plus de contrôle parlemenaire, mais pas de juges, car avec les magistrats nos dossiers se retrouvent dans la presse", lâche-t-on boulevard Mortier. Les huit élus (majorité et opposition) de la Délégation parlementaire au renseignement connaissent bien la DGSE. Si la loi qui visait à rendre certains locaux de la DGSE secret-défense a été retoquée par le conseil constitutionnel,  les documents que ces lieux abritent le restent.

Au niveau national, le paysage institutionnel a évolué ces dernières années. La création - délicate - d'un poste de Coordinateur national du renseignement à l'Elysée a mis de l'huile dans les rouages entre les services, notamment avec la DCRI (ex-DST et RG). L'Académie du renseignement, installée à l'Ecole militaire, permet aux hommes de se connaitre.

En 2010, la DGSE avait commandé un sondage pour connaitre l'opinion des Français à son égard : 67% des Français en avaient entendu parler, et parmi ceux-ci 80% avait une opinion positive. "En terme d'image, notre problème, c'est qu'un Français sur trois ne sait pas qu'on existe" reconnait-on boulevard Mortier.

Si le Rainbow Warrior est évidemment le grand échec de la DGSE ( "l'exemple de ce qu'un service ne doit jamais faire et de ce qu'un pouvoir ne doit jamais demandé à un service"), les succès de la DG sont, par définition, moins connus. On sait qu'elle est en charge des affaires d'otages à l'étranger. L'absence d'attentats majeurs sur le territoire national est à mettre à son crédit. La découverte, en 2009, d'activités nucléaires sur le site iranien de Qom avait fait sensation lors du sommet de Pittsburgh. Moins connus, quelques bons résultats sur la Corée du nord...

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