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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 11:30

http://www.defense.gouv.fr/var/dicod/storage/images/base-de-medias/images/operations/autres-operations/harmattan/111020-libye-point-de-situation-n-48/libye-point-de-situation-1/1418979-1-fre-FR/libye-point-de-situation-1.jpg

photo Ministère de la Défense

 

21 Octobre 2011 Jean-Dominique Merchet

 

Bilan d'une campagne réussie.

 

Le ministre des affaires étrangères Alain Juppé a indiqué ce matin sur Europe 1 qu'en Libye, "l'opération militaire est terminée" à la suite de la mort, jeudi, de Mouammar Kadhafi. "L'ensemble du territoire libyen est sous le contrôle du CNT et sous réserve de quelques mesures transitoires, l'opération de l'Otan est arrivée à son terme. L'objectif qui était le nôtre, c'est-à-dire accompagner les forces du Conseil national de transition dans la libération de leur territoire, est maintenant atteint".

 

Pour l'armée française, la campagne de Libye aura duré sept mois, du 19 mars au 20 octobre, sous réserves de "quelques mesures transitoires", comme le dit le chef de la diplomatie. C'est, à n'en pas douter, une réussite exemplaire. Tout d'abord, cette campagne a été conduite sans aucun mort, ni blessé du côté français. Il y a peu d'exemples dans l'histoire récente. Certes, la dimension aérienne et navale de l'affaire limitait les risques mais un avion de combat n'est pas à l'abri d'une panne conduisant à l'éjection en terrain hostile. L'engagement des hélicoptères comportait, lui, beaucoup plus de risques. Les équipages ont eu de la chance, mais la chance ne fait pas tout. Cette armée était prête, c'est-à-dire entrainée et équipée pour les missions qui lui ont été confiées. Les citoyens peuvent s'en réjouir. Le budget de la défense n'est pas dépensé en vain.

 

La manoeuvre diplomatique a été habile. Certes, de nombreux pays (Russie, Chine, Brésil, Allemagne, Afrique du Sud, etc) n'étaient pas enthousiastes à partir en guerre contre Kadhafi, mais la France a trouvé la clé en faisant voter une résolution sur la "protection des populations". Comme le reconnait un haut gradé français, "on a tiré sur ce concept comme sur un élastique", à l'extrême mais sans jamais qu'il ne rompe. Au nom de la protection des populations, c'est en effet le régime du colonel Kadhafi qui a été visé, jusqu'à la mort de celui-ci.

 

Contrairement aux prévisions initiales ("Une affaire de quelques semaines" disait Juppé), ce ne fut pas une guerre éclair, mais une guerre d'usure. Comme tous les experts sérieux n'ont cessé de le dire, l'issue de cette affaire ne faisait aucun doute : Kadhafi allait tomber. Restait à savoir quand et comment ? Le régime a offert des capacités de résistance supérieure à ce que certains imaginaient : ses troupes, bien équipées, se sont battues avec détermination. Kadhafi conservait une base sociale sur laquelle il a pu s'appuyer : on l'a vu dans la phase finale du conflit entre la prise de Tripoli, fin aout, et la mort du dictateur, deux mois plus tard.

 

La stratégie choisie pour le faire tomber s'appuyait sur deux forces : l'Otan tapait les forces du régime depuis l'air et la mer. Au sol, les insurgés faisaient le travail, appuyés par quelques dizaines de "conseillers" discrets, dont le métier est de ne pas faire parler d'eux. Là encore, les choses ne se sont pas déroulées comme imaginées : une conquête de l'ouest (Tripolitaine) par les forces insurgées de l'Est (Cyrénaïque) le long de la route côtière. Le localisme, qui est l'une des principales caractéristiques de la société libyenne, a prévalu. Finalement, ce sont les résistants de Misrata et les insurgés du Djebel Nefoussa, qui ont mené les offensives victorieuses.

 

Pour sa partie aérienne et navale, cette guerre a été conduite par l'Otan. Elle est apparue beaucoup plus comme une boite à outils fournissant des moyens de planification, de commandement et de conduite des opérations que comme une instance politique décisionnelle. L'Otan a joué un rôle plus militaire que politique. Cette réalité devrait inciter à une approche pragmatique  des débats sur l'Alliance. Quant à l'Union européenne, elle a été exactement là où il fallait s'attendre qu'elle soit, c'est-à-dire nulle part.

 

Derrière les Etats-Unis, qui sont volontairement restés discrets et en retrait tout en fournissant une aide vitale (renseignement, drone, ravitailleurs, premières frappes décapitantes, etc...), la France a fourni le principal effort, devant le Royaume-Uni. L'effort de la France a été 20% supérieur à celui des Britanniques, qui n'ont pas toujours eu le même allant que ce soit pour l'engagement timide de leurs hélicoptères de combat ou la destruction de la marine de Kadhafi. D'autres pays ont été très impliqués militairement comme le Canada, la Belgique, le Danemark ou la Norvège.

 

L'opération Harmattan a montré des lacunes de l'outil militaire français, lacunes depuis longtemps identifiées mais cruellement ressenties. Sur deux points particuliers : l'absence de drones armés (un seul drone non armé a été déployé fin aout) et l'insuffisance des capacités de ravitaillement en vol. Certains capteurs, notamment les pods des Mirage 2000, commencent à montrer des signes de vieillissement.

 

Cette campagne a été très interarmées : la plus belle illustration n'est-elle pas la présence de commandos de l'air dans des hélicoptères de l'armée de terre décollant d'un bâtiment de la marine ? Les querelles de chapelle (que l'on retrouve encore sur ce blog...) ont désormais un côté vraiment ringard.

 

Reste la question que tout le monde se pose : que va devenir la Libye ? C'est désormais l'affaire des Libyens eux-même, débarrassés de leur dictateur.

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