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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 16:25

Ligne de defense P Chapleau

 

23.09.2011 par P. CHAPLEAU Lignes de Défense

 

Le vice-amiral Emmanuel Desclèves s'interroge sur la politique de Défense. Alors que les grandes manoeuvres électorales s'annoncent, que la crise financière fait peser de nouvelles incertitudes sur la défense et les capacités nationales à maintenir un effort nécessaire, il propose des "voies à explorer" dans cette tribune qu'il a fait parvenir à Lignes de Défense.

 

l'amiral Desclèves a servi une quinzaine d'années à la mer et a commandé successivement l'aviso Commandant L'Herminier, la frégate Vendémiaire et le BAP Jules Verne. Il a séjourné trois ans dans le Pacifique sud, deux ans et demi en Océan Indien et deux ans en Tunisie. Il a quitté la Marine en 2007 pour entrer directement chez l'armateur CMA CGM comme membre du Comité Exécutif et Directeur technique. En juillet 2010,  il a pris les fonctions de Conseiller Défense du Président de DCNS.  Le VA Emmanuel Desclèves a été élu membre de l'Académie de Marine en 2007. Il est membre du conseil d'administration du musée national de la Marine.

 

Quelle politique de Défense ?

 

 Le prix à payer

 

Dans les attributs de la puissance d'un État, la force militaire se situe traditionnellement au tout premier plan. Mais cette puissance là coûte cher et lorsqu'une période de paix se prolonge, certains pays en font l'impasse. Ils se reposent sur des pactes et traités de « sécurité collective », imaginant sans doute que leurs alliés et voisins viendront les défendre si nécessaire. Mais au fond, ils ne croient plus réellement à la guerre. Après la « der des ders » de 1918, suivie de « plus jamais çà ! » en 1945, beaucoup sont convaincus que la guerre est définitivement morte - en Europe au moins -  et ne les menace donc plus directement.

 

Dès lors, les forces armées n'apparaissent plus que comme l'instrument du pouvoir politique, propre à lui assurer une stature au plan international : on intervient loin de la métropole, pour rétablir la paix ici et là, éradiquer le terrorisme et les pirates, chasser un dictateur sanguinaire et servir enfin de bras armé à l'ONU.

 

Mais le prix à payer pour conserver cette stature internationale n'est-il pas trop cher ?

 

Pourquoi faudrait-il que la France en fasse « plus » que les autres pays européens, qui désarment ouvertement ?

 

Dans une période de dette et d'économies drastiques, les Français sont-ils prêts à sacrifier en partie leur quotidien, leurs écoles, leur justice, leur sécurité intérieure, etc. pour continuer à se payer une armée de plus en plus hors de proportion avec celle de leurs voisins ?

 

La question reste pendante et nul ne peut douter qu'elle sera au cœur des prochains débats.

 

La défense coûte cher. Cela paraît une évidence lorsqu'on regarde le budget de l'État. Bercy collecte des impôts et des taxes, l'Agriculture redistribue quelques subventions, l'Éducation nationale dispense des formations à nos enfants, la Santé nous soigne, ... la Défense nous défend (mais de quoi au juste ?), mais surtout elle nous coûte très cher !

 

Une solution pourrait être de présenter les armées comme « l'assurance vie » de la Nation, ce qu'elles sont aussi en quelque sorte. Mais les assurances ne paient pas, chacun le sait. À quand remonte le dernier sinistre et combien cela a-t-il « remboursé » aux citoyens ? Ce n'est pas comparable à la sécurité sociale qui - malgré son déficit chronique - redistribue une partie des sommes investies.

 

Non, pour sortir de cette impasse, il faut pouvoir changer de paradigme et trouver une vraie corrélation entre défense et économie. Il faut pouvoir montrer que la Défense « rapporte », qu'elle produit réellement de la valeur ajoutée, y compris sur le plan économique.

 

La Défense a une vraie valeur économique

 

On peut prendre l'exemple d'activités économiques qui ne pourraient pas se développer sans la Défense : on ne vendrait pas de sous-marins à l'étranger si la Marine nationale n'en disposait pas, servant en quelque sorte de « caution » pour le sous-marin mais aussi pour la formation des équipages. On ne pourrait transporter 90% des marchandises dans le monde par voie maritime si celles-ci n'étaient pas sécurisées par les marines et les gardes-côtes. De même pour l'exploitation offshore ou la pêche dans des zones à risque de piraterie (elles sont nombreuses). On pourrait encore citer la surveillance préventive des zones maritimes : combien de dégazages sauvages, combien d'accidents graves en mer (échouement, pollutions, naufrages) ont été évités grâce à la présence de moyens de surveillance et d'intervention. A contrario, en l'absence de moyens de sécurisation, certains acteurs maritimes (pétrole, pêche, recherche, etc.) renoncent à développer des activités économiques dans des zones peu sûres malgré leur potentialités (canal du Mozambique, par exemple).

 

Cela étant, personne ne s'étonnera qu'une société paie des services pour assurer la sécurité de son personnel et de ses biens. Pas de surprise non plus lorsqu'une collectivité territoriale investit dans la construction d'une caserne de gendarmerie. Au XVIIème siècle, les Provinces françaises avaient bien offert des vaisseaux de guerre  à la Couronne désargentée !

 

Par ailleurs, les fameuses « compagnies des Indes » qui ont tant contribué au développement économique de l'Europe sont un bon exemple de cette valorisation économique des moyens navals armés, et de l'interconnexion naturelle entre l'activité économique maritime et le naval militaire.

 

Des voies à explorer ?

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