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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 17:20

Rafale photo2 Sirpa Air

 

11/12/2012 Vincent Lamigeon, grand reporter à Challenges Supersonique

 

Il y a parfois d’heureux hasards. Quelques jours à peine avant la visite de la présidente du Brésil Dilma Rousseff, qui entame aujourd’hui une visite de 48 heures en France, un article du magazine brésilien Istoe, l’équivalent de Newsweek, assurait que le chasseur F-18 de Boeing était en pole position pour le contrat de 36 appareils pour l’armée de l’air brésilienne, dit FX-2. Le journal évoquait notamment un prix proposé par Boeing de 5,4 milliards de dollars, contre et 4,3 milliards pour le Gripen du suédois Saab. Le Rafale ? 8,2 milliards de dollars. Bref, trop cher pour Brasilia.

 

Que valent ces chiffres, extraits, selon le magazine, d’un rapport de la commission chargée d’évaluer les trois appareils ? Ils apparaissent pour le moins étranges. Le quotidien Folha de Sao Paulo avait déjà évoqué le chiffre de 8,2 milliards en 2010, assurant à l’époque que Dassault avait consenti une réduction de deux milliards pour atteindre 6,2 milliards de dollars. A 8,2 milliards de dollars, le coût unitaire du Rafale ressort à 227 millions de dollars, soit 175 millions d’euros. Le chiffre paraît énorme : la Cour des comptes évaluait en février 2010 le prix unitaire du Rafale pour les forces françaises à 142,3 millions d’euros, coûts de développement compris.

 

Or il n’est pas d’usage de facturer les coûts de développement initiaux aux prospects export, ce qui serait la meilleure façon de perdre les contrats. En s’intéressant au prix unitaire de production d’un Rafale, estimé à 101,1 millions d’euros (131 millions de dollars) par la Cour des comptes, on a probablement une image plus fidèle du prix facturé par Dassault, qui y ajoute évidemment sa marge. On est loin des 227 millions de dollars évoqués par Istoe, sauf en intégrant diverses joyeusetés telles que le maintien en condition opérationnelle, la formation des pilotes etc.

 

Même le prix du F-18, estimé à 150 millions de dollars, paraît un peu élevé : l’Australie avait acheté 24 Super Hornet en 2007 pour à peu près 3 milliards de dollars, soit 125 millions l’appareil. Les chiffres de coût à l’heure de vol – 10 000 dollars l’heure pour le F-18, 20 000 dollars pour le Rafale - publiés par Isteo sont également à prendre avec des pincettes : on voit mal pourquoi le Super Hornet, plus lourd de trois tonnes, reviendrait moins cher à l’usage qu’un Rafale.

 

De deux choses l’une : soit ces chiffres sont justes, et le Rafale souffred’un problème de compétitivité qui rendrait assez inexplicable sa sélection en Inde pour le contrat MMRCA de 126 appareils. Soit ces chiffres sont faux, et il convient alors de savoir à qui profitent ces calculs frelatés. Concurrence américaine ? Pas forcément. Ce type de sortie pourrait aussi permettre au Brésil de négocier à la baisse le prix du Rafale. Réponse en 2013.

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