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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 08:40

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01/02/2012  Par Julie de la Brosse – L’Express.fr

La question a ressurgi mardi avec l'annonce du contrat de ventes de 126 Rafale à l'Inde. Trois économistes donnent leur avis.

 

Pour l'heure le contrat n'est pas encore signé, mais chez Dassault et dans la majorité on a du mal à cacher son enthousiasme. "Cela fait trente ans qu'on attendait ce moment", s'est notamment félicité mardi Nicolas Sarkozy, après l'annonce de négociations exclusives entre l'Inde et la France pour l'achat de 126 Rafales. Les réjouissances toutefois n'ont pas été partagées de tous, et notamment des socialistes qui s'inquiètent des transferts de technologie découlant du fameux contrat. Ils " devront faire l'objet d'un examen attentif", a prévenu Jean-Yves Le Drian, responsable de la Défense auprès de François Hollande. L'accord commercial en préparation stipule que New Delhi se fera livrer directement 18 avions en 2012, tandis que les 108 autres seront construits sur le sol indien. Il prévoit également que Dassault s'approvisionnera à hauteur de la moitié du montant des ventes auprès de l'industrie indienne de la défense. "Ce transfert de technologie entraîne [la création] de concurrents dans un pays qui n'est plus du tiers-monde, qui est un pays émergent considérable", estime l'ancien ministre socialiste de la Défense, Paul Quilès. Alors faut-il vraiment s'en inquiéter ? Les réponses de trois économistes...

 

Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS : "Si tant est que le contrat finisse un jour par être signé, Dassault va s'engager sur deux choses : d'une part il devra construire 90% de ses avions sur place, avec l'aide de l'industrie locale, et d'autre part il devrait investir une grande partie du montant du contrat en Inde. De quoi relativiser sérieusement l'importance de l'évènement ! Toutefois, cela reste une bonne nouvelle. S'il n'avait pas consenti à transférer une partie de sa technologie, l'avionneur tricolore n'aurait jamais réussi à vendre son avion omnirôle, jugé trop cher et trop sophistiqué. Par ailleurs, cet avion est relativement ancien, ce qui signifie que sa technologie sera bientôt dépassée. Dans ce contexte, il n'y avait pas tellement de raisons de s'opposer à un partage de technologies. C'est en effet sur les technologies les plus récentes et les plus cruciales qu'il faut rester extrêmement prudent, pour arriver à maintenir une longueur d'avance sur la concurrence."

 

Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des Economistes : "Une remarque liminaire tout d'abord : les transferts de technologie ne sont pas la seule explication aux multiples ressemblances que l'on peut retrouver dans l'industrie lourde. Des avions qui se ressemblent trait pour trait, cela fait longtemps que cela existe ! Quant à l'affaire du Rafale, il n'y avait pas tellement lieu à débattre. C'était en effet une question de vie ou de mort pour l'avion tricolore, qui était au bord de l'arrêt de production. Dans ces conditions Dassault n'avait pas d'autre choix que de baisser ses prix et de céder son savoir-faire. En revanche, ce raisonnement a ses limites quand une technologie qui a encore de l'avenir est transférée dans le but de remplir rapidement des carnets de commande. En ce sens l'exemple du TGV allemand est assez probant : aujourd'hui la Chine est capable de construire un train tout aussi performant mais beaucoup plus compétitif."

 

Christian Harbulot, fondateur de l'Ecole de Guerre Economique : "Il est important de ne pas tout mélanger. Les transferts de technologie dans l'industrie militaire et dans l'industrie civile ne sont pas porteurs de mêmes risques. Avant de vendre le Rafale à un pays étranger, la première question à se poser est de savoir si cette arme de guerre pourra un jour être utilisée contre la France. C'est le premier danger à anticiper. Quand la France s'est retrouvée en Irak pendant la première guerre du Golfe, elle devait combattre ses propres Mirage. Ceci s'est révélé extrêmement dommageable car l'appareil d'Etat n'avait pas conservé la mémoire relative à ces appareils de guerre. Au plan économique ensuite, il est primordial de conserver en son sein la partie la plus stratégique de ses technologies. Pour Dassault par exemple, il serait préférable que certaines pièces du Rafale restent fabriquées en France."

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