20.01.2013 Romandie.com (ats)
La polémique sur l'aide apportée par l'administration Obama au film "Zero Dark Thirty" renvoie à la longue histoire des liens entre le Pentagone et Hollywood. Les républicains accusent aujourd'hui le département américain de la Défense d'avoir livré des secrets d'Etat à la réalisatrice du film, Kathryn Bigelow.
Pour promouvoir la principale réussite du président Barack Obama dans la lutte contre Al-Qaïda, le département de la Défense a été accusé par des élus républicains d'avoir ouvert grand ses portes à Kathryn Bigelow pour son film sur la traque d'Oussama Ben Laden. En bref, d'avoir utilisé Hollywood comme moyen de propagande.
Mais hormis une rencontre de 45 minutes entre la réalisatrice, son scénariste et le responsable des opérations spéciales au Pentagone, Michael Vickers, pour une "présentation générale", le film n'a pas bénéficié de la collaboration de la Défense, assure Phil Strub. Ce dernier est le patron de la cellule du Pentagone chargée d'assurer la liaison avec l'industrie du cinéma.
Quand un producteur veut limiter les frais et mettre un peu d'authenticité dans un film mettant en scène des militaires, il fait appel au Pentagone. "Ce que nous lui demandons est de nous envoyer le scénario et ce qu'il attend de nous", résume M. Strub.
Censure ou influence
Le plus souvent, il s'agit d'un soutien technique pour apporter du réalisme à un personnage en uniforme ou à l'action des militaires, mais aussi d'accorder l'accès à des installations militaires ou de mettre à disposition des chars, avions ou navires qui apparaîtront dans le film. Mais surtout, le Pentagone exige un droit de regard sur le scénario.
Ce droit de regard nourrit les accusations de censure, ou au moins d'influence indue sur les productions, notamment par l'auteur David Robb dans son ouvrage "Operation Hollywood".
"Ils font de nous des prostituées parce qu'ils veulent que nous adoptions leur point de vue. La plupart des films sur l'armée sont des affiches de recrutement", raille dans cet ouvrage le réalisateur Oliver Stone à qui le Pentagone a refusé son assistance pour "Platoon" ou "Né un 4-Juillet" sur la guerre au Vietnam.