10/09/2013 par Jacques N. Godbout – 45eNord.ca
La réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Syrie qui devait débuter aujourd’hui mardi à 16h00, heure de New-York a été reportée jusqu’à nouvel ordre à la demande de la Russie, qui avait elle-même convoqué cette séance de consultations à huis clos.
Pendant ce temps, Washington, Moscou et Paris tentent toujours de trouver un terrain d’entente qui éloignerait la perspective de frappes contre le régime de Bachar al-Assad.
Il semble que la raison de ce report puisse être l’opposition de Moscou au projet de résolution français qui, non seulement réclame le démantèlement de l’arsenal syrien d’armes chimiques, mais prévoit aussi en dernier recours l’usage de la force pour contraindre Damas à respecter les obligations mentionnées dans le texte.
La France dans l’embarras
La proposition russe de placer l’arsenal chimique de la Syrie sous contrôle international offrait une porte de sortie bienvenue au président américain Barack Obama, dont le projet d’intervention en Syrie se heurte à une forte opposition de l’opinion publique américaine et pourrait même être rejeté par le Congrès américain, très divisé sur la question.
Le gouvernement syrien, saisissant la balle au bond, a pour sa part annoncé que la Syrie est prête à se joindre à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, ce qui mettrait automatiquement son arsenal chimique sous la supervision d’inspecteurs internationaux.
«Nous voulons nous joindre à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques», a déclaré depuis Moscou le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, au lendemain de l’annonce de l’initiative diplomatique russe.
«Nous sommes prêts à annoncer où se trouvent les armes chimiques, à cesser la production d’armes chimiques et à montrer ces installations aux représentants de la Russie, d’autres pays et de l’ONU», a ajouté Walid Mouallem, précisant son adhésion à l’initiative russe traduisait la volonté de la Syrie, qui est réputée posséder 1.000 tone d’agents chimiques, ne plus posséder d’armes chimiques.
Mais, alors que la proposition a été accueillie avec un certain soulagement dans la plupart des capitales, le cas est plus complexe pour la France qui, après avoir claironné sa détermination à punir le régime syrien, se retrouve dans une situation quelque peu embarrassante.
Paris, accueillant avec beaucoup de réserves l’initiative russe, a alors posé des conditions et formulé un projet de résolution contraignant qu’elle s’apprêtait à déposer aujourd’hui au Conseil de sécurité de l’ONU pour crédibiliser la proposition de démanteler l’arsenal chimique syrien.
Le projet français prévoyait le contrôle et le démantèlement des armes chimiques syriennes ainsi que la mise en place d’un « dispositif complet d’inspection et de contrôle », selon le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
De plus, la France voudrait la résolution adoptée sous «chapitre 7» c’est-à-dire qu’elle autoriserait en dernier recours l’usage de la force pour contraindre Damas à respecter les obligations mentionnées dans le texte.
De surcroît, outre l’adhésion de la Syrie à la Convention de 1993 sur l’interdiction des armes chimiques, la résolution française prévoyait le déferrement des responsables du massacre du 21 août devant la Cour pénale internationale (CPI).
En fin de compte, après que des discussions informelles sur le projet français de résolution ont déjà eu lieu plus tôt aujourd’hui et que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov ait jugé inacceptable le projet français, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue français Laurent Fabius,la France a immédiatement fait savoir qu’elle était prête à «amender» son projet «dès lors que sont préservés ses grands principes et objectifs».
Les États-Unis devraient maintenir la pression
Pendant ce temps, aux États-Unis, le président Barack Obama a demandé du temps mardi aux sénateurs américains pour évaluer la crédibilité d’un éventuel plan international visant à neutraliser le stock d’armes chimiques syriennes, repoussant tout vote au Sénat au moins à la semaine prochaine.
Les élus convenaient que la meilleure stratégie était de ne pas voter dans l’immédiat et d’attendre que Washington et Moscou s’accordent sur la meilleure façon de faire céder à Damas le contrôle de ses armes chimiques.
Un nouveau projet de résolution serait en train d’être élaboré par un groupe de démocrates et républicains pour conditionner les frappes au respect d’un éventuel plan de désarmement avant une date limite.
Dans ce nouveau projet, l’autorisation du recours à la force serait conditionnelle et serait déclenchée seulement en cas d’échec du plan russe et comporterait une date limite spécifique pour que le Conseil de sécurité de l’ONU vote une résolution, et une date limite distincte pour que les inspecteurs vérifient que les Syriens ont bien transféré leurs armes chimiques.
Si ces deux conditions n’étaient pas remplies avant les dates limites spécifiées, l’autorisation serait alors donnée au président de déclencher une intervention.
Finalement, si on se fie au site de la Maison-Blanche, le président Obama prévoit toujours s’adresser à la Nation ce soir à 21h00, les efforts de son administration pour persuader le Congrès et le peuple américain du bien-fondé d’une intervention militaire si elle s’avérait nécessaire se poursuivant.
L’ex-secrétaire d’État, Hillary Clinton, soutenant pour sa part que c’est la menace crédible de frappes militaires qui a permis le déblocage que représente la proposition russe et soulignant la nécessité de maintenir la pression, a accordé son soutien au Président Obama.
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