Système de défense missiles sol-air Crotale. Grâce à une caméra infrarouge, il est possible d\'avoir une image très précise de la cible jusqu\'au bout, et donc, le cas échéant, de décider de ne pas la faire exploser. - Photo Armée del'Air
02/10 Par Alain Ruello – LesEchos.fr
Thales est en lice pour moderniser la défense sol-air du royaume avec ses missiles Crotale de nouvelle génération. La visite du ministre de la Défense, lundi à Djedda, pourrait faire avancer le dossier de manière importante.
Thales va-t-il enfin décrocher le mirifique contrat de modernisation de la défense antiaérienne à courte portée de l'Arabie saoudite, une affaire évaluée à plus de 2 milliards d'euros qui court depuis dix années ? Depuis plusieurs semaines, c'est ce qu'on espère au sein du groupe de défense. Même si la prudence est de mise et que le ministre de la Défense n'y va pas que pour cela, la perspective de la visite lundi prochain de Jean-Yves Le Drian à Djedda, où il doit rencontrer son homologue notamment, n'a fait que renforcer les espoirs.
Rangé parmi les « éléphants blancs » en interne vu le montant en jeu, le projet a plusieurs fois été donné comme conclu avant de sombrer dans les méandres du système décisionnaire saoudien. Thales joue gros dans cette partie qui a vu s'affronter Français, Russes, Allemands, et un tandem américano-norvégien. Ce sont en effet les missiles Crotale du groupe montés sur chars AMX30 (système baptisé « Shahine ») qui équipent le pays depuis les années 1980.
La prudence demeure
Pour Thales, l'attente est d'autant plus marquée que les Saoudiens ont tranché depuis plus d'un an déjà en faveur de la technologie des Crotale de nouvelle génération qui équipent l'armée française. Le principe : grâce à une caméra infrarouge, il est possible d'avoir une image très précise de la cible jusqu'au bout, et donc, le cas échéant, de décider de ne pas la faire exploser. A l'inverse, les autres missiles obéissent à la logique « fire and forget » qui veut, qu'une fois tiré, on ne peut plus rien faire. Seul le Russe KBP développe une technologie similaire à celle de Thales, au travers d'une évolution du système Pantzir.
La déplacement du ministre de la Défense sera-t-il décisif ? A Paris, on espère au moins une avancée importante. « Le dossier s'est accéléré ces derniers mois », confirme-t-on aux « Echos ». Mais la prudence demeure. L'exemple du contrat Lex de modernisation de quatre frégates et de deux navires ravitailleurs plaide en ce sens puisqu'il a fallu un an et demi pour aboutir à la signature après avoir tout bouclé.
Chez MBDA, en revanche, c'est un peu la soupe à la grimace. La filiale d'EADS, de BAE et de Finmeccanica a tenté par deux fois de placer ses missiles Mica et Aster, en complément des Crotale NG de Thales. Sans succès : aussi bien le précédent gouvernement que l'actuel lui ont opposé un « niet » catégorique.
Contactés, ni le ministère de la Défense ni Thales n'ont souhaité commenter.
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