06/05 Par Lucie Robequain, Les Echos
Les groupes américains de défense ont plutôt bien absorbé le premier choc de la rigueur. Publiés ces dernières semaines, leurs résultats trimestriels sont ressortis supérieurs aux attentes. Parce qu'ils avaient anticipé les 45 milliards de coupes budgétaires du 1 er mars, ils sont parvenus à accroître leurs profits et à compenser la baisse de leurs chiffres d'affaires. Malgré une contraction de ses revenus de 1 % au premier trimestre, la branche défense de Boeing a ainsi vu ses profits bondir de 12 % (à 832 millions de dollars). Les bénéfices ont également augmenté de 15 % chez Lockheed, de 12 % chez Raytheon, de 4 % chez Northrop, et de 3 % chez General Dynamic.
Réduction des effectifs
Ces performances se paient au prix de lourdes restructurations : Boeing prévoit des coupes de 1,6 milliard de dollars dans les trois prochaines années, s'ajoutant aux 2,2 milliards d'économies déjà réalisées depuis 2010. Pour cela, le deuxième fournisseur du Pentagone est en train de réduire de 30 % ses effectifs de cadres dirigeants. Lockheed Martin, qui dépend à 85 % des commandes de l'Etat, s'est séparé de près du cinquième de ses salariés, soit 26.000 personnes au total. Le groupe a également remercié un quart de ses cadres dirigeants.
Si les acteurs de l'armement absorbent si bien la rigueur, c'est aussi parce qu'ils trouvent des relais à l'exportation. Israël, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite sont sur le point d'acheter pour 10 milliards de dollars d'armement américain, ce qui profitera majoritairement à Boeing et Lockheed Martin. La Maison-Blanche est leur principal allié : rompant avec 50 ans de contrôle très strict, elle s'apprête à lever les barrières à l'exportation pour tous les équipements jugés non stratégiques - gouvernails, roues, cockpits, etc. La réforme, qui demandera encore plusieurs mois de concertation, est attendue depuis des années par les sous-traitants.
La bonne tenue du secteur de la défense ne doit toutefois pas faire illusion. A ce stade, la rigueur imposée au Pentagone se traduit surtout par la mise en congé des personnels civils et l'annulation d'heures de vol et d'entraînement. Les contrats négociés avec les industriels sont encore largement garantis. Ce ne sera certainement pas le cas en 2014. « Qu'on ne se fasse pas d'illusion : des sous-traitants vont tomber parce que leur production ne sera plus jugée prioritaire », a prévenu récemment Brett Lambert, le secrétaire adjoint au ministère de la Défense.
commenter cet article …