07.10.2013 Le Monde.fr (AFP)
Environ 3 000 salariés américains du géant de l'aérospatiale Lockheed Martin, principal fournisseur d'armement des Etats-Unis (il produit notamment l'avion de chasse F-35), devaient être mis en congés sans solde à compter de lundi 7 octobre.
Cette mesure témoigne des premiers effets sur le secteur privé, et tout particulièrement sur le secteur de la défense, très dépendant de l'administration, du blocage budgétaire, qui affecte depuis plus d'une semaine les Etats-Unis - le "shutdown".
L'association des industries aérospatiales et l'association nationale des industries de défense, deux lobbys de l'armement, ont d'ailleurs adressé, dès jeudi 3 octobre, une lettre au ministre de la défense Chuck Hagel, soulignant que "l'inquiétude la plus immédiate est l'absence d'inspecteurs de l'agence de gestion des contrats de défense".
"IMPACT SUR LES LIGNES DE CRÉDIT"
Et si un certain nombre d'entreprises disposent de fonds pour les contrats déjà approuvés, la suspension du travail des services financiers et comptables de la défense, qui supervisent les versements de certains contrats d'armement, pourrait rapidement se faire ressentir, font également valoir les deux associations. "L'impact sur les lignes de crédit des PME [concernées] sera significatif à très court terme", avertissent-elles.
Lockheed Martin, qui a précisé sur son site internet que le nombre des salariés mis en congés sans solde est "susceptible d'augmenter si le blocage se poursuivait", n'est pas le seul à avoir pris des mesures conservatoires.
La directrice générale du géant britannique BAE Systems, Linda Hudson, a elle aussi prévenu, le 3 octobre, que 1 000 salariés américains travaillant sur des missions de renseignement et de sûreté étaient "dispensés de venir travailler" à cause du "shutdown". Cet événement "dissipe notre énergie, a regretté la dirigeante. A chaque jour qui passe, l'impact potentiel s'accroît pour tous nos employés, alors que les progrès au Congrès demeurent insaisissables."
L'avionneur Boeing a pour sa part indiqué, le 4 octobre, qu'il se préparait à "des mises en congés limitées d'employés dans certains domaines" de ses activités de défense, sans avancer de chiffre.
RÉINTÉGRATION
Par contre, Sikorsky, filiale du conglomérat américain United Technologies et fabricant de l'hélicoptère militaire BlackHawk, a annulé, dimanche 6 octobre, son projet de mettre 2 000 nouveaux salariés en congés forcés (3 000 personnes sont déjà obligées de rester chez elles).
La direction de l'entreprise a souligné les "efforts de ceux qui, dans l'administration et au Congrès, ont facilité le rappel des fonctionnaires mis en congé". "Nous sommes soulagés que les licenciements temporaires et autres perturbations aient été évitées. Nous nous focalisons à présent sur le retour à une production à pleins niveaux", a commenté le porte-parole.
A la suite du vote de la Chambre des représentants, samedi, Chuck Hagel a pu annoncer la réintégration de "la plupart des employés civils" du Pentagone, sans préciser quelles catégories de personnels sont concernées.
Cette annonce soulagera tout de même les Etats où sont concentrées les usines d'où sortent avions, chars et matériel militaire en tout genre, tout particulièrement la Floride et le Texas. Environ 10 % des employés d'usine aux Etats-Unis travaillent dans le secteur de la défense.
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