15/06/2013 par Nicolas Laffont – 45eNord.ca
De violents affrontements opposaient samedi les Forces spéciales et un groupe de manifestants armés qui s’attaquaient à des installations de l’armée et de la police, selon un journaliste de l’AFP et des témoins sur place, tandis que le chef de l’armée libyenne par intérim a mis en garde contre un «bain de sang».
Au moins trois membres des forces spéciales libyennes ont été tués dans les affrontements, selon ce qu’affirme les forces spéciales.
Des échanges de coups de feu nourris ainsi que des explosions étaient entendus depuis 04h00 locales (vendredi 22h00, Montréal) près du QG des Forces spéciales, non loin du centre-ville, selon un journaliste de l’AFP et des témoins.
Sur leur page Facebook, les forces spéciales ont indiqué que des affrontements à l’arme légère et avec tirs de roquettes les opposaient à un groupe «hors-la-loi», faisant état de deux blessés de leur côté.
Elles ont prévenu qu’elles allaient «prendre pour cible quiconque qui tire sur leurs forces», une semaine après des affrontements qui avaient fait plus d’une trentaine de morts et une centaine de blessés et les avaient contraintes à quitter leur QG, sous la pression de la rue et des autorités.
Le chef d’état-major par intérim, Salem al-Konidi, a mis en garde, dans une déclaration à la chaîne de télévision Al-Aseema, contre un «bain de sang» et une «catastrophe» à Benghazi.
«Si les forces spéciales sont attaquées, il y aura un bain de sang (…) Il pourrait y avoir une catastrophe à Benghazi», a prévenu M. Konidi, affirmant ne pas connaître les assaillants ni leurs motivations.
«S’ils ont des demandes, ils peuvent attendre jusqu’à demain (samedi). Nous pourrons discuter avec eux», a-t-il dit.
Le chef de l’armée a appelé «les dignitaires et les sages de Benghazi à se mobiliser pour éviter des bains de sang».
En début de soirée, des dizaines de manifestants ont délogé une brigade d’ex-rebelles, la «Première brigade d’infanterie», de son QG à Benghazi, et ont incendié deux véhicules appartenant à cette brigade. Le chef d’état-major a affirmé avoir ordonné à cette brigade de quitter son QG pour préserver des vies.
Selon un témoin sur place, les manifestants dont certains sont armés ont tiré en l’air et lancé une roquette RPG sur le mur extérieur de la caserne, sans faire de victimes.
La «Première brigade d’infanterie» est formée d’ex-rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Elle affirme agir aux ordres du ministère de la Défense.
Les assaillant ont attaqué par la suite un commissariat de police, des bureaux de la Garde-frontières et des installations ainsi qu’un autre bâtiment administratif de la «Première brigade d’infanterie», selon des témoins.
Le week-end dernier, «Bouclier de Libye», une brigade proche des islamistes, qui affirme dépendre aussi du ministère de la Défense, a été attaquée par des manifestants anti-milices et obligée d’évacuer son QG.
Les protestataires affirmaient vouloir déloger les «milices» armées de leur ville, appelant les forces régulières à prendre le relais. Mais ces activistes affirment ne pas prendre part à aux affrontements de vendredi soir et de samedi matin.
Ils accusent «Bouclier de Libye» et des groupes d’islamistes d’avoir mobilisé leurs membres pour venger leur «défaite» du week-end dernier, en s’attaquant aux forces régulières.
Les autorités, qui peinent à former une armée et une police professionnelles, ont régulièrement recours à ces ex-rebelles pour sécuriser les frontières ou s’interposer dans des conflits tribaux.
Le nouveau pouvoir en Libye n’a pas réussi à désarmer et à dissoudre les groupes d’ex-rebelles qui font la loi dans le pays et tente de légitimer certains d’entre eux malgré l’opposition d’une grande partie de la population.
Benghazi, la deuxième ville de Libye d’où était partie en 2011 la contestation qui a conduit à la chute du régime de Kadhafi, a été le théâtre ces derniers mois de plusieurs attaques contre des intérêts occidentaux et d’assassinats de responsables de la sécurité.
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