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26 novembre 2015 4 26 /11 /novembre /2015 13:55
photo Assemblée nationale

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18.11.2015 Commission de la défense nationale et des forces armées - Compte rendu n° 17

 

Mme la présidente Patricia Adam. Monsieur le ministre, nous vous remercions pour votre présence à cette audition, qui se déroulera à huis-clos. Compte tenu de l’actualité, notre réunion sera écourtée, mais vous reviendrez vous exprimer devant la commission de la Défense.

 

Mme la présidente Élisabeth Guigou. Je vous remercie, monsieur le ministre, d’être à nouveau devant nous ce matin pour cette audition fermée à la presse.

Où en est-on de nos frappes sur Daech et de l’intensification de ces frappes, en Syrie comme en Irak – le cœur de l’organisation de l’État islamique ? Quelles cibles privilégions-nous ? Nos forces ont visé Raqqa, mais également, à la fin de la semaine dernière, les installations pétrolières et gazières.

Comment évolue la situation en Irak ? Daech a perdu Sinjar, qui constituait un verrou sur un axe de communication très important.

Le groupe aéronaval Charles de Gaulle est en route vers la région ; comment évoluera l’ensemble de notre dispositif militaire ?

Comment progresseront nos alliances avec les Américains et avec les Russes ? Par quelles voies essaie-t-on de renforcer la coopération pour arriver à organiser cette grande coalition que le Président de la République a appelée de ses vœux en s’exprimant devant le Congrès ?

Enfin, qu’avez-vous demandé aux Européens, mardi matin, à Bruxelles ? Que sont-ils disposés à nous donner ?

 

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense. Compte tenu des événements qui ont lieu en ce moment même, je serai bref.

Je voudrais tout d’abord saluer l’effort du personnel médical de la défense. Hier, je me suis rendu à l’hôpital Bégin ; tout à l’heure, j’irai à Percy. Les hôpitaux militaires, et le service de santé des armées (SSA) dans son ensemble, sont extrêmement mobilisés pendant cette période. Ils ont reçu une soixantaine de blessés, dont dix-huit en urgence absolue, et ont fait preuve d’un grand sang-froid et d’une parfaite complémentarité avec l’ensemble des services publics. Ils ont également déployé un soutien médico-psychologique d’une grande qualité. Le personnel médical que j’ai rencontré à Bégin – et il en ira certainement de même à Percy – a le sentiment de se retrouver sur un théâtre d’opérations et de pratiquer la chirurgie de guerre. L’expérience que nos équipes de santé ont acquise sur les théâtres extérieurs a donc été mise à profit, y compris en matière de soutien médico-psychologique. Cette action de la défense ne doit pas être passée sous silence.

Ce sont également les services de la défense qui ont mis en place le lieu unique d’accueil des familles des victimes à l’École militaire, dédié entre autres à l’accompagnement psychologique et aux mesures d’urgence. J’ai eu l’occasion de m’y rendre pour remercier ceux qui y travaillent et qui tiennent une posture difficile, dans la tourmente qui suivit immédiatement les attaques.

Enfin, le ministère de la Défense sera directement concerné par l’organisation du soutien aux victimes et à leurs proches dans la durée, par le biais de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG), qui traitera la reconnaissance du statut de « victime du terrorisme ». Il est important que vos deux commissions en soient informées.

Quelques mots maintenant sur le théâtre intérieur. Les mesures de protection du territoire national liées à l’actualisation de la loi de programmation militaire (LPM) obligent les armées à mobiliser en permanence 7 000 hommes – c’était le cas avant les événements du vendredi dernier – et à monter jusqu’à 10 000 sur demande du président de la République. Depuis hier soir, ce sont bien 10 000 militaires qui sont déployés sur le territoire national : 5 000 à Paris, qui seront renforcés d’ici samedi par 1 500 supplémentaires, les autres à la disposition des préfets et du ministère de l’Intérieur sur le reste du territoire. C’est une mobilisation majeure, qui se déroule dans les meilleures conditions possibles, les forces armées faisant preuve d’une grande disponibilité, d’un véritable professionnalisme et d’un sang-froid exemplaire. C’est au sang-froid et à l’attention que le commandement et moi-même appelons avant tout nos soldats. Ils les manifestent en ce moment même, puisque des militaires, à la demande de la préfecture de police, sécurisent et appuient l’opération contre une cellule terroriste qui est en cours à Saint-Denis. Cette mobilisation se poursuivra dans la durée.

En matière d’opérations extérieures, nous poursuivons nos frappes aériennes. Cette nuit, dix chasseurs ont été mobilisés. Les installations pétrolières avaient été visées antérieurement ; les trois séries de frappes que nous avons effectuées ces trois dernières nuits visaient toutes Raqqa, ciblant essentiellement les centres d’entraînement et de commandement. Nous avons concentré notre action avec des frappes massives ; chaque raid aérien avait deux cibles, et dans chaque cas, les cibles ont été touchées. Nous poursuivrons cette action. Le porte-avions Charles de Gaulle, qui part aujourd’hui pour la Méditerranée orientale, nous permettra de disposer de vingt-quatre chasseurs de plus. Dans quelques jours, nous aurons donc une force d’intervention de trente-six avions de chasse, ce qui commence à être significatif.

Depuis quelques jours – avant même les attentats –, la situation en Irak évolue dans un sens favorable à la coalition. Deux événements majeurs y contribuent : la prise de Baïji, jusqu’à présent occupée par Daech, et celle, symbolique, de Sinjar – ville marquée par la tragédie des Yézidis, il y a dix-huit mois. Sinjar a été reprise par les forces kurdes et irakiennes, et Baïji par les forces irakiennes. La prise de Sinjar se traduit aussi par la rupture de la voie de communication entre Mossoul et Raqqa, essentielle à la circulation interne de Daech ; elle est donc potentiellement préjudiciable à la logistique de l’organisation. Ces actions ont été menées au sol par les troupes kurdes et irakiennes avec l’appui aérien des forces de la coalition, y compris françaises.

Nous avons constaté une évolution significative de la position américaine dans sa relation avec nos armées. Lundi matin, j’ai reçu James R. Clapper, le directeur du renseignement national américain ; sur ordre du président Obama, nous sommes maintenant, avec les Américains, à livre ouvert en matière de renseignement militaire ; pour la première fois, sur l’Irak et la Syrie, nous atteignons un niveau d’échange de renseignement avec les américains équivalent à celui des Five Eyes. L’accord que nous avons signé se concrétise immédiatement par une augmentation de notre capacité d’action. Il faut également noter l’assouplissement de certaines règles d’engagement américaines qui rend possible l’activation de cibles auparavant négligées. Je vous avais parlé, en commission de la Défense, des files de camions attendant de se charger en pétrole pour aller le vendre au marché noir, que personne n’était autorisé à frapper en raison du risque de dégâts collatéraux. On pouvait pourtant suivre des principes de bon sens : par exemple, envoyer des tracts prévenant la population, puis frapper. Les nouvelles règles autorisent désormais l’armée américaine à le faire. Soulignons donc cette évolution vers davantage de transparence dans l’échange de renseignements militaires et une inflexion significative de la détermination des États-Unis.

S’agissant des Russes, il faut distinguer deux informations. Premièrement, dans la mesure où notre groupe aéronaval va se positionner en Méditerranée orientale où stationne déjà un groupe naval russe, nous avons un contact pour éviter les frictions dans l’espace aérien. Pris au plus haut niveau, ce contact va maintenant se décliner pratiquement en mer. Deuxièmement, le président de la République a souhaité rencontrer le président Poutine pour envisager une approche commune contre Daech ; mais à l’heure actuelle, rien n’est encore décidé.

En ce qui concerne la relation avec l’Union européenne, à la réunion des ministres de la Défense qui s’est tenue hier matin, conformément à l’annonce faite par le président de la République dans son discours au Congrès, j’ai fait activer l’article 42-7 du traité de Lisbonne qui stipule : « Au cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies. Cela n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États membres. Les engagements et la coopération dans ce domaine demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, qui reste, pour les États qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l’instance de sa mise en œuvre. » La mise en jeu de cet article, sujet central de la réunion, a été approuvée par l’ensemble des États membres ; nous entrons donc en discussion avec chacun d’entre eux pour envisager leur participation à nos opérations, au Levant ou sur d’autres théâtres, pour soulager l’effort de la France. Tous les pays ont pris l’engagement solennel de le faire, et nous ne doutons pas qu’ils le tiendront.

Enfin, s’agissant de notre potentiel militaire, le président de la République a annoncé l’annulation de toute déflation, d’ici 2019, au profit des unités opérationnelles, du renseignement et de la cyberdéfense. Nous avons commencé le travail pour traduire ces décisions dans les faits. Il a également annoncé qu’il fallait développer les réserves comme socle d’une future garde nationale ; nous allons immédiatement engager ce chantier. J’avais déjà déclaré, dans le cadre de l’actualisation de la LPM, qu’il nous fallait passer de vingt-huit à quarante mille hommes ; à partir des orientations données hier par le président de la République, nous mettrons ce processus en œuvre le plus rapidement possible.

 

M. Philippe Nauche. Monsieur le ministre, merci pour ce point sur la situation. Comment, selon vos services, pourrons-nous coopérer avec les Russes en matière de frappes ? Aujourd’hui, les alliés – groupés autour de la France et des États-Unis – coordonnent leur action ; le ferons-nous demain avec la Russie, on bien nous contenterons-nous d’éviter les interférences fâcheuses ?

S’agissant de l’opération Sentinelle, le commandant des forces terrestres nous a confié hier en audition que les militaires souhaitaient – pour travailler davantage comme des militaires – que la posture statique aujourd’hui employée fasse place à une posture dynamique permettant de mieux couvrir le terrain et d’obtenir de meilleurs résultats. Une telle évolution des modalités opérationnelles de l’opération Sentinelle est-elle envisagée dans les discussions entre le ministère de la Défense et le ministère de l’Intérieur ?

 

Mme Valérie Fourneyron. Monsieur le ministre, je m’associe à vos propos sur la qualité du personnel médical de nos hôpitaux militaires, qui dispose malheureusement d’une grande expérience professionnelle en matière de blessures de guerre.

Aujourd’hui, les trente à quarante mille terroristes de Daech viennent de subir d’importants revers, à Raqqa, à Sinjar et à Baïji ; mais quelle est la situation de Daech en Libye ?

Pouvez-vous expliciter les engagements sollicités de la part de nos partenaires européens dans le cadre de l’article 42-7, qui n’avait jamais été utilisé ?

 

M. Philippe Vitel. La zone kurde est très proche de nos zones d’intervention. La Turquie tient une position ambiguë dans cette crise ; où en sont nos relations avec les Turcs, et quelle coopération militaire développons-nous avec eux ?

Le groupe aéronaval parti en Méditerrané orientale permettra de tripler nos capacités militaires ; il représente, de surcroît, un outil diplomatique important. Malheureusement, ce porte-avions sera indisponible pendant dix-huit mois en 2017 et 2018. Compte tenu de l’actualité, envisagez-vous de reporter l’indisponibilité périodique pour entretien et réparations (IPER) du Charles de Gaulle ? N’est-ce pas le bon moment pour vraiment envisager, à long terme, la construction de son petit frère ?

 

M. Meyer Habib. Alors que nous menons une guerre absolue contre Daech et les islamistes, le président de la République, dans son discours, n’a évoqué que les frappes aériennes. Or le chef d’état-major que nous avons auditionné il y a quelques mois, tout comme beaucoup d’experts israéliens, estiment que seules des forces terrestres permettraient de gagner cette bataille. Il ne s’agit pas forcément d’envoyer sur place des milliers d’hommes, mais au moins quelques-uns, ponctuellement. Cette idée semble pourtant exclue ; qu’en est-il ?

C’est une excellente nouvelle que nous soyons en contact avec la Russie et nous préparions à collaborer avec elle ; mais je fais une immense différence entre ce pays et l’Iran. Dans nos attaques, nous cantonnerons-nous uniquement à Daech ? Qu’en est-il des zones occupées par l’armée syrienne d’Assad ?

 

M. le ministre. En ce qui concerne la Russie, Monsieur Nauche, seuls les faits – même s’ils sont aujourd’hui sinistres – doivent parler. À la suite de l’attentat, commandité par Daech, dont a été victime l’avion russe, ce pays a paru se livrer à une longue interrogation. Hier, des missiles de croisière russes ont frappé Daech à Raqqa. Il s’agit peut-être d’une nouvelle posture militaire ; en effet, contrairement à certains propos, nos services de renseignement – notamment la direction du renseignement militaire (DRM) – montraient très bien que depuis le début de l’intervention russe, 80 % des frappes étaient orientées contre les insurgés qui se battaient contre Bachar el-Assad, l’espace territorial occupé par l’armée terroriste restant, pour sa part, relativement préservé. Ce n’est plus le cas désormais. Pour le reste, la discussion aura lieu au plus haut niveau dans les jours qui viennent. Pour l’instant, nous échangeons les informations sur le positionnement de nos deux groupes navals et aéronavals pour éviter toute complication ou interférence.

Pour ce qui est de la posture statique ou dynamique des militaires engagés dans l’opération Sentinelle, nous sommes conscients de la situation. Après les attentats de janvier, nous avons dû adopter des postures statiques afin de protéger des sites sensibles et particulièrement visés. Désormais, il s’agit d’allier le statique au dynamique. Les forces nouvelles de la défense qui viennent d’arriver hier seront donc davantage orientées vers la patrouille, la présence et la mobilité ; mais, dans certains cas, le stationnement fixe reste nécessaire. La posture mobile est d’ores et déjà active dans plusieurs arrondissements parisiens.

Madame Fourneyron, Daech dispose actuellement de quelque trente-cinq ou quarante mille combattants, parmi lesquels entre dix et quinze mille – vraisemblablement treize mille – combattants étrangers : Français, Tchétchènes, Tunisiens, Saoudiens… Ce chiffre est énorme. La vocation de ces recrues n’est manifestement pas que d’assurer la sécurité de l’État islamique en constitution, mais aussi de former des acteurs visant à provoquer des attentats. Daech a opéré contre la France – on le sait douloureusement –, mais également contre la Russie, l’Égypte, la Turquie, la Tunisie et le Liban. Il a failli opérer contre la Belgique. Face à cet adversaire immonde, il est nécessaire de créer une grande coalition. Selon nos estimations, il y a aujourd’hui en Syrie environ dix mille insurgés « verts », auxquels on peut fournir de l’armement en toute sécurité ; ils se concentrent essentiellement dans la région d’Alep et au sud du pays. Jabhat al-Nosra représente entre quinze et vingt mille combattants. À côté, il y a une masse d’insurgés – quelque soixante-dix mille – groupés en katibas réparties sur le territoire, qui se parlent entre eux, dont quelques-uns sont radicalisés, mais qui peuvent demain servir d’éléments de reconstitution d’une force. Cette masse peut un jour être utile, mais pour l’instant nous constatons la division de ces groupes, ce qui rend diffcile la discussion.

En Libye, après avoir pris Syrte, Daech tente de progresser vers le sud, grâce au ralliement de certaines tribus prises dans le conflit entre Tobrouk et Tripoli, mais aussi grâce à la présence de combattants étrangers – notamment Tunisiens – venus de Syrie. Leur nombre est aujourd’hui relativement limité ; on ne compte pas de Français dans leurs rangs. Au-delà de ce que la communauté internationale fait en Syrie, il est extrêmement important que le processus politique en Libye progresse très rapidement. Sa lenteur – que le remplacement de M. Bernardino Leon par M. Martin Kobler au poste d’émissaire de l’ONU ne fait qu’accentuer – me préoccupe depuis longtemps. C’est le sujet important de demain.

Comment s’appliquera l’article 42-7 ? Pour chaque pays, je regarde ce qu’il peut nous apporter, en fonction de ses moyens et de ses contraintes juridiques et politiques. Ainsi, l’Allemagne pourrait nous aider à alléger certains de nos engagements vis-à-vis des missions de l’ONU. La Slovaquie ne pourra pas faire un effort de cette ampleur, mais apportera une aide en matière de logistique ou de transport tactique. C’est une avancée considérable, et vu la solennité avec laquelle tous les ministres se sont exprimés hier – beaucoup l’ont d’ailleurs fait en français, en signe de solidarité –, je pense que les promesses seront honorées. Après, il faudra en tirer les conclusions qui s’imposeront, mais pour l’instant, j’attends les engagements concrets.

Monsieur Habib, dans le cadre de notre combat contre Daech, il nous faut établir une stratégie globale. L’envoi des forces aériennes françaises en est une composante importante, mais il est clair que cette stratégie doit intégrer une présence au sol. Cependant, il ne s’agit pas automatiquement d’une présence au sol française. Le bon chemin est celui que nous empruntons en Irak : ce sont les forces locales qui reconquièrent leur patrie avec l’appui aérien de la coalition, qui détruit les bastions essentiels de Daech et fournit une aide en matière de formation et de renseignement. Les combats au sol sont déjà une réalité : les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) se sont battus pour préserver Kobané et sont maintenant à l’offensive. C’est dans cette stratégie globale qu’il faut appréhender l’indispensable intervention au sol, qui pourra d’ailleurs impliquer des acteurs autres que ceux aujourd’hui présents sur le territoire syrien. Des pays voisins peuvent ainsi y contribuer dans le cadre d’une approche commune internationale.

Pour ce qui est de votre deuxième question, la Russie n’est en effet pas l’Iran. La présence iranienne est réelle en Syrie ; il est délicat d’avancer des chiffres car il faudrait mesurer la part du Hezbollah et celle des autres combattants. Nous n’avons pas encore traité ce problème. La situation nécessitera une solution politique, et nous avons toujours dit que l’Iran devait au final être présent à la table des négociations. Mais aujourd’hui, c’est le changement de la posture russe qui constitue l’élément nouveau. La position de ce pays évoluera, j’espère, au fur et à mesure des contacts, notamment à l’occasion de la rencontre entre le président Hollande et le président Poutine.

Monsieur Vitel, nous avons déjà reporté l’IPER du Charles de Gaulle aux dates que vous avez indiquées. On verra plus tard s’il faut ou non, et si l’on peut prolonger ce report. Le groupe aéronaval part ce matin et sera en posture sur zone en Méditerranée orientale dans quelques jours ; ensuite, il ira dans le Golfe où il restera jusqu’au mois de mars 2016. Il s’agit donc d’une présence particulièrement longue. L’idée de construire un deuxième porte-avions n’est pas à l’ordre du jour, concentrons-nous sur l’effort présent, il sera toujours temps de voir la suite le moment venu. Notre collaboration future avec les Britanniques peut également apporter des solutions dans ce domaine.

Enfin, avec la Turquie, nous avons pour l’instant des relations de coopération militaire classique, assez développées puisque ce pays est membre de l’Alliance. Nous collaborons notamment de manière étroite dans le domaine des renseignements ; mais à ce jour, nous n’avons pas de coordination militaire. Je ne peux pas en parler aujourd’hui, mais la question de la position turque se posera très prochainement, en rapport avec l’évolution des combats en Syrie.

 

M. Pierre Lellouche. Nous sommes satisfaits de voir que depuis le drame de ce week-end, la diplomatie de la France a quitté l’impasse de la position « ni ni » – ni Daech ni Assad – où elle se trouvait, et que notre pays commence à réunir une coalition pour travailler sérieusement sur un plan militaire dans la région.

Prévoyez-vous d’entamer des discussions en matière de renseignement avec le gouvernement de Bachar el-Assad ? Il est fondamental de remédier à ce point aveugle si l’on veut réduire le risque terroriste en France.

Sur le terrain, ce sont surtout les Kurdes syriens et irakiens qui se battent contre Daech. Nous avons un début de présence au Kurdistan ; pouvez-vous nous dire si vous comptez la renforcer ? En effet, ces combattants ont besoin de tout.

Enfin, au risque de déplaire à Meyer Habib, envisagez-vous de travailler avec d’autres acteurs qui se battent sur le terrain, à savoir les forces du Hezbollah, alliées de l’Iran ? Les Iraniens, les Syriens et les Kurdes affrontent aujourd’hui Daech au sol ; il est bon de renforcer nos bombardements, mais nous ne pourrons pas nettoyer le secteur sans soutenir les opérations terrestres.

 

Mme Marie Récalde. Monsieur le ministre, merci de vous exprimer devant la représentation nationale jusque dans les moments les plus tendus.

Dans son intervention devant le Congrès, le président de la République a annoncé des mesures fortes, à la hauteur du défi qui attend notre pays dans la lutte contre l’obscurantisme. Le combat sera long, la menace va durer, et la lutte également. Dans un contexte où l’action se mène sur tous les fronts – la défense de l’avant et celle de l’arrière –, nos armées sont et seront de plus en plus sollicitées. En conséquence, le président de la République a annoncé qu’il n’y aurait aucune diminution d’effectifs dans la défense d’ici 2019 ; vous l’avez confirmé. Ces décisions engendreront des dépenses supplémentaires, mais – le président l’a dit – le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité. Vous avez affirmé avoir obtenu, pour la première fois, l’engagement de nos partenaires européens. Des efforts sans précédent ont déjà été consentis dans le cadre de la trajectoire initiale de la LPM, puis de son actualisation votée il y a peu. Les décisions annoncées nécessiteront-elles une nouvelle actualisation de la LPM ?

 

M. le ministre. Madame Récalde, oui, bien sûr. A priori, je n’ai pas l’intention de modifier la trajectoire d’effectifs globale en 2016, sauf pour la réserve, car les recrutements de l’armée de terre montent en puissance et il ne faut pas étouffer notre capacité d’intégration. En revanche, pour 2017, 2018 et 2019, il faut nous préparer aux conséquences de la non-déflation des effectifs. Pour acter les engagements financiers consécutifs à cette décision, il faudra évidemment actualiser la LPM ; on verra à quel moment nous le ferons.

Monsieur Lellouche, la coopération avec les Kurdes représente un des axes de notre politique. Nous la menons avec succès à Erbil, dans le Kurdistan irakien, où nos forces spéciales forment les combattants, permettant les victoires remportées contre Daech, y compris à Sinjar.

 

M. Pierre Lellouche. On parle de missiles antichars…

 

M. le ministre. Nous armons les Kurdes irakiens. Nous avons également une attitude positive à l’égard des Kurdes de l’YPG qui sont en première ligne, et nous poursuivrons sur cette voie.

Nous ne voulons pas parler avec Bachar el-Assad ; cette posture est maintenue.

 

M. Jacques Myard. C’est donc une posture !

 

M. le ministre. C’est une position. La posture est un terme militaire ; la position renvoie à la politique et à la diplomatie. Nous sommes ouverts à une discussion avec les Russes sur ce sujet, mais elle doit être précédée de pourparlers politiques, d’ores et déjà prévus. Quant au Hezbollah, pour l’instant, nous n’envisageons pas de coopérer avec ce mouvement qui mène aussi des actions terroristes à l’extérieur.

 

Mme la présidente Patricia Adam. Monsieur le ministre, nous vous remercions.

 

Mme la présidente Élisabeth Guigou. Merci.

La séance est levée à neuf heures trente.

*

* *

Membres présents ou excusés

Présents. - Mme Patricia Adam, Mme Sylvie Andrieux, M. Olivier Audibert Troin, M. Nicolas Bays, M. Daniel Boisserie, M. Malek Boutih, M. Jean-Jacques Bridey, Mme Isabelle Bruneau, M. Jean-Jacques Candelier, Mme Nathalie Chabanne, M. Guy Chambefort, M. Jean-David Ciot, M. David Comet, Mme Catherine Coutelle, M. Guy Delcourt, Mme Marianne Dubois, Mme Geneviève Fioraso, M. Yves Foulon, M. Sauveur Gandolfi-Scheit, Mme Geneviève Gosselin-Fleury, M. Serge Grouard, Mme Edith Gueugneau, M. Christophe Guilloteau, M. Francis Hillmeyer, M. Laurent Kalinowski, M. Patrick Labaune, M. Marc Laffineur, M. Jacques Lamblin, M. François Lamy, M. Charles de La Verpillière, M. Gilbert Le Bris, M. Jean-Yves Le Déaut, M. Christophe Léonard, M. Jean-Pierre Maggi, M. Alain Marleix, M. Alain Marty, M. Damien Meslot, M. Philippe Meunier, M. Jacques Moignard, M. Alain Moyne-Bressand, M. Philippe Nauche, Mme Nathalie Nieson, M. Joaquim Pueyo, Mme Marie Récalde, M. Eduardo Rihan Cypel, M. Thierry Solère, M. Jean-Michel Villaumé, M. Philippe Vitel, M. Michel Voisin

Excusés. - Mme Danielle Auroi, M. Claude Bartolone, M. Philippe Briand, M. Laurent Cathala, M. Lucien Degauchy, Mme Carole Delga, M. Philippe Folliot, M. Éric Jalton, M. Frédéric Lefebvre, M. Bruno Le Roux, M. Alain Rousset

Assistaient également à la réunion. - Mme Geneviève Gaillard, M. Jean-François Lamour

 

Télécharger Audition, commune avec la commission des Affaires étrangères, de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense

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16 novembre 2015 1 16 /11 /novembre /2015 13:50
Les Européens réunis à Bruxelles appellent à l'unité contre le terrorisme

 

16 novembre 2015 Romandie.com (AFP)

 

Bruxelles - Les pays européens et des responsables de l'UE ont lancé lundi des appels à l'unité pour combattre le terrorisme après les attentats meurtriers de Paris, lors d'une réunion des 28 ministres des Affaires étrangères réunis à Bruxelles.

 

Ils veulent nous diviser, nous sommes encore plus unis, a lancé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, à son arrivée lundi à un conseil des Affaires étrangères, réunissant des ministres des Etats membres.

 

Mme Mogherini a notamment appelé les Européens à unir leurs forces, à partager de l'information, un agenda politique, et à faire converger leurs efforts diplomatiques, économiques, et parfois militaires, face à la menace terroriste.

 

Ce n'est pas une attaque contre un seul pays, ce n'est pas une attaque seulement contre l'Europe, c'est une attaque contre la civilisation, a-t-elle souligné avant la réunion européenne largement consacrée au dossier syrien.

 

De son côté, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Harlem Désir, a également souligné que si c'est la France qui a été attaquée, c'est toute l'Europe qui a été touchée.

 

Nous avons été frappés ensemble, nous répondrons ensemble et nous vaincrons ensemble le terrorisme et l'armée terroriste de Daech (acronyme de l'Etat islamique), a-t-il insisté, appelant à prendre des décisions dans le domaine notamment de la coopération judiciaire et policière contre le terrorisme.

 

Il a notamment cité la nécessité d'établir un fichier européen des passagers aériens (PNR) et de discuter de la possibilité de renforcer les contrôles aux frontières.

 

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a estimé qu'il fallait partager de plus en plus de renseignements entre pays. Nous avons une très bonne coopération avec les autorités françaises, s'est-il félicité.

 

L'Europe doit être solidaire en ce moment, a estimé le commissaire européen Johannes Hahn. Nous ne devons pas faire actuellement l'amalgame entre notre problème migratoire et ces attaques terroristes violentes, a-t-il ajouté.

 

Il faut se garder en Europe de faire l'amalgame entre terrorisme et migration, a également insisté le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, dont le pays préside le Conseil de l'UE.

 

Il y a un ennemi commun, c'est Daech, a-t-il ajouté, assurant qu'il n'y aurait aucune dissonnance en ce qui concerne l'apport de l'UE dans cette lutte.

 

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier a estimé qu'il était du devoir des Européens d'être aux côtés de la France.

 

Il faut chercher des solutions pour résoudre enfin le conflit clé, la guerre civile en Syrie qui entre dans sa cinquième année, a-t-il dit, espérant qu'une dynamique de négociation ait été enclenchée au niveau international sur ce dossier.

 

Il faut être plus efficaces et en finir avec cette barbarie qui est probablement la barbarie la plus grave que l'humanité ait connue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a déclaré le ministre espagnol José Manuel Garcia Margallo.

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28 juillet 2015 2 28 /07 /juillet /2015 09:50
photo EDA

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25 juillet 2015 par Henri Weill - Ainsi va le monde !

 

Claude-France Arnould, directrice exécutive de l'Agence européenne de défense (AED) depuis 2011, vient d'être nommée ambassadrice de France auprès du royaume de Belgique. Cette diplomate avait, précédemment, dirigé les affaires internationales et stratégiques au Secrétariat général de la défense nationale. Elle remplace à ce poste un fils de légionnaire, Bernard Valéro.

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2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 11:45
Bamako salue l’"accord" d’Alger

 

1 mars 2015 BBC Afrique

 

La feuille de route paraphée dans la capitale algérienne entre le gouvernement du Mali et certains groupes armés du nord marque "une étape importante" du processus de paix, selon le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop.

 

"Ce document qu’on vient de parapher à Alger ouvre une étape importante devant nous permettre d’engager le processus de paix", a dit Diop à BBC Afrique.

La Coordination des mouvements de l'Azawad –-- une coalition de groupes armés du nord --- n’a pas paraphé la feuille de route.

"Nous prenons note de la déclaration qui a été diffusée par la Coordination des mouvements de l’Azawad. Nous respectons la décision de ces frères, même si nous ne comprenons pas qu’ils n’aient pas fait ce pas en avant avec nous", a commenté le ministre malien des Affaires étrangères.

Selon lui, la feuille de route ouvre la voix à "une libre administration des collectivités locales".

"Le document donne des pouvoirs importants aux collectivités locales. Il leur permettra de s’organiser et de se prendre elles-mêmes en charge dans le cadre du respect de l’intégrité territoriale et du caractère unitaire de l’Etat malien", a indiqué Diop.

 

Suite de l’article

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1 mars 2015 7 01 /03 /mars /2015 12:35
Le 4e dialogue stratégique Vietnam - Royaume-Uni

 

28/02/2015 Vietnam +

 

Le vice-ministre vietnamien des Affaires étrangères (AE), Bùi Thanh Son, et le Secrétaire d’État britannique au ministère des AE, Hugo Swire, ont co-présidé, le 27 février à Hanoi, le 4e dialogue stratégique entre le Vietnam et le Royaume-Uni.

 

Le 4e dialogue stratégique se penche sur les questions relatives à l'intégration à l'économie internationale, la sécurité, la défense et les problèmes mondiaux.

 

En ce qui concerne l'intégration économique, les deux parties ont réaffirmé leur engagement d’achever rapidement l'Accord de libre-échange entre le Vietnam et l'Union européenne (EU), ouvrant de nouvelles opportunités pour les entreprises des deux pays.

 

La partie britannique a pris en haute estime les performances enregistrées par le Vietnam dans son intégration au monde ainsi que ses efforts pour devenir une économie de marché.

 

Les deux parties ont salué la 8e session du Comité mixte sur l'économie et le commerce (JETCO), qui se tiendra en mars 2015 à Londres, où seront avancées des mesures afin de promouvoir la coopération dans le commerce et l'investissement entre les deux pays.

 

Enregistrant les progrès remarquables du Vietnam obtenus dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement, le Royaume-Uni a noté que son programme d'aide bilatérale prendra fin en mars 2016, mais que cependant son soutien continu via l'UE ainsi par les mécanismes multilatéraux tels que la Banque mondiale et l’ONU continuera.

 

Le Royaume-Uni et le Vietnam ont convenu de coopérer dans l’assistance à la réforme éducative du gouvernement vietnamien. Ils ont enregistré des résultats positifs dans l’élaboration d'un nouveau cadre pour les certificats nationaux dans l’enseignement universitaire et les IUP.

 

Les deux parties souhaitent coopérer davantage dans l’enseignement de l’anglais, l’élaboration des programmes d'études. Ils se sont félicités de l'ouverture de l'Institut de recherche Vietnam - Royaume-Uni pour la promotion de la recherche post-universitaire aux standards internationaux.

 

Elles ont salué les activités du Fonds Newton Vietnam, un programme de coopération bilatérale dans la recherche et l'innovation, et souligné leur souhait de signer un mémorandum fin mars afin de créer un cadre de coopération dans ce domaine.

 

Elles ont convenu de poursuivre la coopération dans l'adaptation au changement climatique et dans la préparation pour leur participation à la 21e Conférence sur le changement climatique des Nations unies, à Paris, en France.

 

Les deux parties ont souligné que l'énergie nucléaire civile serait un secteur de coopération important, en affirmant poursuivre leur dialogue sur cette question.

 

Le Vietnam s’est félicité des aides accordées par le Royaume-Uni dans la prévention et la lutte contre la corruption, avant de souhaiter continuer de coopérer avec ce dernier dans ce domaine.

 

En ce qui concerne la situation mondiale et régionale, les deux parties ont estimé que le maintien de la paix, de la stabilité, de la sécurité et la liberté de la navigation dans la région était l'intérêt de la communauté internationale. Elles ont souligné leur position commune sur le règlement des litiges territoriaux dans la région par des mesures pacifiques, sur la base du respect du droit international.

 

Elles ont hautement apprécié l'augmentation des dialogues de défense pour la promotion de nouvelles initiatives bilatérales sur la coopération dans l’industrie de défense et la sécurité maritime.

 

Les deux parties se sont félicitées des réunions du groupe de travail bilatéral de défense, dont la plus récente organisée en janvier 2015.

 

La partie britannique a pris en haute estime l'envoi par le Vietnam de deux officiers à la force de maintien de la paix de l'ONU, en saluant l'engagement de ce dernier d'introduire la prévention et la lutte contre la violence sexuelle dans le programme d'enseignement du Centre de maintien de la paix.

 

Le Vietnam et le Royaume-Uni ont réaffirmé leur détermination de mettre en oeuvre les engagements de la Conférence sur la lutte contre le trafic d'animaux sauvages à Londres. La partie britannique a salué les efforts du Vietnam dans la coopération internationale en ce domaine.

 

Ils se sont félicités de la forte coopération dans la lutte contre la criminalité organisée, et engagés à poursuivre leur coopération efficace en la matière, dont la cybercriminalité, le blanchiment d'argent, l'exploitation des enfants, l'immigration illégale et la traite humaine.

 

Le Royaume-Uni et le Vietnam ont franchement discuté de la promotion et de la protection des droits de l'homme.

 

Les deux parties ont salué les discussions constructives, et affirmé déployer bientôt le contenu du Plan d'action commun pour 2015. Elles ont aussi signé un mémorandum autorisant les proches des membres des organes de représentation à trouver un travail rémunéré dans leur pays d'accueil.

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24 février 2015 2 24 /02 /février /2015 18:50
L'UE doit libérer son potentiel interne pour façonner les politiques internationales

 

24-02-2015 - AFET REF. : 20150223IPR24718

 

L'UE doit encore libérer son potentiel pour façonner l'environnement international et lié à la sécurité, a affirmé la commission des affaires étrangères ce mardi. Lors d'un vote sur le rapport annuel relatif à la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), elle a demandé une politique étrangère de l'UE plus ambitieuse, proactive, crédible et stratégique, qui se base sur une vision partagée des principaux intérêts et valeurs de l'UE et sur une perception commune des menaces pour l'UE.

 

L'Union européenne doit faire face à une tragique détérioration de l'environnement de sécurité, où l'ordre international fondé sur le droit ainsi que la stabilité et la sécurité de l'Europe sont mis à l'épreuve à un niveau sans précédent, ont affirmé les députés. Selon eux, la crise interne de l'UE, le manque de coordination des politiques et les restrictions financières limitent encore l'influence de l'UE dans le monde. Ils appellent l'Union européenne à améliorer ses structures internes afin de libérer totalement son potentiel.

Restaurer l'ordre politique européen au titre du droit international doit être l'une des principales priorités de la politique étrangère de l'UE, a affirmé la commission parlementaire dans une résolution rédigée par le président de la commission, Elmar Brok (PPE, DE), et adoptée par 47 voix pour, 8 voix contre et 6 abstentions.

 

Soutenir les voisins orientaux et contenir la Russie

Soutenir les voisins de l'Est qui souhaitent se rapprocher de l'Union doit être une priorité, souligne la commission. Investir dans l'indépendance, la souveraineté, l'économie et la démocratisation de ces pays est un moyen important de contenir les ambitions de la Russie, affirment les députés. Par ailleurs, ils condamnent la violation par la Russie du droit international, de par son agression militaire directe et la guerre hybride contre l'Ukraine, l'occupation illégale de la Crimée et les mesures similaires prises vis-à-vis de l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.

De plus, l'UE doit réduire sa dépendance énergétique envers la Russie et veiller à ce que ses objectifs de sécurité énergétique extérieure soient en conformité avec ses objectifs de politique énergétique interne, ajoute le texte. Les députés expriment leur soutien total envers l'établissement d'une Union européenne de l'énergie et soulignent que l'énergie devrait s'inscrire dans la stratégie globale de l'action extérieure de l'UE.

 

Renforcer la sécurité et la stabilisation au sud

L'Union européenne devrait revoir en grande partie sa politique envers ses voisins du Sud, soutenir cette politique avec des ressources financières adéquates et agir davantage pour promouvoir la sécurité, la démocratie, les droits de l'homme et la protection des minorités ainsi que pour lutter contre l'extrémisme religieux dans la région, affirment les députés.

Au vu des récents attentats terroristes dans l'UE, la commission parlementaire appelle également les États membres à accroître le partage de renseignements liés à la sécurité et à renforcer la coopération en termes de lutte antiterroriste avec les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.

 

Défense et sécurité: davantage de ressources sont nécessaires

Une politique étrangère européenne crédible doit être soutenue par des capacités de défense adéquates dans les États membres et par une politique de sécurité et de défense commune efficace, ajoute la commission. Elle invite instamment les États membres à engager, de manière urgente, davantage de ressources pour contribuer à leur défense territoriale. Suite au Conseil européen de décembre 2013 consacré à la défense, les députés demandent que des décisions ambitieuses soient prises lors du prochain sommet de juin.

L'Union européenne devrait également jouer un rôle clé pour résoudre les conflits et aider à renforcer l'ordre économique et politique pluraliste et fondé sur des règles au niveau mondial, y compris le respect de l'état de droit et la protection des droits de l'homme, précisent les députés.

 

Vote en séance plénière en mars

Le Parlement dans son ensemble se prononcera sur la résolution lors de la session plénière de mars à Strasbourg. Le 9 mars, la commission des affaires étrangères votera également un rapport distinct sur la mise en œuvre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), rédigé par Arnaud Danjean (PPE, FR). Le vote en plénière est prévu le 15 avril à Bruxelles.

 

Sous la présidence de: Elmar Brok (PPE, DE)

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16 février 2015 1 16 /02 /février /2015 17:55
Une audition inédite du chef d’état-major des armées devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale


13/02/2015 Sources : Etat-major des armées

 

Le 10 février, le général de Villiers s’est exprimé devant les membres de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, dont les domaines de compétence recouvrent « la politique étrangère et européenne, les traités et accords internationaux, les organisations internationales, la coopération et le développement, la francophonie et les relations culturelles internationales ».

 

Il s’agissait d’une audition inédite dans la mesure où, traditionnellement, le chef d’état-major des armées s’adresse à la représentation nationale lors de ses rencontres avec les députés de la commission de la défense nationale et des forces armées. 

Au cours de cette audition, le CEMA a livré sa vision des enjeux stratégiques, ainsi qu’un point de situation sur l’actualité de l’engagement opérationnel des forces françaises.

Après avoir donné sa vision du  contexte sécuritaire, qui montre que le lien entre la sécurité extérieure et la sécurité intérieure n'a jamais été aussi fort, le CEMA a décrit l'action des armées françaises en opérations extérieures, soulignant que toutes contribuent à la défense de l'avant de notre pays. 

Insistant sur l’excellence du travail accompli, il a fait part des enseignements qu’il en tire, estimant que ces dernies confortent la pertinence du choix d'un modèle complet d'armée porté par la LPM.

Enfin le CEMA a fait part de ses points de vigilance pour la période à venir.

 

 

REPÈRES 

L’Assemblée nationale compte huit commissions permanentes. Leur rôle est double :

- sauf lorsqu’une commission spéciale est constituée, tout projet ou proposition de loi est envoyé pour examen devant une commission permanente, qui en débat ; depuis la réforme constitutionnelle de juillet 2008, c’est le texte adopté par la commission saisie qui est discuté en séance publique ;

- les commissions permanentes informent l’Assemblée pour lui permettre d’exercer son rôle de contrôle de l’action du Gouvernement.

  •    La commission de la défense nationale et des forces armées

Conformément à l'article 36, alinéa 12, du Règlement de l’Assemblée nationale, les domaines de compétence de la commission de la Défense nationale et des forces armées sont l’organisation générale de la défense, les liens entre l’armée et la Nation, la politique de coopération et d’assistance dans le domaine militaire, les questions stratégiques, les industries de défense, les personnels civils et militaires des armées, la gendarmerie, la justice militaire et les anciens combattants.

  •  La commission des affaires étrangères

Conformément à l’article 36, alinéa 8, du Règlement de l’Assemblée nationale, les domaines de compétence de la commission des Affaires étrangères sont la politique étrangère et européenne, les traités et accords internationaux, les organisations internationales, la coopération et le développement, la francophonie et les relations culturelles internationales.

 

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21 janvier 2015 3 21 /01 /janvier /2015 17:50
Priorités de la présidence lettone au Parlement Européen (extraits)

 

21-01-2015 - REF. : 20150119IPR10104

 

Les ministres lettons présenteront les priorités de la présidence lettone du Conseil devant les diverses commissions parlementaires, dans le cadre d'une série de réunions organisées pendant les deux dernières semaines de janvier.

 

Développement

Résoudre les crises en Syrie et en Ukraine et faire face à l'épidémie d'Ebola en Afrique sont les priorités de la présidence lettone en termes de développement, a expliqué la Secrétaire d'État parlementaire aux affaires européennes, Zanda Kalniņa-Lukaševica, en commission du développement mercredi. Les députés ont demandé à la Lettonie de profiter de l'Année européenne du développement 2015 pour tenter de mettre fin au "sous-financement chronique du développement" et renforcer le lien entre l'aide humanitaire et l'aide au développement, en cherchant des solutions à long terme, comme investir dans les systèmes de soin de santé dans les pays africains.

 

Justice et affaires intérieures

Avancer sur le paquet relatif à la protection des données, afin d'essayer d'obtenir un mandat de négociation au Conseil, sera la première priorité de la présidence, a affirmé le ministre de la justice, Dzintars Rasnačs, en commission de la justice et des affaires intérieures, mercredi. Parmi les autres priorités figurent les travaux sur la protection des intérêts financiers de l'UE et les droits des suspects en droit pénal. Selon le ministre de l'intérieur, Rihards Kozlovskis, la présidence est ouverte au dialogue pour progresser sur la proposition des données PNR européennes, en se basant sur le respect des droits de l'homme et des libertés. Les efforts concernant la mise à jour de la stratégie de sécurité interne de l'UE et les nouvelles dispositions gouvernant Europol et le CEPOL se poursuivront également, a précisé le ministre. En termes de migrations et d'asile, il a souligné l'importance d'avoir une approche européenne commune envers la traite des êtres humains en Méditerranée et a déclaré que les travaux sur le système d'asile unique devaient aller plus loin.

Répondant aux questions des députés sur le paquet relatif à la protection des données, le ministre de la justice, Dzintars Rasnačs, a affirmé que les trilogues (négociations entre le Parlement, le Conseil et la Commission) seraient possibles "après le Conseil de juin", mais a souligné la volonté des États membres d'avancer sur ce dossier.

Concernant la proposition sur les données PNR européennes, M. Kozlovskis a mentionné que les "bonnes pratiques" en termes d'utilisation des PNR par les États membres qui ont déjà introduit leurs propres systèmes devraient être débattues lors de la réunion informelle du Conseil Justice et Affaires intérieures le 29 janvier. Il a assuré aux députés que "l'objectif est de garantir la protection des données et le respect des droits fondamentaux". Il a précisé que la présidence se baserait sur les travaux des présidences précédentes en matière de migrations et a mentionné ses projets pour lutter contre le trafic d'êtres humains.

 

Industrie, recherche et énergie

"Notre approche vise à réduire petit à petit les frais d'itinérance, étant donné que les conditions dans les États membres sont différentes", a déclaré le ministre letton des transports, Anrijs Matīss, pendant le débat de mercredi matin sur les priorités de la présidence concernant le paquet des télécommunications et les TIC. Des négociations tripartites (Parlement, Conseil et Commission) pourraient avoir lieu en mars sur les propositions liées à la sécurité des réseaux et de l'information (SRI), dans le but d'améliorer la directive d'ici le mois de juillet, a-t-il proposé. L'"agenda numérique" représente une priorité de la présidence et la réunion du Conseil sur la compétitivité du mois de mai abordera les divers aspects de ce sujet très large, a-t-il déclaré.

La ministre lettone de l'éducation et des sciences, Mārīte Seile, a présenté les quatre priorités de la présidence en termes de recherche et d'espace: les éléments numériques de l'innovation de la recherche, une politique globale de l'espace, lier l'union de l'innovation et l'espace de recherche européen, et continuer à développer l'espace de recherche.

 

Affaires étrangères

Les négociations sur l'élargissement de l'UE "progresseront là où cela possible", a promis le ministre des affaires étrangères, Edgars Rinkēvičs, lorsqu'il a présenté les priorités de la présidence devant la commission des affaires étrangères lundi. Il espère ouvrir les premiers chapitres de négociation avec la Serbie, signer un accord de stabilisation et d'association avec le Kosovo, ouvrir de nouveaux chapitres de négociation avec le Monténégro et progresser avec la Turquie si le pays "montre son engagement envers les valeurs européennes".

Les députés ont demandé s'ils pouvaient s'attendre à des progrès en ce qui concerne la Bosnie-Herzégovine. Certains s'inquiètent que les restrictions de la Lettonie sur l'utilisation de la langue russe n'affecte les relations avec la Russie et ont demandé quelles mesures seraient mises en place pour appliquer le cessez-le-feu en Ukraine. D'autres questions ont été posées sur les objectifs de la Lettonie concernant le sommet du partenariat qui aura lieu à Riga en mai, la lutte contre le terrorisme ainsi que le dialogue avec les sociétés musulmanes afin de combattre la radicalisation et soutenir la paix en Syrie et en Libye.


 

Ce communiqué sera mis à jour quotidiennement.

 
Priorités de la présidence lettone au Parlement Européen (extraits)

Note Rp Defense ; voir La présidence du Conseil de l'UE

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24 septembre 2014 3 24 /09 /septembre /2014 12:57
source MAE - 22.09.2014

source MAE - 22.09.2014

 

24-09-2014 Par Dominique Desaunay - RFI

 

Les Français résidents ou étant amenés à se déplacer dans certains pays ont été appelés à « la plus grande prudence » par le ministère des Affaires étrangères en raison des menaces proférées par les groupes terroristes de l’Etat islamique sur la toile et l’enlèvement d'Hervé Gourdel en Alégérie alors qu’il effectuait une randonnée dans des montagnes de Kabylie.

 

Llire l’article

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18 juin 2014 3 18 /06 /juin /2014 12:45
L'opération EUFOR-RCA en pleine capacité opérationnelle... Déjà?!


18.06.2014 par Philippe Chapleau  - Lignes de Défense
 

Un communiqué de presse conjoint (et vibrant de satisfaction) du ministère des Affaires étrangères et du Développement international et du ministère de la Défense EUFOR-RCA a été diffusé hier.

 

Le texte du communiqué.

"La France salue le déploiement réussi des forces de l’opération militaire européenne en République centrafricaine, EUFOR RCA. Il s’agit d’une nouvelle étape dans l’engagement de l’Union européenne en faveur de la stabilisation du pays et de la protection des populations civiles. Ayant atteint sa pleine capacité opérationnelle le 15 juin, la force de l’Union européenne comprend 700 soldats et gendarmes - français, espagnols, estoniens, finlandais, géorgiens, lettons, luxembourgeois, néerlandais, polonais et roumains. Outre la protection de l’aéroport de Bangui, EUFOR-RCA assurera désormais la sécurisation des 3e et 5e arrondissements de Bangui, en soutien des forces de l’Union africaine de la MISCA et aux côtés de l’opération Sangaris."

 

Ce texte me suggère quelques questions auxquelles je n'ai pas encore trouvé les réponses:
- 700 soldats et gendarmes: ne parlait-on pas de 800, voire 1000?
- combien de ces soldats sont déployés sur le territoire de la RCA? Combien en Grèce? Combien dans d'autres pays africains?
- combien de Français parmi eux?
- combien de temps précisément cette force sera-t-elle déployée?

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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 16:50
Cybersécurité: vulnérabilité "inacceptable", mesures insuffisantes (Belgique)

 

13 mai 2014 Thomas Mignon - RTBF.be

 

La cybersécurité belge a encore une fois été mise à mal. Samedi, le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders confirmait l’infiltration d’un virus malin dans le système informatique de la diplomatie. Après les attaques, ces derniers mois, sur la Chancellerie et Belgacom, cette intrusion démontre à nouveau la vulnérabilité de l’État belge qui a longtemps délaissé cet important domaine stratégique.

 

En 2011, le rapport du Comité permanent de contrôle des services de renseignements et de sécurité (Comité permanent R) dénonçait l’absence de " politique globale en matière de sécurité des systèmes d’information pour l’ensemble de la fonction publique ". L’organe de contrôle avait pourtant attiré l’attention du Parlement sur ce manque de stratégie claire dès… 1994. En vingt ans, les réactions à ces recommandations se sont faites rares et le président du Comité R, Guy Rapaille, évoquait même en septembre dernier un " désintérêt général " vis-à-vis de la cybersécurité.

L’accord gouvernemental de 2012 laissait toutefois entendre que des mesures concrètes seraient prises. Le morcellement institutionnel en la matière et l’absence de politique d’ensemble pris en compte, le gouvernement Di Rupo allait dégager 10 millions d’euros et créer le Centre belge de cybersécurité. Le projet est dans les cartons depuis et le Premier ministre espère bien clore ce dossier avant les élections du 15 mai.

Malgré cette nouvelle attaque, Guy Rapaille se montre plus optimiste aujourd’hui : " Nous sommes satisfaits de cette prise de conscience et de cette volonté du gouvernement d’avancer dans ce domaine, indique-t-il. L’avenir nous dira si ces mesures porteront leurs fruits, mais il était important de mener de telles actions. Il vaut mieux prendre le train en marche, plutôt que de le rater complètement. " Il estime cependant que la réaction " a peut-être été un peu lente ".

Jean-Jacques Quisquater, expert belge en cryptage et professeur à l’UCL, est moins nuancé. " Ces mesures sont trop peu nombreuses et arrivent beaucoup trop tard ! Le problème principal est qu’il n’y a aujourd’hui pas assez de moyens, et donc pas assez de personnel, de matériel, de prévention ou de formations ", commente le spécialiste internationalement reconnu de la protection informatique.

 

Une cybersécurité morcelée en quinze entités

Outre la Sûreté de l’État et les renseignements militaires (SGRS), la Belgique protège ses systèmes d’information via quinze institutions, dont l’Autorité Nationale de Sécurité (ANS), BELNET (via sa " cyber emergency team "), FEDICT, la Computer Crime Unit (CCU) et l’Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT). S’il existe une " bonne collaboration entre ces différents organismes ", leur segmentation les rend moins efficaces. " Il faut également savoir que, pour chaque département attaché à la cybersécurité au sein de ces institutions, il n’y a qu’une dizaine de personnes maximum ", précise Jean-Jacques Quisquater.

Le sous-effectif est criant et notre vulnérable Belgique est pourtant une cible de choix : Commission européenne, OTAN, institutions bancaires… Les informations sensibles sont nombreuses sur le sol belge. Il est d’ailleurs étonnant qu’aucune demande de renforcement de la cybersécurité de notre plat pays n’émane de ces organisations internationales.

À titre de comparaison, Jean-Jacques Quisquater évoque le cas français. Déjà perçu comme perfectible, la politique menée en la matière dans l’Hexagone est autrement plus conséquente. " L’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, ndlr) comptera bientôt quelque 500 personnes attachées à la cybersécurité. Et il ne s’agit que de la partie prévention et formation de la stratégie de sécurité ! "

 

"20 à 25 millions seraient nécessaires"

Les 10 millions d’euros qui devraient être bientôt alloués en Belgique permettront-ils de tendre vers un tel dispositif ? L’expert du cryptage n’y croit pas une seconde : " Ce budget sera dispersé entre personnel, équipements et infrastructures. Une partie de cet argent servira qui plus est à la formation des personnes engagées. Il ne pourra donc jamais y avoir assez de monde pour assurer une sécurité optimale. "

Concrètement, le plan qui prévoit la création du Centre de cybersécurité (CCB) n’impliquera l’engagement que de dix personnes : huit experts et deux personnes chargées du support. Ce personnel jouera un rôle " intégrateur " vis-à-vis des autres entités publiques actives en la matière.

" En termes de budget, il faudrait compter 20 à 25 millions d’euros pour arriver à une situation acceptable, mais on n’atteindra pas ce montant, car on a tendance à minimiser les risques d’attaques informatiques, juge Jean-Jacques Quisquater. D’autres problèmes vont donc survenir et il faudra attendre une catastrophe pour qu’on renforce correctement notre cybersécurité. Actuellement, il faudrait une surveillance des systèmes jour et nuit, mais ce n’est pas le cas. La Belgique est par exemple extrêmement exposée chaque année entre Noël et Nouvel An. Ce n’est pas tolérable. "

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 11:55
Un amiral au Quai d’Orsay

 

29 Avril 2014  LV Sophie VIENOT / Marine Nationale

 

Depuis le 1er août 2013, le vice amiral d’escadre Marin Gillier occupe les fonctions de Directeur de la coopération de sécurité et de défense (DSCD) au sein du ministère des Affaires étrangères (MAE). Cette direction aide les États souhaitant renforcer leurs institutions en matière de sécurité et de défense à devenir autonomes. Interview.

 

Cols Bleus : Amiral, pour la première fois depuis la refonte de la direction en 2008, un marin a été choisi à la tête de la DSCD. Cela correspond-t-il a une volonté de recentrer la coopération autour des problématiques maritimes ?

 

VAE Gillier : Les problématiques maritimes ont toujours été prises en compte. Plus que la couleur de mon uniforme, c’est peut-être mon expérience qui m’a conduit à la tête de cette direction. Commando marine, j’ai œuvré deux fois déjà pour le MAE. Ainsi, durant 3 ans, j’ai été attaché naval en Egypte, puis trois autres années conseiller « opérations spéciales et sécurité intérieure » auprès du roi Abdallah en Jordanie. Ma tutelle « organique » était alors précisément le directeur de la DCMD (voir encadré).

De plus, en tant qu’amiral commandant la zone maritime de l’océan Indien (ALINDIEN) de 2010 à 2013, j’étais en relations permanentes avec les chancelleries diplomatiques de la zone. Mon rôle correspondait déjà à celui de « diplomate » militaire ! )

 

Cols Bleus: Au fil des années, le rôle de la DCSD a évolué. Qu’est ce que la coopération aujourd’hui ?

 

VAE Gillier : Si un partenaire nous sollicite pour un projet qui nous semble pertinent, nous l’accompagnons en termes d’expertise et de conseil. La coopération, aujourd’hui, doit permettre d’aider ces pays à gagner en autonomie. De plus, la coopération s'oriente vers le multilatéralisme, qu’il soit d’origine ou de destination. Certains programmes sont dirigés vers plusieurs pays, qui s’approprient ainsi des process identiques. Le jour où la France se retirera, ils parleront le même langage et pourront coopérer facilement entre eux. Mais la France n’ayant pas les moyens d’œuvrer seule partout et dans tous les domaines, elle souhaite œuvrer avec les institutions internationales pour coordonner les actions. Aussi, j’ai eu l’occasion de me rendre aux Nations Unies à New-York et au siège de l’Union Européenne, à Bruxelles, pour rechercher des synergies. Ainsi, la DCSD a créé en Afrique 17 écoles nationales à vocation régionales dont certaines reçoivent un soutien de l’ONU ou de l'UE.

 

Cols Bleus : Pouvez-vous nous présenter les missions de la DCSD dans le domaine maritime ?

 

VAE Gillier : On parle beaucoup de la piraterie maritime, mais la sécurité maritime concerne bien d’autres domaines tels que la lutte contre les trafics de drogues et d’êtres humains. Il faut aider ces pays à protéger leurs richesses halieutiques ou pétrolières et leur environnement, en cas de pollutions maritimes par exemple. C’est à travers une approche multisectorielle que nous les aiderons à prendre conscience de leurs droits et devoirs.

Depuis 3 ans, la DCSD soutient le développement de l'action de l’État en mer (AEM) dans plusieurs pays de la communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) - Bénin, Togo, Ghana, Côte d’Ivoire et Guinée-Conakry - à travers le projet « Appui au renforcement de la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée » (ASECMAR).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La sécurité maritime est un sujet souvent abordé avec les partenaires. Elle regroupe la piraterie maritime, mais aussi la lutte contre les trafics de drogues et d’êtres humains.

 

Cols Bleus : En quoi consiste ce projet ?

 

VAE Gillier : À travers ASECMAR, la France s’appuie sur 12 coopérants spécialisés dans la sécurité maritime et répartis sur la côte ouest africaine, pour développer une dynamique autour de 4 axes d’efforts principaux.

Il s’agit de mettre en place une organisation administrative du type AEM « à la française », pour mettre en synergie les institutions étatiques. Ceci implique de transposer la législation internationale en droit interne, en particulier la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer[1]. Premier résultat concret, la Guinée Conakry a nommé en juin 2012, le premier préfet maritime d'Afrique.

Il convient également d’élaborer une « image maritime commune ». Comme tous les marins le savent, les menaces ne s’arrêtent pas aux frontières. Ces pays doivent partager les informations des différentes administrations chargées de la sécurité en mer (forces navales, douanes, marine marchande, aviation…). Ainsi en juin 2013, lors du Sommet de Yaoundé (Cameroun), treize Etats africains[2] ont convenu de la mutualisation des informations et de leurs moyens, pour garantir la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée.

En cas de crise, les intervenants doivent se coordonner, qu’ils soient ou non spécialistes du monde maritime. Dans le cadre du « plan pirate-mer », la France a développé, depuis 30 ans, une grande expertise en la matière. Elle est prête à la partager avec ses partenaires africains.

Enfin, s’il est important de disposer d’une organisation AEM, de savoir ce qui se passe en mer et comment y gérer les crises, encore faut-il une véritable capacité d’intervention. Ces Nations doivent être capables à la fois d’envoyer une équipe vérifier les filets des pêcheurs et, à l’autre bout du spectre, d'envisager une opération de libération d’otages. Ainsi, nous les aidons à se doter du matériel nécessaire pour s’organiser et s’entraîner.

Treize Etats africains ont convenu de la mutualisation des informations et de leurs moyens, pour garantir la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée.

 

Cols Bleus : Très concrètement, que font les coopérants de la DCSD spécialistes de sécurité maritime ?

 

VAE Gillier : Outre les 12 coopérants installés en Afrique de l’Ouest, la DCSD déploie 4 coopérants spécialistes de sécurité maritime dans la zone océan Indien (Djibouti, Seychelles…). Leurs missions sont adaptées aux problématiques de chaque pays ou de la zone. Par exemple, en Côte d’Ivoire, notre coopérant travaille auprès du chef d’état major de la marine. En cette période de post-conflit, il a pour mission d’aider la marine à se restructurer : du recrutement à l’organisation des forces armées. Au Gabon, pays récemment confronté à des problèmes importants de brigandage, la marine ne dispose pas des moyens hauturiers. Le coopérant est chargé d’aider à la conception de ces capacités navales : quels types de forces navales choisir, comment s’en doter et apprendre à les utiliser, organiser le MCO… De l’autre côté de l’Afrique, aux Seychelles, notre coopérant est conseiller auprès du ministre chargé des affaires de piraterie. En tant que juriste[3], il est également le représentant français au sein du comité de l’océan Indien (COI[4]) pour la piraterie. Leurs travaux visent ainsi à faciliter la circulation de l’information, la diffusion des Best management practices (BMP[5]) et celle des alertes pirateries. )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Outre les 12 coopérants installés en Afrique de l’Ouest, la DCSD déploie 4 coopérants spécialistes de sécurité maritime dans la zone océan Indien.

 

Aujourd’hui, les grandes orientations de la coopération à la française concernent essentiellement le continent africain. Qu’en sera-t-il demain ?

Les priorités de la DCSD sont fixées selon 3 critères, par l’Elysée et le cabinet du ministre des Affaires Etrangères, ainsi que ceux de la Défense et de l’Intérieur. Le premier est géographique, centré sur la bande saharo-sahélienne. La deuxième est thématique, il s’agit de s’opposer aux grands trafics transfrontaliers (drogues, êtres humains, armes…). Enfin, il convient de préserver l’influence de la France.

Les priorités actuelles de la DCSD permettent de servir les priorités de nature politique exprimées par les autorités de l’Etat. Compte tenu du contexte mondial actuel, il n'y a pas de raison majeure de les faire évoluer. )

 


[1] Montego Bay, 1982

[2] Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée-Bissau, Guinée-Equatoriale, Niger, Nigeria, Sao Tomé & Principe, Togo, Tchad.

[3] Il s’agit d’un commissaire aux armées, anciennement commissaire de Marine

[4] Composé de 5 Etats membres : Union des Comores, Madagascar, Maurice, Seychelles et la France (la Réunion, région ultrapériphérique).

[5] « Pratiques optimales de gestion visant à dissuader la piraterie dans le Golfe d’Aden et au large de la Somalie », consignes diffusées par l’organisation maritime internationale depuis 2009.

 

Pourquoi une direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD)?

 

Après les Indépendances, dans les années 1960, est né un ministère de la Coopération, devenu plus tard un Secrétariat d’Etat à la coopération, intégré au MAE.

Après la Guerre Froide, le système a été une nouvelle fois réformé, avec la création de la Direction de la Coopération Militaire et de Défense (DCMD), en 1998.

Toutefois, le Livre Blanc de 2008, introduit la notion de continuum entre Sécurité et Défense.

Il s’agit d’une évolution majeure, instituant l’interministérialité de cette direction du MAE, qui conduit à la création de l’actuelle DCSD. Désormais responsable non seulement de la coopération en matière de Défense, mais également dans le domaine de la Sécurité, c’est à dire de sécurité intérieure (police, gendarmerie), de protection des populations et de sécurité civile. Ainsi, la DCSD emploie, au sein d’une même direction, des militaires, des policiers, des gendarmes, des spécialistes de protection civile ainsi que des diplomates.

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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 21:45
La France annule sa participation aux commémorations du génocide rwandais

 

05 avril 2014 Romandie.com (AFP)

 

PARIS - La France a décidé d'annuler sa participation aux commémorations du 20e anniversaire du génocide rwandais, après les déclarations du président Paul Kagame l'accusant d'avoir participé aux massacres, a annoncé samedi le ministère des Affaires étrangères.

 

La France est surprise par les récentes accusations portées à son encontre par le président du Rwanda qui sont en contradiction avec le processus de dialogue et de réconciliation engagé depuis plusieurs années entre nos deux pays, a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay Romain Nadal.

 

Dans ces conditions, Mme (Christiane) Taubira, Garde des Sceaux, ministre de la Justice ne se rendra pas ce lundi à Kigali, a-t-il ajouté, alors que Mme Taubira avait été choisie par le président François Hollande pour représenter la France aux cérémonies.

 

La France regrette de ne pouvoir prendre part aux commémorations du 20e anniversaire du génocide, car elle tient à s'incliner devant la mémoire des victimes et à s'associer au deuil des familles et du peuple rwandais, a ajouté le porte-parole.

 

Das une interview à paraître dimanche dans l'hebdomadaire Jeune Afrique, le président rwandais Paul Kagame accuse une nouvelle fois la France de participation à l'exécution du génocide de 1994, qui a fait 800.000 morts, principalement tutsi.

 

Evoquant la question des responsabilités, Paul Kagame dénonce le rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même. Il accuse les soldats français de l'opération militaro-humanitaire Turquoise, déployée en juin 1994 sous mandat de l'ONU dans le sud du pays, d'avoir été complices certes mais aussi acteurs des massacres.

 

Ces accusations ont été maintes fois démenties par Paris. Dans une première réaction, la présidence française avait jugé samedi que les nouvelles déclarations de M. Kagame n'allaient pas dans le sens de l'apaisement.

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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 10:40
Russie: les mouvements de troupes à l'intérieur du pays légaux (Lavrov)

 

MOSCOU, 3 avril - RIA Novosti

 

Moscou appelle à ne pas exagérer la situation entourant la concentration des militaires russes dans la région de Rostov, les mouvements des troupes à l'intérieur du pays n'étant pas contraires aux normes du droit international, a déclaré jeudi à Moscou le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

"J'attire votre attention sur le fait que le déplacement de troupes russes sur le territoire de la Fédération de Russie n'est sujette à aucune restriction. Nos partenaires occidentaux reconnaissent qu'au point de vue juridique il n'existe aucun problème", a indiqué le chef de la diplomatie russe lors de négociations avec son homologue kazakh Erlan Idrissov. 

Vladimir Poutine a ordonné le 26 février la tenue d'un exercice militaire surprise de grande envergure dans l'ouest et le centre de la Russie. Selon le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, plus de 150.000 hommes et près de 1.200 matériels dont environ 90 avions, plus de 120 hélicoptères, plus de 880 véhicules militaires et 80 navires ont pris part aux manœuvres d'envergure.  

Dans le cadre de l'entraînement, le 15ème bataillon d'infanterie motorisée du district militaire du centre a été dépêché dans la zone du polygone Kadamovski (région de Rostov), non loin de la frontière ukrainienne. La concentration des soldats russes dans une région frontalière avec l'Ukraine, théâtre le 22 février dernier d'un coup d'Etat, a provoqué une levée de boucliers en Occident, notamment aux Etats-Unis.  

Washington a exprimé son inquiétude face à l'augmentation du nombre de militaires russes massés à la frontière avec l'Ukraine, appelant Moscou à entamer le retrait des troupes.  

Lundi, le Département de l'Information et de la Presse du ministère russe de la Défense a annoncé que le 15ème bataillon d'infanterie motorisée du district militaire du centre avait mené à bien ses entrainements d'une durée de près d'un mois et allait retourner dans la région de Samara.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a salué cette décision de Moscou, espérant d'autres démarches capables d'atténuer les tensions dans la région.

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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 07:35
Russie-Otan: poursuivre la coopération sur les projets afghans (Kaboul)

 

 

BRUXELLES, 2 avril - RIA Novosti



Kaboul appelle l'Otan et la Russie à régler leurs divergences sans toucher aux projets qu'elles réalisent conjointement en Afghanistan, a déclaré mercredi le vice-ministre afghan des Affaires étrangères Ershad Ahmadi.
 
"Nous demandons à la Russie, à l'Otan et aux Etats-Unis de séparer leurs problèmes bilatéraux de la coopération sur l'Afghanistan. Nous poursuivrons bien entendu un partenariat constructif et fructueux avec la Fédération de Russie sur une base bilatérale", a indiqué M. Ahmadi. Le vice-ministre répondait à la question de savoir s'il regrettait la décision de l'Alliance de suspendre la coopération avec la Russie en matière d'entretien des hélicoptères afghans et de formation portant sur la lutte antidrogue.
 
Les ministres des Affaires étrangères des pays alliés avaient antérieurement déclaré qu'ils suspendaient la coopération civile et militaire pratique entre l'Otan et la Russie, mais maintenaient le dialogue politique au sein du Conseil Russie-Otan au niveau des ambassadeurs et à un niveau plus élevé.
 
Les ministres ont convenu de revenir à l'examen des relations avec la Russie lors de leur prochaine rencontre en juin. 
 
Un haut responsable de l'Otan qui a requis l'anonymat a annoncé mercredi aux journalistes que l'Alliance avait gelé la coopération avec Moscou en matière d'entretien des hélicoptères afghans et de formation relative à la lutte contre la drogue. L'Otan envisage de trouver un acteur capable de remplacer la Russie dans ces projets.

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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 12:45
Centrafrique- Service infographie du Figaro

Centrafrique- Service infographie du Figaro

 

27 novembre 2013 Par Nicolas Champeaux - RFI

 

La France s'apprête à déployer plus de 1 000 soldats en République centrafricaine. La plupart sont déjà en route. Ils interviendront après l'adoption d'une résolution des Nations unies, en principe la semaine prochaine, pour mettre fin aux violations des droits de l'homme et rétablir l'ordre dans ce pays. Paris est-il de nouveau le gendarme de l'Afrique ? Eléments de réponse avec le député français François Loncle. Ce membre de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale et spécialiste des questions de défense et de l'Afrique répond aux questions de Nicolas Champeaux.

 

RFI : Neuf mois après le Mali, la France s’apprête à intervenir en République centrafricaine. La France de François Hollande apparaît plus que jamais comme le gendarme de l’Afrique en 2013 ?

 

François Loncle : Non, on ne peut pas dire ça. D’abord, l’intervention éventuelle programmée ne ressemble en aucune façon à celle du Mali. Et moi je suis très attaché au droit international, et pour la Centrafrique, il s’agit de répondre à une résolution qui est en cours d’élaboration et de vote aux Nations unies et il faudra que l’intervention française soit conforme à cette résolution. A partir de là, il n’y a pas d’expression de type gendarme de l’Afrique. Il y a des situations d’urgence, celle de la Centrafrique en est une, et donc je ne vois pas pourquoi à partir du moment où nous aurions le feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU, nous n’agirions pas parce que nous en avons, c’est vrai, les capacités militaires.

 

Au niveau du fond cette opération vous semble nécessaire ?

Je pense que la France et beaucoup d’autres ont considéré que l’état actuel de la Centrafrique était extrêmement préoccupant. Il y a toute une série d’exactions qui se sont déroulées depuis des semaines, depuis le départ du président Bozizé et l’installation d’un pouvoir de transition, qui manifestement ne parvient pas à juguler le désordre qui s’est installé dans ce pays, qui est d’ailleurs fort ancien, mais qui s’est aggravé au point que certains ont pu qualifier la situation de menace pré-génocidaire. Je n’aurais pas employé ce terme personnellement, mais je comprends qu’il s’agisse d’alerter la communauté internationale, qui me paraît bien passive sur ces domaines.

 

→ A (RE)LIRE : Centrafrique: cartographie des zones à risques

 

Plusieurs chancelleries ont fait part de leur préoccupation, dressant le même constat, mais personne à part la France ne souhaite y aller.

C’est une forme de lâcheté avouée de la part de ces chancelleries. Quand on entend les Britanniques dire : « nous on est en Somalie et on ne peut rien faire d’autre », ce n’est pas encourageant sur le plan du droit international et du devoir des grandes puissances. La France n’a pas à en supporter les conséquences financières. Si la France agit militairement et fait son devoir, elle doit être accompagnée d’une aide internationale venant de l’Union européenne ou d’autres pays. C’est là-dessus qu’on doit mobiliser les uns et les autres sans égoïsme.

 

Quels sont les objectifs stratégiques de cette intervention ?

C’est assez simple. Il s’agit de sécuriser un pays qui est en proie à des désordres inouïs. Un pays où l’Etat s’est effondré, qui certes a une structure provisoire de gouvernance, avec un président, un Premier ministre et un gouvernement, mais qui visiblement n’ont pas les moyens de faire face à ce désordre et à cette menace qui plane.

 

Mais sécuriser l’ensemble d’un pays en proie à de nombreux groupes rebelles depuis plusieurs années c’est tout de même très ambitieux ?

Il faut faire les choses les unes après les autres. Commencer par remettre de l’ordre dans la capitale, à Bangui, faire en sorte ensuite que d’autres pays se sentent concernés : on sait que le Gabon, le Cameroun, le Tchad et le Congo-Brazzaville sont mobilisés, y compris sous forme militaire pour accompagner les objectifs de sécurisation. Là encore, il ne s’agira pas de la France seule. Il s’agit d’une initiative française qui est basée sur la nécessité de répondre à une situation catastrophique, il s’agit de mobiliser les partenaires et de faire en sorte que les Africains eux-mêmes prennent conscience de la situation. Ce qui a été fait au niveau des quatre pays que j’ai cités.

 

→ A (RE)LIRE : Centrafrique: l'armée française attendue pour ouvrir la voie à la force africaine

 

On l’a vu au Mali, le déploiement, la constitution de forces africaines mettent du temps à se mettre en place. La Misca, la force africaine, est en cours de construction. Donc finalement, les forces françaises seront au premier plan ?

Probablement au début. Mais c’est une façon aussi, de prendre conscience à la nécessité d’un relais rapide. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé au Mali, bien que la comparaison ne soit pas évidemment très pertinente. Mais on a vu que sans l’intervention française, la mobilisation de la Minusma ne serait pas intervenue.

 

Donc pour vous l’intervention française est un accélérateur de la constitution de forces africaines coordonnées ?

Je le crois. En tout cas il faut absolument que ça se passe comme ça. Encore une fois, la France n’a pas vocation à intervenir seule dans ce type de situation. Elle joue un rôle d’alerte et de mobilisation qui me semble très utile, qui me semble correspondre aux valeurs de notre pays. Mais encore une fois, à condition qu’il y ait le label des Nations unies sous forme d’une résolution.

 

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, prévoit une intervention assez courte. Elle portera selon lui, sur six mois. Est-ce que cela vous semble réaliste ?

Je souhaite vivement que ce ne soit pas plus long. Cela voudra dire qu’il faut que nous soyons accompagnés, que les pays africains concernés prennent leur responsabilité le plus vite possible.

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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 12:55
photo-Ministere-de-la-Defense

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Le sous-marin nucléaire lanceur d'engins "Le Terrible", mis à l'eau en 2010, est le dernier des quatre de ce type que possède la France. Ils sont une pièce maîtresse de l'arsenal de dissuasion.

 

17/11/2013 Jean Guisnel / Défense ouverte -  Le Point.fr

 

Le traditionnel silence de plomb sur la dissuasion, perpétué par François Hollande, commence à indisposer des députés de la majorité.

 

Les choses seraient-elles, doucement, en train de changer ? Nous voulons parler de cette incapacité de la représentation nationale et de la classe politique tout entière à discuter - seulement discuter - la pertinence, la nature et les choix à effectuer en matière de dissuasion nucléaire. Non que le sujet soit facile ! Mais le silence de plomb entourant ce thème n'est vraiment pas troublé par la commission de la Défense et des Forces armées de l'Assemblée nationale.

Le rapporteur sur le budget de la dissuasion, le député-maire socialiste de Fresnes Jean-Jacques Bridey, ne fait pas preuve d'un sens critique débridé en affirmant à propos des immuables ressources de la bombe atomique et de ses vecteurs pour 2014 : "Cette remarquable stabilité des crédits consacrés à notre dissuasion nucléaire traduit l'engagement sans faille du président de la République pour garantir nos capacités dans ce domaine, grâce à ses deux composantes, océanique et aéroportée, dont le maintien a été réaffirmé." Quelle audace !

 

Échec de la simulation

Quant à poser les questions qui fâchent, c'est exclu. Notre rapporteur reprend les éléments de langage du CEA (Commissariat à l'énergie atomique) quand il nous explique que la simulation des armes nucléaires, "conduite par le CEA, se concrétisera avec la mise en service progressive du laser mégajoule", cet énorme outil de simulation destiné à remplacer les essais aujourd'hui interrompus. Lancé en... avril 1995 par le Premier ministre Édouard Balladur, le laser mégajoule était évalué à cette époque à 6 milliards de francs (1,2 milliard d'euros). Son prix a en réalité été multiplié par trois, au bas mot, et, surtout, il ne fonctionne toujours pas !

Officiellement, sa mise en service est annoncée pour la fin de 2014, mais le silence en France est abyssal sur l'échec de la version américaine de cet équipement colossal, le NIF (National Ignition Facility), pourtant annoncée depuis 18 mois. Le député UMP Yves Fromion, qui avait suggéré en octobre dernier de réduire les crédits de recherche en matière de dissuasion - pour les réaffecter à l'entraînement des forces classiques -, avait été renvoyé à ses utopies par la présidente de la commission de la Défense et députée socialiste du Finistère, Patricia Adam.

 

Questions sans réponse

Pour toutes ces raisons, il faut relever une initiative de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, que préside Élisabeth Guigou. Celle-ci a fait preuve d'une réelle volonté de débattre de la dissuasion nucléaire, en adoptant le 12 novembre un rapport interrogateur - non encore publié sur le site de l'Assemblée - d'un autre député socialiste breton, Gwenegan Bui, qui réclame "un débat sur l'avenir de notre dissuasion nucléaire". Au terme d'une série de questions : "La dissuasion nucléaire est-elle utile ? Est-elle soutenable financièrement ? Deux composantes sont-elles nécessaires ? La France ne risque-t-elle pas d'être isolée en Europe ?", le député affirme que celles-ci ne sauraient "rester sans réponse".

Il relève l'attitude de l'exécutif lançant un livre blanc et une loi de programmation militaire qui n'évoquent pas la question nucléaire, sinon pour en répéter l'intangibilité : "Cette confidentialité de nombreuses informations et la nécessaire incertitude qui entoure la dissuasion conduisent trop souvent à considérer, à tort, que cette dernière ne doit et ne peut être débattue. On se retranche alors derrière l'évidence d'un dogme établi et on recourt à l'invective pour décrédibiliser ses interlocuteurs. Votre rapporteur en a d'ailleurs fait la désagréable expérience lorsqu'il tenta de soulever divers sujets relatifs à la dissuasion lors de l'audition du ministre de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, par la commission de la Défense nationale et des Forces armées, le 2 octobre dernier."

 

Les raisons d'un débat

Partisan à titre personnel de la dissuasion, le député déplore néanmoins l'absence de discussion : "Si l'on souhaite le consensus dans notre pays sur les forces nucléaires, il doit reposer sur des arguments solides qui ne pourront convaincre qu'à l'issue d'un nécessaire débat où toutes les positions auront pu s'exprimer et où chacun aura pu montrer la valeur de ses arguments. Rien ne serait pire que de disposer d'armes nucléaires sans savoir pourquoi, en maniant des concepts erronés ou dépassés." Sur ces points, Jean-Yves Le Drian a fait valoir au député que "l'initiative d'une réflexion sur la nature de la dissuasion dans un environnement de prolifération et dans un contexte d'après-guerre froide ne [le] dérange pas."

La question budgétaire n'est pas non plus sans intérêt, dans une époque où toutes les composantes de la défense sont touchées par les restrictions, sauf le nucléaire. Gwenegan Bui souligne à cet égard la nécessité d'"anticiper également les échéances puisque notre pays va devoir, dans les années qui viennent, prendre des décisions lourdes pour poursuivre la modernisation et le renouvellement de notre outil de dissuasion. Votre rapporteur songe notamment au lancement de la troisième génération des SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d'engin, NDLR) dont les études préalables ont déjà commencé, et dont le premier exemplaire pourrait entrer en service en 2030." 2030, vraiment ? Prenons date...

Lire aussi Défense : le débat sur la dissuasion nucléaire s'envenime

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12 juillet 2013 5 12 /07 /juillet /2013 07:50
Discours de L. Fabius : « Comment relancer l’Europe de la défense ? »

11 juillet 2013 Laurent Fabius - Conférence parlementaire – Assemblée nationale

 

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Mesdames et Messieurs,

 

La défense concerne le cœur de la souveraineté des Etats. C’est pourquoi il est apparu nécessaire depuis longtemps d’ancrer la construction européenne dans une approche commune, voire un partage de notre défense. C’est aussi la raison pour laquelle cet objectif est particulièrement difficile à mettre en œuvre – je n’ai pas besoin d’évoquer longuement la CED.

 

Plus d’un demi-siècle après, les paramètres ont beaucoup changé. L’Europe de la défense apparaît comme une nécessité pour la défense de l’Europe. C’est ainsi que nous abordons le sujet : non pas de manière théorique ou théologique, mais de manière pragmatique. L’Europe de la défense est une réponse nécessaire à des défis qui s’imposent à nous.

 

* *

 

Les défis, ce sont d’abord les menaces ou, plus modestement, les risques qui peuvent exister pour la sécurité de l’Europe et de la France. J’en évoquerai quelques uns.

 

La politique de puissance et de souveraineté de la Russie peut aboutir à des tensions. L’affirmation économique de la Chine et l’augmentation de son budget de défense, comme celle d’autres pays asiatiques, conjuguées à de nombreux conflits territoriaux s’accompagne d’un surcroit d’instabilité en Asie. Le développement des crises et des risques dans le voisinage immédiat de l ’Europe est susceptible d’affecter notre sécurité. A l’est demeurent des fragilités dans des Etats issus de l’ex-URSS et de l’ex-Yougoslavie. Dans notre voisinage méditerranéen, de nombreux pays traversent une transition démocratique au prix d’une grande instabilité, de tragédies et d’incertitudes, comme la Syrie, l’Egypte, la Libye et d’autres. En Afrique, en dépit du potentiel de croissance, on trouve toute la palette des risques pour la sécurité résultant de l’absence d’Etat dans certains pays, des inégalités, des trafics, de la corruption… S’ajoutent des menaces plus diffuses, mais non moins redoutables : prolifération, cyberguerre, terrorisme… Face à ces risques, l’évolution des priorités stratégiques américaines avec un certain désengagement du champ européen au profit de l’Asie laisse l’Europe, pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, davantage seule face à ses responsabilités.

 

Or, dans le même temps, les pays européens doivent faire face à des contraintes budgétaires qui ne sont pas compatibles avec une augmentation de nos budgets de défense. Nos pays sont confrontés à des limitations de développements capacitaires, certains à des coupes significatives.

 

Vous connaissez l’équation – persistance ou augmentation des menaces contre limitation ou diminution des moyens. Face à elle, l’Europe de la défense constitue une réponse évidente. Nous sommes dans l’obligation de mutualiser, de partager, de trouver des points de cohérence si nous voulons conserver notre crédibilité, éviter un déclassement stratégique et rester capables d’assurer la sécurité de notre continent et de nos ressortissants.

 

Les opinions publiques ont d’ailleurs compris cette situation. Il faut le noter, parce que ce n’est pas le cas dans tous les domaines de la coopération européenne. Nos concitoyens sont demandeurs d’Europe de la défense, perçue comme un facteur d’efficacité et d’économies.

 

* *

 

Pour avancer, nous pouvons nous appuyer sur certains acquis significatifs et peu connus.

 

Avec le temps, les Européens ont développé une conception mieux partagée des intérêts de sécurité. Même si des différences demeurent, les perceptions des enjeux de sécurité se rapprochent. La stratégie européenne de sécurité adoptée en 2003 y a contribué.

 

L’Union a commencé à avancer autour d’une politique étrangère et de sécurité commune dont nous voyons aujourd’hui certains résultats en termes de solidarité et de force d’entrainement, notamment en matière d’action civile sur certains grands enjeux de sécurité - positions communes, régimes de sanctions, aide économique et financière. En termes de gestion de crise et de prévention des conflits, l’Europe s’est dotée d’outils qu’il était difficile d’imaginer quand les bases du projet de défense commune ont été posées à Saint-Malo en 1998. En une décennie, l’Union a réussi à mettre en place des structures politico-militaires, un mécanisme de financement des opérations militaires et une force de réaction rapide avec des Groupements tactiques et un centre opérationnel, embryon de quartier-général européen. Sur cette base, l’Union a lancé 27 opérations civiles et militaires sur 3 continents : 11 sont achevées, 14 sont actuellement en cours (3 en Europe - Balkans et Caucase -, 4 en Asie, au Moyen Orient et en Asie centrale, 7 en Afrique) et 2 sont en cours de planification.

Infographie : les opérations civiles et militaires de l'Union européenne

 

Le traité de Lisbonne peut permettre des avancées, en renforçant la cohérence de l’action extérieure autour du SEAE au profit de l’affirmation d’un rôle mondial de l’UE, en élargissant le champ des missions de l’Union, en améliorant la solidarité entre les Etats européens pour assurer leur défense et leur sécurité.

 

* *

 

Mais il y a encore énormément à faire et des divergences demeurent. Les outils et les structures de gestion de crise existent mais leur mise en œuvre et leur mobilisation sont lentes et la réactivité des Européens dans la réponse à une crise est encore insatisfaisante.

 

Les Européens souffrent souvent d’une absence d’évaluation commune des problèmes ou des situations sur le terrain et d’une insuffisante définition des priorités qui devraient les unir dans l’action.

 

Aujourd’hui, en grande partie en raison des lacunes européennes en termes de capacité – en matière de transport stratégique, de ravitaillement aérien, d’observations aérienne et spatiale, on l’a vu au Mali -, le moteur opérationnel de la politique de sécurité et de défense commune n’est pas suffisant. L’Europe se cantonne trop souvent à des missions civiles de formation au détriment d’opérations militaires de stabilisation. Pour donner corps et crédibilité à l’action extérieure européenne, celle-ci doit pouvoir s’appuyer sur tous les moyens d’action couvrant les différents aspects d’une crise.

 

La coopération en matière d’armement est faible et les sources de malentendus et d’incompréhensions existent. Or, l’Europe de la défense ne saurait se limiter à une ossature purement institutionnelle et procédurale ; sa substance doit être ce que l’industrie de défense sait produire. Il est illusoire de penser que nous pourrons relever les défis industriels individuellement : les contraintes budgétaires et le renforcement de la concurrence internationale, notamment en Asie, nous imposent des partenariats, des regroupements et des partages de taches.

 

* *

 

Pour relever tous ces défis, le Conseil européen de décembre prochain est un moment majeur. Le Conseil européen ne s’est plus exprimé sur les enjeux de sécurité et sur le rôle de l’Union dans le monde depuis 2008, alors même que ces sujets sont au cœur de son mandat. Il faut donc une nouvelle impulsion et nous voulons pour cela utiliser pleinement ce rendez-vous.

 

Ce ne sera pas aisé : des différences demeurent entre Européens sur l’appréciation de l’intérêt d’une Europe de la défense. Malgré les déclarations d’intention, la volonté concrète de coopérer et de coordonner les programmes est restée assez limitée ces dernières années.

 

Pour avancer, la meilleure approche me semble une démarche pragmatique, fondée sur un constat et une méthode :

 

- Le constat, c’est celui de la situation existante, que nous devons, avec nos partenaires, établir de manière objective. Si nous n’y prenons garde, l’Europe, placée face à ses responsabilités, risque de se trouver dans l’incapacité d’assurer sa propre sécurité et de peser face aux défis stratégiques du monde. Le Conseil européen peut et doit faire cette analyse, de manière transparente et lucide. Si l’on en tire les conséquences, une véritable relance de l’Europe de la défense apparaîtra nécessaire.

 

- La méthode, c’est celle des avancées concrètes, en partant de l’amélioration des outils et des structures en place. Evitons les débats trop institutionnels ou de doctrine qui ne débouchent au mieux qu’à très long terme et appuyons nous sur les possibilités de coopération que nous offrent les traités, et notamment Lisbonne, sans nous interdire d’avancer à quelques-uns, une fois les objectifs clairement définis. A ce stade, nous souhaitons porter un débat à 28, définir des axes pour l’Union européenne. En fonction de la mise en œuvre – après l’installation des nouvelles institutions post-2014 -, nous examinerons tous les moyens d’avancer efficacement.

 

Ce Conseil européen devrait donc être l’occasion de donner une impulsion à une industrie de défense européenne compétitive, facteur de croissance et d’autonomie stratégique. Si les Européens ne coopèrent pas, ce sont des pans entiers de capacités industrielles, de savoir faire, et donc d’emplois qui risquent de disparaitre. Les industriels attendent de signaux des autorités publiques : par exemple, le moment est sans doute venu de promouvoir une coopération industrielle en matière de drones, dont la visibilité pour les opinions publiques serait marquante.

 

La mutualisation et la coopération sont également les voies réalistes en matière de développement capacitaire. Les Européens doivent relancer quelques grands programmes structurants en s’appuyant davantage sur l’Agence européenne de défense, outil utile mais encore sous-employé et insuffisamment doté. A cet égard, il est essentiel de tirer les enseignements des opérations récentes en Libye et au Mali, qui ont montré des atouts mais aussi mis en évidence des lacunes, par exemple en matière de transport stratégique et tactique ou de l’observation aérienne et spatiale.

 

Les actions de long terme ne peuvent être menées à bien si l’on ne peut pas assurer en même temps la sécurité des personnes et des biens. La aussi, l’exemple du Mali doit nous inspirer. L’approche globale de l’Union, la plus-value de son action sur la scène internationale, doit pouvoir se matérialiser en articulant mieux les actions de développement et le volet de sécurité. Le Conseil européen pourrait insister sur la nécessité de réduire la distance entre développement et sécurité, par exemple en prévoyant dans les programmes d’aide au développement des actions qui concourent au renforcement de la sécurité.

 

En parallèle de ces coopérations et avancées concrètes, il nous faut progresser dans l’approche commune des priorités. Les rapprochements dans la perception de notre voisinage sont encourageants. Mais il faut aller au-delà. Plus qu’une actualisation des menaces, les Européens ont besoin d’une définition des priorités de l’Union en matière de défense. Il nous faut une approche plus stratégique du traitement des menaces et des enjeux de sécurité. Evidemment, les intérêts spécifiques des Nations demeurent. Mais, au fil des crises, une conscience commune apparaît. D’un point de vue thématique (cyber sécurité, sécurité maritime, surveillance des frontières, stabilisation post-conflit notamment) ou géographique (Balkans, Méditerranée, Sahel, Proche-Orient), les priorités communes apparaissent. C’est sur ces constats qu’il nous faut construire, y compris par de nouvelles opérations et de nouvelles actions communes.

 

Ces orientations ne sont évidemment pas exhaustives. Mon ami Jean-Yves Le Drian y reviendra et les complètera en conclusion de cette conférence. Elles constituent la base de ce que la France pourrait proposer à ses partenaires afin de réussir le rendez-vous de décembre. Pour être efficace, je le répète, nous devons nous concentrer sur quelques domaines clefs plutôt que nous disperser.

 

La France a depuis longtemps considéré la coopération européenne en matière de défense et de sécurité comme une ambition majeure. Aujourd’hui, il y a urgence. Le gouvernement compte sur vous pour l’appuyer et l’aider. Vous pouvez compter sur nous pour agir de manière déterminée sur ce dossier décisif. Merci.

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 11:45

Opération Serval - Secteur Sévaré Mopti, le 22 janvier 2

 

02.04.2013 par Henri Weill - Ainsi va le monde

 

Laurent Fabius sera auditionné aujourd'hui à 17h, par la commission des affaires étrangères du Sénat. Il pourrait y être interrogé sur la série de mutations de diplomates (liés au dossier Afrique) enregistrée depuis l'automne dernier. Il y eut Elisabeth Barbier, responsable de la direction Afrique-Océan Indien puis, plus récemment, le numéro deux de cette direction Laurent Bizot qui « a été prié » de cesser ses fonctions. De même que l’ambassadeur Jean-Félix Paganon, représentant spécial du ministre des affaires étrangères pour le Sahel (nommé depuis ambassadeur au Sénégal). Que leur reproche-t-on ? Une trop grande liberté de ton ? Une incompatibilité d’humeur avec le ministre ? Auraient-ils commis des erreurs d’appréciation sur le dossier malien ?  Emmanuel Dupuy, qui préside l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), think tank spécialisé sur les questions géopolitiques revient sur ce « rififi » au quai d’Orsay et plus généralement sur le dossier malien.

 

 

A lire ICI.

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6 décembre 2011 2 06 /12 /décembre /2011 20:05
Réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN (Bruxelles, 7 et 8 décembre 2011)

 

6 décembre 2011 - diplomatie.gouv.fr

 

Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et européennes, se rendra à Bruxelles les 7 et 8 décembre pour une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN.

 

Cette réunion ministérielle sera essentiellement consacrée à la préparation du prochain Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’OTAN qui se tiendra à Chicago les 20 et 21 mai 2012.

 

Elle portera ainsi sur la stratégie de transition en Afghanistan au lendemain de la conférence de Bonn, la situation dans les Balkans, et enfin sur les relations de l’Alliance avec ses partenaires du monde méditerranéen, dans le prolongement du succès de l’Alliance en Libye, ainsi qu’avec la Russie.

 

Les ministres évoqueront avec M. Lavrov, lors du Conseil OTAN-Russie, la poursuite de la coopération OTAN-Russie sur la défense antimissile, mais aussi sur l’Afghanistan et la lutte contre le terrorisme.

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