Le futur de la France au Mali se dessine lentement. Si la fin de l'opération «Serval» arrive, elle ne signifiera pas celle des troupes françaises dans le pays. Paris conservera une forte présence militaire dans les mois à venir, sous plusieurs formes.
Dans un premier temps, la France devrait maintenir environ un millier d'hommes dans le pays, selon les estimations d'un diplomate. Un chiffre qui correspond aux annonces faites, à la mi-mars, par le président de la République. François Hollande avait alors assuré que l'actuel contingent, fort de 4 000 hommes, baisserait à 2 000 au milieu du mois de juillet et à 1 000 à la fin de 2013. «Même si le gros des opérations est terminé, il est illusoire de penser que le nord du Mali sera totalement stable à la fin de l'année. Il serait déraisonnable de partir totalement», souligne un officier français. Cette «force résiduelle» agira, dans un cadre strictement bilatéral, en coopération avec l'armée malienne - comme l'opération «Serval».
Mais la France compte également s'investir dans la future mission de l'ONU au Mali. Les Nations unies envisagent d'envoyer dans le pays une force 11.200 Casques bleus et de 1 400 policiers, auxquels s'ajoutera «une force parallèle». Cette dernière, composée de troupes plus aguerries, servira de «task force» à l'ONU. «Elle devra se concentrer sur la lutte antiterroriste, opération que l'ONU n'a ni les moyens, ni la volonté de conduire», souligne un expert.
D'intenses négociations sont en cours à New York pour parachever la résolution qui mettra sur pied cette Minuma. Le gros des Casques bleus devrait provenir des 6 500 hommes de la force africaine déjà sur place (Misma), appuyés de renforts venus d'autres pays du continent ou d'Asie du Sud-Est. Mais, plus que les Casques bleus, c'est la «force parallèle» qui est l'objet de tensions. La France s'est déjà dite prête à y participer et devrait en former l'ossature avec certains pays scandinaves. Le statut comme le nombre de ces militaires restent en revanche très flous. «Les pays du Conseil de sécurité ne sont parvenus à s'entendre clairement sur ce que signifie cette force parallèle», a concédé jeudi Susan Rice, représentante américaine à l'ONU.
Paris, qui veut garder une certaine liberté, ne souhaite pas que la task force soit totalement placée sous commandement de l'ONU comme au Liban. Ses partenaires se montrent en revanche méfiants à l'idée d'un contingent entièrement autonome tout en étant placé sous mandat de l'ONU, à l'image de Licorne en Côte d'Ivoire. Les diplomates tentent donc d'imaginer une troisième voie de compromis. En guise de solution, les États-Unis plaident pour que les opérations antiterroristes ne fassent pas parti du mandat de l'ONU.
Pour Washington, qui souhaite que les Nations unies puissent «se déployer le plus tôt possible», la solution aurait le mérite d'être rapide. Paris, de son côté, espère néanmoins obtenir un vote du Conseil de sécurité d'ici à trois semaines, ce qui permettrait l'arrivée des premiers Casques bleus en juillet. Une date qui ne doit rien au hasard. Elle correspond à la première forte décrue de l'opération «Serval», mais aussi et surtout à l'élection présidentielle malienne.