Les affrontements entre l'armée nigériane et les islamistes du groupe Boko Haram sont
récurrents dans l'Etat de Borno, au Nord-Est du Nigéria (Photo: Gabonews)
26/02/2013 par
Gaëtan Barralon - 45enord.ca
Un commandant présumé de Boko Haram et trois de ses lieutenants ont été tués, ce lundi, par l’armée nigériane lors d’affrontements dans la ville de Maiduguri, dans le Nord-Est du
Nigéria.
Dans un communiqué, le porte-parole de la Joint Task Force (JTF, force conjointe armée police), le lieutenant-colonel Sagir Musa, a affirmé que «le commandant [de Boko Haram] et ses trois
lieutenants ont été tués dans un échange de tirs».
Il a également précisé que ces affrontements ont eu lieu ce lundi, dans la ville de Maiduguri, capitale de l’État de Borno, chef-lieu du groupe islamiste Boko Haram. Aucun militaire ni aucun
civil n’ont été blessés dans ces heurts.
Ces derniers surviennent alors que la JTF menait des opérations de recherche du commandant et de ses hommes au cœur de la ville de Maiduguri, suite à de récentes attaques menées par le groupe
Boko Haram. Ce même groupe qui a revendiqué l’enlèvement des sept otages français au Cameroun, dans une vidéo publiée, ce lundi, sur Internet.
Parmi ces attaques, l’explosion d’un engin explosif improvisé a coûté la vie à deux civils et au poseur de bombe, le 20 février dernier, dans la ville de Maiduguri.
Le 1er février, l’armée nigériane a affirmé avoir tué dix-sept membres de Boko Haram lors de raids menés contre deux camps de du groupe islamiste. A l’issue de coups de feu «très violents», le
lieutenant-colonel Musa a annoncé que ces camps avaient été «détruits».
3 000 morts depuis 2009
Les affrontements entre le groupe islamiste et les forces de l’ordre n’en finissent plus. Depuis 2009, plus de 3 000 personnes ont trouvé la mort dans des violences liées à Boko Haram et à la
répression menée par la JTF.
Fondé en 2002 dans l’état de Borno, le groupe Boko Haram, signifiant «l’éducation occidentale est un péché» en langue haoussa, prône l’instauration d’un émirat islamique au Nord du Nigeria, avec
une stricte application de la charia.
Face aux différentes attaques menées à l’encontre des forces de police, la JTF a, par la suite, violemment réprimé les opérations menées par les islamistes. Une politique répressive qui a
inquiété les populations locales. Car la police et l’armée ont toutes deux été accusées d’avoir commis des exactions en grand nombre, parmi lesquelles des exécutions sommaires au cours de ces
opérations.
Une application stricte de la charia
Au cœur du pays le plus peuplé d’Afrique, Boko Haram tente d’imposer le respect de la charia dans le Nord du pays, à majorité musulmane, alors que le Sud reste à majorité chrétienne. Jusqu’à
présent, ce groupe islamiste, aux liens étroits avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), s’attaquait aux «mauvais» musulmans, c’est-à-dire à toute personne n’appliquant pas la charia.
Leur mode d’opération se limitait alors à l’utilisation d’engins explosifs et de kamikazes. Mais, la publication, ce lundi, d’une vidéo sur Internet montrant les sept otages français apporte une
nouvelle tournure aux évènements.
Pour la première fois, le groupe Boko Haram a revendiqué l’enlèvement d’otages occidentaux. Une stratégie que menait jusqu’alors l’une de ses mouvances dissidentes, Ansaru. Ce dernier «s’avère en
réalité un groupe plus modéré que Boko Haram», selon Mathieu Guidère, professeur d’islamologie à l’université Toulouse II, dans un entretien accordé au quotidien Le Monde.
«Ansaru refuse les attentats-suicides et la pose de bombes dans les lieux publics», ses membres ayant «plutôt opté pour la stratégie des kidnappings d’Occidentaux, qui leur permet de médiatiser
leur action sur la scène internationale», ajoute-t-il.
La France «ne négocie pas sur ces bases-là»
De son côté, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a affirmé, ce mardi, la fermeté de la France à l’égard des revendications du groupe Boko Haram. «On ne négocie pas sur ces
bases-là avec ces groupes-là. On ne joue pas à ce jeu de surenchère!, a-t-il déclaré sur les antennes de RTL.
En attendant, les islamistes de Boko Haram continuent de semer le trouble au cœur de l’État de Borno. Face à l’instabilité chronique de la région, les forces de l’ordre tentent de réprimer le
désordre. En vain.