21 Février 2013 par François d'Orcival – V.A.
Bruxelles-Bamako. Tout juste 500 Européens mobilisés pour former de quatre à huit bataillons de Maliens… Une chance, la “nation cadre” est française !
Il aura fallu que les Européens s’y mettent à vingt-sept, avec deux pays observateurs, le Canada et la Norvège (membres de l’Otan), pour ne recruter que 500 hommes (et femmes) destinés à la mission de formation de quatre à huit bataillons de l’armée malienne… Un soldat européen pour trois maliens.
Les premiers à avoir répondu à l’appel sont les Espagnols, les Britanniques et les Belges. Ce sont les autres nations européennes qui ont un passé africain : les Espagnols, qui occupèrent jusqu’en 1975 une partie du Sahara (appelée depuis “occidentale”), intéressés par tout ce qui se passe au Sahel ; les Britanniques, qui veulent retrouver de l’influence sur le continent noir ; les Belges, qui n’ont pas oublié leur Congo.
Les contingents envoyés par ces différents États, auxquels se joignent des Italiens, des Suédois et des Allemands, sont bien modestes : quelques dizaines, voire une petite centaine d’officiers et de sous-officiers chacun. Au moins s’agit-il de soldats aguerris, autant que possible francophones, non seulement parce que la “nation cadre” est la France, mais aussi parce que le Mali parle français.
À la tête de cet embryon de “Légion étrangère européenne”, un général français, François Lecointre, jeune brigadier de 50 ans, fils de sous-marinier, officier des troupes de marine depuis sa sortie de Saint-Cyr. Il a déjà accompli près de vingt ans de service sur les théâtres extérieurs : depuis le Golfe jusqu’à la Côte d’Ivoire, en passant par la Somalie, Djibouti, le Rwanda, les Balkans. Sa promotion d’élèves officiers portait le nom de Monclar, un nom prédestiné : Monclar avait parcouru de long en large le Maroc et l’Afrique française avant d’aller se battre en Corée avec le bataillon français.
Lecointre a commandé le 3e régiment d’infanterie de marine envoyé à Abidjan en 2006. Après deux années passées au cabinet militaire du ministre de la Défense, il a pris le commandement de la 9e brigade légère blindée de marine, héritière de la 9e division d’infanterie coloniale. Cinq régiments, 6 000 hommes, et une devise adaptée : “Semper et ubique”, “Toujours et partout”. Le 11 janvier, au déclenchement de l’opération Serval, il était en alerte.
Le général Lecointre a emmené au Mali son état-major de brigade ainsi que les éléments avancés du 2e régiment d’infanterie de marine. Sur place, 250 cadres pour la formation des Maliens et l’équivalent d’une compagnie renforcée pour leur protection. Au programme, la reconstitution d’unités qui, au terme de deux mois et demi de classes, seront mises à l’épreuve sur le terrain. Si elles sont jugées aptes, elles rejoindront les forces françaises et africaines déjà engagées.
C’est en décembre dernier, après que les Français eurent sonné l’alarme et compris que l’armée malienne n’existait plus, que les Européens ont défini les contours de cette EUTM — mission européenne d’entraînement de l’armée malienne. Avec quel budget ? Tout juste 12 millions d’euros (hors soldes) ! Voilà ce dont dispose le général Lecointre pour une opération dont la durée est fixée à une année. Le général se demande s’il va pouvoir embarquer avec lui les bombardes et cornemuses de sa fanfare.
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