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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 16:55
Le Drian sur tous les fronts

 

10 juillet 2014 Par Hassan Meddah - L'Usine Nouvelle n°3385-3386

 

Le chantier de la loi de programmation militaire derrière lui, le ministre de la Défense accélère sur le plan industriel. Et Jean-Yves Le Drian attaque sur tous les fronts : terrestre, spatial et maritime. Après dix années de négociations stériles, il a lancé le rapprochement entre les fabricants de blindés Nexter et l’allemand Krauss-Maffei Wegmann.

 

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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 07:55
Loi de programmation : promesse non tenue pour l’armée

 

10/07 Alain Ruello - lesechos.fr

 

Contrairement à ce que dit le gouvernement, la loi de programmation militaire (LPM) n’est pas respectée. Elle ressort même plus fragilisée qu’elle n’était déjà du projet de budget triennal 2015-2017. Sur chacune des années ­concernées en effet, 500 millions de crédits budgétaires ont été retirés, d’un trait de plume ! Soit 1,5 milliard au total, qui sera compensé (en principe) par autant de recettes exceptionnelles, c’est-à-dire par de l’argent provenant de la vente des bijoux de famille de l’Etat.

 

Bercy peut affirmer que le compte y est puisque l’addition des crédits budgétaires (amputés) et des recettes exceptionnelles (augmentées) reste conforme à ce qui était prévu. Sauf que ces recettes exceptionnelles sont par nature (très) aléatoires.

 

La LPM en prévoyait déjà 6,1 milliards entre 2014 et 2019, dont la moitié rien que sur 2015 et 2016. L’Etat ne pouvant plus compter avant longtemps sur le produit de cession des fréquences de la TNT, un quatuor de hauts fonctionnaires a été chargé de bâtir un plan B en urgence.

 

Le triennal augmente l’incertitude de 1,5 milliard puisque ce ne sont plus 6,1 milliards, mais 7,6 milliards qu’il faut trouver ! Remise de copie du quatuor attendue dans les jours qui viennent lors d’un conseil de défense qui s’annonce crucial pour la survie de la loi de programmation.

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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 07:55
Budget de Défense : les comptes n’y sont décidemment pas

 

10.07.2014 Enderi.fr

 

Matignon a fait parvenir aux différents ministères les « lettres de cadrage », définissant les contours du budget que chaque ministère devra respecter. Sans explicitement passer à nouveau pour la variable d’ajustement, la Défense est loin de s’en sortir aussi bien que certains le supposent.
 

Un budget de l'état à réformer

Le principe fait consensus : le gouvernement doit faire des économies sur son budget, pour réduire son déficit et une dette abyssale qui approche désormais les 2000 milliards d’euros. Cela signifie très concrètement qu’il va falloir pour Matignon rendre des arbitrages, faire des choix, et donc des mécontents. Le chef du gouvernement doit fixer des priorités et trancher entre les efforts à faire et ce qui peut être remis à plus tard.

La logique de Manuel Valls n’est pas la pire qui soit, loin de là. On peut d’ailleurs détecter, derrière les lettres de cadrage envoyées récemment à l’ensemble des Ministères, un recentrage en douceur sur les fonctions régaliennes de l’Etat : sécurité, santé, éducation. A une exception près, mais elle est de taille : la Défense reste fragilisée. Grandement diminuée par des réformes simultanées et constantes depuis près 20 ans, la Défense a vu fondre ses effectifs et son budget : 44 000 postes supprimés rien qu’entre 2008 et 2013, et un budget dont la part dans le PIB a été presque divisée par deux en trente ans. Quel ministère pourrait prétendre avoir réalisé des efforts comparables, tout en assurant la continuité de ses missions ?

La perception médiatique

Dans son résumé à grand trait de la nouvelle, Europe 1 classe la Défense dans la catégorie de « ceux qui s’en sortent bien », allant jusqu’à expliquer doctement que le budget des armées va même légèrement augmenter sur la période (de 0,53 % entre 2014 et 2017). D’une part, puisque l’on peut supposer que le site s’exprime en euros courants, il s’agit bien d’une diminution relative du budget : malgré une inflation historiquement faible, on peut supposer qu’elle sera tout de même supérieure à 0,53 % sur trois ans. Le "pouvoir d'achat" de la Défense va donc diminuer.

Plus lucidement, le Huffington Post place la Défense dans la catégorie des « sacrifiés ». Il y en a en effet plusieurs bémols de taille dans les prévisions de budget pour la Défense. Premier coin dans le tronc des réjouissances : si le Ministère de la Défense conserve son budget prévu par la LPM, arraché de haute lutte par Jean-Yves Le Drian, ce n’est qu’en contrepartie de 7500 postes supprimés, rien que pour l’année 2015. Ce sont donc près de 650 millions d’euros qui seront retirés du budget, compensés en théorie par 250 millions d’euros du programme investissement d’avenir et 500 millions d’euros venant de « recette exceptionnelles », les fameuses « Rex ». Par Rex, comprendre pour l’essentiel la vente de fréquences aux opérateurs de téléphone et de la TNT.

Sauf que, par expérience sur les ventes de biens immobiliers, le Ministère de la défense sait très bien que les prévisions de Rex sont abusivement optimistes. De plus, compte tenu des retards pris dans les négociations autour de cette vente de fréquence, il est probable que les Armées ne verront pas un centime avant fin 2015 ou 2016. Au bilan, Valeurs Actuelles comme le Point font état d’un trou budgétaire prévisible de 1,5 à 1,77 milliards d’euros dans le budget de la Défense, rien que pour 2015. Les 6,1 milliards d’euros attendus entre 2014 et 2019 sont pour l’instant un mirage budgétaire, alors que les coupes sont bien tangibles.

Deuxième difficulté, d’ordre historique, pour les Armées : les budgets prévus par les lois de programmation successives n’ont jamais été respectés, peu importe que la gauche ou la droite soit au pouvoir. Si le « taux d’exécution budgétaire » de la LMP 2003-2008 a bien été de 98 % (ce qui représente tout de même près de 5 milliards en moins), celui de la LPM 1997-2002 a été de 87 %.

Beaucoup d'interrogations sur l'avenir

Les dénonciations alarmistes de la « juste insuffisance  » résonnent encore à nos oreilles, alors que l’on poursuit le démantèlement de l’outil de défense. Il est remarquable de noter d’ailleurs que ce n’est pas tant la politique de la gauche qui pose problème, que les conséquences des mesures décidées sous la droite. Aujourd’hui, alors qu’il n’est pas exagéré d’avancer que tous les indicateurs sont dans le rouge, la Défense bénéficie au moins d’un petit avantage : députés de gauche comme de droite s’alarment de la situation, tous faisant preuve d’une « certaine idée de la France ». C’est d’ailleurs cette mobilisation de gauche comme de droite qui a permis courant mai de contrer les velléités de Bercy sur un nouveau rabotage de la loi de programmation militaire. A l’époque les quatre chefs d’états-majors avaient également menacé de déposer képis et casquettes sur le bureau du chef des Armées, preuve inédite du sérieux de la situation.

Mais les fonctionnaires de Bercy sont rancuniers, confortés par une perception de plus en plus flou des enjeux de la Défense. Les arguments en faveur d’un démantèlement de la Défense sont souvent les mêmes : « nous n’avons plus d’ennemis à nos frontière », « nous n’avons pas à être les gendarmes du monde (et de l’Afrique en particulier) », « nous ne faisons qu’engraisser le complexe militaro-industriel »… Certes, l’Allemagne est bien plus dangereuse sur les terrains de foot que sur le Rhin, l’Afrique commence petit à petit à prendre en main les conflits du continent (avec un succès tout relatif), et la France reste, malgré un budget d'équipement réduit à peau de chagrin, un des leaders mondiaux de l’exportation d’armements.

Pour autant, la France est toujours membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, et à ce titre, elle a beaucoup plus de devoirs que de droits, notamment celui de ne pas provoquer son déclassement en tant que puissance militaire. La crise Ukrainienne a rappelé à tous que l’hypothèse d’un conflit conventionnel dans le vestibule de l’Europe n’a rien du scénario de science-fiction. Ensuite, le shift stratégique des USA vers l’Asie-Pacifique a créé un appel d’air en région Sahélienne. Or la France est la seule puissance à disposer encore de la volonté politique et de moyens militaires pour éviter de faire de ces régions des bases arrières de mouvements terroristes. Croire que ces mouvements se contenteront à l’avenir de prospérer dans leur carré de désert serait faire preuve d’angélisme : Al-Qaida s’est appuyée sur ses base afghanes pour frapper les Etats-Unis en 2001. Enfin, si la France reste bien positionnée sur les marchands d’armements, c’est aussi parce que les fabricants hexagonaux se sont diversifiés dans les biens civils : 83 % des commandes auprès des membres du GIFAS ont été des commandes civiles. De nouvelles coupes budgétaires inciteraient d’ailleurs les industriels français du secteur à privilégier la production civile, quitte à délocaliser. Les conséquences sociales et industrielles de telles décisions seraient très lourdes.

Il n’est que temps de mesurer les conséquences d’années de gabegies, pendant lesquelles il a été demandé toujours plus à des armées auxquelles les décideurs politiques donnaient toujours moins. Si comme certains le pensent, "nous n'avons plus les moyens de nos ambitions", on pourrait répondre que nous n'avons pas forcément le choix de nos ambitions. Que celui qui assumera le déclassement de la France au second rang des puissances du monde avance d'un pas. Cela s'appelle la responsabilité, mais il n'y a guère plus que les militaires pour se souvenir de celle qui incombe à la Défense.

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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 07:55
Les nouveaux gardiens de la LPM

 

7 juillet, 2014 Guillaume Belan (FOB)

 

Le fait est nouveau et inédit sous la cinquième République :  les véritables garde-fous de la bonne exécution de la Loi de Programmation Militaire (LPM), sont devenus… les parlementaires !  La très discrète « descente » à Bercy il y a deux semaine des parlementaires pour demander sur pièces les justifications au Ministère de l’économie de la réalisation des ressources exceptionnelles (REX), le prouve encore. Car sous l’impulsion des deux présidents des commissions Défense, Jean-Louis Carrère pour le Sénat et Patricia Adam pour l’Assemblée Nationale (mais aussi bien d’autres…), les parlementaires ont été présents, voire très présents durant toute l’élaboration à la fois du Livre Blanc qui fixe les ambitions de la Défense française et de la LPM, qui la met budgétairement en œuvre. De très nombreux rapports, parfois alarmistes ont mis le doigt là où le bât blesse. Puis ce fut l’ajout, grâce à leur détermination, de véritables verrous de sécurité insérés dans la LPM pour que la représentation nationale puisse s’assurer de sa bonne exécution et de son respect. Inédit ! Plus récemment, leur rôle a également été important dans la mobilisation générale de cette union sacrée «  Défense » (politiques, industriels, militaires…) contre Bercy qui souhaitait raboter d’un milliard d’euros par an le budget, pourtant initialement sanctuarisé par le Président de la République. Bref, c’est très activement que les parlementaires ont pris leur rôle de défenseur de la LPM très au sérieux et jouent dorénavant le rôle de gardiens des crédits de la défense contre Bercy.

 

Les nouveaux cerbères de la Défense

 

Un rôle nouveau, tout à fait en accord avec leurs pouvoirs et en respect de leurs attributions. Sauf que ce rôle est totalement inédit sous la cinquième République. On ne peut que se féliciter de cette prise de conscience très pro-active de la part de la représentation nationale sur l’un des plus gros budgets de l’Etat et surtout sur l’outil militaire de la France. La raison de cette mobilisation est double.

 

Premièrement, le ministre de la Défense a été un excellent facteur déclenchant de cette nouvelle volonté parlementaire. Lui-même très concerné par la sauvegarde de l’outil militaire de la France, Jean-Yves Le Drian a joué le rôle de catalyseur, donnant l’impulsion. Comme un chef de file derrière qui se mobilisent responsables militaires, industriels et politiques.

 

La seconde raison, c’est l’état de gravité de la situation de la Défense française. A force de grappiller le budget, la cohérence de l’outil militaire ne tient plus qu’à un fil, le modèle est devenu fragile, dans un contexte géostratégique où la menace impensable est redevenu possible et la surprise, la seule certitude. Avec une multiplicité d’opérations extérieures remplies par des soldats courageux dans des conditions lamentables. De tout cela les parlementaires sont bien conscients et cela motive leur combat.

 

Bras de fer contre Bercy

 

Car un véritable bras de fer s’est engagé entre la Défense, qui souhaite préserver son outil et le ministère de l’économie qui cherche dans sa logique purement comptable et constante à ponctionner le maximum d’argent sur un des plus gros budget de l’État. Ce qu’il fait d’ailleurs très bien ! Dernièrement encore en ponctionnant 350 millions d’euros par la loi de finance rectificative passée en juin ainsi qu’en promettant des ressources exceptionnelles (REX) qui, et les parlementaires ont pu le constater, ne seront pas au rendez-vous. Tandis que la Défense (DGA en tête) est en cessation de paiement ! Résultat, les parlementaires sont en ce moment très remontés, et bien plus qu’avant ! Car le constat est là : non seulement les REX ne seront pas au rendez-vous, mais chaque mesure palliative proposée par la représentation nationale se voit opposer un refus en bloc de la part du ministère de l’économie. Aucune solution, le dialogue avec Bercy est bloqué, au point mort… Sauf que, très remontés, les parlementaires ne vont pas s’arrêter là.  Et c’est pourquoi, la clause de revoyure, votée dans la LPM, sera activée en 2015. Les parlementaires vont alors se retrouver au centre du jeu. Des débats qui s’annoncent houleux ! Les élus nationaux se rendent bien compte, à travers leurs très nombreux déplacements, de l’urgence de la situation, à la fois sur l’état des forces mais aussi sur l’environnement géostratégique instable et imprévisible. A cause de Bercy, certains programmes sont en danger (y compris dans le volet dissuasion), mais le ministère de l’économie n’a sans doute pas pris la mesure de la détermination parlementaire. Le combat sera incessant pendant toute la durée de la LPM, car, prévisible, Bercy, le suscitera !

 

Alors que la plupart des pays européens désarment, excepté ceux de l’Est, Pologne en tête, conscients de l’imminence et de l’importance du danger, la France, elle tente de maintenir son outil, en devant aussi batailler en interne. Si elle ne sera plus capable, le fossoyeur sera bien identifié : Bercy. Si elle arrive à maintenir sa Défense, ses sauveurs le seront tout autant : le Ministre et les parlementaires !

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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 07:50
The European Investment Bank could help meet some of the challenges facing Europe’s struggling defence industry

 

July 10th, 2014 by Daniel Fiott * EUROPP Blog

 

European countries face significant challenges in funding defence research and development programmes. Among the most important are declining defence budgets, fierce international competition, and the increasingly expensive nature of high-end technologies. Daniel Fiott argues that the European Investment Bank could play a much greater role in Europe’s defence sector and serve as a life-line to defence research and development, dual-use projects and small and medium sized enterprises.

 

Read full tribune

 

* Daniel Fiott is a Research Foundation – Flanders (FWO) PhD scholar at the Institute for European Studies, Vrije Universiteit Brussel, where his research focuses on the European Defence Technological and Industrial Base. In 2013 he became a Senior Editor of the online magazine European Geostrategy. He is widely published on defence-industrial cooperation at the European-level.

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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 07:50
Se sentant menacée par le Maroc, l’Espagne augmente son budget de la défense

 

16 juin 2014 - Par: Jalil Laaboudi - bladi.net

 

L’Espagne compte revoir à la hausse son budget défense au cours des cinq prochaines années, en raison de ses différends avec le Maroc autour des territoires marocains occupés par Madrid, notamment ceux de Sebta et Melilla révèle un rapport de Strategic Defence Intelligence, cité par le quotidien Al Massae.

 

La péninsule ibérique augmente son budget défense à l’horizon 2019, non seulement à cause de ses désaccords avec Rabat quant aux territoires marocains encore occupés par l’Espagne, mais aussi en raison des menaces sécuritaires représentées par des groupuscules terroristes.

 

Le budget de la défense espagnole estimée à 8 milliards de dollars en 2014, devrait enregistrer une croissance de l’ordre de 1,76% par an. Le pays portera ses dépenses en armement à 8,2 milliards de dollars d’ici 2019. Ce budget sera plafonné ainsi à une moyenne de 0,51% du PIB.

 

Le rapport intitulé "L’avenir du marché de la défense espagnol", nous apprend que Madrid devrait acquérir au cours de cette période notamment l’avion de transport militaire A400M S-80. L’Espagne veut aussi acheter le chasseur bombardier Eurofighter Typhoon, des hélicoptères d’assaut "Tigre" (franco-allemands), et des chars de combat allemands "Leopard".

 

Le sous-marin d’attaque à propulsion de type S-80, produit par Navantia, Société espagnole de construction navale, des équipements de cybersécurité et des drones, figurent également dans le programme d’armement espagnol au cours des cinq prochaines années.

 

Les prospections pétrolières menées par les deux pays au large de l’Atlantique, ont poussé l’Espagne à renforcer sa présence militaire dans les Iles Canaries en 2013, de peur qu’un conflit éclate avec le Maroc, en cas de découverte de pétrole dans la zone non délimitée entre les deux pays.

 

Le projet du Maroc d’acheter le sous-marin russe à la pointe de la technologie AMUR 1650, pour renforcer sa présence dans les eaux du détroit de Gibraltar et de la mer d’Alboran, dérangerait également au plus haut niveau l’Espagne.

 

L’état major de la marine espagnole observe avec inquiétude la base navale de Ksar Sghir, située près du port Tanger Med. Les trois corvettes de type Sigma commandées par le Maroc, en plus de la frégate de la classe FREMM, expliqueraient également la crainte de l’armée espagnole.

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10 juillet 2014 4 10 /07 /juillet /2014 20:55
ENA hors les murs, juin 2014

ENA hors les murs, juin 2014


10/07/2014 par Bernard Bajolet – Léon Blum 1975 – directeur général de la sécurité extérieure

 

Les bouleversements géopolitiques survenus depuis la fin de la Guerre froide ont conduit les Etats à repenser la place des services de renseignement dans nos sociétés. En France, plus qu’ailleurs peut-être, alors que les services étaient jusqu’alors déconsidérés et marginalisés, à partir de 2001, une série de décisions gouvernementales courageuses et la conduite d’une politique constante et clairvoyante dans le domaine du renseignement, ont amené nos autorités à recentrer progressivement les services de renseignement dans l’appareil d’Etat et à faire d’eux un instrument essentiel du processus décisionnel de politique étrangère et de sécurité nationale. Les services sont aujourd’hui des outils pertinents, efficaces et écoutés, ils contribuent pleinement à assurer la sécurité des Français et à protéger les intérêts de notre pays.

Par ce processus, au sein de l’Etat comme de l’opinion publique, la Direction générale de la sécurité extérieure, qui a la responsabilité du renseignement extérieur, a notamment gagné en confiance, en légitimité et même en image.

Au-delà des clichés véhiculés encore parfois par la littérature ou le cinéma, le renseignement extérieur relève d’une politique publique exigeante, aux objectifs clairement identifiés, recouvrant à la fois une réalité et des défis ambitieux, notamment dans le domaine du management et de la gestion des finances publiques, au regard d’un contexte budgétaire particulièrement contraint.

La DGSE, rattachée au ministre de la Défense, dispose d’un statut spécial qui lui assure une grande autonomie dans sa gestion comme dans ses opérations, dans le but notamment d’en préserver le caractère secret. L’autonomie et le caractère spécial du Service ne peuvent toutefois se concevoir sans le contrôle de nos autorités politiques et l’établissement de priorités clairement établies par elles, inscrites dans le Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale et déclinées pour les services de renseignement dans un Plan national d’orientation du renseignement (PNOR).

Dès 1940, la création ex nihilo par le général de Gaulle d’un service de renseignement de la France Libre (connu sous le nom de Bureau central de renseignements et d’action - BCRA)  a préfiguré, sur des bases originales et pragmatiques, l’organisation des services qui lui ont succédé, le SDECE puis la DGSE. En effet, il demeure aujourd’hui, au sein de la DGSE, une part du BCRA, qui contribue à son identité et à son originalité.

Je pense à deux principes d’organisation essentiels : la DGSE d’aujourd’hui, comme le BCRA d’hier, est un service de renseignement intégré. Il réunit en un seul service les capacités nécessaires au recueil du renseignement (humain, technique et opérationnel), à son analyse, à sa diffusion, et à l’action clandestine (l’entrave). Ensuite, la DGSE est un service « civil », au sens où il est rattaché à l’autorité politique civile et distinct de tout état-major militaire.

Ces principes d’organisation constituent la spécificité de la DGSE, une originalité dont elle tire sa réactivité et des atouts majeurs par rapport à ses homologues dans le monde, parfois mieux dotés en termes d’effectifs ou de budgets.

Cette « fusion » du renseignement issu de toutes origines, couplée de surcroit à une capacité d’entrave, assure en effet le maximum d’efficacité de la DGSE par rapport à ses ressources, comparativement plus faibles ou à peu près équivalentes comparées à ses principaux partenaires européens que sont respectivement les services de renseignement britanniques (SIS et GCHQ) et allemand (BND).

Faire fonctionner un service de renseignement selon le principe de l’intégration et de la fusion du renseignement est un défi permanent pour son directeur général. Car il faut pouvoir faire travailler ensemble des directions et surtout des hommes et des femmes aux cultures, méthodes, procédures et langages différents. Pour d’évidentes raisons sociologiques, il est naturellement toujours plus confortable de travailler au quotidien entre soi et de ne pas se confronter à « l’autre ». Mais cette attitude, qui pousse à un travail en silo, renforcé par nos normes de cloisonnement, doit être combattue car la réactivité nécessaire à un service de renseignement est directement liée à la libération des flux d’information entre les directions composant la DGSE.

Aujourd’hui, c’est à un rapprochement de proximité auquel il est procédé, en adjoignant par exemple à la direction du renseignement des exploitants du renseignement technique. Ces hommes et ces femmes issus de directions différentes et aux compétences très éloignées mais complémentaires, sont réunis dans une même pièce pour assurer une exploitation optimale du renseignement obtenu et interconnecter la recherche humaine et la recherche technique, car l’une ne peut aller sans l’autre.

Le constat de l’interconnexion du renseignement humain et du renseignement technique dans un espace-temps réduit, conduit le Service à se doter de capacités de traitement, d’exploitation et d’analyse consolidées et proche du temps réel. Il ouvre ainsi la voie à un nouveau modèle d’organisation du cycle du renseignement et annihile de facto toute idée de création en France d’un service de renseignement technique indépendant, idée aujourd’hui financièrement insoutenable et contre-productive, d’autant que les capacités techniques sont aujourd’hui en partie mutualisées avec les autres services qui composent la communauté française du renseignement.

La pérennité de ce modèle, encore jeune, mais déjà étudié attentivement par un certain nombre de nos partenaires étrangers, passe immanquablement par l’échange d’expérience et le mixage de cultures, de métiers et de talents différents, fédérés autour de méthodes de travail, règles éthiques et déontologiques, et objectifs communs.

« Il n’est de richesse que d’hommes » disait Jean Bodin au XVIème siècle, et j’ajouterais, à la DGSE peut-être plus qu’ailleurs. Pour souligner toute l’importance que nos autorités accordent à la fonction de renseignement, la DGSE est l’une des rares administrations de l’Etat, en tout cas parmi celles qui relèvent du ministère de la Défense, dont les effectifs continuent d’augmenter.

Cette augmentation des effectifs est certes relative mais riche de signaux. Le budget est à ce jour préservé bien que contraint. Après avoir augmenté de plus de 50% sur la période 2009-2013, le budget du Service suit désormais une courbe qui se rapproche de l’asymptote. Mais ce sont plus de 616 équivalents temps pleins travaillés (ETPT) qui ont été créés au cours des cinq précédentes années,  et encore 284 ETP nets supplémentaires attendus d’ici à 2018.  

La DGSE compte à ce jour 6000 personnels (dont ceux du Service Action), dont il faut souligner la diversité statutaire (27% de militaires, 50% de fonctionnaires civils, 23% de contractuels), et leurs talents multiples mais tellement complémentaires (analystes, officiers de renseignement, linguistes, ingénieurs télécom, crypto-mathématiciens, techniciens du signal, etc).

Il me paraît en outre opportun de souligner dans cette revue les efforts produits par le Service au cours des dernières années pour réformer son encadrement supérieur civil et le doter d’une force de management adaptée. Cette réforme est entrée en vigueur le 1erjanvier 2011.

Elle se caractérise tout d’abord par la création du corps des administrateurs de la DGSE (85 administrateurs à ce jour) doté d'une structure et d'un échelonnement indiciaire calqués sur celui des administrateurs civils. Cet alignement permet au corps d'encadrement supérieur de la DGSE de disposer du même développement de carrière que les autres corps d'encadrement supérieur de l'Etat et a ouvert des perspectives de mobilité réciproque que ne permettait pas le statut antérieur.

Cette réforme a donné lieu à une refonte du mode de recrutement qui d'un recrutement par promotion interne, au choix, se décline désormais sous deux formes : un accès direct au corps à l'issue de la scolarité à l'Ecole Nationale d'Administration  (deux élèves de l’ENA ont été recrutés à ce titre à l’issue de leur scolarité, le premier en 2012 et le second en 2014), et une sélection interne, dont les modalités sont directement inspirées de celles du recrutement des administrateurs civils au tour extérieur, via un comité de sélection présidé par un membre du Conseil d'Etat.

Parallèlement à la création du corps des administrateurs, cette réforme a également permis au Service de réaligner ses emplois fonctionnels sur les standards de la fonction publique de l'Etat, tant dans la filière d’encadrement que dans la filière expertise. Ce réalignement garantit, à la fois, aux membres du corps des administrateurs de la DGSE des perspectives de débouchés de carrière équivalents à ceux des autres corps d'encadrement supérieur et, pour les membres de ces corps, des conditions attractives de mobilité entrante à la DGSE.

C’est aujourd’hui à une autre réforme que le Service doit se consacrer, celle du statut autonome des personnels civils de la DGSE. En effet, c’est une loi de 1953 qui place le personnel civil de la DGSE hors du champ d'application du statut général des fonctionnaires et confère au pouvoir réglementaire la capacité de fixer les normes statutaires applicables à cette catégorie d'agents publics.

Ce statut autonome, défini par un décret de 1967, contient des dispositions n'ayant pratiquement pas évolué depuis son entrée en vigueur. Celles-ci présentent une inadéquation croissante avec les évolutions tant de la fonction publique, que de la société. Le projet de refonte, en cours d'instruction interministérielle, devrait s'articuler autour des axes suivants :

- la redéfinition des droits et obligations des agents pour garantir un équilibre légitime et une meilleure opposabilité juridique, tout en réaffirmant les points fondateurs du statut autonome propre à un service de renseignement (prééminence de la sécurité du Service et de ses activités, interdiction du droit syndical et du droit de grève, organisation de la gestion des carrières compatible avec la conduite des missions opérationnelles du Service, etc) ;

- la mise en œuvre de protections spécifiques répondant aux exigences et aux risques des missions de renseignement extérieur ;

- le développement d'instances de concertation spécifiques avec des représentants élus du personnel permettant l'instauration d'un véritable dialogue social au sein du Service.

Tous ces efforts et investissements seraient vains s’ils n’étaient pas mis à la disposition de l’ensemble de la communauté française du renseignement, pour son plus grand profit. L’ampleur, la rapidité et la complexité des évolutions technologiques majeures ont conduit à renforcer les moyens techniques des services français de renseignement, mais aussi à innover dans leur gouvernance. En effet, plutôt qu’un émiettement des budgets et des compétences, c’est une solution de concentration des investissements techniques affectés au renseignement qui a été décidée, pour que les outils souverains de notre pays atteignent une masse critique.

Les infrastructures techniques les plus gourmandes en budgets et en hommes sont développées et opérées par des personnels de la DGSE au profit de l’ensemble de la communauté française du renseignement, et désormais mutualisées ou en voie de l’être. Cette mutualisation des capacités fait l’objet d’une gouvernance formalisée et arbitrée dans des instances de pilotage associant l’ensemble des services participants afin d’assurer un contrôle rigoureux de l’emploi des moyens humains et financiers consentis. De surcroît, la mutualisation stimule la coopération et la convergence méthodologique entre services français de renseignement.

Ce modèle intégré propre à la DGSE a fortement contribué à un certain nombre de succès récents, sur lesquels il est malheureusement impossible de communiquer, mais ils sont évidemment encourageants pour l’ensemble du personnel de la DGSE.

Un service de renseignement comme la DGSE ne peut toutefois se poser comme outil légitime pour assurer la sécurité des Français que si le lien qui les unit est fondé sur la confiance. Nos concitoyens doivent avoir l’assurance du caractère démocratique de la DGSE, et de son cadre d’action parfaitement conforme aux droits français et européen, et qui ne peut, en aucun cas, être assimilé à un “big brother” comme je peux parfois le lire. Ainsi, les allégations dans la presse selon lesquelles notre Service « espionnerait de façon excessive les Français sans aucun cadre légal » ont profondément choqué les agents de la DGSE qui sont soucieux du respect de la loi française et de l’état de droit. La DGSE, je le rappelle, ne procède à aucune interception des communications échangées sur le sol français, en dehors du cadre de la loi de 1991.

La nécessaire confiance entre les services de renseignement et la Nation passe dorénavant par un contrôle adapté et renforcé par le Parlement. La DGSE se soumet sans réserve au regard vigilant des membres de la Délégation parlementaire au renseignement qui contrôlent ainsi l’action du gouvernement dans le domaine du renseignement, l’utilisation des crédits votés et l’activité générale des services. Ce contrôle contribue à la protection par les services des intérêts fondamentaux de la Nation. En même temps, il marque la reconnaissance du métier du renseignement et de sa place au cœur de notre démocratie.

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10 juillet 2014 4 10 /07 /juillet /2014 15:55
Les ministères mis au régime en 2015

 

09/07/2014 Capital.fr (Reuters)

 

Les dépenses des ministères français diminueront de 1,8 milliard d'euros et leurs effectifs de 1.177 personnes en 2015, selon le document d'orientation des finances publiques transmis mercredi par le gouvernement aux députés.

La Défense, l'Ecologie et Bercy seront les plus touchés. Les moyens de l'Education nationale, la Recherche, la Justice, les Affaires sociales et l'Intérieur seront confortés conformément aux priorités affichées depuis le début du quinquennat.

 

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10 juillet 2014 4 10 /07 /juillet /2014 11:55
Nouvelles menaces sur le budget de la défense

 

09/07/2014 Par Jean Guisnel - Défense ouverte / Le Point.fr

 

Six milliards d'euros provenant de la vente de bijoux de famille des armées devraient abonder le budget militaire. Mais rien n'est fait...

 

Quand c'est fini, ça recommence ! Malgré les assurances présidentielles réitérées, y compris le mois dernier après une nouvelle passe d'armes intragouvernementale entre le ministère de la Défense d'un côté et Bercy et Matignon de l'autre, le budget de la défense se trouve de nouveau sur la sellette. Cette fois, pourtant, la Défense était prévenue et la menace bien réelle était identifiée de longue date. Et pour cause ! Pour faire passer au forceps la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, le ministère de la Défense avait vendu la peau d'un ours avant de l'avoir tué.

 

Il s'est agi d'intégrer par avance au budget le produit de ventes non encore réalisées : celles de biens immobiliers des armées, mais surtout de la cession aux enchères aux opérateurs téléphoniques d'une bande de fréquences radio jusqu'alors réservée aux militaires, celle des 700 MHz. Cette "fréquence en or", qui permettra des usages innovants de la téléphonie mobile, doit être mise en vente par l'État. Ce dossier est surveillé (de très près) par l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), dont Jean-Claude Mallet, conseiller d'État et principal conseiller du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, fut naguère le président. C'est dire si cette affaire a été gérée en connaissance de cause par l'hôtel de Brienne.

 

Parlementaires alarmés

 

Or il semble bien que cette attribution par avance au budget de la défense de sommes dont le gouvernement ne dispose pas encore pose de très sérieux problèmes. On parle ici de sommes considérables : 6,1 milliards d'euros sur la période 2014-2019, dont 1,77 milliard d'euros en 2014, autant en 2015, et 1,25 milliard d'euros en 2016. Pour 2014, les ressources proviendraient de cessions immobilières, les années suivantes étant concernées par cette vente de fréquences.

 

Des membres des deux commissions spécialisées dans les affaires militaires de l'Assemblée nationale et du Sénat se sont réunis pour lancer un cri d'alarme. Cinq parlementaires sont intervenus : Patricia Adam, présidente socialiste de la commission de la Défense de l'Assemblée, et son collègue Jean-Jacques Bridey ; la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat était représentée par son président Jean-Louis Carrère et son collègue socialiste Daniel Reiner, ainsi que par Jacques Gautier (UMP).

 

700 MHz, la fréquence en or

 

La démarche n'est pas si fréquente et elle doit être notée : la crainte d'une compression budgétaire considérable du budget militaire est d'autant plus sérieuse que ces ressources sont certes mentionnées dans la loi, qui ne prévoit aucune solution pour le cas où celles-ci ne seraient finalement pas disponibles.

 

Dans leur communiqué, les parlementaires notent que "les documents administratifs et financiers recueillis par les députés et les sénateurs à l'occasion de leurs contrôles font apparaître que les recettes de cession des fréquences de la bande des 700 MHz ne seront pas disponibles avant, au mieux, la fin 2015. Ce décalage de calendrier crée un manque de 1,5 milliard d'euros pour financer l'exécution de la loi de programmation militaire en 2015, en particulier le programme d'équipement des forces armées." Le 15 juillet, une mission conduite par l'Inspection générale des finances doit rendre son rapport sur le respect de la LPM votée en décembre 2013. Il sera alors temps de voir à quelle sauce le budget de la défense sera cuisiné. Il existe des risques sérieux qu'il ait réduit à la cuisson...

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 17:49
Loi de programmation militaire 2014-2019 : conclusions du contrôle sur pièces et sur place

 

09/07/2014 Sénat
 

Entretien avec Jean-Louis Carrère (Soc - Landes), Président de la commission des Affaires étrangères et Jacques Gautier (UMP - Hauts-de-Seine), Vice-Président de la commission des Affaires étrangères.

 

 

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 16:59
L'aéronautique, une exception française menacée ?

 

09/07/2014 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

À l'heure de la mondialisation, l'aéronautique française fait figure de modèle et tire vers le haut une filière d'excellence. Mais les menaces de coupes sur les dépenses militaires inquiètent les grands industriels qui rappellent la dualité entre la défense et le civil. Alors que l'emploi dans l'industrie et la compétitivité ont été décrétés grandes causes nationales, voici quatre pistes pour la faire rester en France, alors que certains sont tentés par l'appel du large.

 

"Retenez-moi ou je fais un malheur..." C'est en substance le message des industriels de l'aéronautique envoyé en mai dernier à François Hollande et au gouvernement de Manuel Valls. Faute d'un investissement public minimum dans la défense et dans l'espace de l'État, les grands industriels de l'aéronautique (Airbus Group, Safran, Thales, Dassault Aviation...), qui cumulent tous des activités civiles et militaires dans leur périmètre, agitent la menace d'installer de plus en plus de capacités de production à l'étranger, et surtout de quitter la France.

« Les entreprises duales seraient contraintes de tirer les conséquences et accéléreraient leur mutation en privilégiant les activités civiles. Elles seraient alors soumises aux seules contraintes concurrentielles mondiales qui placeront l'équation nationale au second plan », avaient écrit en mai dernier au président de la République les PDG des sept plus grands groupes de défense français (Airbus Group, Safran, Thales, Dassault Aviation, DCNS, Nexter et MBDA) lorsque Bercy et Matignon voulaient sévèrement rogner le budget de la défense.

Point de salut sans un ancrage national c'est-à-dire des espèces sonnantes et trébuchantes - pour cette industrie, qui pèse de tout son poids dans l'économie française.

« On ne peut pas faire des économies sur un secteur qui marche en France », estime le président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), Marwan Lahoud, dans une interview accordée à La Tribune.

En 2013, le chiffre d'affaires des entreprises du Gifas s'est élevé à 47,9 milliards d'euros, en augmentation de 9 %, à périmètre constant. La part à l'exportation (30,4 milliards), qui a connu une très forte progression (+ 11,4%), représente 79% du chiffre d'affaires consolidé. En termes de prises de commandes, 2013 a été une « année record » avec 73,1 milliards d'euros de prises de commandes, soit un bond de 49% par rapport à 2012, principalement grâce au secteur civil. Le carnet de commandes global représente entre cinq et six années de production. Cette industrie a donc "besoin de stabilité dans les programmations et d'une vision de long terme. Nous sommes une industrie de cycle long, vulnérable aux atermoiements budgétaires et qui ne peut être la variable d'ajustement de tous les gouvernements", avaient expliqué les sept PDG.

Pour autant, comme l'explique le président du Gifas, l'État peut "supprimer d'un trait de plume des crédits du budget de la défense avec des conséquences qui sont gérées" par... les industriels. Ces derniers s'adapteront mais ils pourraient finir par s'exiler à force d'être maltraités.

 

Garder les centres de décision et de recherche en France

Cela va de soi mais c'est mieux en le disant : l'industrie aéronautique française restera performante tant qu'elle gardera des centres de décision et de recherche en France. C'est l'une des clés de la très belle « success story » de cette industrie depuis les années 1970.

"Quand un centre de décision se déplace à l'étranger, cela peut avoir des conséquences même si elles ne sont pas immédiates. C'est important de conserver de vrais centres de décision en France", expliquait récemment à La Tribune le PDG de Vallourec, Philippe Crouzet.

Ce qui est vrai pour le patron du leader mondial des tubes sans soudure, l'est également pour tous les PDG à la tête d'un groupe industriel.

Car, à l'heure de la mondialisation, l'industrie aéronautique est déjà très tentée d'aller produire de plus en plus près de ses clients. En Asie bien sûr, mais aussi dans les pays de la zone dollar, y compris aux États-Unis pour se protéger d'un euro trop fort (voir plus loin, notre point 4). Airbus, Safran, Thales le font déjà avec une relative prudence. Ces groupes prennent toutefois garde à ne pas fâcher l'État, les salariés et l'opinion publique. Surtout en cette période inédite de patriotisme économique.

Mais l'exemple du président du directoire de Schneider Electric, Jean-Pascal Tricoire, parti s'installer avec une partie de son état-major à Hong Kong, n'est pas passé inaperçu. Un rêve qui n'est plus aussi inaccessible pour ces groupes français. D'autant qu'ils sont de plus en plus internationaux - à l'image d'Airbus Group, de Thales et de Safran -, ainsi que les principaux sous-traitants de maîtres d'oeuvre français comme les équipementiers Zodiac, Lisi, Latécoère... Encore faut-il aussi que les industriels fassent leur boulot... d'industriels. Car, à l'heure où le dogme des 10% de bénéfice avant intérêts et impôts (Ebit en anglais) est devenu une loi d'airain dans l'industrie aéronautique (Airbus Group, Thales), les groupes pourraient réduire leurs investissements pour privilégier le court terme. C'est-à-dire les actionnaires et les marchés qui ont souvent une vision de très court terme.

Est-ce aussi un objectif attractif pour les futurs ingénieurs d'Airbus, les héritiers des pionniers qui ont écrit l'histoire de ce géant de l'aéronautique (plus de 140.000 salariés) en lançant des produits qui, en dépit de toutes les crises de gouvernance et économiques, se vendent aujourd'hui comme des petits pains ? EADS continuera-t-il demain de faire rêver ? Tout comme Thales et les autres ? En 2012, la recherche & développement représentait 13,9% du chiffre d'affaires des entreprises du Gifas, dont 60% sont autofinancés. Une réussite en grande partie grâce au crédit impôt recherche (CIR).

 

construction aéronautique 

 

Un coût du travail moins cher, une fiscalité stable

Le patron d'Airbus Group Tom Enders avait été très clair début 2013. Il était nettement agacé par le coût du travail en France. "Pour ce qui est du coût du travail - je ne parle pas des salaires directs - mais des charges sociales, si celles-ci continuent à augmenter, cela va nous poser un problème dans nos embauches en France", avait-il expliqué début 2013 à l'Assemblée nationale.

Et Tom Enders sait de quoi il parle puisque c'est l'un des plus gros employeurs en France avec 54.000 salariés environ dans l'Hexagone.

« Le coût du travail en Europe conjugué au coût de l'énergie, comparé aux États-Unis, sont des données importantes. Nous sommes une grande entreprise parce que nous sommes sur le marché mondial et pour être sur ce marché, nous devons être compétitifs », avait-il mis en garde le gouvernement français.

Des propos qui rejoignent complètement l'esprit de la lettre des sept PDG français, envoyée à François Hollande en mai dernier. Faute d'environnement économique favorable, Tom Enders serait tenté de mettre les voiles loin de la France et de l'Europe.

Certaines mesures lancées par le gouvernement sont toutefois très encourageantes pour les industriels. Notamment le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) décidé fin 2012, "même si le plafonnement des aides à hauteur de 2,5 Smic en réduit l'impact, pour la filière aéronautique, à celui d'une variation d'un centime de la parité euro-dollar",
a regretté Marwan Lahoud. Et de pointer du doigt les techniciens de Bercy qui ont "châtré la mesure" et qui sont "les champions de la punition des vertueux", a-t-il lâché pendant une conférence de presse. Ce n'est pas le cas du dispositif du crédit impôt recherche (CIR) encensé par Airbus Group. Le groupe européen consacre 20 % de son chiffre d'affaires en R & D, dont 7% autofinancés.

Soit 3 milliards d'euros, auxquels il faut ajouter encore 3 milliards d'euros en investissements industriels sur les sites d'Airbus pour soutenir la recherche et la production. "Nous n'aurions pas pu parvenir à un tel niveau sans le dispositif du CIR. Le CIR constitue un atout indéniable pour la compétitivité du territoire français", avait expliqué en octobre 2013 aux députés Marwan Lahoud. Et de préciser que le CIR "constitue une des clés du succès des activités françaises de R & D d'EADS et justifie la priorité donnée à l'installation de ces dernières en France".

Le Gifas a accueilli positivement le pacte de responsabilité et de solidarité. "Il représentera en 2016 un allégement de 300 millions d'euros pour l'aéronautique. Cela représente un peu plus de 2 % des frais de personnel pour la profession", a souligné Marwan Lahoud. Une goutte d'eau face aux 8,8 milliards d'euros versés pour les salaires et aux 4,4 milliards de charges sociales.

Enfin, les groupes du secteur veulent pardessus tout la stabilité fiscale. Elle "est très importante pour nous afin de disposer d'une visibilité suffisante pour lancer des projets", a rappelé Marwan Lahoud.

 

Un euro plus faible face au dollar

L'euro trop fort coûte très cher à l'industrie aéronautique. Une antienne reprise par tous les PDG des groupes aéronautiques. "Quand le dollar perd 10 cents face à l'euro, Airbus perd 1 milliard", avait coutume d'expliquer Louis Gallois, alors président d'EADS. Quand les coûts de fabrication sont libellés en euro, le prix des avions d'Airbus l'est en dollar. L'ancien commissaire général à l'investissement (Louis Schweitzer vient de lui succéder), nouveau président du conseil de surveillance de PSA Peugeot Citroën, a récemment averti qu'un euro "situé autour de 1,35-1,40 dollar peut étouffer la petite reprise à laquelle nous assistons". Et d'estimer que l'euro fort constitue un "vrai problème pour nos industriels".

Le président du Gifas a enfoncé le clou.

"À chaque fois que l'euro s'apprécie de 10 centimes face au dollar, cela efface 2 % de marge. Et 2 % de marge, cela peut faire la différence dans une compétition", a-t-il lancé lors de la présentation des résultats d'Airbus Group.

Les industriels ont beau lancer des plans d'amélioration de leurs performances, les variations du dollar face à l'euro en effacent les gains. Pour les entreprises, les couvertures euro-dollar pour se protéger contre les fluctuations des monnaies coûtent également extrêmement cher.

« Produire en zone dollar est une voie, a également expliqué Marwan Lahoud. Nous avons essayé de le faire, pas autant que cela pourrait l'être. À ce stade, cela pèse lourdement sur le compte de résultat, sur le bilan, non pas seulement de l'entreprise EADS, mais de toutes les entreprises du secteur, qui sont obligées d'acheter des couvertures sur les marchés financiers, ce qui leur coûte horriblement cher. »

Bref, en dépit de sa bonne santé, l'industrie aéronautique pourrait s'envoler un jour vers d'autres ciels plus cléments...

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 15:55
LPM 2014-2019 : les commissions Défense de l’Assemblée nationale et du Sénat alertent sur le manque de 1,5 milliard d’euros de REX en 2015

 

 

8 juillet 2014 senat.fr

 

La commission de la Défense nationale et des Forces armées de l’Assemblée nationale et la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat> ont aujourd’hui débattu des conclusions de leurs investigations sur les prévisions de ressources exceptionnelles (REX) de la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, à la suite des contrôles sur pièces et sur place auxquels elles ont <procédé, à Bercy, le 17 juin 2014, auprès du secrétariat d’État chargé du Budget, et à Bagneux, le 3 juillet 2014, dans les locaux de la direction générale de l’armement du ministère de la Défense>.

 

Ces travaux ont été menés en faisant usage, pour la première fois, des prérogatives qui sont conférées aux deux commissions par l’article 7 de la LPM 2014-2019. Ils ont été conduits, respectivement :

- pour la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, par Mme Patricia Adam (SRC., Finistère), présidente, et M. Jean-Jacques Bridey (SRC, Val-de-Marne), rapporteur pour avis des crédits du programme 146 « Équipement des forces » ;

- pour la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, par M. Jean-Louis Carrère (Soc., Landes), président, et MM. Daniel Reiner (Soc., Meurthe-et-Moselle) et Jacques Gautier (UMP, Hauts-de-Seine), rapporteurs pour avis des crédits du programme 146 « Équipement des forces ».

 

Les REX représentent une part non négligeable des ressources prévues pour la mission « Défense » : 6,1 milliards d’euros sur la période 2014-2019, dont 1,77 milliard d’euros en 2014 et, à nouveau, en 2015, et 1,25 milliard d’euros en 2016. En 2015 et 2016, la majeure part de ces ressources doit provenir de la mise aux enchères de la bande de fréquences hertziennes des 700 MHz, qui sera affectée à la téléphonie mobile.

 

Or les documents administratifs et financiers recueillis par les députés et les sénateurs à l’occasion de leurs contrôles font apparaître que les recettes de cession des fréquences de la bande des 700 MHz ne seront pas disponibles avant, au mieux, la fin 2015. Ce décalage de calendrier crée un manque de 1,5 milliard d’euros pour financer l’exécution de la LPM en 2015, en particulier le programme d’équipement des Forces armées.

 

Dans la perspective des débats à venir sur le projet de loi de finances pour 2015 et sur le projet de budget triennal pour 2015-2017, la commission de la Défense nationale et des Forces armées de l’Assemblée nationale et la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat entendent exercer toute leur vigilance sur les solutions que devra trouver le Gouvernement en vue de respecter la trajectoire financière de la LPM et les objectifs capacitaires et industriels, essentiels pour notre pays, qui lui sont attachés.

 

Le compte-rendu détaillé des travaux de chaque commission sera disponible sur le site de son assemblée.

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 07:45
Les raisons de l'impuissance du Nigeria face à Boko Haram

 

07/07/2014  Par Tanguy Berthemet – LeFigaro.fr

 

Que fait l'armée nigériane?

 

Autrefois pilier du régime, qui fut une dictature militaire jusqu'en 1999, les Nigerian Defense Forces (NDF) essuient les critiques pour leur incapacité à localiser les jeunes femmes ou même à mener des opérations efficaces contre Boko Haram. Un effort sans précédent a pourtant permis de pousser le budget de cette armée de 625 millions de dollars en 2010, à 6,25 milliards de dollars depuis 2012. Avec plus de 100.000 hommes, les NDF disposent des effectifs nécessaires. Mais sur le terrain rien n'a changé. «On ne sait pas si l'argent n'a pas été débloqué ou s'il n'est pas arrivé, mais l'armée manque de tout», constate un diplomate. Lors d'un voyage à Abuja, l'Américaine Sarah Sewall, sous-secrétaire d'État pour la Sécurité des civils, a dénoncé «la corruption qui empêche des équipements basiques comme les munitions ou les véhicules de transport d'atteindre la ligne de front du combat contre Boko Haram».

 

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4 juillet 2014 5 04 /07 /juillet /2014 16:55
photo EMA

photo EMA

 

03.07.2014 par Philippe Chapleau - Lignes de Défense

 

Le ministère de la Défense a annoncé les noms des sociétés retenus pour l'affrètement d'aéronefs destinés au transport aérien national ou international de passagers, de leurs bagages et/ou de fret pour les besoins urgent du Ministère de la Défense (Lot 1: Passagers, Lot 2: Fret, Lot 3: Fret Hors Gabarit).

 

Lot n°1 Intitulé : Affrètement d'aéronef(s) destiné(s) au transport aérien national ou international de passagers, de leurs bagages et/ou de fret pour les besoins urgent du Ministère de la Défense (Lot 1 : Passagers).
Il a été attribué à 7 sociétés : AVICO, NATIONAL AIR CARGO (Allemagne), ICS , MK PARTNAIR , CHAPMAN FREEBORN , AIRCRAFT CHARTERING SERVICES , AIR PARTNER.

 

Lot n° 2 Intitulé : Affrètement d'aéronef(s) destiné(s) au transport aérien national ou international de passagers, de leurs bagages et/ou de fret pour les besoins urgent du Ministère de la Défense (Lot 2 : Fret).
Le marché a été a été attribué à 7 Sociétés : LOSERT, AVICO, NATIONAL AIR CARGO (Allemagne), CHAPMAN FREEBORN, ICS, EFIS AIR, DB SCHENKER.

 

Lot n° 3 Intitulé : Affrètement d'aéronef(s) destiné(s) au transport aérien national ou international de passagers, de leurs bagages et/ou de fret pour les besoins urgent du Ministère de la Défense (Lot 3 : Fret Hors Gabarit).
Le marché a été attribué à 7 sociétés : LOSERT, AVICO, NATIONAL AIR CARGO, ICS, CHAPMAN FREEBORN, SDV, EFIS AIR.

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3 juillet 2014 4 03 /07 /juillet /2014 12:50
Blocage du budget des casques bleus: pour 500 $ de plus

 

03-07-2014 Karim Lebhour correspondant à New York - RFI

 

Le budget pour les casques bleus est bloqué à l’ONU par une dispute entre pays du nord et pays du sud. Les uns réclament plus d’argent, les autres ne veulent pas payer, alors que les opérations de maintien de la paix de l’ONU n’ont jamais été aussi nombreuses.

 

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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 15:50
First Sea Lord Warns New Aircraft Carriers Are Crucial

 

01.07.14 British Forces News

 

The First Sea Lord has called on the Government to ensure both new aircraft carriers being built for the Royal Navy come into full operational service.

 

Admiral Sir George Zambellas warned that without them Britain would not have a credible answer to global threats to maritime security.

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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 16:45
How Boko Haram is beating U.S. efforts to choke its financing

 

01 July 2014 defenceWeb (Reuters)

 

When Washington imposed sanctions in June 2012 on Boko Haram leader Abubakar Shekau, he dismissed it as an empty gesture.

 

Two years later, Shekau’s skepticism appears well founded: his Islamic militant group is now the biggest security threat to Africa's top oil producer, is richer than ever, more violent and its abductions of women and children continue with impunity.

 

As the United States, Nigeria and others struggle to track and choke off its funding, Reuters interviews with more than a dozen current and former U.S. officials who closely follow Boko Haram provide the most complete picture to date of how the group finances its activities.

 

Central to the militant group’s approach includes using hard-to-track human couriers to move cash, relying on local funding sources and engaging in only limited financial relationships with other extremists groups. It also has reaped millions from high-profile kidnappings.

 

"Our suspicions are that they are surviving on very lucrative criminal activities that involve kidnappings," U.S. Assistant Secretary of State for African Affairs Linda Thomas-Greenfield said in an interview.

 

Until now, U.S. officials have declined to discuss Boko Haram’s financing in such detail.

 

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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 11:55
Lettre d'information du G2S

 

Paris, juin 2014 La Saint-Cyrienne

 

"Finalement, à cette heure, nul ne sait si le budget des armées sera concerné par cette nouvelle vague d'économies imposée à l'Etat, alors que Bercy pèse de tout son poids pour qu'il le soit..."
(extrait du préambule du Général d'armée (2s) Jean-Marie FAUGERE, Président du G2S)
 

Vous trouverez la suite et le dossier relatif au budget de la Défense en lisant la "Lettre d'information du G2S, n°83"

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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 06:55
Carte des operations - juin 2014

Carte des operations - juin 2014


30.06.2014 par Philippe Chapleau - Lignes de Défense
 

Le premier semestre de 2014 se termine et l'enveloppe annuelle destinée aux opex est déjà vide. Mauvaise nouvelle certes mais qui n'a rien d'inattendu ! 

 

"On doit être à 400/450 millions pour les 4 premiers mois de l'année", précise-t-on dans l'entourage du ministre de la Défense... On se souviendra que la provision pour 2014 a été fixée à seulement 450 millions d'euros en loi de finances initiale et que ce n'est certainement pas le vote du budget rectificatif, demain mardi, qui va changer grand-chose.

 

Des raisons? L'opération Sangaris (RCA), lancée début décembre 2013, a en effet considérablement augmenté les dépenses opex pour 2014. Par ailleurs, le désengagement du Mali se poursuit mais sur un rythme plus lent qu'annoncé (Serval compte encore 1 600 hommes auxquels s'ajoutent ceux de Sabre). Au total, près de 7 000 militaires français sont actuellement déployés en opex. "Serval, Sangaris, Atalante, Finul, fin de l'Afghanistan" énumère-t-on au ministère de la Défense pour expliquer ces coûts et surcoûts.

Les dépassements sont désormais chroniques comme le démontrent le tableau ci-dessous et les chiffres suivants: en 2013, le poste opex a représenté une dépense effective de 1,257 milliard d'euros, alors qu'en LFI, 630 millions avaient été budgétés.

 

 

A vot' bon coeur... L'enveloppe budgétaire consacrée aux opex pour 2014 est vide

 

Solidarité. La Défense va donc devoir compter sur la solidarité interministérielle jusqu'à la fin de l'année pour régler la facture des opex. Ce principe est désormais inscrit dans la LPM et c'est un progrès, même si le taux de couverture n'est pas précisé. Et puis il faudra compter avec Bercy qui" conteste tout" ironise un député.

 

Quelle facture à la fin de l'année? "Nous verrons", dit-on à l'hôtel de Brienne. Les projections pour 2014 "n'ont été ni estimées ni rendues aux parlementaires". Mais du côté des commissions, on parle d'un total de 1,5 milliard.

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26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 16:55
Du bon usage de la Défense comme accélérateur de croissance

--- et non pas comme simple variable d’ajustement

 

26/06/2014 Philippe Folliot, Député du Tarn,Secrétaire de la commission de la défense et des forces armées, Contre gouvernement UDI - .lenouveleconomiste.fr

 

L’enjeu d’une politique industrielle ‘agressive’ de défense va en effet bien au-delà d’une simple défense de protection du territoire et de quelques opérations externes

Alors que la majorité des Français revendiquent leur attachement aux forces armées, comme est venu le rappeler un récent sondage réalisé par IFOP pour Atlantico, la communauté de la défense se retrouve, une fois de plus, en position d’accusée.

 

Malgré la tenue d’un Conseil de défense, appelé de ses vœux par le président de la République, qui avait pourtant dit et redit sa volonté de sanctuariser la Loi de Programmation Militaire (LPM) votée il y a six mois à peine, tous les indices de réduction du budget de la défense mis en évidence dans le débat public ces derniers jours ne sont pas totalement levés.

 

Pourtant, la LPM, qui décline pour les cinq prochaines années les orientations budgétaires, les ambitions stratégiques et les choix capacitaires de la France, méritent une plus large concertation avec la Nation.

 

Alors même que l’exécution de la LPM est déjà sujette à caution, notamment compte tenu des perspectives quelque peu divinatoires en matière des ressources exceptionnelles qu’elle induit (notamment quant aux ventes de Rafales ou sessions de fréquences) – à hauteur elle aussi exceptionnelles de 6 milliards d’euros – il conviendrait de saisir la nouvelle opportunité que nous offre la mobilisation de la communauté de la défense, préoccupée par les coupes budgétaires prédites, pour en mettre en exergue le formidable moteur de croissance qu’elle constitue pour l’économie française.

 

Etrange paradoxe !

 

Inacceptable situation même, alors que les militaires et personnels civils de la défense continuent à lutter activement et avec abnégation contre les déficits publics.

 

Les Français sont d’ailleurs reconnaissants des efforts fournis par nos forces armées pour la modernisation et la rationalisation de l’Etat : 68% de nos concitoyens considèrent que les efforts demandés aux armées pour réduire les déficits publics (suppression d’effectifs, diminution des budgets, fermetures de bases…) au cours de ces dernières années ont été significatifs.

 

En 2017, ce seront, en effet, 84 000 emplois directs que le Ministère de la Défense aura perdu en dix ans, sachant que cet effort représente déjà à lui seul 58 % des baisses d’effectifs de la fonction publique d’État.

 

Dans une France métropolitaine vivant heureusement en paix depuis plusieurs décennies, on n’a eu de cesse de réduire les sujets liés à la défense à la question – hypothétique – de la protection du territoire contre une éventuelle menace extérieure ou, par défaut, à quelques opérations militaires éloignées du territoire européen, avec la difficulté, parfois, d’en justifier la légitimité ou la faisabilité devant les Français. C’est le cas aujourd’hui avec la RCA, c’était le cas hier au Mali et en Afghanistan.

 

C’est une dimension importante de la défense nationale, certes ; mais toutefois elle ne saurait réduire le débat à ses seules dimensions protectrice et coercitive, sous le double faisceau de la légalité onusienne du « devoir de protéger » et la légitimité de l’engagement de nos forces pré-positionnées sur le continent africain.

 

En effet, la défense recouvre en France des enjeux industriels impactant de nombreuses dimensions de notre société, notamment dans le cadre du développement de l’attractivité économique de notre pays.

 

Parallèlement, on constate, d’une part, une demande tendant à davantage de mutualisation en matière de défense et de projets industriels d’armement au niveau européen (88%), d’autre part, la nécessité de maintenir le niveau actuel des commandes de matériel militaire car l’avenir de nombreuses entreprises et de leurs salariés en dépend (78%).

 

Faut-il rappeler au moment de l’incontournable Salon international de l’armement terrestre Eurosatory qui se tiendra du 16 au 20 juin à Villepinte, que le secteur de l’armement est, en France, l’un des principaux fleurons industriels, notamment en termes de performance et d’excellence technologique. Depuis plusieurs années, la France est ainsi le cinquième exportateur mondial après les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne et désormais la Chine.

 

C’est en partie du fait que le chiffre d’affaires annuel de l’industrie française de l’armement présente près de 15 milliards d’euros dont 5 milliards à l’export, que sept présidents parmi les plus importantes sociétés industrielles de défense et d’armement (EADS-Airbus Group, MBDA, DCNS, Dassault Aviation, Nexter, Thales et Safran) ont tenu à rappeler au Président de la République ses engagements.

 

Balance commerciale, R&D et synergies civiles

 

L’enjeu est de taille afin que la France ne se retrouve pas dans une situation d’inexorable décrochage technologique et de déclassement qui menacerait in fine non seulement sa souveraineté mais également sa compétitivité.

 

Faut-il aussi rappeler que le secteur industriel de défense a une incidence non négligeable sur l’équilibre de la balance commerciale. Le secteur industriel de défense demeure, par son caractère dual, notamment au niveau de l’industrie aéronautique, spatiale, optronique et de l’électronique de défense, le premier secteur exportateur français, avec un excédent commercial depuis 2010 de, peu ou prou, 18 milliards d’euros apportés chaque année à la balance commerciale française.

 

C’est aussi un secteur qui irrigue l’ensemble du tissu industriel français, qu’il s’agisse des grandes entreprises, des ETI et des PME, porteuses de fructueuses synergies dans les domaines civils – dans le domaine des matériaux, composants électroniques, avioniques, aéronautiques, spatiaux et dans le domaine de la robotique.

 

Les industriels de défense ont eu raison de rappeler au Président de la République qu’en investissant constamment dans le tissu industriel français, ce sont près de 15% du chiffre d’affaires des industries de défense qui sont ainsi investis en matière de Recherche et Développement (R&D).

 

Le secteur industriel de l’armement, en plus d’être performant et économiquement profitable, est sans doute également l’un des derniers où l’état français a encore les moyens de mener une véritable politique industrielle sur le long terme. C’est ainsi une R&D de défense qui irrigue l’ensemble du tissu industriel français et européen depuis des décennies.

 

Qui plus est, en France, l’Etat est l’un des principaux actionnaires des grands groupes industriels de l’armement qui figurent également parmi les plus importantes sociétés européennes de ce secteur : 15% d’EADS qui détient notamment 46% de Dassault aviation ; 27% de Thales ; 30% de Safran ; 74% de DCNS ; 100% de Nexter…

 

Nous avons tout intérêt à mener une politique industrielle de défense ambitieuse, voire d’impulser une dynamique de politique industrielle de défense européenne, comme nous y incitent 88% des Français, ainsi que l’indique le sondage IFOP.

 

Le besoin est d’autant plus criant qu’avec la crise financière, les quelques 4 000 PME françaises qui interviennent régulièrement dans le secteur de la défense se trouvent aujourd’hui dans une situation critique, alors que la base industrielle et technologique de défense (BITD) française représente 165 000 emplois directs – dont un tiers impliqué dans le secteur des exportations (50 000 emplois directs) et presque autant d’emplois indirects.

 

En estimant donc que l’ensemble des ressources humaines du ministère de la défense représentera 260 000 hommes à l’horizon 2019, l’on peut considérer qu’environ 600 000 personnes travaillent pour la défense ou dans le secteur de l’armement. A titre de comparaison, le secteur de l’automobile représente environ 700 000 emplois en France.

 

Le poids social lié à la défense est donc loin d’être négligeable. Il conviendrait de le prendre en compte, avec lucidité, comme un formidable outil de croissance et non en le dépeignant comme un constant facteur d’ajustement, d’autant plus facilement ajustable que les militaires, en garants scrupuleux de leur mission de service public, ne manifestent pas leur mécontentement en battant le pavé, du moins pas encore…

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26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 13:55
Economies : la Défense à l’heure des choix.

 

26 juin 2014 Par Roland Greuzat (Kerzagreu)

 

Un ministre totalement décomplexé

 

Le ministre de la Défense, Jean Yves le Drian, s’émeut à juste titre de la réduction des dépenses qui risque de lui être imposée et des coupes franches qu’il risque de devoir faire dans les programmes si d’aventure il n’arrive pas à faire fléchir Manuel Valls d’abord et Bercy dans la foulée…. Le Président, manifestement, il s’en charge. Et il ne manque pas d’arguments : ceux des autres et les siens propres. Premier avertissement la mise en garde accompagnée d’une menace de démission éventuelle des Chefs d’Etat Major des trois armes, du jamais vu, de l’impensable, ensuite celle que fait planer le ministre lui même. Et une menace de démission de Jean Yves le Drian est un élément crédible à mettre dans les plateaux de la balance : il garde, chevillée au corps, l’envie de retourner à la présidence de sa région bretonne (si tant est qu’il l’eut jamais quittée, Pierrick Massiot fait toujours figure d’intérimaire) surtout à l’heure où le « remembrement régional » se dessine à grand traits avec un accroissement territorial actuellement à géométrie variable selon les jours et les rumeurs et surtout un accroissement plus que certain des compétences.

 

Suite de la tribune

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24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 16:50
Suisse : Le sort des vieux Tiger encore en suspens

 

24.06.2014 Romandie.com ( ats )

 

Le sort des vieux avions de combat Tiger que devaient remplacer les Gripen reste encore ouvert. Le ministre de la défense Ueli Maurer va encore attendre avant de s'en débarrasser, a-t-il fait savoir devant la commission de la politique de sécurité du National.

 

Avant de trancher, le conseiller fédéral va présenter son projet réforme de l'armée, qu'il va revoir après le rejet des Gripen par le peuple le 18 mai. Il devrait aussi éclaircir la question d'une adaptation technique des Tiger, comme l'a fait le Brésil.

 

Certains ont évoqué cette piste pour assurer assez d'avions à l'armée après la votation sur le Gripen. La question n'a pas été abordée en commission, a précisé son président Thomas Hurter (UDC/SH) devant la presse. Mais elle pourrait revenir sur le tapis à la fin de l'année.

 

La commission veut aussi connaÎtre la stratégie d'Ueli Maurer en matière d'aviation militaire. En attendant, elle propose au plénum, par 20 voix contre 3, de ne pas donner son blanc seing à la mise hors service des 54 Tiger et 258 chars ainsi de 96 chars Léopard et 162 obusiers blindés M109.

 

Elle avance aussi, à l'instar du Conseil des Etats, des raisons formelles. Selon la loi actuelle, il n'appartient en effet pas au Parlement mais au Département fédéral de la défense de prendre de telles décisions.

 

Programme d'armement accepté

 

Le programme d'armement 2014, devisé à 771 millions, n'a quant à lui pas donné de souci à la commission, qui l'a avalisé par 18 voix contre 1. Une proposition de non-entrée en matière, visant un moratoire après le refus du Gripen, a été rejetée par 22 voix contre 1.

 

Le poste le plus important du programme (440 millions) est destiné à l'achat de 3200 voitures combi 4x4 Mercedes à 5 portes. Une minorité (15 voix contre 6) souhaite un montant moins élevé pour ce poste. Par 16 voix contre 3, la commission soutient l'acquisition de douze véhicules porteurs et de pose de ponts pour 179 millions.

 

Un crédit de 120 millions servira à l'achat de matériel informatique pour un centre de calcul qui sera intégrée dans le Réseau national de conduite. Enfin, le Conseil fédéral a demandé 32 millions pour 106 simulateurs de tir au laser.

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 12:56
Clôture de la session nationale de l’IHEDN - Allocution du général d'armée Pierre de Villiers

 

23/06/2014 Allocution du général d'armée Pierre de Villiers à l'Ecole militaire, le 19 juin 2014.

 

Note RPDefense : mise en gras, soulignement et ajout des liens/tags par mes soins.

 

Mon général, mon cher Marc,

 

Mesdames, messieurs,

 

C’est un réel plaisir pour moi d’être parmi vous aujourd’hui : je garde un excellent souvenir de mon année à l’IHEDN au sein de la 56èmepromotion, la meilleure bien sûr.

 

L’IHEDN, c’est une synthèse originale, entre des auditeurs venus de tous horizons professionnels, sans s’être choisis, pour croiser leurs expériences, confronter leur réflexion, remettre en cause leurs certitudes, et avancer ensemble. Le premier atout de l’IHEDN, c’est sa richesse humaine. C’est ce creuset singulier.

Mais l’IHEDN est bien plus que cela. Il a vocation à rayonner dans notre société, pour éveiller les esprits sur les enjeux de notre défense. Le second atout de l’IHEDN, c’est son potentiel de rayonnement, et ce potentiel, c’est chacune et chacun d’entre vous.

Pour ces deux raisons, sa richesse humaine et son potentiel, mis au service de notre défense, je crois en l’IHEDN. Continuez à partager vos analyses, à créer, à proposer, à faire vivre vos réseaux !

Aujourd’hui, je ne vais pas reprendre ce que vous avez reçu toute l’année. Je voudrais plutôt vous parler de mes préoccupations de chef d’état-major des armées.

 

Outre les relations internationales militaires, qui constituent une dimension transverse de mes activités, en tant que CEMA, j’ai en réalité deux grandes responsabilités.

 

La première est opérationnelle : je suis responsable de la planification et la conduite des opérations militaires et conseiller militaire du gouvernement. A ce titre, je valide les options militaires préparées par mon état-major et les soumets à l’autorité politique, puis j’en supervise la mise en œuvre, sous l’autorité directe du Président de la République. Cette responsabilité concerne l’ensemble de nos forces, nucléaires et conventionnelles, en métropole, outremer et sur tous nos théâtres d’opération : le soleil ne se couche jamais au centre de planification et de conduite des opérations de l’état-major des armées !

 

Ma deuxième responsabilité est capacitaire. Je suis responsable de la programmation militaire, c’est-à-dire de la préparation, de la mise en condition et du soutien des capacités de nos armées, en particulier du personnel, de l’équipement et des infrastructures. C’est une responsabilité qui m’engage au présent, et vis-à-vis de l’avenir. Je suis en effet chargé d’exprimer le besoin de nos armées en termes de capacités, de m’assurer de la prise en compte de ce besoin, puis de coordonner, avec la DGA et les armées, la mise en service des capacités dans les forces.

 

Au regard de ces deux responsabilités, je constate que nous avons encore de belles armées, des armées engagées, des armées qui protègent et qui gagnent, des armées reconnues à l’international. Nos alliés saluent notre leadership et nos capacités. Je peux vous le dire : depuis 4 mois que je rencontre mes homologues européens, américains, africains, arabes et asiatiques, c’est toujours une vraie admiration pour l’audace de notre stratégie, la qualité de nos soldats, et leurs prouesses sur le terrain. Mais, dans le même temps, nos armées abordent une nouvelle phase de leur transformation, une phase délicate au regard de l’ambition, des ressources, et de la situation présente de nos armées.

 

C’est de cela, les opérations et la transformation, dont je voudrais vous parler. Mon objectif est de vous donner la photo la plus exacte possible des armées telles que je les perçois, après 4 années en tant que major général des armées, et 4 mois après avoir pris mes fonctions de chef d’état-major des armées. Je le ferai de manière concrète, en partant des faits. A travers cela, vous comprendrez ma vision et mon ambition pour nos armées.

 

***

 

Les opérations, d’abord.

Quelques chiffres, pour fixer les idées, et je m’en excuse, mais il faut bien planter le décor.

A l’heure où je vous parle, plus de 20 000 militaires sont déployés hors de la métropole, dont 7 500 dans 26 opérations extérieures, sur 4 continents et sur tous les océans. Ils y participent à la résolution des crises, à la protection des populations civiles et de nos ressortissants, et à la défense de nos intérêts. Les autres préparent et soutiennent ces opérations ou y contribuent directement, depuis nos bases prépositionnées, outremer et à l’étranger, en Afrique et aux Emirats arabes unis.

 

Dans le même temps, les armées tiennent la posture de dissuasion, protègent le territoire national et surveillent ses espaces aériens et maritimes. Elles recueillent du renseignement, contrôlent des espaces et des flux d’intérêt stratégique, et préparent les engagements futurs. En 2013, chaque jour, environ 2 500 militaires ont été engagés en permanence dans la protection du territoire national, dont environ 1 000 au titre du seul plan Vigipirate et 1500 pour les activités permanentes de protection du territoire : postures permanentes de sûreté aérienne et maritime, lutte contre l’orpaillage clandestin en Guyane, prévention des feux de forêt, et autres missions intérieures.

 

10 000 militaires en moyenne ont été engagés en opération extérieure sur les 10 dernières années, 13 500 au plus fort de l’année 2011, mais pour parer aux imprévus et agir, dans l’urgence si besoin, il faut disposer d’une réserve de forces identifiées, capables de monter en puissance à temps, et de se régénérer à temps. C’est le principe des contrats opérationnels des armées, qui définissent les capacités nécessaires à différents scénarios d’emploi ; contrats qui sont loin de se résumer à des effectifs mais qui englobent, plus largement, des capacités de projection et de soutien, notamment aériennes et navales. La réalité n’est jamais rigoureusement conforme aux probabilités, mais nos hypothèses de planification fournissent une base de travail réaliste et modulable. S’agissant du contrat dit « majeur », notre contrat le plus exigeant, nous l’avons approché en 2011, lors du pic d’activité dû au cumul des opérations d’Afghanistan, de Côte d’Ivoire et de Libye, sans oublier notre contribution à la gestion de la crise de Fukushima et à l’évacuation des ressortissants français et européens en Égypte, en Tunisie et en Libye.

 

Le volume et la nature des capacités correspondant à ces contrats intègrent le besoin de

relever les forces déployées, car les opérations modernes durent. Nous sommes au Liban depuis 1978, au Tchad depuis 1986, en Afghanistan depuis 2001. Enfin, les contrats opérationnels incluent des forces de réaction immédiate lorsqu’il faut s’engager très rapidement, en quelques heures ou en quelques jours, et d’autres forces, dont la montée en puissance peut se faire plus progressivement. Ce sont ces contrats qui déterminent le format de nos armées et les capacités nécessaires à leurs missions.

 

Plus que le nombre de forces déployées aujourd’hui, c’est leur dispersion qui met certaines de nos capacités sous tension. La multiplication des opérations impose en effet de dupliquer des capacités de renseignement, de commandement, de soutien technique et logistique, alors que plusieurs d’entre elles reposent sur des équipements et des effectifs très limités. C’est aussi le cas de certaines capacités de combat, les plus pointues, qui sont aussi souvent les plus sollicitées. Un exemple ? Les drones. Avant l’acquisition de 2 appareils supplémentaires à la fin de l’année 2013, notre capacité reposait sur 3 drones opérationnels. Il est difficile dans ces conditions d’intervenir sur deux théâtres en même temps, tout en continuant à former le personnel. Autres exemples : les linguistes arabisants, les atomiciens, les officiers d’appontage, qui ne représentent que quelques individus, pour autant indispensables.

 

Dans ce contexte, mon constat est simple : on ne peut plus prétendre tout faire, ni agir partout en même temps, avec la même intensité. Il faut être souple et adaptatif, mais il faut des objectifs clairs, hiérarchisés et réalistes.

 

D’abord, la défense du territoire national, en métropole et outremer.

C’est notre vocation première : le Code de la défense et le Livre blanc sont très clairs. C’est une mission fondamentale. Nous ne pouvons faire défaut : nous ne ferons pas défaut, c’est une question de légitimité. Nos concitoyens reconnaîtront d’autant plus la nécessité d’une défense forte et d’un budget exigeant qu’ils auront la certitude d’être eux-mêmes défendus, où qu’ils soient sur notre territoire.

La défense du territoire, c’est d’abord la dissuasion nucléaire, qui sanctuarise nos intérêts vitaux par la menace de dommages inacceptables qu’elle fait peser chez un agresseur potentiel. Notre stratégie s’appuie sur deux composantes, aéroportée et océanique, complémentaires en termes d’options et d’effets. Elle s’inscrit dans le cadre de la stricte suffisance, une stricte suffisance appréciée en fonction du contexte géostratégique et de la capacité des systèmes d’armes à causer des dommages inacceptables.

La défense du territoire, c’est aussi la surveillance de nos espaces aériens et maritimes, la police du ciel, l’action de l’État en mer. La lutte contre tous les trafics en mer est un enjeu, notamment outremer. C’est l’une des missions de notre marine. Je rappelle que la France possède la deuxième zone économique exclusive mondiale.

La défense du territoire, c’est enfin la contribution de nos armées aux plans gouvernementaux permanents et de circonstance, dont Vigipirate est le plus emblématique.

Ces missions sur le territoire national sont parfois méconnues des Français, parce qu’elles sont conduites dans la discrétion. Un exemple récent : le dispositif mis en place pour les commémorations du 6 juin, dirigé par les officiers généraux des zones de défense Paris et Ouest en coordination avec les préfets. 3 500 militaires ont été engagés, de manière complémentaire, dans des missions de contrôle terrestre, de protection des côtes et de sûreté aérienne : 2 400 pour la protection et 1 100 pour le volet mémoriel. 12 hélicoptères, 2 frégates et 1 Atlantique 2 furent également dédiés, aux côtés d’autres capacités, drones, NRBC, dont seules les armées disposent.

Votre rôle d’auditeurs de l’IHEDN est de nous aider à expliquer cet engagement sur notre territoire, auprès des élus, des administrations, des relais d’opinion et de nos concitoyens. C’est un véritable défi, dans un contexte où la communication sur les actions des uns et des autres est très concurrentielle. Je compte sur vous !

Vous le savez, la sécurité du territoire se joue aussi au-delà des frontières, dans tous les espaces – terrestre, maritime, aérien et cyber –, pour défendre nos intérêts, nos valeurs et agir aux avant-postes, avant que les menaces ne se concrétisent sur notre territoire.

 

En OPEX, une priorité : la bande sahélo-saharienne.

La lutte contre les groupes armés terroristes est notre préoccupation, et pour plusieurs années encore : cette lutte contribue très directement à la sécurité de la France et ses intérêts.

Sur la façade méridionale de notre pays, la stabilité de l’Afrique, singulièrement de la zone sahélienne, est notre première ligne de défense. Les groupes armés terroristes cherchent à déstabiliser la région, menacent directement nos compatriotes expatriés et nos intérêts économiques. Ils ont clairement désigné la France comme l’une de leurs cibles : ce sont nos ennemis, aujourd’hui les seuls au sens strict.

Depuis le lancement de Serval, en janvier 2013, nous avons remporté de réels succès : nous avons chassé les groupes armés terroristes, jusque dans leurs sanctuaires ; le Mali a retrouvé son intégrité territoriale et un gouvernement légitime. Aujourd’hui, l’ennemi est affaibli et désorganisé.

Mais il n’est pas vaincu. Il reste déterminé et dangereux. Il s’est adapté, pour défier nos capacités de renseignement, de mobilité et d’action. Et la bande sahélienne ne devient qu’une partie d’un ensemble plus vaste, avec des ramifications au Nord et au Sud : du Sénégal à Djibouti en passant par le Mali, le Sud de l’Algérie, le Niger, le Sud de la Libye et le Tchad, cet autoroute du trafic en tout genre – narco, armes, êtres humains, prosélytisme – est aussi celui du djihadisme, qui se finance ainsi. La jonction opérationnelle avec Boko Haram, au Nigéria, ou les Shebabs somaliens qui frappent à Djibouti n’est pas avérée, mais les connexions existent. Nous sommes face à un défi majeur, qui concerne la sécurité de l’Europe.

Pour cela, nous sommes en appui de la MISMA au Mali, force africaine sous résolution de l’ONU. Et les Africains sont unis pour faire front. Ils viennent de lancer un « G5 du Sahel », auquel la France est associée : j’ai été invité à la première réunion des CEMA organisée les 17 et 18 avril à Niamey. Et nous faisons de nombreuses opérations conjointes avec nos amis africains, notamment le long des frontières tchadiennes, nigériennes et maliennes. Les Africains sont pleinement conscients des enjeux, au travers de ces opérations.

Le combat change donc d’échelle, et il faut faire vite. Il se régionalise, de la Mauritanie au Tchad, de la Libye au Burkina. Ce sont des distances considérables, une échelle inédite pour nos opérations. Imaginez, du Cap Finistère à Odessa, de Copenhague à Munich : c’est cela, notre zone d’action.

Les capacités de renseignement, de surveillance et de frappe de précision sont essentielles, pour neutraliser l’ennemi, là où il est. Aujourd’hui, on a moins besoin de forces de contrôle de zone, mais plus d’unités légères, en appui des armées des pays africains concernés, et de capacités de renseignement et de frappe contre les GAT : renseignement, suivi de la cible H24, neutralisation, c’est le triptyque du succès sur le terrain aujourd’hui dans la BSS.

Dans cette optique, nos objectifs sont au nombre de trois. D’abord, casser le potentiel de nuisance des GAT. Ensuite, désorganiser leurs réseaux, en s’appuyant sur la mobilisation de la communauté internationale. Enfin, transférer la sécurisation de la zone aux pays du champ, en accompagnant la montée en puissance de leurs capacités : c’est le rôle de nos détachements d’assistance opérationnelle.

En conséquence, nous adaptons notre dispositif : 3000 hommes environ fin 2014, engagés à partir de Gao, de Niamey, et de N’Djamena, avec le soutien de nos alliés américains. L’ensemble sera commandé depuis N’Djamena avec, dès que possible, le lancement d’une nouvelle opération pour marquer l’évolution de notre stratégie.

 

Autre opération majeure en Afrique : la République centrafricaine, ma deuxième priorité pour les OPEX.

Nous avons fait du bon travail depuis le début de Sangaris, il y a 6 mois. Nous avons évité le pire : le massacre interethnique. A Bangui, les milices peuvent encore être capables – et donc coupables – de pics de violence, mais elles n’agissent plus que de manière erratique. La situation sécuritaire et économique s’est nettement améliorée depuis 3 mois. Dans l’Ouest, le long du corridor économique, les convois reprennent. Dans l’Est également, nous avons réussi notre déploiement, dans un contexte sécuritaire très particulier, et conformément au plan d’opération approuvé par le Président de la République, qui consistait à s’installer avant la saison des pluies, soit avant la fin du mois de mai.

Mais 3 objectifs restent à atteindre pour remplir toute la mission ; leur réalisation est complexe, en l’absence de véritable leadership centrafricain et international pour organiser l’indispensable :

  • La restauration de l’État et la mise en place de l’administration ;
  • La réconciliation nationale, et en premier lieu le désarmement ;
  • Le déploiement d’une opération de maintien de la paix des Nations unies à partir du mois de septembre : c’est elle qui a vocation à prendre le relais.

Ces objectifs ne sont pas militaires : Sangaris y contribue, crée des conditions mais ne peut pas tout faire.

L’arrivée de la force européenne EUFOR-RCA est un plus, mais restons réalistes : une fois encore, dans son ensemble, l’Europe est militairement peu présente. Un exemple : le 2èmecontingent en effectifs de la mission européenne – après nous – sera constitué par des Géorgiens, non membres de l’UE… EUFOR-RCA comporte aujourd’hui 600 hommes environ, dont les deux tiers sont Français ou mis en place par des États non membres de l’UE : il n’y a donc pas vraiment de partage du fardeau.

La situation reste donc précaire. En attendant les renforts, qui tardent à venir, il faut être au four et au moulin. Je note sur ce plan la plus-value de nos gendarmes français, avec lesquels les armées sont désormais habituées à travailler en OPEX, notamment depuis l’Afghanistan. Une chose à garder en tête : tant que les forces internationales attendues ne sont pas déployées, nous restons le seul rempart contre le chaos. Conséquence : sans doute, pas de désengagement majeur de Sangaris avant la montée en puissance de la MINUSCA, fin décembre a priori.

 

Dernier sujet d’actualité : l’Ukraine.

Vous avez suivi les événements, et la mobilisation de l’OTAN pour « réassurer »certains alliés : la Pologne, la Roumanie, les pays baltes. L’Alliance a joué son rôle. Nous avons pris notre part, notamment avec : l’engagement de nos AWACS ; le déploiement de 4 Rafale, puis de Mirage en Pologne ; nos navires en Baltique et en Mer noire ; notre renforcement des effectifs pour la planification à SHAPE.

Au-delà de ces actions, cette crise amène l’Alliance atlantique à se poser des questions de fond, alors que le retrait d’Afghanistan la conduit également à actualiser son logiciel : que signifient l’article V, la sécurité collective, les partenariats ? Quelle posture vis-à-vis de la Russie ?

D’un point de vue militaire, la crise ukrainienne soulève d’autres interrogations : celle de l’appréciation de situation, et donc du partage du renseignement ; celles de la réactivité et de la modularité des forces, ceci pour apporter les bonnes réponses, des réponses ajustées, « ni tout, ni rien ». Il faudra en tirer les conséquences pour les exercices, la NRF, les dispositifs de forces, les capacités de déploiement, en particulier sur la réactivité de nos dispositifs d’alerte, qui a été un sujet dont nous avons parlé avec SACEUR lors du dernier comité militaire de l’OTAN, il y a quelques jours à Bruxelles.

La crise ukrainienne et ses conséquences seront probablement au cœur du prochain sommet de l’OTAN, les 4 et 5 septembre, à Newport, au Pays de Galles. Se posera encore la question du désarmement de la plupart des pays occidentaux, alors que le monde réarme : d’après le SIPRI, - 20 % pour les dépenses d’armement dans l’OTAN depuis 2008, dont - 23% pour les Américains ; et, dans le même temps, des dépenses inflationnistes ailleurs, en Russie et en Chine notamment, avec une augmentation à 2 chiffres en termes de pourcentage.

Ce parcours au cœur de nos opérations n’est pas exhaustif. Notre présence dans le Golfe arabo-persique, d’où revient le groupe aéronaval, illustre la dimension mondiale de notre stratégie. Pour la première fois, il y a eu une intégration totale, pendant 6 semaines, avec les Américains, pendant l’exercice Bois Belleau.

Ce parcours de nos opérations n’est pas exhaustif, mais il montre leur diversité : diversité des théâtres, diversité des missions, diversité des cadres d’engagement. Si nous savons faire face à cette diversité, c’est parce que nous disposons de 3 capacités majeures : celle d’apprécier les situations de façon autonome, et donc à décider de manière souveraine ; la réactivité, pour répondre dans les délais, facteur de plus en plus essentiel ; la polyvalence, maîtrise de l’ensemble des capacités militaires, sur tout le spectre des missions.

Et si nous savons faire face, c’est parce que nous disposons de ces capacités en propre. L’initiative politique, le leadership international n’ont de sens que s’ils peuvent se traduire en actes. Trop souvent à l’OTAN et à l’UE, la convergence des stratégies et des agendas nationaux est difficile, surtout quand il faut agir vite ou prendre part aux missions de combat. Trop souvent, les contributions des alliés sont appréciées, mais focalisées sur certaines capacités seulement. Ce que nous connaissons aujourd’hui en RCA est symptomatique. Ce n’est pas être pessimiste que de le dire, c’est être réaliste.

Disposer d’un tel outil militaire, souverain, réactif et polyvalent, c’est un capital précieux. Mais c’est un capital fragile par nature.

Pour être toujours en mesure d’apporter les bonnes réponses, à temps, il faut s’adapter et le faire en regardant loin devant : il faut plusieurs décennies pour concevoir, développer et mettre en service un programme d’armement moderne, et plusieurs années pour recruter et former le spécialiste qui le mettra en œuvre.

Il faut le faire en intégrant tous les milieux de la guerre : terrestre, aérien, maritime et cybernétique, voire spatial. Car c’est ainsi que se conduisent les guerres modernes, en interopérabilité interarmées. L’interopérabilité n’est pas une construction théorique, elle se développe et s’entretient dans les exercices et les opérations. C’est un processus d’ajustement permanent, au fil de l’évolution des doctrines, des organisations, des procédures et des équipements de chacune de nos armées, et de ceux de nos alliés et partenaires. Notre interopérabilité doit être interarmées et internationale.

Il faut s’adapter en synchronisant tous les composants de nos capacités : le matériel, le personnel et l’environnement. Et il faut le faire avec un budget toujours très contraint. Ce qui suppose une bonne coordination, une cohérence d’ensemble, ce qui me conduit à ma deuxième partie.

 

**

 

La transformation des armées.

Elle est déterminée par deux documents cadres : le Livre blanc de 2013, qui exprime l’ambition nationale et définit un nouveau modèle d’armée à l’horizon 2025 ; et la Loi de programmation militaire 2014-2019, qui en est la traduction capacitaire, année après année, sur 6 ans.

Nos armées devront rester capables de réaliser 3 grandes missions : la protection des Français et du territoire national, la dissuasion nucléaire, l’intervention extérieure. Elles devront pouvoir le faire en garantissant autonomie d’appréciation et d’action, ce qui implique le maintien d’un modèle d’armée complet. Elles devront s’appuyer sur des soldats, des marins et des aviateurs bien équipés, bien entraînés, motivées et maîtrisant l’emploi de la force.

Or, la contrainte budgétaire est très forte : - 20 Md€ par rapport à ce que la trajectoire budgétaire définie par la Loi de programmation précédente prévoyait sur la période 2014-2019, soit les deux tiers d’une annualité budgétaire sur 6 ans.

Dans ce cadre, il s’agit en fait de garantir la cohérence à nos armées, autrement dit d’établir en continu l’adéquation entre les missions et les moyens.

Nos armées continueront à se moderniser, pour renouveler des capacités vieillies, usées ou lacunaires. L’âge moyen des véhicules de l’avant blindé déployés en RCA est de 31 ans, ceux de métropole ont 40 ans en moyenne. Nos avions ravitailleurs fêtent cette année leur 40èmeanniversaire et nos hélicoptères Puma leur 44èmeanniversaire. Qui, ici, monterait dans un véhicule de plus de 30 ans, dans un avion ou dans un hélicoptère de plus de 40 ans ?

Nos armées continueront également à se moderniser pour acquérir les capacités nouvelles nécessaires aux opérations futures : renseignement, espace, drones, forces spéciales, frappes à distance, entre autres.

Nous garantirons à nos forces une préparation opérationnelle conforme aux standards internationaux : il en va de leur efficacité et de leur sécurité. C’est est en outre, vis-à-vis de nos alliés, un gage de crédibilité opérationnelle, et donc de confiance.

Mais, sous forte contrainte de ressources, garantir la cohérence en continuant à se moderniser, c’est d’abord ajuster nos contrats opérationnels : certains ont été réduits jusqu’à 30%, en particulier le contrat d’intervention majeur, le plus exigeant mais le moins probable.

Garantir la cohérence en continuant à se moderniser, c’est aussi et en conséquence revoir nos formats, autrement dit réduire nos effectifs et nos dotations en équipement : la modernisation des capacités se poursuit, mais à plus petite échelle et plus lentement.

C’est rationaliser nos implantations, en métropole et outremer, pour les rendre plus efficaces, pour améliorer le soutien, pour améliorer les conditions de vie et de travail. Autrement dit : fermer des sites.

C’est réduire la taille des états-majors centraux, pour mieux responsabiliser les acteurs de terrain : dans quelques mois, lors du transfert à Balard, l’état-major des armées sera réduit de 20%.

C’est continuer à coordonner nos efforts en interarmées et avec nos alliés et partenaires, pour partager et mutualiser ce qui peut l’être.

Que les choses soient claires : ces réductions de format, de personnel, d’équipements et ces étalements des livraisons de matériel sont la seule voie pour entretenir un outil de défense conforme aux grands objectifs du Livre blanc, compte tenu de la situation de nos finances publiques. Mais ils sont douloureux, et difficiles à mettre en œuvre : la LPM 2014-2019 a été construite sur des hypothèses de gains de productivité considérables, des diminutions d’effectif drastiques et un plan d’équipement ralenti mais indispensable !

Nous nous sommes mis en ordre de marche. Nous disposons d’un projet commun aux armées, directions et services interarmées, que j’ai baptisé CAP 2020, qui définit la transformation des armées pour les années à venir. C’est un projet à la fois ambitieux et exigeant, car fondé sur les hypothèses budgétaires volontaristes de la LPM, des hypothèses qu’il faudra confirmer année après année !

Vous avez sans doute suivi les discussions récentes à propos de la programmation budgétaire triennale 2015-2017. A Bercy, il fut question que les armées endossent plusieurs M € d’économies supplémentaires. Le Président de la République a confirmé l’engagement de la Nation pour sa défense, le 2 juin. C’est une bonne nouvelle pour les armées, parce que le costume est déjà taillé au plus juste !

Je m’explique. Le budget de la défense couvre 3 postes : les effectifs, rémunérations et charges sociales ; le fonctionnement, nécessaire à la vie des unités et à l’entraînement des forces ; les équipements – autrement dit : les investissements.

 

S’agissant des effectifs, le plan de déflation est déjà très ambitieux : 82 000 postes sur la période 2009-2019, soit 25% de l’effectif de départ, et, pour la LPM 2014-2019, environ 34 000 suppressions de postes sur la durée de la LPM, dont 1000 officiers par an. Je rappelle qu’en 2014, le ministère de la défense a assumé 60% des suppressions d’emploi de l’État.

On peut difficilement aller plus loin, quels que soient les leviers considérés : le recrutement, l’avancement, la condition du personnel.

Le recrutement coûte 170 M€ par an. Le tarir se traduirait mécaniquement par une augmentation du gain vieillesse-technicité, et donc par une augmentation de la masse salariale. Le supprimer pendant un an entraînerait une dégradation de la capacité opérationnelle : l’armée de terre recrute 8 700 personnels par an, l’équivalent de 10 régiments. Un gel complet de l’avancement pendant un an entraînerait un gain de 20 M€, dérisoire au regard des enjeux financiers et du risque social. Quant à la condition du personnel, qui concerne les mesures d’accompagnement de la réforme, elle représente 45 M€ dans cette LPM contre 90 dans la précédente. Et ces 45 M€ sont déjà gagés par des mesures inéluctables. En fait, concrètement, il n’y a pas de mesures nouvelles de condition militaire dans la LPM. Quel autre corps de l’État assumerait un tel effort sans compensation sociale, dans ces conditions ?

 

S’agissant du fonctionnement courant, je précise qu’il ne s’agit ni de « train de vie », ni de condition du personnel, mais de l’environnement dans lequel le personnel conduit son activité. Aujourd’hui, l’agrégat est déjà contraint au-delà du raisonnable en construction de LPM, pour permettre de moderniser les équipements a minima. Un effort supplémentaire de 100 M€ a été malgré tout imposé en 2014, malgré des signaux d’alerte. On se trouve à un niveau tel qu’il a fallu, l’an dernier, mettre en œuvre un plan d’urgence de 30 M€ en fin d’année pour satisfaire en partie les besoins les plus basiques, comme le chauffage. Comment aller plus loin dans les économies de fonctionnement, quand la hausse de la TVA n’est pas compensée et que les coûts de l’énergie et des fluides représentent 40% des dépenses des bases de défense ? Comment aller plus loin lorsque la carte des unités à regrouper ou à dissoudre n’est communiquée qu’année après année ?

 

S’agissant de la préparation opérationnelle, nous avons accepté en construisant la LPM un niveau d’entraînement déjà dégradé, 15 à 20% sous les standards fixés par l’OTAN. C’est un minimum, dans un contexte d’engagement opérationnel soutenu. Je le répète, la qualité de la préparation opérationnelle fait le succès des forces en opération et, en conséquence, garantit la liberté d’action du politique. Descendre sous le niveau visé augmenterait en outre le risque pour le combattant, en opération comme à l’entraînement, et augmenterait le risque social : en période de réforme, seule l’activité opérationnelle compense les sacrifices qu’il faut consentir au quotidien. Car c’est bien un paradoxe, oui, les soldats râlent… pour faire leur métier !

 

S’agissant des équipements, enfin, nous nous situons également à un plancher. Les ressources allouées aux grands programmes ont été réduites de 40% par rapport à ce que prévoyait la LPM 09-14. Les réductions et l’étalement des commandes entraîneront un vieillissement accru des matériels qu’ils sont censés remplacer avec, dans certains cas, des réductions temporaires de capacités : véhicules terrestres de combat, hélicoptères, aviation de chasse, de transport, de ravitaillement en vol et de patrouille maritime, frégates de tous types.

Quant à l’infrastructure, avec un flux annuel de 1 Md€, elle est sous-dotée d’environ 200 M€ annuels. Je rappelle sur ce plan que la plupart de nos jeunes soldats et de nos sous-officiers habitent dans leur enceinte militaire.

 

La dissuasion, dont on dit – un peu vite – qu’elle est « sanctuarisée », est aussi concernée par ces réductions et ces décalages, avec un abattement de plus de 10% des ressources par rapport à la LPM précédente, y compris dans la simulation. Et les programmes de moindre envergure mais tout aussi importants pour la cohérence d’ensemble – ce que nous appelons les « autres opérations d’armement » – sont également concernés : - 20% en construction. Toute réduction supplémentaire conduirait à décaler encore des programmes très attendus, dont l’arrivée a déjà été repoussée au maximum, comme le programme Scorpion pour la protection des forces, le MRTT pour le ravitaillement en vol, le sous-marin Barracuda. Elle conduirait à attendre encore l’acquisition de capacités qui nous font déjà cruellement défaut en opération, comme l’ISR, pour le suivi d’une cible, ou les drones.

 

Clairement, dans la construction de la LPM, nous avons déjà accepté d’aller au bout du bout du possible ! Et nous avons déjà intégré un niveau de coopération européenne et otanienne aléatoire, sans parler des hypothèses d’exportation d’équipements particulièrement ambitieuses.

Le modèle 2025 du Livre blanc et de la LPM est le dernier repli du modèle d’armée complet et cohérent dont la France a besoin pour assumer ses responsabilités au niveau affiché dans le Livre blanc. Toute encoche budgétaire à la LPM aurait des effets directs et immédiats. Elle impliquerait ni plus, ni moins de construire un nouveau projet et d’en assumer toutes les conséquences dans les domaines opérationnel, capacitaire, économique et social. Elle impliquerait ainsi de revoir l’ambition nationale.

Ne nous trompons pas : lorsque l’on abandonne une capacité, il est très difficile voire impossible de la reconstruire dans des délais compatibles avec les menaces. Les industriels le savent bien également : c’est une question de savoir, et de savoir-faire.

Nous nous situons aujourd’hui dans un contexte de dégradation sensible du moral, soulignée dans tous les rapports internes ainsi que dans le rapport que le haut comité d’évaluation de la condition militaire, autorité indépendante, vient de remettre au Président de la République. Ce moral est changeant, parfois fragile, parfois variable, mais globalement à surveiller. Dans son ensemble, le personnel ressent de la lassitude, de la résignation : il traverse une crise de confiance qui, d’ailleurs, n’est pas sans lien avec celle que traverse la société en général.

C’est un sujet de préoccupation majeure pour moi : dans notre organisation avant tout humaine, le succès repose d’abord sur les forces morales. C’est un sujet sur lequel j’alerte régulièrement l’autorité politique. Avec le ministre de la défense, j’ai fait accepter par le personnel le principe de nouveaux efforts, sans équivalent, en contrepartie d’une nouvelle perspective portée par CAP 2020 : le retour à plus de cohérence entre les missions et les moyens ; une meilleure adéquation entre l’âge, le grade et les responsabilités exercées ; une amélioration des conditions de vie et de travail. A l’évidence, comme je viens de le démontrer, toute économie supplémentaire demanderait d’autres efforts, avec le risque non maîtrisé de franchir le seuil de l’acceptabilité sociale.

J’en viens à ma conclusion : ce qui est essentiel à mes yeux.

 

***

 

Ce qui me tient à cœur, au dessus de tout : tenir un discours de vérité, sans minimiser les difficultés, sans dramatiser à l’excès non plus.

 

La vérité, je le disais en introduction, c’est que nous avons de belles armées, des armées et des services aguerris et engagés. Qui, en Europe, est aujourd’hui en mesure de faire ce que nous faisons sur tous nos théâtres d’opération ? Personne. C’est un motif de fierté à partager, un appel à aller de l’avant.

La vérité, c’est que nous avons des armées transformées par presque 20 ans de réformes continues. Côté pile, elles n’ont cessé de perfectionner leurs doctrines, leurs tactiques, leurs équipements, pour être toujours au rendez-vous, toujours à la pointe. Les armées d’aujourd’hui, celles qui ont combattu en Afghanistan, en RCI, en Libye, au Sahel, en RCA ont peu de choses à voir avec celles de 1994. Leurs succès actuels sont la conséquence d’un aguerrissement continu. Cette mutation est à porter au crédit des hommes et des femmes des armées, qui ont su s’adapter avec créativité et détermination. C’est un autre motif de fierté.

Côté face, ces réformes ont été réalisées dans le cadre de ressources en constante diminution, alors que nos forces restaient très engagées en opération. Il s’en est suivi une érosion continue des conditions de vie et de travail, malgré des efforts considérables de rationalisation au sein de chaque armée et en interarmées : réduction des effectifs ; transfert ou dissolution d’unités et de bases ; création d’une chaîne interarmées du soutien ; mise en place des bases de défense, etc. Aujourd’hui, la cohérence globale de nos armées est fragilisée.

 

La vérité enfin, c’est que la LPM permet, en construction, de maintenir cette cohérence, et que nous disposons avec CAP 2020 d’un projet pour la mettre en œuvre dans des conditions difficiles, mais de façon cohérente. C’est mon ambition pour nos armées.

Deux conditions sont toutefois nécessaires.

La première est la mise à disposition effective de tous les crédits prévus en programmation, ressources budgétaires et ressources exceptionnelles. Dans la situation économique que traverse notre pays, c’est un défi. C’est un engagement collectif, derrière le ministre, avec les chefs d’état-major d’armée.

Deuxième condition :l’adhésion du personnel. J’en appelle à l’unité, au sens de l’intérêt commun, à la cohésion, à la détermination, à la combativité. J’en appelle à la responsabilité. L’adaptation est une nécessité. Elle impose de revoir nos raisonnements, nos manières de faire, nos organisations. Elle impose, dans notre monde qui change très vite, d’admettre que la stabilité est de plus en plus l’exception, et qu’il est difficile d’avoir des perspectives. Ce qui vaut dans la société civile vaut pour les armées. Cette réalité est comprise,mais elle est parfois difficile à assimiler : le personnel, mobile et dévoué par nature, aspire pourtant à une certaine stabilité et, surtout, à la reconnaissance par la Nation de son engagement et de ses efforts.

 

Vous avez été cette année des témoins actifs. Maintenant que vous vous apprêtez à quitter l’IHEDN, je vous invite à être des ambassadeurs dans votre environnement professionnel et personnel, auprès de nos compatriotes, pour leur faire connaître la nécessité d’une défense, ainsi que la qualité et les attentes de celles et ceux qui ont choisi de s’y consacrer sous les armes. La défense est un héritage de la Patrie. Elle ne vaut que par la volonté de la Nation.

Je compte sur vous !

Je vous remercie.

 

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20 juin 2014 5 20 /06 /juin /2014 09:54
Défense : à quoi vont servir les 500 millions de ressources exceptionnelles

Avec les 500 millions de ressources exceptionnelles supplémentaires, Jean-Yves Le Drian compte lancer notamment le programme Scorpion

 

19/06/2014 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian compte se servir de ces crédits extra-budgétaires pour lancer des commandes : avions ravitailleurs MRTT, programme Scorpion, drones MALE supplémentaires, quatrième Barracuda et, développement de la prochaine version du missile M51.

 

A quoi vont servir les 500 millions d'euros de ressources exceptionnelles (REX) supplémentaires si le ministère de la Défense les obtient de Bercy ? Selon Jean-Yves Le Drian, elles "conditionnent le lancement d'un ensemble de programmes structurants au cours de l'année 2014, à savoir : le programme d'avions ravitailleurs MRTT - Airbus A330 Multi Role Tanker Transport -, le programme Scorpion très important pour l'activité de l'industrie terrestre, l'acquisition de systèmes supplémentaires de drones Moyenne Altitude Longue Endurance - MALE -, la commande du quatrième sous-marin d'attaque Barracuda et, en ce qui concerne la dissuasion, le lancement des travaux de développement de la prochaine version du missile M51, le missile M51.3".

 

Un tour de passe-passe ?

Le ministère de la Défense avait déposé un amendement à l'article 3 de la loi de programmation militaire (LPM), qui "permettait de mobiliser 500 millions d'euros de recettes exceptionnelles au profit des investissements, pour le cas où cela se révélerait nécessaire en 2014 ou en 2015. Comme le projet de collectif budgétaire pour 2014 prévoit une encoche de 350 millions d'euros sur le budget de la Défense, j'ai demandé l'activation de cette clause", a-t-il expliqué lors d'une audition à l'Assemblée nationale fin mai.

Pour autant, ces 500 millions devaient initialement compenser les 650 millions d'euros annulés par Bercy fin 2013. "Sur le gel, qui a touché le ministère de la Défense au titre de la rigueur budgétaire (de 2013, ndlr), ces crédits sont bien annulés, avait expliqué fin novembre Jean-Yves Le Drian à La Tribune. Mais à l'issue d'une discussion avec Bercy, nous avons obtenu 500 millions d'euros de ressources exceptionnelles, sécurisant notamment le financement des équipements en fin d'année". Par un tour de passe-passe, Jean-Yves Le Drian explique maintenant que les 500 millions d'euros vont servir à compenser

 

Bataille budgétaire un peu "chaude"

Le ministre de la Défense a avoué que "les derniers jours" avant l'arbitrage du président de la République "ont été un peu chauds" mais "les déclarations du Premier ministre ont clarifié la situation". Et de rajouter que "de toute façon, soyez sans inquiétude : je maintiendrai, à long terme, une vigilance de tous les instants". D'autant que Jean-Yves Le Drian a conscience que la LPM est "tirée au cordeau". Mais selon lui, elle "n'en garantit pas moins les trois missions majeures de nos armées - dissuasion, intervention, protection du territoire -, aux termes d'un nouveau contrat avec elles, et permet de gérer du mieux possible nos capacités industrielles ainsi que l'emploi dans nos entreprises de défense". Dans le cas contraire, "si l'on veut faire d'autres choix budgétaires, à l'image de ceux de certains pays, nous n'aurons plus la même loi de programmation militaire. Voilà pourquoi je défendrai ce texte bec et ongles".

En revanche, Jean-Yves Le Drian est confronté aux aléas des recettes exceptionnelles. "Sur les 6,6 milliards d'euros de ressources exceptionnelles, nous avons un problème de tuilage : en attendant les produits de cessions que procurera la vente de la bande des 700 MHz, il faut trouver un dispositif transitoire. J'y consacre beaucoup de temps. Je le répète, je défends mon budget bec et ongles".

 

Le produit de la vente des fréquences pas avant 2016

Pour le ministre, "il faut encore sécuriser les ressources exceptionnelles dont le budget de la Défense doit impérativement bénéficier entre 2015 et 2017". Ce qui n'est pas encore le cas comme le reconnait le ministre : "un problème se pose, que j'espère toutefois pouvoir résoudre. Il apparaît peu probable que nous puissions compter pour 2015 sur le produit de la mise aux enchères de la bande des 700 MHz. Cette recette sera sans doute acquise, au mieux - mais il est possible de s'interroger là aussi - en 2016, pour des raisons liées à l'actualité et aux procédures nécessaires.

Pour trouver de nouvelles REX, le ministre discute actuellement avec Bercy, "dans le climat apaisé qui gouverne de nouveau nos relations, de la meilleure manière de dégager des solutions innovantes pour garantir les REX en 2015". Jean-Yves Le Drian a bon espoir d'y "parvenir".

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20 juin 2014 5 20 /06 /juin /2014 08:55
Général Pierre de Villiers : &quot; Avec le ministre, on a dit &quot; stop &quot;, ça devenait une question de justice sociale &quot;


20.06.2014 Par Olivier Berger, grand reporter à La Voix du Nord- Défense Globale



Depuis sa prise de fonction le 15 février, le nouveau chef d'état-major des armées (photo ministère de la Défense), le général Pierre de Villiers, se fait rare dans les médias. Histoire de ménager sa monture pour un homme prudent, de prendre son temps pour appréhender toutes les facettes du large et lourd costume du CEMA (politique, diplomatique, économique, com interne, transformation, opérations...).

Ce jeudi 19 juin à Paris, en compagnie de deux confrères, nous avons pu mieux le découvrir, dans le rôle du premier communicant des armées. " La transparence, c'est la première des protections ", indique-t-il : " Quand un événement survient, ma première question est souvent " quand est-ce qu'on communique ? ". " Eh bien, maintenant... 

 

Les déclarations du général de Villiers réunies en quelques grands thèmes...

 

Soucis budgétaires

" Mon souci principal en phase avec le ministre est le respect intégral de la Loi de programmation militaire, sans lequel nous serions évidemment dans un autre projet. Compte tenu de sa tension, on ne peut se permettre la moindre encoche sur les trois postes principaux, la masse salariale, le fonctionnement et les équipements. Tout cela est tendu mais cohérent. Dans cette affaire, je suis déterminé, confiant mais vigilant. Le président l’a exprimé clairement. Je crois en la parole présidentielle.

Je ne suis pas naïf, je suis pragmatique et je connais les réalités. On sait les difficultés mais c’est d’abord un problème de gestion. Pour les ressources exceptionnelles (1,5 milliards), nous les avons en 2014 et le président a dit que nous les aurons en 2015 avec un comité d’audit constitué pour les trouver (...) Mais à l’intérieur de l’enveloppe, le président demande des gains de productivité, une meilleure utilisation des crédits. »

 

Economies tous azimuts

« Dans le projet CAP 2020, qui est une déclinaison de la LPM (Loi de programmation militaire), il y a trois mots-clés : ensemble car on n’a plus les moyens de perdre du temps, entre " Gaulois ", en interministériel et avec les alliés ; autrement car il faut une approche novatrice ; au mieux car il faut arrêter de dire qu’on fera mieux avec moins. Nous ferons au mieux avec toute notre bonne volonté, nos tripes. C’est notre culture. Nous ne sommes pas une armée de bouts de ficelle mais une armée imaginative qui fait avec ce qu’on lui donne. »

 

Efforts de rationalisation et aménagement du territoire, le cas du 126e RI de Brive

" La rationalisation des emprises est la seule solution pour faire des économies sur le fonctionnement. Je suis au courant des difficultés de cette solution puisque cela signifie des restructurations. Mais c’est la solution de moyen terme. Vous n’en sentirez pas les effets en 2015 ou 2016 mais des projets conduisent vers ça comme les regroupements des bases de défense, des bases aériennes, la réunion de régiments en structures bataillonnaires. Maintenant, il faut que les autorités acceptent de restructurer. Et je comprends tout à fait cette approche politique d’aménagement du territoire.

Pour moi, des bases isolées n’ont pas lieu d’être. Citons un exemple connu, le problème de Brive (126e RI) qui réunit objectivement tous les critères qui conduisent à la dissolution : un régiment isolé avec des infrastructures en mauvais état. Dans l’optique de regroupements des bases de défense, ce serait aussi logique. Sur le plan politique, c’est plus délicat et nous nous intégrons dans un aménagement du territoire global. Donc la rationalisation est une bonne direction mais pas facile à prendre.

 

" Si on veut des gens dans la rue, coupons le chauffage "

« L’infrastructure est d’ailleurs un poste tendu. Sur un milliard d’euros, il manque 200 millions d’euros annuellement sur la durée de la LPM. Nous sommes bouffés par les grands programmes, par la mise au norme Fukushima des installations nucléaires, par les ports de Toulon et Brest… Si bien que les moyens revenant à la vie quotidienne sont très faibles. Quand Bercy dit, il y a du gras dans les armées dans le fonctionnement courant, je suis désolé ; on a essayé de « tirer sur la peinture » en 2013 et en octobre, nous n’avions plus de chauffage et le ministre a dû décréter un plan d’urgence de 30 millions d’euros. Il faut peut-être arrêter. Si on veut des gens dans la rue, coupons le chauffage… »

 

Les nouvelles déflations

« Il faut trouver 7 500 mecs à déflater par an, après 7 000 lors des six derniers exercices, la conduite de la transformation des armées est très difficile. Le ministre part d’un postulat auquel je souscris : on va éviter de toucher aux forces opérationnelles et plus à l’environnement dans une proportion d’1/3 – 2/3. C’est plus compliqué que de supprimer un régiment. Nous avons trente chantiers. Des analyses fonctionnelles vont être faites dans les directions, les commissariats, la chaîne du soutien, les états-majors, la formation, le maintien en condition opérationnelle… La DGA (Direction générale de l'armement) a deux ou trois chantiers, le SGA (Secrétariat général pour l'administration) une dizaine et moi, une vingtaine. Pour 2015, car nous manquons de temps pour les résultats des analyses fonctionnelles, c’est difficile. Le ministre doit annoncer fin juillet les mesures de restructuration pour 2015. »

 

Le moral des armées

« Le moral est stable ou en légère baisse par rapport à l’année dernière. Il est inégal en fonction des endroits et des moments de carrière. En OPEX, le moral est globalement excellent. Celui du gars qui est au quartier en pleine transformation n’est pas terrible. A Paris (20 000 militaires sur la grande région parisienne, 3 000 à l'îlot Saint-Germain), le moral n’est pas bon avec la baisse de pouvoir d’achat, les trajets… Comme la société, l’armée n’a pas trop le moral et la transformation à conduire est difficile. Elle a le sentiment d’avoir perdu de l’efficacité avec 60 % des suppressions de postes de l’ensemble de l’Etat. C’est pour ça qu’avec le ministre, on a dit « stop » ; ça devenait intolérable, une question de justice sociale. »

 

Réorganisation dans la bande sahélo-saharienne

« On va basculer le PCIAT (poste de commandement interarmées de théâtre) de Bamako à N’Djamena dans les prochaines semaines, d’ici le 14 juillet. Les travaux sont terminés. Nous sommes dans une situation assez paradoxale : nous avons tenu des objectifs difficiles de réalisation et c’est la date de bascule qui a glissé. L’art des opérations, c’est l’adaptation. Tout est prêt. Là encore, cette réorganisation va permettre d’économiser sur les effectifs, pas loin de 200 personnes. Rien n’est durable en ce bas-monde mais l’idée n’est pas de partir dans six mois, c’est d’être confortablement installé dans ce pays avec un commandement unique fusionnant avec un autre nom les opérations Serval et Epervier. »

 

Le soutien en opération extérieure

« Le soutien opérationnel s’est beaucoup amélioré depuis le Kosovo en 1999. Je le sais, j’y étais. Tout n’est pas parfait dans Serval ou Sangaris mais la fusion du Service du commissariat des armées va dans le bon sens. J’ai vu sur place Sangaris et aujourd’hui, chaque soldat prend une douche par jour, 75 % déjeunent chaud et 80 % ont des tentes climatisées. En premier mandat, c'est vrai, la priorité était la mission opérationnelle : éviter un massacre gigantesque. Il reste des choses à améliorer sur le paludisme notamment. Notre doctrine, c’est d’abord l’opérationnel et puis, c’est aussi un problème de moyens. Je suis très conscient de tout ça ; j’étais le premier à gueuler au Kosovo. Il faut améliorer les lieux de stockage et les besoins. On est en train de fusionner tout ça. C’est d’ailleurs valable pour les OPEX et aussi en temps de paix. »

 

2014  et les commémorations, une opération nationale le 6 septembre

« Je profite de ces commémorations du 70e anniversaire et du centenaire pour puiser dans les ressources morales des anciens pour conduire la transformation des armées et des opérations extérieures d’aujourd’hui. Au Mali, en Centrafrique, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, en Libye, le soldat a le même âge et les mêmes ressources. J'y vois un vrai parallèle.

Le 6 septembre, pour le centenaire de la bataille de la Marne, nous lancerons une opération nationale dans cent villes avec cent drapeaux et cent héros. Nous dévoilerons des plaques de régiments partis sur le front, en veillant à l’interarmées. Les armées doivent commémorer comme le pays et même plus que le pays. »

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