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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 15:55
Canon Caesar - photo Armée de Terre

Canon Caesar - photo Armée de Terre

 

02/07/2014 Jean Guisnel – Défense Ouverte / Le Point.fr

 

Budgets en réduction, complémentarités de gammes et très gros marché français à venir expliquent une fusion opportune entre les deux industriels.

 

Voici une dizaine d'années que l'affaire était dans les tuyaux ! C'est dire si l'annonce faite mardi par le ministère de la Défense des premiers pas devant conduire à un rapprochement de deux industriels de l'armement terrestre, l'allemand Krauss-Maffei Wegmann et le français Nexter, est importante. Il y a encore du pain sur la planche avant que ce rapprochement ne débouche sur une fusion, mais la lettre d'intention signée mardi à Paris par les deux P-DG, Philippe Burtin (Nexter) et Frank Haun (KMW), est une avancée essentielle. Elle permettra à ces spécialistes porteurs de deux cultures différentes de l'armement terrestre de rapprocher leurs gammes et de concourir ensemble pour les juteux marchés export.

 

Roue contre chenille

 

Les temps glorieux de la guerre froide qui voyaient ces deux industriels livrer chaque année des dizaines de blindés à leurs armées respectives sont révolus depuis un quart de siècle. Mais ce que la France et l'Allemagne avaient réussi en matière de missiles, avec la création d'Euromissile aujourd'hui fondu dans MBDA, ou d'Eurocopter devenu leader mondial du secteur des hélicoptères, restait à faire en matière d'armement terrestre.

 

KMW et Nexter n'excellent pas dans les mêmes segments techniques : l'industriel allemand est au tout premier rang pour les blindés à chenilles, notamment avec la famille du char de bataille Léopard, quand son concurrent français est meilleur dans les blindés à roues, illustrés par la dernière génération de ces équipements produits en France : le VBCI, dont 77 nouveaux exemplaires auront été livrés à la fin de l'année en cours. Surtout, Nexter commercialise un canon d'artillerie de 155 mm monté sur roue, le Caesar, qui connaît un succès discret mais bien réel à l'exportation.

 

Contrat Scorpion

 

Le problème, pour les deux industriels, qui se trouvent tous deux en deçà de la taille critique (moins de 800 millions d'euros de chiffre d'affaires pour chacun en 2013), vient de la réduction des budgets, donc des marchés de leurs armées nationales respectives. Or, un contrat important se profile pour l'industriel français : celui du nouveau système de combat modulaire de l'armée de terre, Scorpion. Considérablement réduit par rapport aux prévisions initiales, il prévoit le remplacement de véhicules de combat à bout de souffle : le VBMR (véhicule blindé modulaire à roues) doit remplacer le VAB (véhicule de l'avant blindé) en service depuis... 1976 ! À peine moins vieux puisque son entrée en service date de 1980, le char AMX-10 RC doit être remplacé par l'EBRC (engin blindé de reconnaissance et de combat), qui enverra également l'ERC 90 et le VAB Hot au magasin des antiquités.

 

Armement : les vraies raisons du rapprochement entre Nexter et KMW

 

Dans un discours prononcé le 16 juin dernier lors du salon de l'armement terrestre Eurosatory, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait annoncé : "Fort des engagements du président de la République en faveur du budget de la Défense, je m'apprête à lancer le programme Scorpion. Les premières livraisons seront donc en 2018 pour les VBMR, et 2020 pour les EBRC." Le gouvernement attend les dernières offres des industriels pour la fin de ce mois. Les premières signatures de contrats de ce marché énorme (5 à 6 milliards d'euros au total sur quinze ans) sont attendues avant la fin de l'année. Si Bercy ne met pas un coup de frein aux ambitions.

 

Un pari sur l'avenir

 

Le gouvernement français avait le choix entre la recherche d'un partenaire étranger pour Nexter, qui a été retenu, et l'association de cet industriel avec un partenaire français. Deux hypothèses ont été envisagées : Renault Trucks Defense, filiale de Volvo, dont la taille était trop petite. Et Thales. Mais l'armée de terre était très opposée à cette éventualité, peu disposée à payer ses futurs blindés au prix très élevé que pratique l'électronicien. L'association avec KMW s'est donc imposée logiquement. Elle passera par la création d'une société commune, Nexter étant privatisée et demeurant la propriété de l'État, qui détiendra 50 % de la nouvelle société, plus une golden share.

 

La fin du processus de rapprochement n'est pas prévue avant 2018 ou 2019. Dans une allocution prononcée mardi lors de la cérémonie de signature, le ministre de la Défense a toutefois estimé que "le mariage, et donc la création d'un nouveau groupe, est attendu à l'horizon du premier semestre 2015. Je vous donne rendez-vous à cette date, et j'espère que nous pourrons alors célébrer ensemble la réussite d'une opération qui est, à mon sens, une véritable chance, pour la France et l'Allemagne, et pour l'Europe à travers nos deux pays."

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 10:05

Des militaires en Afghanistan avec des canons Caesar de Nex

 

28/02/2013 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Le groupe d'armement terrestre détenu à 100 % par l'Etat français est à un tournant stratégique de sa jeune histoire. Trois défis sont devant Nexter, dont le PDG Philippe Burtin présente ce jeudi les résultats 2012 : le renouvellement de la gamme de ses produits, l'export comme relais de croissance et la consolidation de l'industrie terrestre en France et/puis en Europe.

 

Entendons-nous bien, Nexter aujourd'hui va bien. Sept ans après sa création sur les ruines de Giat-Industries, le groupe d'armement terrestre, remis en ordre de marche d'abord par Luc Vigneron puis consolidé par Philippe Burtin, est désormais un bon élève pour l'Etat, qui a toutefois dépensé sans compter pour sauver cette entreprise au bord du précipice au début des années 2000. Les temps ont changé. Au cours des sept dernières années, Nexter a versé à l'Etat, son seul et unique actionnaire, « plus de 700 millions d'euros de dividendes », a expliqué récemment le PDG de Nexter. Dans le même temps, il a généré un milliard de flux de trésorerie. Le chiffre d'affaires de Nexter, qui emploie 98 % de ses effectifs et achète 92 % de ses achats en France, devrait s'élever à plus d'un milliard d'euros en 2012.

 

Bref, Nexter a de quoi séduire les politiques à nouveau intéressés par le « Made in France ». Pour autant, la partie n'est pas finie. Car Nexter, devenu un systémier-intégrateur, est aujourd'hui à un nouveau tournant stratégique de sa jeune existence. Le groupe d'armements terrestres est confronté à trois défis qu'il doit mener pour poursuivre sa mutation. Il n'en détient pas toutes les cartes, l'Etat peut lui faciliter la tâche... ou lui compliquer son existence. En 2013, Nexter va très rapidement tester la bonne volonté de l'Etat à son endroit. Philippe Burtin attend dès le mois de mars une tranche conditionnelle d'une commande de munitions de gros calibre dans le cadre d'un contrat pluriannuel. Une commande vitale pour le site de La-Chapelle-Saint-Ursin dans la région Centre. D'ailleurs, il a confirmé début décembre avoir « déjà entré » dans son carnet de commandes des tranches conditionnelles portant sur ce type de munitions.

 

Le renouvellement de la gamme de produits

 

Comme tous les industriels du secteur de la défense, Nexter attend les conclusions du Livre blanc et sa mise en musique par la prochaine Loi de programmation militaire (LPM). Peut-être même un peu plus que les autres. Car les enjeux pour l'armée de Terre sont très importants, en raison notamment du remplacement du parc des VAB, dont le premier a été livré en 1976, et du parc de chars légers à roues, les AMX 10 RC par respectivement le véhicule blindé multi-rôle (VBMR) et l'EBRC. Deux nouveaux programmes qui doivent rapidement venir en relais du Caesar et des VBCI, dont les livraisons pour l'armée de terre vont s'achever dès la fin de 2014. C'est de la responsabilité de l'Etat qui tient l'avenir de Nexter, qui dispose aujourd'hui d'une visibilité de 24 mois (exercices 2013 et 2014) grâce à son carnet de commandes, entre ses mains. « Dans la programmation actuelle, la consultation VBMR que Nexter Systems prépare en coopération avec Renault Trucks Defence (RTD) représenterait le relais souhaité de maintien du potentiel industriel si le VBCI entre-temps, ne devait pas remporter de succès à l'exportation », explique Philippe Burtin.

 

Nexter XP2 Technology demonstrator for VBMR source DSI

 

L'EBRC est également un enjeu vital pour Nexter. Ce programme « permettra de maintenir en France la compétence de fonction feu et intégration de celle-ci dans une plate-forme avec des technologies de nouvelles générations », précise le PDG du groupe d'armements terrestres. Il est clair que l'EBRC apportera pour Nexter une charge de travail importante ainsi qu'un maintien des compétences en France de développement d'un système d'armes blindé. Enfin, Nexter compte également sur le programme Scorpion, qui « vise en premier lieu à la mise en cohérence des programmes des matériels et des équipements » (VBMR, EBRC, VBCI...) « Si les notifications (du VBMR, Scorpion et EBRC, ndlr) étaient retardées - nous commencerons ces programmes par les phases de développement et de conception -, nos bureaux d'études devraient faire face à une difficulté en 2015 », a fait valoir Philippe Burtin. En 2012, Nexter a consacré 15 % de son chiffre d'affaires à la recherche et développement (R&D), dont la moitié a été autofinancée. Par exemple, il a investi 15 millions d'euros pour le programme Scorpion. Enfin, Nexter doit encore travailler pour confirmer la moitié de sa charge de travail pour 2015. Un salut qui passera forcément par l'export.

 

Des relais de croissance à l'export

 

Face aux incertitudes du budget de la défense en France, et plus généralement en Europe, Nexter doit trouver des relais de croissance à l'export. Compliqué pour une entreprise qui a longtemps été repliée sur elle-même en France, mais pas impossible. D'une part parce que Nexter a trois matériels qui séduisent les clients à l'export (Caesar, Aravis et VBCI) - cela demande encore confirmation pour le VBCI - et, d'autre part, le groupe « est revenu dans les grandes compétitions internationales », a assuré Philippe Burtin. En 2012, le groupe a fait feu de tout bois. Nexter avait l'an dernier « 34 prospects actifs » et a remis « 130 offres », soit un niveau identique à celui de 2011. Et cela marche bien. En 2012, 80 % des prises de commandes, qui seront supérieure à celles de 2011, proviendront de l'exportation. « C'est un jalon qui résulte de la conjonction d'une offre produit/services en adéquation avec le besoin et d'une réelle mobilisation des toute l'entreprise pour saisir les opportunités ».

 

VBCI - French Army in Afghanistan with flexible wire cage R

 

Quels prospects ? Nexter doit soumissionner en 2013 en Inde pour un matériel de type Caesar et discute, selon sa stratégie de partenariats établie avec des industriels locaux, avec des fournisseurs indiens de solutions de châssis afin de satisfaire aux exigences de compensation. Les groupes indiens Tata, Ashok, Leyland, BEML et Eicher sont en compétition pour travailler avec Nexter. Le Caesar a déjà été vendu à l'Arabie saoudite (132 exemplaires), à l'Indonésie et à la Thaïlande. Le Danemark est également intéressé par ce type de matériel. Le VBCI intéresse également plusieurs pays, dont les Emirats Arabes Unis, qui étaient à deux doigts il y a quelques jours au salon d'Abu Dhabi de sélectionner Nexter pour entrer en négociations exclusives pour la vente de 700 véhicules. Deux autres compétitions se déroulent actuellement, au Canada « où le client a qualifié notre offre de compétitive avec un retour industriel de bon niveau », selon Philippe Burtin, et au Danemark, où elle est également « jugée compétitive ». Décision en 2013. Et de rappeler que « s'agissant du VBCI, nous avons été éliminés dans une seule affaire, en 2010 en Suède ». Le VBCI a également échoué en 2008 en Grande-Bretagne.

 

Consolidation européenne ?

 

Le dossier de la restructuration européenne est un serpent de mer que Luc Vigneron avait vendu en 2004 à l'opinion publique pour justifier les restructurations sévères en vue de redresser le groupe. Aujourd'hui Nexter va bien même s'il fait sa route tout seul. Que peut-il espérer ? D'abord, il peut se renforcer. Deux dossiers sont en cours d'examen en France. Le premier est celui de TDA, filiale à 100 % du groupe Thales spécialisée dans les mortiers et les roquettes. En 2011, l'Etat avait retenu le schéma de confier TDA et sa filiale FZ à Nexter, et en contrepartie de faire entrer Thales dans le capital de Nexter. « L'instruction du projet industriel et les due diligences ont été commencées sans que les valorisations ne soient échangées. Le processus est suspendu depuis le printemps dans l'attente des orientations des autorités », a expliqué en décembre Philippe Burtin. Ce dernier précise qu'il a la trésorerie qui lui permettrait de procéder à l'achat comptant de 100 % des actions TDA. L'autre dossier est celui des poudres et explosifs, une filière regroupée dans Eurenco. Dès 2007, Nexter a manifesté son intérêt pour reprendre cette entreprise. Ce qui permettrait à Nexer d'internaliser la fourniture de ces composants essentiels pour ses munitions. Philippe Burtin a réitéré au deuxième trimestre 2012 son offre de reprise d'Eurenco ainsi que de sa maison mère SNPE « dans le but de rationaliser les structures de défaisance existantes dans le terrestre ». En revanche, pas question de se faire racheter par RTD. Des discussions avaient été menées début 2011 et ont été interrompues en accord avec l'actionnaire.

 

Deuxième étape, l'Europe. Pour l'heure, les discussions ont tourné en rond. Car pour Philippe Burtin, « il s'agit de disposer de la capacité financière adéquate et c'est là que la question de la taille se pose. A moyen terme, elle nous permettra de financer le développement de nos produits, en parallèle du retrait de l'Etat, qui déjà demande le cofinancement. (...) A moyen terme c'est la taille qui nous permettra, dans la structure rassemblée et agrandie d'un groupe européen de faire face à ces nouveaux enjeux ». Nexter doit également faire face à de nouveaux entrants des pays émergents, qui sont « la vraie menace », selon le PDG de Nexter. « Ces pays montent progressivement en gamme en capitalisant sur leurs domaines de compétences - camions, engins spéciaux, autobus. Grâce aux transferts de technologies - ils se constituent une industrie puissante fondée sur des besoins nationaux d'équipements - ils produisent de grandes séries - et une structure de coûts que nous ne pouvons pas atteindre ». C'est notamment le cas de la Turquie, de l'Afrique du sud, de la Corée du sud, de la Chine... Dans le secteur de la défense terrestre, Nexter doit faire face à la concurrence où les produits se comptent par dizaines dans certains créneaux.

 

Qui pour s'allier avec Nexter ?

 

Derrière General Dynamics et BAE Systems, dont leur portefeuille va des systèmes d'armes jusqu'aux services en passant par les équipements et les munitions, Nexter voudrait se frayer un chemin pour devenir le troisième acteur global de la défense terrestre européen « permettant l'autonomie des choix et des actions » de nos clients européens, notamment l'armée française. Car, selon Philippe Burtin, « l'objectif de Nexter est de maintenir l'unité des activités systèmes et des munitions du groupe » et de « préserver sa liberté de systémier ». Enfin, l'ambition de Nexter « vise à la formation d'une entreprise intégrée dans laquelle les intérêts français seraient préservés : majoritaires ou à égalité de droits, tout en pérennisant en France les compétences nécessaires au maintien de l'autonomie d'approvisionnement des forces ».

 

Selon le PDG de Nexter, "en Europe, les contacts nécessaires sont établis avec les partenaires potentiels et les discussions se poursuivent pour rapprocher Nexter de ceux qui partagent le bien-fondé de sa vision stratégique en vue de constituer le leader européen souhaité. Certaines entreprises ne partagent pas l'actualité de cette vision, par exemple en Belgique ou en Finlande. D'autres, en Angleterre ou en Allemagne, ne souhaitent discuter que d'une prise de contrôle de Nexter. Aucun partenaire, je le confirme, n'est arrêté par l'aspect étatique de notre actionnariat". A suivre...

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