19/09 lesEchos.fr (Reuters)
La Suisse, qui consacre 6% de son budget à la défense et n'a pas connu une guerre depuis deux siècles, se prononce dimanche par référendum sur l'abolition de la conscription militaire.
"Tout le monde n'a pas le temps de jouer à la guerre", déclare sur ses affiches le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA), à l'initiative de cette votation populaire.
Le maintien d'une armée de conscrits interpelle de nombreux Suisses, compte tenu de l'absence de menaces directes et de la neutralité de la Confédération helvétique.
Celle-ci dispose, avec 150.000 militaires, d'une armée aussi importante que celles de l'Autriche, de la Belgique, de la Norvège, de la Finlande et de la Suède réunies.
Le GSsA, qui a recueilli les 100.000 signatures nécessaires pour une consultation, prône la création d'une armée de métier.
Il a trouvé dans sa campagne un allié aussi puissant qu'inattendu, les multinationales installées en Suisse qui voient d'un mauvais oeil leur personnel local disparaître pendant neuf mois pour effectuer leur service militaire.
La loi oblige chaque citoyen suisse âgé de 18 à 34 ans à intégrer l'armée pendant 260 jours, avec une période d'entraînement proprement dite qui dure entre 18 et 21 semaines, suivie ultérieurement par des stages de recyclage de 19 jours.
LES GRANDES MANOEUVRES DE L'ARMÉE
Face à l'offensive des abolitionnistes, l'armée est passée à la contre-attaque.
Elle a invité en juillet des dirigeants de multinationales et leurs directeurs des ressources humaines à assister près de Zurich à des manoeuvres afin d'observer la manière dont les recrues apprennent la stratégie, la hiérarchisation des priorités et le travail sous la pression, toutes qualités indispensables à un bon manager dans une entreprise.
"L'armée suisse propose la meilleure formation pratique au management en Suisse", affirme le général André Blattmann, chef d'état-major de l'armée helvétique.
L'état-major a recruté trois soutiens de poids, l'ancien dirigeant de la Deutsche Bank et du groupe d'assurance Zurich Josef Ackermann, le PDG d'Adecco et de Swiss Life Rolf Dörig, et le successeur d'Ackermann à Zurich, Martin Senn, tous passés par les rangs de l'armée.
Josef Ackermann a ainsi estimé que le service militaire constituait une préparation à la gestion des crises et à la concurrence bien supérieure à celle offerte par les écoles de commerce.
Pour le porte-parole du GSsA, Nikolaï Prawdzic, une telle idée constitue un anachronisme au XXIe siècle.
"Nous avions il y a des dizaines d'années une hiérarchie très rigide, allant du haut vers le bas, où l'on donnait des ordres et où les gens se contentaient d'obéir. Aujourd'hui, l'économie a changé, il est essentiel de travailler en groupe, mais aussi seul et par soi-même, sans quelqu'un qui vous donne constamment des ordres", explique-t-il.
Le GSsA récuse également le vieil argument selon lequel l'armée permet au futur dirigeant d'entreprise de se constituer un réseau qui lui servira ensuite dans sa vie professionnelle.