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7 avril 2015 2 07 /04 /avril /2015 16:55
Les champs de braises, prix littéraire de l'armée de Terre (1995)

 

06/04/2015 Christiane Boisgelot - armée de Terre

 

Depuis 20 ans,  l’armée de Terre récompense chaque année un ouvrage grand public célébrant un exemple d’engagement au service de la France. Ce prix a pour vocation de mettre en avant des ouvrages qui célèbrent les valeurs de courage, de dévouement et d’abnégation jusqu’au sacrifice suprême. Les Champs de braises d’Hélie de Saint Marc est le premier livre consacré par le Prix littéraire de l’armée de Terre Erwan Bergot en 1995, date de sa création.

 

C’est le récit d’un destin exceptionnel qui, de Buchenwald aux camps d’internement du Viet-Minh, de la guerre d’Algérie au putsch d’Alger, conduisit l’auteur, alors militaire, à être acteur et témoin des tumultes et contradictions de notre histoire contemporaine. Trente ans après ces évènements douloureux, l’auteur, avec beaucoup d’humilité, d’humanisme et de sagesse, tire les enseignements de cette existence blessée, de ses échecs mais aussi de ses révélations. Ce récit met en exergue le courage, l’engagement, la fidélité, l’honneur, quoi qu’il en coûte, car «  chaque homme doit laisser une trace, même infime, à ceux qui lui succèdent dans l’échelle du temps ».

 

A lire et relire Les Champs de braises d’Hélie de Saint Marc. éditions Les Arènes/Perrin, Prix Femina et Prix littéraire de l’armée de Terre Erwan Bergot

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29 octobre 2013 2 29 /10 /octobre /2013 17:55
L'honneur d'un commandant

 

26-09-2013 Général Christophe de Saint Chamas, commandant la Légion étrangère

 

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 758. - Source : Képi Blanc magazine (Réf : 318 – 1182)

 

[… ]

 

Tout récemment, lors de la disparition d'un officier de Légion au destin hors du commun, le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, historiens, écrivains, journalistes, amis et anciens ont exprimé avec talent et conviction ce qu'il représentait pour eux. La Légion étrangère souhaite à son tour rendre hommage à ce grand soldat, à ce chef charismatique au destin unique, à cet officier qui a servi tant d'années dans les rangs de la Légion étrangère, en Indochine puis en Algérie.

 

Dignitaire de la Légion d'honneur, les honneurs militaires lui ont été rendus par la Légion étrangère, légitimement désignée pour la cérémonie.

 

Derrière le général d'armée Ract-Madoux, chef d'État-major de l'armée de Terre, représentant le gouvernement, une foule très nombreuse est venue assister à cet hommage. À la délégation officielle s'est ajoutée celle des anciens combattants parmi lesquels une splendide cohorte d'anciens légionnaires.

 

De nombreux frères d'armes qui avaient sauté ou crapahuté avec lui, servi à ses côtés ou sous ses ordres, le plus souvent au combat, sont venus le saluer une dernière fois. Ils voulaient honorer le résistant, le légionnaire parachutiste, le grand soldat, mais aussi, le chef qui avait connu des situations tragiques dans l'exercice du commandement, et qui l'avaient amené à faire un choix lourdement condamné dont il avait accepté les conséquences, pour sa carrière, sa famille et sa vie toute entière.

 

N'étant pas contemporain de ses frères d'armes mais de ceux qui ont trouvé dans ses récits et témoignages, l'envie de servir la France, j'ai pu mesurer, comme beaucoup d'autres, son désintéressement et son extrême honnêteté. Et les cas de conscience qu'il a vécus ont permis aux générations suivantes de réfléchir sur le rôle du combattant, du sous-officier, de l'officier. Jamais, il n'a présenté ses décisions comme exemplaires, expliquant avec sagesse et profondeur qu'il avait été amené à faire le choix de son honneur au détriment de la discipline. Jamais il n'a porté de jugement de valeur sur les sanctions qui lui ont été infligées ou sur le choix que d'autres ont fait dans ces situations particulièrement complexes.

 

À de nombreuses reprises, des légionnaires, des anciens, se sont demandé pourquoi cet offi cier au destin exceptionnel n'avait pas été mis à l'honneur un 30 avril pour porter la main du capitaine Danjou lors de la cérémonie commémorative du combat de Camerone. La question fut pourtant abordée avec lui. De même qu'il avait défendu ses subordonnés en expliquant qu'on ne pouvait reprocher à un légionnaire d'avoir obéi à son chef, il jugea opportun pour la Légion étrangère, de ne pas mettre en avant un officier qui avait un jour manqué à la discipline. Il pensait avec raison que la Légion étrangère ne pouvait laisser croire qu'elle cautionnait un geste d'indiscipline, quelles qu'en soient les raisons. Il nous rappelait que la discipline était une valeur qu'il fallait cultiver et entretenir à chaque instant dans nos rangs.

 

Avec tous les légionnaires et anciens, je dis simplement : "Mes respects Mon commandant, vous qui avez porté pendant tant d'années ce grade qui résume à lui seul votre carrière marquée par un choix de commandement, réfléchi et assumé".

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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 17:54
Des messes en mémoire du commandant Hélie de Saint Marc à Paris et Lyon

30.09.2013 par Philippe Chapleau – Lignes de Défense

 

La famille du commandant Hélie Denoix de Saint Marc (décédé le 26 août), en union avec l'Amicale des Legionnaires Parachutistes, organise une messe qui sera célébrée par Mgr Ravel, évêque aux armées, en la cathédrale Saint Louis des Invalides (Paris 7e), le mercredi 9 octobre 2013 à 19h 30.

 

Elle sera précédée du rallumage de la Flamme à l'Arc de Triomphe, à 18h 30.

 

Par ailleurs, le 14 octobre, à 12h, une messe sera organisée par l'association Vietnam Espérance et célébrée en l'église de la Rédemption, à Lyon 6e.

 

Le commandant de Saint-Marc était le fondateur et l'inspirateur jusqu’à sa mort de cette association qui œuvre beaucoup pour l’Eglise au Vietnam.

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10 septembre 2013 2 10 /09 /septembre /2013 06:55
Helie de Saint Marc - Crédits ADJ F.Raisin SIRPA Terre

Helie de Saint Marc - Crédits ADJ F.Raisin SIRPA Terre

Eloge funèbre prononcé le vendredi 30 août aux obsèques d’Hélie de Saint Marc en la cathédrale Saint-Jean de Lyon par le général Bruno Dary, ancien commandant de la Légion étrangère, ancien gouverneur militaire de Paris, président de l’association des Légionnaires parachutistes.

 

Mon commandant, mon ancien,

 

Ils sont là, ils sont tous présents, qu’ils soient vivants ou disparus, oubliés de l’histoire ou célèbres, croyants, agnostiques ou incroyants, souffrant ou en pleine santé, jeunes soldats ou anciens combattants, civils ou militaires, ils sont tous présents, si ce n’est pas avec leur corps, c’est par leur coeur ou par leur âme ! Tous ceux qui, un jour, ont croisé votre chemin, ou ont fait avec vous une partie de votre route ou plutôt de votre incroyable destinée, sont regroupés autour de vous : les lycéens de Bordeaux, les résistants du réseau Jade-Amicol, les déportés du camp de Langenstein, vos frères d’armes, vos légionnaires que vous avez menés au combat, ceux qui sont morts dans l’anonymat de la jungle ou l’indifférence du pays, les enfants de Talung que vous avez dû laisser derrière vous, les harkis abandonnés puis livrés aux mains du FLN ! Je n’oublie pas vos parents et votre famille, qui ont partagé vos joies et vos épreuves ; il faut ajouter à cette longue liste, les jeunes générations, qui n’ont connu, ni la Guerre de 40, ni l’Indochine, pas plus que l’Algérie, mais qui ont dévoré vos livres, qui vous ont écouté et que vous avez marqués profondément ! Cette liste ne serait pas complète, si n’était pas évoquée la longue cohorte des prisonniers, des déchus, des petits et des sans-grades, les inconnus de l’histoire et des médias, ceux que vous avez croisés, écoutés, respectés, défendus, compris et aimés et dont vous avez été l’avocat. Eux tous s’adressent à vous aujourd’hui, à travers ces quelques mots et, comme nous en étions convenus la dernière fois que nous nous sommes vus et embrassés chez vous, je ne servirai que d’interprète, à la fois fidèle, concis et surtout sobre.

 

Aujourd’hui, Hélie, notre compagnon fidèle, c’est vous qui nous quittez, emportant avec vous vos souvenirs et surtout vos interrogations et vos mystères ; vous laissez chacun de nous, à la fois heureux et fier de vous avoir rencontré, mais triste et orphelin de devoir vous quitter. Vous laissez surtout chacun de nous, seul face à sa conscience et face aux interrogations lancinantes et fondamentales qui ont hanté votre vie, comme elles hantent la vie de tout honnête homme, qui se veut à la fois homme d’action et de réflexion, et qui cherche inlassablement à donner un sens à son geste !

 

Parmi tous ces mystères, l’un d’eux ne vous a jamais quitté. Il a même scandé votre vie ! C’est celui de la vie et de la mort. Car qui d’autres mieux que vous, aurait pu dire, écrire, prédire ou reprendre à son compte ce poème d’Alan Seeger, cet Américain, à la fois légionnaire et poète, disparu à 20 ans dans la tourmente de 1916 : « j’ai rendez-vous avec la mort » ?

 

C’est à 10 ans que vous avez votre premier rendez-vous avec la mort, quand gravement malade, votre maman veille sur vous, nuit et jour ; de cette épreuve, vous vous souviendrez d’elle, tricotant au pied de votre lit et vous disant : « Tu vois Hélie, la vie est ainsi faite comme un tricot : il faut toujours avoir le courage de mettre un pied devant l’autre, de toujours recommencer, de ne jamais s’arrêter, de ne jamais rien lâcher ! » Cette leçon d’humanité vous servira et vous sauvera quelques années plus tard en camp de concentration. Votre père, cet homme juste, droit et indépendant, qui mettait un point d’honneur durant la guerre, à saluer poliment les passants, marqués de l’étoile jaune, participera aussi à votre éducation ; il vous dira notamment de ne jamais accrocher votre idéal, votre ‘‘étoile personnelle’’ à un homme, aussi grand fût-il ! De l’époque de votre jeunesse, vous garderez des principes stricts et respectables, que les aléas de la vie ne vont pourtant pas ménager ; c’est bien là votre premier mystère d’une éducation rigoureuse, fondée sur des règles claires, simples et intangibles, que la vie va vous apprendre à relativiser, dès lors qu’elles sont confrontées à la réalité !

Puis, à 20 ans, vous aurez votre deuxième rendez-vous avec la mort ! Mais cette fois-ci, vêtu d’un méchant pyjama rayé, dans le camp de Langenstein. Deux ans de déportation mineront votre santé et votre survie se jouera à quelques jours près, grâce à la libération du camp par les Américains. Mais votre survie se jouera aussi par l’aide fraternelle d’un infirmier français qui volait des médicaments pour vous sauver d’une pneumonie, puis celle d’un mineur letton, qui vous avait pris en affection et qui chapardait de la nourriture pour survivre et vous aider à supporter des conditions de vie et de travail inhumaines. En revanche, vous refuserez toujours de participer à toute forme d’emploi administratif dans la vie ou l’encadrement du camp d’internement, ce qui vous aurait mis à l’abri du dénuement dans lequel vous avez vécu. Vous y connaitrez aussi la fraternité avec ses différentes facettes : d’un côté, celle du compagnon qui partage un quignon de pain en dépit de l’extrême pénurie, du camarade qui se charge d’une partie de votre travail malgré la fatigue, mais de l’autre, les rivalités entre les petites fraternités qui se créaient, les cercles, les réseaux d’influence, les mouvements politiques ou les nationalités…. Mystère, ou plutôt misère, de l’homme confronté à un palier de souffrances tel qu’il ne s’appartient plus ou qu’il perd ses références intellectuelles, humaines et morales !

 

Vous avez encore eu rendez-vous avec la mort à 30 ans, cette fois, à l’autre bout du monde, en Indochine. Vous étiez de ces lieutenants et de ces capitaines, pour lesquels de Lattre s’était engagé jusqu’à l’extrême limite de ses forces, comme sentinelles avancées du monde libre face à l’avancée de la menace communiste. D’abord à Talung, petit village à la frontière de Chine, dont vous avez gardé pieusement une photo aérienne dans votre bureau de Lyon. Si les combats que vous y avez mené n’eurent pas de dimension stratégique, ils vous marquèrent profondément et définitivement par leur fin tragique : contraint d’abandonner la Haute région, vous avez dû le faire à Talung, sans préavis, ni ménagement ; ainsi, vous et vos légionnaires, quittèrent les villageois, en fermant les yeux de douleur et de honte ! Cette interrogation, de l’ordre que l’on exécute en désaccord avec sa conscience, vous hantera longtemps, pour ne pas dire toujours ! Plus tard, à la tête de votre Compagnie du 2° Bataillon étranger de parachutistes, vous avez conduit de durs et longs combats sous les ordres d’un chef d’exception, le chef d’escadron RAFFALLI : Nhia Lo, la Rivière Noire, Hoa Binh, Nassan, la Plaine des Jarres. Au cours de ces combats, à l’instar de vos compagnons d’armes ou de vos aînés, vous vous sentiez invulnérables ; peut-être même, vous sentiez-vous tout permis, parce que la mort était votre plus proche compagne : une balle qui vous effleure à quelques centimètres du coeur, votre chef qui refuse de se baisser devant l’ennemi et qui finit pas être mortellement touché ; Amilakvari et Brunet de Sairigné vous avaient montré le chemin, Segrétain, Hamacek, Raffalli et plus tard Jeanpierre, Violès, Bourgin, autant de camarades qui vous ont quitté en chemin. Parmi cette litanie, on ne peut oublier, votre fidèle adjudant d’unité, l’adjudant Bonnin, qui vous a marqué à tel point, que, plus tard, vous veillerez à évoquer sa personnalité et sa mémoire durant toutes vos conférences ! Et avec lui, se joignent tous vos légionnaires, qui ont servi honnêtes et fidèles, qui sont morts, dans l’anonymat mais face à l’ennemi, et pour lesquels vous n’avez eu le temps de dire qu’une humble prière. Tel est le mystère de la mort au combat, qui au même moment frappe un compagnon à vos côtés et vous épargne, pour quelques centimètres ou une fraction de seconde !

 

10 ans plus tard, vous aurez encore rendez-vous avec la mort ! Mais cette fois-ci, ce ne sera pas d’une balle perdue sur un champ de bataille, mais de 12 balles dans la peau, dans un mauvais fossé du Fort d’Ivry. En effet, vous veniez d’accomplir un acte grave, en vous rebellant contre l’ordre établi et en y entraînant derrière vous une unité d’élite de légionnaires, ces hommes venus servir la France avec honneur et fidélité. Or retourner son arme contre les autorités de son propre pays reste un acte très grave pour un soldat ; en revanche, le jugement qui sera rendu - 10 ans de réclusion pour vous et le sursis pour vos capitaines - montre qu’en dépit de toutes les pressions politiques de l’époque, en dépit des tribunaux d’exception et en dépit de la rapidité du jugement, les circonstances atténuantes vous ont été reconnues. Elles vous seront aussi été reconnues 5 ans après, quand vous serez libéré de prison, comme elles vous seront encore reconnues quelques années plus tard quand vous serez réhabilité dans vos droits ; elles vous seront surtout reconnues par la nation et par les médias à travers le succès éblouissant de vos livres, celui de vos nombreuses conférences et par votre témoignage d’homme d’honneur. Ces circonstances atténuantes se transformeront finalement en circonstances exceptionnelles, lorsque, 50 ans plus tard, en novembre 2011, le Président de la République en personne vous élèvera à la plus haute distinction de l’Ordre de la Légion d’Honneur ; au cours de cette cérémonie émouvante, qui eut lieu dans le Panthéon des soldats, nul ne saura si l’accolade du chef des armées représentait le pardon du pays à l’un de ses grands soldats ou bien la demande de pardon de la République pour avoir tant exigé de ses soldats à l’époque de l’Algérie. Le pardon, par sa puissance, par son exemple et surtout par son mystère, fera le reste de la cérémonie !….Aujourd’hui, vous nous laissez l’exemple d’un soldat qui eut le courage, à la fois fou et réfléchi, de tout sacrifier dans un acte de désespoir pour sauver son honneur ! Mais vous nous quittez en sachant que beaucoup d’officiers ont aussi préservé leur honneur en faisant le choix de la discipline. Le mot de la fin, si une fin il y a, car la tragédie algérienne a fait couler autant d’encre que de sang, revient à l’un de vos contemporains, le général de Pouilly, qui, au cours de l’un des nombreux procès qui suivirent, déclara, de façon magistrale et courageuse, devant le tribunal : « Choisissant la discipline, j’ai également choisi de partager avec la Nation française la honte d’un abandon… Et pour ceux qui, n’ayant pas pu supporter cette honte, se sont révoltés contre elle, l’Histoire dira sans doute que leur crime est moins grand que le nôtre » !

 

Et puis, quelque 20 ans plus tard, alors que, depuis votre sortie de prison, vous aviez choisi de garder le silence, comme seul linceul qui convienne après tant de drames vécus, alors que vous aviez reconstruit votre vie, ici même à Lyon, vous êtes agressé un soir dans la rue par deux individus masqués, dont l’un vous crie, une fois que vous êtes à terre : « Tais-toi ! On ne veut plus que tu parles ! » Cette agression survenait après l’une de vos rares interventions de l’époque ; elle agira comme un électrochoc et vous décidera alors à témoigner de ce que vous avez vu et vécu à la pointe de tous les drames qui ont agité la France au cours du XXème siècle. Ainsi, au moment où vous comptiez prendre votre retraite, vous allez alors commencer, une 3° carrière d’écrivain et de conférencier. Alors que le silence que vous aviez choisi de respecter, vous laissait en fait pour mort dans la société française, ce nouvel engagement va vous redonner une raison de vivre et de combattre ! Toujours ce mystère de la vie et de la mort ! Au-delà des faits et des drames que vous évoquerez avec autant d’humilité que de pudeur, vous expliquerez les grandeurs et les servitudes du métier des armes et plus largement de celles de tout homme. A l’égard de ceux qui ont vécu les mêmes guerres, vous apporterez un témoignage simple, vrai, poignant et dépassionné pour expliquer les drames vécus par les soldats, qui, dans leur prérogative exorbitante de gardien des armes de la cité et de la force du pays, sont en permanence confrontés aux impératifs des ordres reçus, aux contraintes de la réalité des conflits et aux exigences de leur propre conscience, notamment quand les circonstances deviennent exceptionnellement dramatiques. A l’égard des jeunes générations, qui n’ont pas connu ces guerres, ni vécu de telles circonstances, mais qui vous ont écouté avec ferveur, vous avez toujours évité de donner des leçons de morale, ayant vous-même trop souffert quand vous étiez jeune, des tribuns qui s’indignaient sans agir, de ceux qui envoyaient les jeunes gens au front en restant confortablement assis ou de notables dont la prudence excessive servait d’alibi à l’absence d’engagement. Vous êtes ainsi devenu une référence morale pour de nombreux jeunes, qu’ils fussent officiers ou sous-officiers ou plus simplement cadres ou homme de réflexion.

 

Puis dans les dernières années de votre vie, vous avez aussi eu plusieurs rendez-vous avec la mort, car votre « carcasse » comme vous nous le disiez souvent, finissait pas vous jouer des tours et le corps médical, avec toute sa compétence, sa patience et son écoute, ne pouvait plus lutter contre les ravages physiques des années de déportation, les maladies contractées dans la jungle indochinoise et les djebels algériens, les conséquences des années de campagnes, d’humiliation ou de stress. Pourtant, vous avez déjoué les pronostics et vous avez tenu bon, alors que vous accompagniez régulièrement bon nombre de vos frères d’armes à leur dernière demeure ! Là encore, le mystère de la vie et de la mort vous collait à la peau.

 

Et puis, aujourd’hui, Hélie, notre ami, vous êtes là au milieu de nous ; vous, l’homme de tous les conflits du XXème siècle, vous vous êtes endormi dans la paix du Seigneur en ce début du XXIème siècle, dans votre maison des Borias que vous aimiez tant, auprès de Manette et de celles et ceux qui ont partagé l’intimité de votre vie.

 

Mais, Hélie, êtes-vous réellement mort ? Bien sûr, nous savons que nous ne croiserons plus vos yeux d’un bleu indéfinissable ! Nous savons que nous n’écouterons plus votre voix calme, posée et déterminée ! Nous savons aussi que, lors de nos prochaines étapes à Lyon, seule Manette nous ouvrira la porte et nous accueillera ! Nous savons aussi que vos écrits sont désormais achevés !

 

Mais, Hélie, à l’instar de tous ceux qui sont ici présents, nous avons envie nous écrier, comme cet écrivain français : « Mort, où est ta victoire ? »

 

Mort, où est ta victoire, quand on a eu une vie aussi pleine et aussi intense, sans jamais baisser les bras et sans jamais renoncer ?

Mort, où est ta victoire, quand on n’a cessé de frôler la mort, sans jamais chercher à se protéger ?

Mort, où est ta victoire, quand on a toujours été aux avant-gardes de l’histoire, sans jamais manqué à son devoir ?

Mort, où est ta victoire, quand on a su magnifier les valeurs militaires jusqu’à l’extrême limite de leur cohérence, sans jamais défaillir à son honneur ?

Mort, où est ta victoire, quand on s’est toujours battu pour son pays, que celui-ci vous a rejeté et que l’on est toujours resté fidèle à soi-même ?

Mort, où est ta victoire, quand après avoir vécu de telles épreuves, on sait rester humble, mesuré et discret ?

Mort, où est ta victoire, quand son expérience personnelle, militaire et humaine s’affranchit des époques, des circonstances et des passions et sert de guide à ceux qui reprendront le flambeau ?

Mort, où est ta victoire, quand après avoir si souvent évoqué l’absurde et le mystère devant la réalité de la mort, on fait résolument le choix de l’Espérance ?

 

Hélie, notre frère, toi qui a tant prôné l’Espérance, il me revient maintenant ce vieux chant scout que tu as dû chanter dans ta jeunesse et sans doute plus tard, et que tous ceux qui sont présents pourraient entonner : « Ce n’est qu’un au revoir, mon frère ! Ce n’est qu’un au revoir ! Oui, nous nous reverrons Hélie ! Oui, nous nous reverrons » !

 

Oui, Hélie, oui, nous nous reverrons à l’ombre de Saint Michel et de Saint Antoine, avec tous tes compagnons d’armes, en commençant par les plus humbles, dans un monde sans injure, ni parjure, dans un monde sans trahison, ni abandon, dans un monde sans tromperie, ni mesquinerie, dans un monde de pardon, d’amour et de vérité !

 

 

A Dieu, Hélie….A Dieu, Hélie et surtout merci ! Merci d’avoir su nous guider au milieu des « champs de braise ! »

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27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 20:49
Hélie Denoix de Saint Marc, un homme d'honneur

Après les combats de Nghia-lo le CNE Hélie Denoix de Saint Marc, chef de la 2e CIPLE du 2e BEP est décoré par général de Lattre de Tassigny au cours d'une prise d'armes à Ninh-Giang.- photo ECPAD

 

Paris, le 26 août 2013 Général de corps d'armée (2s) Dominique DELORT - Président de la Saint-Cyrienne

 

La Saint-Cyrienne apprend avec tristesse la mort, le 26 août, du Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc de la promotion Veille au Drapeau (1943). 

 

C’est une figure légendaire qui nous quitte et qui laissera aux jeunes générations l’exemple d’un officier qui n’a jamais transigé avec l’honneur. 

 

Résistant dès le plus jeune âge, déporté à Buchenwald, officier de Légion ayant pris part aux pages parmi les plus glorieuses, mais aussi parmi les plus pénibles de notre histoire militaire, écrivain de talent, cet officier d’une rigueur morale absolue a amplement mérité l’hommage de la République qui l’a élevé à la dignité de Grand Croix de la Légion d’Honneur en 2011.

 

La France perd aujourd’hui l’un de ses meilleurs fils, et les Saint-Cyriens, jeunes et moins jeunes, mais aussi tous les Français ont un exemple à méditer.

 

Dans la lignée d’un Blaise de Montluc qui écrivit cette phrase sans équivoque « Mon épée au Roi, mon âme à Dieu, mon honneur à moi », Hélie de Saint-Marc a vécu et exprimé comme nul autre le conflit entre l’honneur et la discipline dans la période dramatique débutant en 1940 pour finir en 1962. Sa vie d’officier toute entière vouée au devoir dans l’honneur fut déchirée et il en porta avec dignité et sagesse tous les stigmates.

 

Qu’il me soit permis de citer Pierre Messmer, dans son discours sur le sens de l’Honneur, valeur morale et sentiment personnel prononcé en 2002, qui conclut ainsi : « Parce qu’il est puissance d’action et de refus de ce qui est bas et vulgaire, parce qu’il est avant tout un souci de soi et de l’image idéale qu’on en a, parce qu’il est impérieux dans ses commandements, le sens de l’honneur sera sans doute l’un des ferments qui fera naitre la nouvelle morale de nos sociétés démocratiques individualistes ». 

 

Paroles d’espoir qui rejoignent in fine l’immense espérance d’Hélie de Saint-Marc au soir d’une tragédie qui fut celle de tant d’hommes et de femmes nés en Indochine et en Algérie, comme celle de tant de soldats Français de toutes origines.

 

« Les champs de braises » de votre vie nous ont marqué pour le meilleur. Que le pire nous soit épargné. 

 

Adieu mon commandant.

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27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 16:55
Le ministre de la Défense salue la mémoire du CBA Hélie Denoix de Saint Marc

27/08/2013 Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense

 

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, salue la mémoire du chef de bataillon Hélie Denoix de Saint Marc, décédé hier à l’âge de 91 ans : 

 

« Grand patriote, résistant de la première heure, déporté à Buchenwald, Hélie Denoix de Saint Marc a mené une carrière militaire prestigieuse en Indochine puis en Algérie. De sa complexité, il faut retenir aujourd’hui la force de son engagement d’officier et la générosité de son dévouement aux hommes dont il était responsable. Par ailleurs, il a su garder à travers les péripéties de l’Histoire, un esprit curieux et novateur, notamment dans le dialogue avec l’ancien ennemi allemand, en publiant avec le colonel August Von Kageneck le livre commun notre histoire, 1922-45 ».

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26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 19:55
Helie de Saint Marc - Crédits : ADJ F.Raisin/SIRPA Terre

Helie de Saint Marc - Crédits : ADJ F.Raisin/SIRPA Terre

26/08/2013 Armée de Terre

 

Si je rencontrais, demain, au coin d’une rue, l’adolescent que j’ai été, je voudrais qu’il n’ait pas à rougir de ce que je suis devenu. Je portais en moi une fièvre d’absolu.  Avec impatience, je rêvais d’un grand départ vers un avenir lointain. Extrait de Toute une vie.

 

Hélie Denoix de Saint Marc a fait son ultime voyage ce lundi 26 août 2013, au lendemain du 69eanniversaire de la Libération de Paris, lui, qui s’était engagé à 19 ans dans la Résistance et qui fut déporté au camp de Buchenwald. Un parcours de vie exceptionnel qu’il fit revivre dans ses mémoires les Champs de braise. En 1995, elles reçurent le Prix littéraire de l’armée de Terre Erwan Bergot, devenant ainsi le premier lauréat de ce prix récompensant un ouvrage célébrant les valeurs de l’armée de Terre.

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26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 14:09
RIP - Commandant Hélie de Saint Marc 1922-2013

26.08.2013 Par Frédéric Lert (FOB)
 

L’ancien officier de la Légion, écrivain prolixe et respecté, est mort ce matin à l’âge de 91 ans. C’est une grande figure du monde militaire qui s’éteint, au terme d’une vie forgée dans les tourments du 20ème siècle. Seconde Guerre mondiale, Indochine, Algérie, Hélie de Saint Marc aura affronté les plus grandes épreuves du siècle passé en première ligne, sans jamais baisser la tête. Putschiste contre le général de Gaulle dont il n’acceptait pas la politique algérienne, il connaitra les prisons françaises de 1961 à 1966. Un demi-siècle après son embastillement, il avait été fait grand-croix de la Légion d’honneur en novembre 2011 par le président Sarkozy. Très affaibli, il avait tenu a se tenir debout pour recevoir sa distinction. Ainsi était l’homme.

 

On lira ici avec bonheur l’excellent portrait que signe Etienne de Montety dans le Figaro.

RIP - Commandant Hélie de Saint Marc 1922-2013

Après les combats de Nghia-lo le CNE Hélie Denoix de Saint Marc, chef de la 2e CIPLE du 2e BEP est décoré par général de Lattre de Tassigny au cours d'une prise d'armes à Ninh-Giang. photo ECPAD

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