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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 12:45
Océan Indien : les pirates sur la défensive

Le Guépratte - photo Marine Nationale

 

10/07/2012 Par Pierre Prier – LeFigaro.fr

 

REPORTAGE - La chasse menée par la force Atalante sur une zone vaste comme l'Europe commence à porter ses fruits.

 

Les pirates sont là. Leurs otages aussi. De la passerelle de la frégate française Guépratte, on aperçoit des tentes et des skiffs, les petits bateaux rapides en plastique des flibustiers somaliens, alignés le long du rivage, au pied de formidables falaises jaunes plongeant dans l'océan Indien. Depuis le petit matin, le navire de guerre longe les côtes du Puntland, région autonome du nord de la Somalie. C'est l'une des principales zones de départ des flibustiers, qui attendent aujourd'hui les rançons de 7 bateaux et de 213 marins. Trois cargos sont au mouillage. Parmi eux, le recordman de la captivité, le cargo Iceberg, battant pavillon panaméen, kidnappé le 29 mars 2010 au large d'Aden. Une rançon de 6 millions de dollars serait en négociation pour le vraquier et son équipage hétéroclite de damnés de la mer, Philippins, Soudanais, Pakistanais, Yéménites, Indiens et Ghanéens. Ils sont 23, probablement retenus à terre ; ils étaient 24, mais un officier yéménite est mort, de malnutrition ou suicidé, selon les versions.

 

L'arme de la vitesse

 

Le Guépratte, l'un des fers de lance d'Atalante, l'opération européenne antipiraterie, ne s'approche pas. Le commandant Éric Malbrunot a donné l'ordre de passer au large. Les pirates ont menacé d'exécuter tous leurs prisonniers après la première attaque européenne contre leurs installations à terre. Le 15 juin, l'hélicoptère d'une frégate espagnole a détruit plusieurs skiffs sur une plage près de Harardhere. La force, commandée en ce moment par le contre-amiral français Jean-Baptiste Dupuis, ne s'interdit plus d'aller frapper les dépôts logistiques des pirates, avec l'autorisation du gouvernement de transition somalien.

 

La méthode semble avoir montré ses limites, mais l'assaut a tout de même déstabilisé les bandits. Comme en témoignent les pérégrinations du dernier navire capturé, le pétrolier de 130.000 tonnes Smirny. Il remonte lentement vers la pointe de la Corne de l'Afrique. Ses ravisseurs hésitent visiblement à le laisser longtemps au même endroit. À bord du Guépratte, on suit pas à pas le sort du pétrolier. La frégate est reliée en permanence au réseau varié d'Atalante, mais aussi de tous les autres intervenants: Américains, Otan, Chinois, Indiens, Russes, Sud-Coréens, Japonais…

 

Le 17 juin, jour de l'appareillage de l'escale de Salalah, au Yémen, la mousson creuse la mer et fait tanguer la frégate. Pourtant, des appels proviennent des confins de la zone couverte par Atalante, aussi vaste que l'Europe. Le 19 juin, le cargo Lady Jana est attaqué dans le golfe arabo-persique mais parvient à semer ses agresseurs. Le lendemain, le méthanier Aries prend une grenade propulsée dans la coque. Pas une très bonne idée pour une gigantesque bonbonne de gaz flottante qui, heureusement, n'explose pas. Il augmente lui aussi sa vitesse, principale arme antipirates.

 

Le même jour, une silhouette se profile à l'horizon, celle du Tipu Maiden, un cargo philippin affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU. Chargé d'aide d'urgence pour la Somalie, il aura droit à un traitement VIP: escorte personnelle et transfert à son bord d'une Équipe de protection embarquée (EPE) constituée de marins du Guépratte spécialement formés.

 

Gardes privés

 

Hélas, la bonne volonté européenne est mal récompensée. Pour embarquer, le Guépratte a besoin d'une autorisation du gouvernement philippin, qui ne viendra jamais. Parce que le capitaine du cargo a déjà à son bord sa propre EPE privée, comme désormais 40 % des bateaux traversant la zone? Si les marins français avaient été déposés à son bord, les privés auraient dû être consignés dans leurs postes, selon le règlement d'Atalante. Consolation, le lendemain, après le transfert de l'escorte à un bâtiment américain, un écho apparaît sur le radar. Il se matérialise en une minuscule tache blanche se distinguant à peine du moutonnement des vagues. En dix minutes, un groupe de guerriers à l'allure impressionnante, casques, gilets pare-balles et grosses lunettes, fonce debout sur un Zodiac vers un skiff où trois hommes mettent immédiatement les mains sur la tête.

 

Parmi les soldats, un marin français originaire de Djibouti sert d'interprète. On trouve bien une Kalachnikov à bord, mais elle fait partie du bagage minimum des pêcheurs du coin. Le Zodiac part inspecter une bouée rouge à quelques encablures. Elle peut signaler une palangre, une ligne de fond lestée et semée d'hameçons, parfois utilisée par les pirates pour cacher leurs échelles et leurs armes sous l'eau à l'approche d'un bateau de guerre. La «Kalach», fusil d'assaut rustique, peut rester trois jours sous la surface de l'eau et tirer en sortant.

 

Cette fois, les hommes du Guépratte ne trouveront que des poissons. Mais les pirates ne désarment pas, malgré le mauvais temps. Avant d'atteindre sa prochaine escale, Dar es-Salaam en Tanzanie, le Guépratte aura encore reçu les nouvelles de deux attaques manquées au nord d'Oman. «L'activité de la piraterie baisse», se félicite toutefois le commandant d'Atalante, le contre-amiral Dupuis, qui reçoit à l'occasion d'un ravitaillement en mer dans le carré lambrissé de La Marne, pétrolier militaire où il règne sur un état-major bigarré mêlant officiers espagnols, britanniques, allemands, italiens…

 

Les chiffres parlent: 47 navires piratés en 2010, 25 en 2011, 5 depuis janvier 2012. Le nombre d'attaques semble lui aussi bien parti pour baisser: 176 en 2011, 32 depuis le début de l'année. Les raisons? «La dissuasion de forces navales de mieux en mieux coordonnées, l'observation des règles de sécurité recommandées, telles que la pose de barbelés par 70 % des navires de commerce, la présence de gardes privés sur environ 30 % des bateaux, l'aide au gouvernement somalien…»

 

Les pirates eux-mêmes confirment. Le site Internet Somalia Report, bien renseigné, a recueilli en juin les confidences de flibustiers se plaignant de la baisse de «commandes» des entrepreneurs en piraterie. «Ce sont les rançons qui financent les expéditions suivantes, et comme il y a moins de rançons…» L'Europe ajoutera prochainement un nouveau volet à son action, une aide à la justice somalienne, mission qui sera dirigée par un amiral français. Le transfert de la lutte antipiraterie aux Somaliens eux-mêmes se heurte toutefois au jeu des puissances régionales. Les Émirats arabes unis viennent d'annoncer qu'ils mettaient fin au financement de la police maritime du Puntland, forte d'un millier d'hommes, qui avait pourtant réussi à démanteler quelques camps. Les Émiriens ne souhaitent sans doute pas renforcer un «État autonome» que personne ne reconnaît officiellement. Atalante ne doit pas se reposer sur ses lauriers, juge l'amiral Dupuis: «La baisse est réversible.».

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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 19:34
Atalanta vise les pirates à terre : toutes les explications (enfin presque)

 

 

Mar 22, 2012 Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2, exclusif)

 

Tous les Etats membres de l’UE qui avaient posé des réserves parlementaires à l’extension de l’opération anti-piraterie de l’UE (Eunavfor Atalanta) – les ont levé : le Royaume-Uni, la semaine dernière (réserve parlementaire), l’Espagne plus récemment (réserve d’alerte) et l’Allemagne devrait le faire demain. « L’Allemagne devrait lever demain la réserve et sera pleinement impliquée dans l’opération » a précisé Pedro Morenes, le ministre espagnol de la Défense, lors d’un point de presse.

Extension calendaire et géographique

L’extension de l’opération concerne, à la fois, la durée de l’opération, prolongée jusqu’à décembre 2014, que sa zone géographique, qui d’atteindre les eaux territoriales et intérieures somaliennes (ports, eaux entre la côte et les iles) comme ses côtes (les plages). Ce point devrait, normalement, alors être approuvé sans débat, avec les « points A » vendredi.

 

Les détails dans le plan d’opération (Oplan)

 

Cette décision fixe un cadre général ; elle ne précise les modalités opératoires pour prévenir les attaques pirates. Les détails du plan « offensif » seront, en effet, fixés dans un plan d’opération qui devrait être approuvé la semaine prochaine par le COPS (Comité politique et de sécurité). Les deux décisions font partie d’un même « paquet » qui a déjà été préparé. Et, normalement, sauf incident de dernière minute, le commandant d’opération disposera dès le début du mois prochain, de nouvelles règles d’engagement et d’action permettant de prévenir certaines attaques pirates.

 

Problèmes d’effectifs réglés …

 

A noter que l’opération Eunavfor Atalanta a récupéré son niveau minimal d’action. Durant plusieurs mois – décembre à mars – elle a effectivement souffert d’un sous-effectif. Mais actuellement, il y cinq bateaux sur zone (2 Allemands, 2 Espagnols, 1 Français). Et ce chiffre pourrait monter à 9 dans les semaines à venir. « Il y a là un vrai effort consenti par les Etats membres afin de ne pas revivre la situation difficile vécue de décembre à mars ».

Une décision qui a pris plus de temps que prévu

La décision a pris un peu plus de temps que prévu. Car il y avait une « réelle volonté de tous les pays impliqués, de garder la cohésion de l’opération » a expliqué un expert du dossier à B2. C’est une des rares opérations où il n’y a pas de caveat (restrictions d’emploi) d’un Etat membre. Et nous faisons tout pour que cela perdure ». Les Etats membres voulaient aussi « absolument avoir la notification du gouvernement somalien au secrétaire général de l’ONU » autorisant l’incursion sur le territoire. Et, en interne, il a fallu … un peu de temps pour que la lettre aux autorités somaliennes passe dans le circuit hiérarchique et soit revêtue de la signature de la Haute représentante. Un diplomate européen l’avoue pudiquement : « cela prend du temps ».

 

Dernière interrogation allemande

 

Selon d’autres sources, l’Allemagne n’a pas formellement mis en place une réserve, mais il reste tout de même une « interrogation allemande ». Une discussion est engagée en Allemagne au plan politique entre plusieurs partis (Verts et Libéraux notamment). Mais les diplomates allemands à Bruxelles ont assuré leurs homologues européens qu’ils n’entendaient pas bloquer la décision. Maintenant, « tout est possible – assure un diplomate européen – « un Etat peut toujours demander une nouvelle discussion ». D’où une certaine confusion des esprits et des informations qui circulait encore aujourd’hui selon les sources interrogées.

 

Visite du « EU commander » en Allemagne et en Espagne

 

Le contre-amiral Potts, qui commande l’opération européenne Atalanta, devrait d’ailleurs aller en Espagne et en Allemagne – deux des pays les plus réticents pour l’opération – pour expliquer les limites de cette extension et répondre à toutes les questions qui peuvent encore avoir cours dans ces pays.

Une action préparée de longue haleine

On a beaucoup glosé sur cette intervention à terre. Et il importe de bien préciser ce qui est concerné dans ce mode plus offensif. Pour ceux qui ont suivi (ou ceux qui n’ont pas suivi) toute l’histoire de la lutte anti-piraterie menée par l’Union européenne, cette discussion sur des modes plus offensifs n’est pas nouvelle.

 

L’action anti-piraterie devient plus robuste en mer

 

Le précédent chef d’opération, Howes, avait proposé aux ministres plusieurs options permettant de passer à une action plus déterminée contre les pirates. Un débat similaire avait d’ailleurs eu lieu sur la place Schuman (Union européenne) et au boulevard Leopold (OTAN), afin d’avoir une coordination des deux organisations sur le terrain. Ces options avaient été numérotées de 1 à 5. Les options 1, 2, 3 et 5 avaient été adoptées et visaient une action plus robuste en mer : notamment en coupant la retraite des skiffs pirates vers la côte somalienne, ou en supprimant certains de leurs moyens d’action (destruction des moteurs ou des skiffs) ; en neutralisant les bateaux mères ; en retardant autant que possible le retour à la côte des navires pris en otage ; et même en tentant une reprise de force de ces navires (quand tout l’équipage était en sécurité dans la citadelle). Toutes actions qui ont déjà été mises en oeuvre par des navires opérant tant dans les opérations de l’UE que de l’OTAN et qui ont eu un effet certain sur la réduction de la piraterie.

 

Le refus d’une action à terre

 

Mais l’action 4 (intervention à terre) avait suscité de fortes réserves des Etats et avait dû être abandonnée. Personne n’avait envie d’avoir des hommes, même des forces spéciales à terre. Car « aucun Etat membre n’a vraiment envie de s’impliquer militairement en Somalie ». C’est pour cela qu’une option « 4 bis » pourrait-on dire a été remise en chantier. Il ne s’agit là plus d’aller à terre, mais d’utiliser les moyens maritimes pour viser des « plots » logistiques pirates, selon la terminologie opérationnelle, sans mettre une « boot on the ground » selon le jargon militaire consacré.

 

Maintenant, rien n’empêche un Etat membre qui le souhaite d’envoyer ses forces spéciales à terre (NB : comme l’ont fait les Français pour arrêter des pirates). Mais il le fait alors sous sa responsabilité nationale pas sous le pavillon européen « Les Etats peuvent à tout moment quitter leur casquette européenne immédiatement et à tous moments, même pour 10 minutes, puis revenir dans l’opération ».

Objectif casser le modèle de la piraterie

Des moyens maritimes

Les moyens utilisés seront ceux de l’opération maritime. L’action sera menée à partir des navires ou avec les hélicoptères de bord, ce qui permet une précision plus importante. Il n’y aura ainsi pas d’avion ni de bombardement. L’objectif est d’éviter tout dommage collatéral. C’est une condition impérative posée par le commandant d’opération et que nombre de gouvernements ont posée à cette extension. Ainsi que l’a rappelé Pedro Morenes (le ministre espagnol de la Défense), « nous ne voulons pas de dégâts collatéraux, pas d’atteinte aux personnes. Et les pirates sont aussi des personnes ». Pour nous, « il est également important que les forces engagées dans l’opération ne prennent pas de risques », a-t-il ajouté, prenant ainsi une position précautionneuse très proche de l’Allemagne.

 

Eviter les dégâts collatéraux

 

Cette condition, on est très conscient de son aspect impératif. « Même si on ne peut pas le garantir à 100%, toutes les précautions seront prises pour éviter tout dégât collatéral – précise notre expert – en ayant des reconnaissances et des renseignements préalables ». Il faut aussi voir que ce qui est visé, ce sont les dépôts pirates, quelques barils de fuels, des 4×4 et des skiffs, avec des échelles, disposés sur une plage. Ces dépôts sont parfois gardés mais pas toujours. Le commandant d’opération et le commandant du navire qui mènent les opérations auront tout pouvoir d’arrêter jusqu’au dernier moment une action offensive. Et, de préférence, un contact visuel avec l’objectif visé devrait pouvoir être conservé, a précisé un militaire à B2.

 

Risque de confusion avec des pêcheurs

 

Le risque de les confondre avec des dépôts « d’honnêtes pêcheurs » pourrait exister – en théorie -. Mais, en fait, un certain nombre d’indices (les 4×4, les échelles, le nombre de futs d’essence, la non présence de filets de pêche – permettent bien de faire la distinction entre un « plot » pirates et un stocke de pêcheurs. Et le mythe du pêcheur pirate qui tantôt pêche, tantôt pirate, est « bien fini ». « Nous avons affaire à des équipes organisées, professionnelles et structurées. C’est un business économique bien encadré ». Dans les faits, les pêcheurs sont souvent localisés dans des villages ; alors que les dépôts pirates se situent plutôt en dehors des zones habitées.  

 

Désorganiser les pirates

 

C’est l’objectif principal de l’opération. « Le but est de casser le modèle d’organisation des pirates. Cela casse le sentiment d’impunité des pirates, ca désorganise leur structure logistique ». Avant même d’avoir tiré un premier coup de feu, cet objectif pourrait être atteint. Connaissant la volonté européenne – et les nouveaux moyens donnés aux militaires – les pirates pourraient moins souvent considérer les plages et côtes somaliennes comme un endroit sûr. Ils pourraient ainsi être obligés de déménager les campements, par exemple vers l’intérieur (NB : où il y a d’autres risques pour les pirates : les autres clans, les Al Shabaab, les forces armées…) ou de mettre plus de gardes sur leurs campements.  « Si on arrive à mettre un grain de  sable dans les pirates, nous avons déjà gagné un point. » explique notre expert.

 

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 13:20

Europe Flag

 

Mar 12, 2012 Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2, exclusif)

 

Approuvé sur le principe en décembre, l’activation du Centre d’opérations (OpsCenter) pour la Corne de l’Afrique devrait désormais être entérinée dans les jours qui viennent par le Conseil des ministres de l’UE. Les « 26″ (*) se sont mis d’accord sur le texte de la décision qui devrait être adoptée par procédure écrite (ou en point A d’un futur Conseil des ministres. Ce centre aura vocation à assurer la coordination de toutes les opérations conduites dans la Corne de l’Afrique : sur mer avec la mission anti-piraterie (Eunavfor Atalanta), comme sur terre, avec la future mission pour le renforcement des capacités maritimes (Eucap – du moins pour sa partie militaire – la partie civile restera « conduite » par le commandant civil de l’UE, à la CPCC) et la mission de formation des soldats somaliens en Ouganda (EUTM Somalia). L’OpsCenter sera placé au sein de l’Etat-Major militaire de l’UE et activé pour une durée de deux ans. Une évaluation régulière de son activité sera effectuée.

 

(*) Le Danemark ne participe pas à cette décision. Mais la Croatie participe aux discussions à titre d’observateur.

 

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 21:03
Les Britanniques veulent attendre pour l’extension Eunavfor Atalanta

 

 

Mar 7, 2012 Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2, exclusif)

 

« My god, j’avais oublié de vous dire, navré. Mais, bon, voila, nous ne pouvons pas approuver aujourd’hui cette décision ». C’est un peu ce qu’aurait pu dire l’ambassadeur britannique au Coreper, Jon Cunliffe, quand il a posé – ce qu’on appelle en termes diplomatiques – une « réserve d’attente » devant ses collègues du Coreper sur la décision visant à prolonger la mission Eunavfor Atalanta, et à l’étendre géographiquement aux côtes somaliennes. Aucun justificatif n’a été donné. Il n’y en a pas besoin. Ce qui semble sûr, et confirmé, c’est que les Britanniques n’ont pas de problème de principe, avec cette décision. Mais un petit état d’âme passager … Un peu comme quand on pose une « réserve parlementaire » pour ne pas se fâcher avec un parlement susceptible. Du coup, la décision européenne qui avait pourtant fait l’objet d’une discussion, au sein des ambassadeurs du Comité politique et de sécurité, puis d’une procédure de silence, et qui n’avait plus qu’un parcours tout à fait formel au Coreper, est suspendue jusqu’à nouvel ordre. Et elle ne pourra pas non plus être approuvée au prochain Conseil des ministres de l’UE vendredi.

 

Mais pourquoi ?

Un problème à Londres ?

 

On ne peut pas croire que l’ambassadeur, qui est par ailleurs l’ancien sherpa de David Cameron au G8 et coordinateur des affaires européennes au Cabinet du premier ministre durant plusieurs années ait oublié d’en parler au Cabinet… ou qu’il ait oublié que la Chambre des Communes existait. Ou que son collègue du COPS ne l’ait pas prévenu du travail déjà accompli depuis plusieurs semaines. Ou qu’il fait voulu « rendre service » (mauvais coup en anglais ) à la Haute représentante de l’UE, Catherine Ashton, qui avait prévu d’annoncer cette nouvelle lors du gymnich, la réunion informelle des Affaires étrangères, vendredi à Copenhague.

 

Des Britanniques devenus poltrons ?

 

On ne peut pas imaginer non plus que le Royaume-Uni soit opposé à avoir une attitude plus offensive contre les pirates somaliens. A plusieurs reprises, des officiels britanniques ont exprimé leur souhait, leur désir, leur volonté, d’avoir une action plus robuste. Le secrétaire d’Etat au Foreign Office, Henry Bellingham avait été particulièrement explicite devant la Chambre des Armateurs, le 12 octobre dernier : « This Government is 100% behind a more robust response to piracy, and we are glad to see the Royal Navy, EUNAVFOR and NATO leading the way. » (lire ici son speech). Et l’antienne d’une nécessaire action à terre a été repris à plusieurs reprises, en dernier lieu lors de la dernière conférence sur la Somalie à Londres, le 23 février.

 

… ou un peu lents à la détente

 

Certaines mauvaises langues pourraient toujours dire que les Britanniques songent à déployer au large de la Somalie son navire amiral, de débarquement, l’HMS Ocean, comme le rapporte le populaire Daily Mail il y a quelques jours : « Mr Cameron has ordered plans be drawn up to deploy Apache helicopter gunships from helicopter carrier HMS Ocean against Somali pirates and terrorists. » Et celui-ci est un peu lent et aurait un peu de retard sur l’agenda prévu pour se trouver, in time, face aux côtes somaliennes. Ou alors l’équipage n’est pas tout à fait pour son nouveau Lipdub comme il nous avait gratifié au retour de mission l’année dernière (lire : De retour de Libye, en chantant), avec leur joyeuse reprise du tube de Mariah Carey, « All I want for Christmas Is You » 

 

Un problème avec les Somaliens ?

 

On pourrait aussi se demander si les Somaliens ont bien approuvé cette initiative. Ne cherchez pas de ce côté là, c’est déjà fait. Et le secrétaire général de l’ONU a déjà reçu la lettre d’acceptation du gouvernement fédéral de transition à ce que les bateaux européens pénètrent dans ces eaux.

 

Et si ce n’était ni Londres, ni en Somalie mais… à Bruxelles ?

 

La raison est peut-être tout simplement prosaïque et se nicherait à quelques kms du Justus Lipsius, le siège de l’Union européenne, mais bd Leopold III, au siège de l’OTAN. L’Organisation atlantique n’a pas encore en effet adopté une décision similaire pour son opération de lutte contre la piraterie, Ocean Shield. Le comité militaire se réunit seulement demain (jeudi) et la décision d’étendre Ocean Shield jusqu’à décembre 2014 devrait être entérinée – sauf problème supplémentaire – au prochain conseil de l’Alliance atlantique (NAC) mardi ou mercredi prochain (13 ou 14 mars). L’Alliance ne devrait cependant pas aller aussi loin que l’Union européenne. Le « même niveau d’engagement devrait être maintenu », précise un diplomate à B2. Il n’est pas ainsi prévu d’étendre sa zone d’action aux côtes et aux eaux territoriales ou de changer des règles d’engagements (qui sont déjà plutôt robustes, en témoignent les actions menées récemment par les navires britannique RFA Fort Victoria ou danois Absalon).

 

Selon nos informations. ce sont … les Américains qui n’ont pas souhaité une telle prolongation. Et plusieurs Etats de l’Alliance – qui participent déjà à la mission de l’UE – ont estimé que ce n’était pas non plus nécessaire de faire coup double. Voilà qui doit expliquer sans doute la « position d’attente » de nos « amis » Britanniques. Le Royaume-Uni – fidèle à sa préférence atlantiste – n’aurait tout simplement pas voulu à l’Union européenne une petite primeur aurait ainsi décidé de faire jouer son droit « d’attente », juste pour quelques jours ou quelques semaines, le temps que la grande soeur du bd Léopold III se mette au niveau.

 

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le Royaume-Uni use de ce superfuge…

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 13:15
EU NAFVOR Disrupts Pirate Action Group

 

 

March 7, 2012 EU NAVFOR Public Affairs Office – defpro.com

 

EU NAFVOR warship FGS BERLIN has successfully engineered the release of an Indian flagged dhow and crew, disrupting a Pirate Action Group and destroying two attack skiffs.

 

On 28 February 2012, EUNAVFOR Warship FGS BERLIN received a distress call from a merchant vessel reporting that they had successfully repelled a pirate attack in the Gulf of Aden. The BERLIN dispatched one of its helicopters to the position and quickly located a skiff and an Indian flagged and crewed dhow. The crew of the helicopter established that the dhow had been pirated and the crew of 25 Indian nationals were held hostage. The suspected pirates threatened to kill crew members if BERLIN took any action against the dhow.

 

On 29 February FGS BERLIN destroyed the two unmanned skiffs towed by the dhow, without which pirates cannot mount any attack against merchant shipping.

 

Even though BERLIN, given the hostages on board of the dhow, was not in a position to prevent the suspected pirates escaping to the Somali Coast, EU NAVFOR has destroyed the attack skiffs, denied the suspect pirates the use of the dhow as a mother-ship and disrupted a Pirate Action Group.

 

The sustained but measured application of pressure and determination of BERLIN not only safeguarded the lives of the hostages but also saved them from a potentially protracted period in captivity.

 

Once a team from FGS Berlin investigated the situation on board the dhow, four crew members received medical care. After food and water was delivered to the Indian crew, the dhow continued to her next port of call.

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 08:25
Durée et source du budget de l’OpsCenter en discussion



jan 27, 2012 Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2)

 

Les ambassadeurs du COPS, le comité politique et de sécurité de l’UE, pourraient terminer aujourd’hui la discussion sur l’OpsCenter, le centre d’opérations de l’UE pour les opérations dans la Corne de l’Afrique dont les 27 ministres des Affaires étrangères ont décidé la mise en place. Deux points restent en discussion : la durée de la mise en action de l’OpsCenter, le budget ou plutôt la source du budget du centre d’opérations. Des points qui peuvent paraître techniques mais sont aussi très politiques.

 

Sur la durée de fonctionnement de l’OpsCenter, chacune des délégations autour de la table est bien d’accord pour que ce centre ne soit pas installé sur une base permanente mais bien lié à des opérations. Toute la discussion porte sur le renouvellement. Les Britanniques souhaitent une durée fixe, avec une décision de renouvellement comme pour chaque mission. Les Allemands soulignent que ce type de fonctionnement revient à remettre en question le devenir du centre, et le laisser à la merci d’une seule délégation (suivez leur regard…:-). Précisons que la décision fixant la mission de l’OpsCenter sera régulièrement réévaluée (tous les six mois), pour ajuster au besoin son fonctionnement.

 

Sur le budget, toute la question est de savoir qui va financer quoi.  Le personnel proviendra, en effet, à la fois de l’Etat-Major militaire, de l’élement de soutien d’EUTM et de l’équipe de liaison d’Eunavfor Atalanta déjà présents à Bruxelles et du personnel détaché de l’Etat membre. Selon le projet de décision qu’a pu lire B2 mentionne bien que les membres de l’Etat-Major militaire de l’Union européenne (EUMS) sont financés par son budget. Tandis que les experts détachés par les Etats membres sont pris en charge par ceux-ci. Restent les autres frais de fonctionnement qui seront pris en charge par chacune des missions européennes concernées (Eunavfor Atalanta, EUTM Somalia, RMCB/EUCAP Corne de l’Afrique), en application des règles financières adéquates. C’est ces derniers mots qui suscitent discussion. Que sont ces modalités adéquates ? Certains Etats – comme la France – souhaitent que ce soit le budget Athena qui y contribue. La plupart des autres pays ne le souhaitent pas, le budget Athena étant réservé aux opérations militaires… et sur contribution de chaque Etat membre (par quote-part du PIB).

 

Quant à la nomination du chef de l’OpsCenter, les candidatures courent jusqu’à lundi. Plusieurs pays devraient postuler, notamment plusieurs pays de Weimar + (France, Allemagne, Pologne, Espagne, Italie).

 

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20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 21:31
L’OpsCenter sur les rails: les grands principes adoptés lundi. Et quelques détails…



jan 20, 2012 Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2, exclusif)

 

Le centre opérationnel de l’UE (OpsCenter) n’est pas encore… opérationnel. Mais, histoire de faire avancer le « schmilblick », les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne adoptent ce lundi (23 janvier) les grands principes qui régiront le fonctionnement de l’OpsCenter. B2 a pu lire ses conclusions en avant-première. Et obtenir également d’autres détails sur la mise en place de ce premier centre de commandement des opérations militaires établi à Bruxelles. L’appel à candidature pour le chef de cet OpsCenter vient ainsi d’être lancé aujourd’hui vendredi (20 janvier), traduisant la volonté de la plupart des Etats membres d’aller assez vite sur ce dossier.

 

Coordination de trois opérations

 

Le centre aura pour vocation de coordonner toutes les opérations de la Corne de l’Afrique. Il s’agira donc non seulement de coordonner l’opération militaire de formation des soldats somaliens en Ouganda (EUTM Somalia) et la future opération de renforcement des capacités maritimes des pays de la région de l’Océan indien et de l’Afrique de l’Est (EUCAP Corne de l’Afrique) mais aussi de s’occuper de l’opération de lutte anti-piraterie (EUNavfor Atalanta). La conduite simultanée de trois opérations requiert un « niveau renforcé de la coordination et l’interaction, notamment entre acteurs civils et militaires » précisent les conclusions du Conseil.

 

Un rôle variable selon les opérations

 

C’est pour EuCap où l’OpsCenter jouera le rôle principal : il fournira un « soutien direct » au commandant des opérations civiles pour la « planification opérationnelle comme pour la conduite de la mission ». Pour EUTM Somalia, il fournira un soutien au commandant de mission et renforcera la « coordination stratégique entre la mission et les autres actions » ; son rôle pourra aussi augmenter dans le cadre de la 3e phase d’EUTM (EUTM3) qui ne devrait pas commencer avant la fin de l’année. Pour l’opération Atalanta, l’Ops Center aura surtout comme mission de faciliter l’interaction ; il aura ainsi une fonction de super officier liaison.L’OpsCenter aura aussi des fonctions transversales : « renforcer les synergies civiles et militaires », assurer la liaison « entre les différentes missions/opérations et les structures (politico-diplomatiques) de Bruxelles ».

 

Dans ces différents rôles, le commandant du Centre aura un rattachement hiérarchique variable : il sera ainsi placé sous la responsabilité du commandant d’opération concerné : selon le cas, le chef d’EUTM Somalia, le commandant d’Atalanta (le contre-amiral Duncan L. Potts) ou le commandant des opérations civiles de l’UE (H. Haber) pour la mission EUCAP.

 

Une décision encore « à écrire »

 

La décision fixant le fonctionnement, la chaîne hiérarchique et le commandant de l’OpsCenter doit encore être écrite. Elle n’a pas pu être préparée à temps pour le Conseil des Affaires étrangères pour différentes raisons, à la fois pratiques et de fond. Le fait que le conseil des Ministres ait été avancé d’une semaine et la monopolisation des diplomates « affaires extérieures » des 27 (groupe Relex) par le dossier iranien (voir ) a empêché d’avoir le texte prêt à temps. Il faut aussi remarquer que la première décision sur l’OpsCenter datait… Elle n’avait pas été mise à jour depuis la création de la CPCC – l’Etat-Major des opérations civiles de l’UE – et du SEAE – le service diplomatique européen. Un certain travail préparatoire, « plus complexe qu’il n’y parait de prime abord » comme le rapporte à B2 un expert des opérations de défense de l’UE, est donc nécessaire. Cette décision devrait être approuvée ultérieurement, au besoin par procédure écrite.

 

Le recrutement du commandant est lancé 

 

Les « 27″ (*) ont lancé aujourd’hui l’appel à candidature pour le chef de l’OpsCenter. La proposition initiale de voir le centre placé sous le commandement du chef d’Etat-Major de l’UE (actuellement le général Van Osch) a été refusée par la plupart des Etats membres qui préféraient désigner un commandant en leur sein. Les différentes candidatures seront examinées au sein du comité militaire de l’UE qui émettra ensuite une recommandation. Ce recrutement pourrait s’opérer rapidement ; l’avis du comité militaire est attendu pour début février.

 

Personnel mixte

 

L’OpsCenter devrait compter environ une trentaine de personnes selon nos informations. Certains agents proviendront de l’Etat-Major militaire de l’UE ou des Etats membres. Ceux-ci se sont engagés à mettre à disposition le personnel nécessaire pour cet OpsCenter, un peu comme ils le font pour la mise en place d’un quartier général d’opérations (OHQ). L’organisation de l’OpsCenter devrait d’ailleurs être similaire à un mini-OHQ, avec une répartition des postes en J1, J2, J3… Une fois proposé par leurs Etats membres, le personnel sera ensuite sélectionné par la voie des panels.

 

Localisé au sein de l’Etat-Major de l’UE

 

L’OpsCenter devrait être localisé au sein des structures de gestion de crise de l’UE, « au Cortenberg », colocalisé ainsi avec l’Etat-Major militaire et l’Etat-major civil (CPCC) de l’Union européenne. Le problème est de lui trouver « un peu de place » rapporte un expert du dossier. « La place dévolue à l’OpsCenter » – qui n’a pas été occupée durant des années de manière opérationnelle – est « aujourd’hui occupée par la Situation Room » du service diplomatique européen. Il faudra peut-être se serrer un peu…

 

(*) Précisons que le terme de 27 est choisi par commodité. Le Danemark ne participe pas à la planification et conduite des opérations militaires.  
 

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