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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 21:40
Suspension de la vente des deux BPC à la Russie : « une très mauvaise nouvelle pour la crédibilité de la diplomatie française ».

 

4 septembre 2014 par Philippe FOLLIOT, Député UDI du Tarn, Secrétaire de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale

 

Alors que le Président de la République, François HOLLANDE, a estimé que les conditions de vente de deux des quatre Bateaux de Projection et Commandement (BPC) de Classe Mistral à la Russie n’étaient « plus réunies », eu égard aux positions de Moscou vis-à-vis de la situation en Ukraine, Philippe FOLLIOT, Secrétaire de la commission de la défense, estime que la crédibilité diplomatique de la France, et son image à l’international, sont totalement discréditées par cette décision. Alors que le Président de la République et le ministre des Affaires étrangères, Laurent FABIUS, ne cessent de réaffirmer leur attachement au développement international de la France, notamment par la diplomatie économique, cette décision -  certes motivée par une posture russe qu’il faut chercher à infléchir – laisse désormais planer une lourde épée de Damoclès sur la crédibilité de l’État français comme partenaire commercial fiable. Outre que cette décision soit annoncée en plein Sommet de l’Otan, qui se tient aux Pays de Galles les 4 et 5 septembre, laissant à penser qu’elle soit conditionnée à une forte et « amicale » pression de la part de certains de ses membres, elle fragilise l’ensemble des contrats d’armement en cours de discussion. Il en est ainsi, notamment du récent contrat d’armement conclu avec l’Arabie Saoudite, au profit des Forces armées libanaises ou encore de l’éventuel contrat des 126 Rafales indiens, toujours en suspens. D’un point de vue financier, on ne peut que s’alarmer des conséquences de ce choix politique. Le litige financier qui en résulte s’annonce lourd à digérer pour le budget national. Le premier BPC russe, le Vladivostok, ayant déjà été livré en mars dernier, l’interruption de la construction du second, le Sebastopol, se soldera inévitablement par un remboursement partiel du paiement des 1,2 milliards d’euros que la Russie a largement déjà honoré en échange de la construction des quatre navires (dont deux en Russie).  Sans oublier la pérennité même de la Loi de Programmation Militaire (LPM), gagée sur les recettes exceptionnelles liées à notre capacité d’exportation de notre industrie de défense.   Je saisirai prochainement le gouvernement et le ministre de la défense sur les conséquences diplomatiques, financières et humaines de ce report, qui mettent aussi en péril l’emploi des plusieurs milliers de salariés des chantiers navals STX de Saint-Nazaire.

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26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 16:55
Du bon usage de la Défense comme accélérateur de croissance

--- et non pas comme simple variable d’ajustement

 

26/06/2014 Philippe Folliot, Député du Tarn,Secrétaire de la commission de la défense et des forces armées, Contre gouvernement UDI - .lenouveleconomiste.fr

 

L’enjeu d’une politique industrielle ‘agressive’ de défense va en effet bien au-delà d’une simple défense de protection du territoire et de quelques opérations externes

Alors que la majorité des Français revendiquent leur attachement aux forces armées, comme est venu le rappeler un récent sondage réalisé par IFOP pour Atlantico, la communauté de la défense se retrouve, une fois de plus, en position d’accusée.

 

Malgré la tenue d’un Conseil de défense, appelé de ses vœux par le président de la République, qui avait pourtant dit et redit sa volonté de sanctuariser la Loi de Programmation Militaire (LPM) votée il y a six mois à peine, tous les indices de réduction du budget de la défense mis en évidence dans le débat public ces derniers jours ne sont pas totalement levés.

 

Pourtant, la LPM, qui décline pour les cinq prochaines années les orientations budgétaires, les ambitions stratégiques et les choix capacitaires de la France, méritent une plus large concertation avec la Nation.

 

Alors même que l’exécution de la LPM est déjà sujette à caution, notamment compte tenu des perspectives quelque peu divinatoires en matière des ressources exceptionnelles qu’elle induit (notamment quant aux ventes de Rafales ou sessions de fréquences) – à hauteur elle aussi exceptionnelles de 6 milliards d’euros – il conviendrait de saisir la nouvelle opportunité que nous offre la mobilisation de la communauté de la défense, préoccupée par les coupes budgétaires prédites, pour en mettre en exergue le formidable moteur de croissance qu’elle constitue pour l’économie française.

 

Etrange paradoxe !

 

Inacceptable situation même, alors que les militaires et personnels civils de la défense continuent à lutter activement et avec abnégation contre les déficits publics.

 

Les Français sont d’ailleurs reconnaissants des efforts fournis par nos forces armées pour la modernisation et la rationalisation de l’Etat : 68% de nos concitoyens considèrent que les efforts demandés aux armées pour réduire les déficits publics (suppression d’effectifs, diminution des budgets, fermetures de bases…) au cours de ces dernières années ont été significatifs.

 

En 2017, ce seront, en effet, 84 000 emplois directs que le Ministère de la Défense aura perdu en dix ans, sachant que cet effort représente déjà à lui seul 58 % des baisses d’effectifs de la fonction publique d’État.

 

Dans une France métropolitaine vivant heureusement en paix depuis plusieurs décennies, on n’a eu de cesse de réduire les sujets liés à la défense à la question – hypothétique – de la protection du territoire contre une éventuelle menace extérieure ou, par défaut, à quelques opérations militaires éloignées du territoire européen, avec la difficulté, parfois, d’en justifier la légitimité ou la faisabilité devant les Français. C’est le cas aujourd’hui avec la RCA, c’était le cas hier au Mali et en Afghanistan.

 

C’est une dimension importante de la défense nationale, certes ; mais toutefois elle ne saurait réduire le débat à ses seules dimensions protectrice et coercitive, sous le double faisceau de la légalité onusienne du « devoir de protéger » et la légitimité de l’engagement de nos forces pré-positionnées sur le continent africain.

 

En effet, la défense recouvre en France des enjeux industriels impactant de nombreuses dimensions de notre société, notamment dans le cadre du développement de l’attractivité économique de notre pays.

 

Parallèlement, on constate, d’une part, une demande tendant à davantage de mutualisation en matière de défense et de projets industriels d’armement au niveau européen (88%), d’autre part, la nécessité de maintenir le niveau actuel des commandes de matériel militaire car l’avenir de nombreuses entreprises et de leurs salariés en dépend (78%).

 

Faut-il rappeler au moment de l’incontournable Salon international de l’armement terrestre Eurosatory qui se tiendra du 16 au 20 juin à Villepinte, que le secteur de l’armement est, en France, l’un des principaux fleurons industriels, notamment en termes de performance et d’excellence technologique. Depuis plusieurs années, la France est ainsi le cinquième exportateur mondial après les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne et désormais la Chine.

 

C’est en partie du fait que le chiffre d’affaires annuel de l’industrie française de l’armement présente près de 15 milliards d’euros dont 5 milliards à l’export, que sept présidents parmi les plus importantes sociétés industrielles de défense et d’armement (EADS-Airbus Group, MBDA, DCNS, Dassault Aviation, Nexter, Thales et Safran) ont tenu à rappeler au Président de la République ses engagements.

 

Balance commerciale, R&D et synergies civiles

 

L’enjeu est de taille afin que la France ne se retrouve pas dans une situation d’inexorable décrochage technologique et de déclassement qui menacerait in fine non seulement sa souveraineté mais également sa compétitivité.

 

Faut-il aussi rappeler que le secteur industriel de défense a une incidence non négligeable sur l’équilibre de la balance commerciale. Le secteur industriel de défense demeure, par son caractère dual, notamment au niveau de l’industrie aéronautique, spatiale, optronique et de l’électronique de défense, le premier secteur exportateur français, avec un excédent commercial depuis 2010 de, peu ou prou, 18 milliards d’euros apportés chaque année à la balance commerciale française.

 

C’est aussi un secteur qui irrigue l’ensemble du tissu industriel français, qu’il s’agisse des grandes entreprises, des ETI et des PME, porteuses de fructueuses synergies dans les domaines civils – dans le domaine des matériaux, composants électroniques, avioniques, aéronautiques, spatiaux et dans le domaine de la robotique.

 

Les industriels de défense ont eu raison de rappeler au Président de la République qu’en investissant constamment dans le tissu industriel français, ce sont près de 15% du chiffre d’affaires des industries de défense qui sont ainsi investis en matière de Recherche et Développement (R&D).

 

Le secteur industriel de l’armement, en plus d’être performant et économiquement profitable, est sans doute également l’un des derniers où l’état français a encore les moyens de mener une véritable politique industrielle sur le long terme. C’est ainsi une R&D de défense qui irrigue l’ensemble du tissu industriel français et européen depuis des décennies.

 

Qui plus est, en France, l’Etat est l’un des principaux actionnaires des grands groupes industriels de l’armement qui figurent également parmi les plus importantes sociétés européennes de ce secteur : 15% d’EADS qui détient notamment 46% de Dassault aviation ; 27% de Thales ; 30% de Safran ; 74% de DCNS ; 100% de Nexter…

 

Nous avons tout intérêt à mener une politique industrielle de défense ambitieuse, voire d’impulser une dynamique de politique industrielle de défense européenne, comme nous y incitent 88% des Français, ainsi que l’indique le sondage IFOP.

 

Le besoin est d’autant plus criant qu’avec la crise financière, les quelques 4 000 PME françaises qui interviennent régulièrement dans le secteur de la défense se trouvent aujourd’hui dans une situation critique, alors que la base industrielle et technologique de défense (BITD) française représente 165 000 emplois directs – dont un tiers impliqué dans le secteur des exportations (50 000 emplois directs) et presque autant d’emplois indirects.

 

En estimant donc que l’ensemble des ressources humaines du ministère de la défense représentera 260 000 hommes à l’horizon 2019, l’on peut considérer qu’environ 600 000 personnes travaillent pour la défense ou dans le secteur de l’armement. A titre de comparaison, le secteur de l’automobile représente environ 700 000 emplois en France.

 

Le poids social lié à la défense est donc loin d’être négligeable. Il conviendrait de le prendre en compte, avec lucidité, comme un formidable outil de croissance et non en le dépeignant comme un constant facteur d’ajustement, d’autant plus facilement ajustable que les militaires, en garants scrupuleux de leur mission de service public, ne manifestent pas leur mécontentement en battant le pavé, du moins pas encore…

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 12:55
FOB Interview: Philippe Folliot (UDI) sur la LPM (2ème partie)

 

21 novembre, 2013 FOB


Seconde partie de l’interview de Philippe Folliot (relire la première ), député du Tarn, responsable des questions défense au sein du contre gouvernement de l’UDI (Union des démocrates et indépendants) et secrétaire de la commission défense et des forces armées de l’Assemblée.

 

Pensez-vous que cette LPM soit satisfaisante pour les industriels ?

Les industriels ont des propos publics rassurants mais certains propos de couloirs laissent interrogatifs. Les industriels sont confrontés à une LPM incertaine : entamés par l’inflation, les crédits sont en diminution tandis que les ressources exceptionnelles (REX) prévues sont aléatoires.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la LPM interpelle ! 23 avions de chasse Rafale sont commandés, soit 2 ans et demi de production pour Dassault qui doit, pour maintenir ses chaines, produire 11 Rafale par an. Si un contrat export n’intervient pas rapidement, à la mi-2016, la LPM sera de facto caduque. Et pour sauver l’industriel, il va alors falloir supprimer d’autres programmes. Cette LPM est source de grandes incertitudes.

 

Vous évoquez une politique industrielle européenne, êtes-vous favorable à une rationalisation des industries de défense en Europe ?

Il faut un cadre de coopération qui soit pragmatique pour un rapprochement industriel. Mais il faudra le faire. Il faut que les Etats lancent des coopérations ciblées pour aboutir à des programmes spécifiques.
L’Etat doit établir une stratégie. Or, l’Etat est la fois souvent actionnaire et client des industriels. La première chose est de mettre en cohérence ces deux rôles.

La LPM prévoit des REX qui peuvent être financées par la vente de parts de l’Etat dans les entreprises publiques. Si cela peut favoriser l’émergence de champions industriels européens, pourquoi pas. Mais il faut être prudent et veiller à ce que ces groupes industriels, faute d’actionnaires stables, ne puissent être contrôlés par d’autres pays extra-européens d’un part et de l’autre veiller à ce que ces groupes jouent la carte de la synergie européenne ensuite.

 

Le rôle de l’Agence européenne de défense (AED) est justement de trouver cette expression commune aux besoins des Etats. Mais est-ce suffisant ?

L’AED, créée pour définir les besoins capacitaires de la politique extérieure et de sécurité de l’UE n’a hélas, malgré le traité de Lisbonne, pas acquis la plénitude de ses moyens.
Elle reste trop souvent concurrente avec la Commission, alors même qu’il convient de défendre ardemment la base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE). Ce rôle est essentiel afin de garantir aux forces armées européennes les technologies et capacités critiques permettant à l’UE de décider et d’agir seule. Je ferai un certain nombre de propositions en ce sens dans le cadre de la présentation d’ici quelques jours du projet défense de l’UDI.

 

Sans même parler des fermetures d’unités, les armées sont aujourd’hui confrontées à de nombreuses réformes. Bases de défense (BdD), la transformation du système de paiement des soldes Louvois. Or la plupart de ces réformes ne fonctionnent pas ou mal. Qu’en pensez-vous ?

Ces transformations ont été menées trop rapidement. Les BdD sont à l’origine une bonne idée, mais cette réforme est très complexe et les difficultés sont accentuées aujourd’hui par les baisses d’effectifs.
J’ai certaines inquiétudes, au premier rang desquelles les infrastructures régimentaires. Avant d’être député, je travaillais dans le logement social. Et le casernement de nos soldats est absolument indigne d’une armée moderne. On vante la rusticité de nos forces, mais si le comportement et les crédits alloués rendent les conditions d’opex plutôt bonnes, pour ce qui est des conditions de casernement en France, c’est tout simplement insupportable.
Ajoutez la suppression budgétaire de nombreux petits programmes, de petits matériels qui importaient pour la vie quotidienne de nos soldats….
Or aujourd’hui le gouvernement n’y apporte pas de réelles réponses.
S’ajoutent à cela les ratés de Louvois et les fermetures d’unités, tout cela accentue le malaise. Il est important qu’au-delà des mots, la France donne un signe fort envers la communauté militaire. N’oublions pas que le métier de militaire n’est comparable à nul autre, car au bout du bout de l’engagement, il y a le sacrifice suprême et irréversible de la vie.

 

Pourtant Jean-Yves Le Drian vient de débloquer une enveloppe de 30 millions d’euros pour répondre à ces préoccupations…

Soyons sérieux, 30 millions d’euros pour 60 bases de défense, c’est très peu. Cela ne correspond en réalité qu’à guère plus que la somme de 500 000 euros allouée par base de défense, ce qui vous en conviendrez, au-delà du caractère symbolique, reste nettement insuffisant.

 

Et l’armée de terre est la première victime de ces réformes…

Je suis député de Castres et donc du 8ème RPIMa, et j’ai conscience de l’importance essentielle de ces forces de mêlées. Un conflit ne se termine réellement que par la stabilisation à travers une présence au sol. Si le sud lybien risque de devenir le nouveau Mali, c’est à dire une zone de non droit, c’est parce qu’à l’opposé de l’opération Serval, pour l’opération Harmattan, il n’y a pas eu de déploiement au sol. On ne se rend compte qu’aujourd’hui qu’il faut avoir les moyens adaptés, avec armée de terre conséquente. Croire qu’on s’en sortira avec la dissuasion et les seules forces spéciales est un leurre.

Le programme Scorpion est très important pour l’armée de terre. Mais, à l’image du char Leclerc, conçu à un moment où la donne stratégique a changé, l’armée de terre doit s’adapter. Il faut faire attention à l’immobilisme.

J’en profite pour rendre un hommage appuyé à l’ensemble de nos militaires. Je suis allé leur rendre visite au Mali et cinq fois en Afghanistan : à chaque fois, je constate le grand professionnalisme de nos hommes, leur sens de l’engagement. Nos soldats font honneur aux armes de la France.

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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 12:55
FOB Interview: Philippe Folliot (UDI) sur la LPM (1ère partie)


 

FOB continue son tour d’horizon des formations politiques sur les questions de défense alors que la LPM (Loi de Programmation Militaire) est en débat à l’Assemblée Nationale. Après Patricia Adam pour le PS (relire ici), FOB ouvre aujourd’hui ses colonnes à Philippe Folliot, député du Tarn, responsable des questions défense au sein du contre gouvernement de l’UDI (Union des démocrates et indépendants) et secrétaire de la commission défense et des forces armées de l’Assemblée.

 

La LPM (Loi de programmation militaire) a été votée en première lecture au Sénat et maintenant est en discussion à l’assemblée, quel est votre regard sur ce projet ?

La défense doit faire face à une grande contradiction : quand on interroge les citoyens, jamais l’image des militaires n’a été aussi bonne, mais parallèlement le budget de la défense est le premier cité quand on évoque les efforts budgétaires à réaliser.
Il faut sortir de cette contradiction. La défense ne fait pas partie des priorités budgétaires du gouvernement fixées par le Président de la République et qui concernent d’autres ministères comme l’intérieur, l’éducation ou la justice.
Parallèlement, quand on regarde le bilan des 18 mois de la majorité, la plus belle réussite est l ‘opération Serval au Mali.
Près de 60% des futures baisses d’effectifs de la fonction publique sont supportées par la seule défense nationale. Aujourd’hui prévaut un sentiment d’injustice dans la communauté militaire. Plus que quiconque la défense a contribué à l’effort de rationalisation de la dette publique. Depuis les années 60, l’effort de défense français est passé de 5 à 1 ,5% du PIB. Je constate que cet effort n’est pas partagé en proportion par les autres administrations publiques. Le précédent gouvernement a supprimé 44000 postes et l’actuel va en sacrifier 34 000 autres. C’est beaucoup trop. L’ensemble des forces combattantes du pays va être réduit à 78 000 militaires et tiendrait dans le stade de France.

Or, la puissance militaire est une des fonctions régaliennes de l’Etat, c’est un des outils majeurs du Président de la République dans le cadre de négociations internationales. Ce qui fait la différence entre le Président français et la Chancelière allemande, c’est la dissuasion et la capacité d’intervenir militairement et immédiatement pour défendre nos intérêts  stratégiques et ceux de l’Europe, comme cela a été le cas avec l’opération Serval au Mali.
La vraie question est : est-ce que la LPM va permettre à notre pays d’arriver à mener ces actions militaires dans un monde toujours plus instable et dangereux, qui se réarme ? Aujourd’hui, nombreux en doutent.

Qu’il s’agisse du Livre Blanc ou de la LPM,  les décisions prises conservent tous les éléments essentiels de nos capacités mais les diminuent, c’est à dire que le spectre de nos capacités est toujours aussi large, mais beaucoup plus fragile. Même s’il est normal que la défense contribue à l’effort de réduction des dépenses publiques, on est arrivé au bout du bout de notre système.

 

Le poids financier de la dissuasion pèse très fortement sur le budget. Est-ce pour l’UDI une capacité qui doit être sanctuarisée ?

Je ne suis pas favorable à la remise en cause de la dissuasion. Avec moins de 300 têtes nucléaires, nous avons atteint le seuil minimum. La dissuasion permet à la France d’assurer son rang au conseil de sécurité de l’ONU ; il faut la conserver. Notre dissuasion aujourd’hui est juste suffisante, mais crédible et indépendante.
Même si la deuxième composante va pouvoir durer jusqu’en 2030, il faut néanmoins d’ores et déjà se poser la question de sa suppression. Celle-ci doit se faire de manière progressive. Un abandon trop brutal de cette composante n’aurait pas de sens car il ne dégagerait pas d’économies suffisantes pour donner des moyens supplémentaires à nos forces conventionnelles.

 

La précédente majorité avait acté le retour de la France dans les structures intégrées du commandement de l’OTAN. Faut-il pour l’UDI revenir sur ce sujet ?

Je ne pense pas qu’il faille revenir sur la décision du président Sarkozy prise en 2009. Il ne convient pas de revenir sur cette décision, confirmée par le Président Hollande en 2012, qui nous engage vis-à-vis de nos 27 partenaires de l’alliance atlantique, même si à l’époque j’avais pu exprimer des réserves. Par ailleurs, après avoir rappelé que nous ne faisons pas partie du comité des plans nucléaires, il faut peser dans l’OTAN pour pouvoir la réformer de l’intérieur. En outre, la construction d’une PSDC crédible impliquerait ou devrait être l’occasion de transfert de compétences, de moyens humains et capacitaires jusqu’ici consacrés exclusivement aux missions de l’OTAN vers des opérations sous l’égide de l’UE.

 

L’Europe de la défense a du mal à se faire. Est-ce pour vous un axe prioritaire ?

D’ici quelques semaines, l’UDI fera des propositions fortes sur l’Europe de la défense en vue du conseil européen des 19 et 20 décembre prochains. Il ne peut y avoir d’Europe forte si les pays européens ne sont pas capables d’assurer leur propre défense et sécurité. Et nous assistons à une évolution importante du cadre géostratégique : la stratégie des Etats-Unis bascule de l’atlantique vers le pacifique et il est aujourd’hui fondamental que l’Europe se prenne en charge. Par ailleurs, il faut une tête à l’Europe, et établir un cadre de coopération opérationnel militaire et industriel, une sorte de système à la carte. Nous ne faisons pas la promotion d’une armée européenne mais il faudrait atteindre une complémentarité cohérente entre les différentes défenses européennes, y compris sur le volet industriel. La France doit jouer un rôle moteur dans la construction de l’Europe de la défense et du reste nous avons fait amender la LPM en ce sens.

Les pays européens  se distinguent par deux types d’ambitions : la défense des frontières et la défense de leurs intérêts. La vision de chaque pays diffère. Chaque pays a une histoire, une culture et des intérêts différents. La France est à la fois une puissance maritime et mondiale dotée d’une « profondeur stratégique », ce qui n’est pas le cas de la plupart des états européens, qui sont des puissances seulement continentales et européennes.
Le problème est que la défense est un outil diplomatique, or il n’y a pas de réelle diplomatie européenne. C’est un sujet compliqué, mais le préalable à une défense européenne passe par une diplomatie coordonnée faute d’être commune, et non la somme de 28 diplomaties, ce qui hélas est le cas du service d’action extérieur de l’UE (SAEUE).

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