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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 15:55
Toulon : sortie de bassin du porte-avions Charles de Gaulle

07/06/2013 DCNS Goup

 

Le 3 juin 2013, dans la base navale de Toulon, le porte-avions Charles de Gaulle est sorti du grand bassin Vauban. Le navire était entré au bassin au mois de janvier dernier dans le cadre d’un arrêt technique intermédiaire mené par DCNS, maître d’œuvre des opérations.

 

Cette phase de modernisation programmée, appelée IEI (Indisponibilité pour Entretien Intermédiaire) a pour but la rénovation de certaines installations. Durant ce passage au bassin, DCNS a réalisé l’entretien de la carène du navire et modernisé de nombreuses installations du porte-avions : systèmes de navigation et de combat, stabilisation de la plateforme…

 

Les travaux se poursuivent désormais à quai après cette étape, comme en témoigne Franck Bouffety, directeur des programmes MCO porte-avions chez DCNS : « Cette date marque notamment la fin des travaux d’entretien sur la coque, partie immergée du navire. Après cette phase au bassin, DCNS poursuit les travaux à quai avant la phase d’essais à la mer et de remontée en puissance des installations. »

 

Le porte-avions reprendra la mer au début de l’été pour une série d’essais de bon fonctionnement des installations, suivis d’une période de mise en condition opérationnelle.

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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 07:55
photo Marine Nationale

photo Marine Nationale

03/06/2013 20:49 Marine nationale

 

Le 3 juin 2013, dans la base navale de Toulon, le porte-avions Charles de Gaulle est sorti du grand bassin Vauban dans lequel il était entré en janvier dernier dans le cadre de l’arrêt technique intermédiaire du navire.

 

Cette phase de modernisation programmée, appelée IEI (Indisponibilité pour Entretien Intermédiaire) a pour but la rénovation de certaines installations. Ce passage au bassin a porté notamment sur la modernisation de nombreuses installations du porte-avions : systèmes de navigation et de combat, stabilisation de la plateforme…

 

Les travaux se poursuivent désormais à quai après cette étape, comme en témoigne le VAE Xavier Magne, commandant la force d’action navale, « Après sa sortie du bassin, la période à quai du Charles de Gaulle constitue une phase toujours très active pour les marins de l’équipage qui sont impliqués en permanence dans l’entretien de leur bâtiment aux côtés des acteurs industriels».

 

Le porte-avions reprendra la mer au début de l’été pour une série d’essais de bon fonctionnement des installations, suivis d’une période de mise en condition opérationnelle.

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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 07:35
Le ministère chinois de la Défense nationale confirme le voyage en haute mer du porte-avions

 

2013-04-25  xinhua

 

Le premier porte-avions chinois, baptisé Liaoning, est prêt à larguer les amarres pour un voyage en haute mer.

 

Quand et où partira le porte-avions sera décidé en fonction des conditions générales, a indiqué Yang Yujun, porte-parole du ministère chinois de la défense nationale, lors d'une conférence de presse.

 

Song Xue, chef d'état-major adjoint de la Marine de l'Armée populaire de Libération (APL, armée chinoise), a indiqué mardi que la Chine se doterait de plus d'un porte-avions.

 

Lors d'une cérémonie tenue à Beijing pour célébrer le 64e anniversaire de la fondation de la Marine de l'APL, M. Song a révélé que "le prochain porte-avions serait plus large et capable de transporter davantage d'avions de chasse".

 

M. Song a également réfuté certains reportages étrangers selon lesquels la Chine construisait de nouveaux porte-avions à Shanghai, déclarant que de tels reportages étaient inexacts.

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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 07:40

USS Enterprise photo US NAVY

 

10.04.2013, Nikita Sorokine - La Voix de la Russie

 

Des experts militaires américains commencent à mettre en question l'efficacité stratégique des groupes de porte-avions. Par contre, les analystes russes trouvent que rien de meilleur n'a été encore inventé dans le domaine non nucléaire pour étaler sa force militaire.

 

L'US Navy, la marine de guerre la plus puissante du monde, compte à l'heure actuelle 11 porte-avions nucléaires super-lourds. Les Américains ont emprunté l'expérience de leur utilisation à la flotte impériale japonaise au cours de la Seconde guerre mondiale pour la développer ensuite. Cependant en 2010 certains stratèges et analystes militaires américains se sont interrogés sur la nécessité d'avoir autant de porte-avions. Robert Gates, le chef du Pentagone à l'époque, a dit que l'argent dépensé à leur construction et à leur exploitation a été jeté par les fenêtres. Les sous-marins russes du projet 670 surnommés « assassins de porte-avions » sont à même de justifier ce surnom. En outre, les porte-avions américains sont menacés par les missiles anti-navires russes Oniks et les missiles chinois Dongfeng.

 

Le centre d'études New American Security a récemment publié un rapport de l'expert Henry Hendrix qui argumentait le vieillissement inévitable et proche de la stratégie fondée sur l'utilisation généralisée des porte-avions. Il est à noter que les analystes russes ne partagent pas les doutes de leur collègue américain. Ainsi l'expert militaire réputé Alexandre Golts a signalé dans un entretien à La Voix de la Russie :

 

Le porte-avions est un moyen évident de ce qu'on appelle power projection, étalage de force. Pendant l'opération en Afghanistan les Américains ne pouvaient pas utiliser des bases terrestres et la composante aérienne de cette opération a été effectuée par l'aviation embarquée. Les porte-avions ont également joué un rôle clé en Irak et en Yougoslavie. Cela veut dire que dans tous les conflits modernes leur rôle était cardinal. Si l'on prend en considération la situation géographique des Etats-Unis, leur rôle dans la politique mondiale, je n'imagine pas une stratégie militaire moderne des Etats-Unis en absence de porte-avions.

 

Il faut tenir compte du fait qu'il s'agit de groupes de porte-avions qui comprennent des sous-marins nucléaires et des navires de surface qui les escortent. Dans les conditions où le budget du Pentagone peut être amputé de 1 % du PIB le secrétaire à la Défense Chuck Hagel acceptera éventuellement de supplanter un groupe. Mais il est peu probable que Washington se décide à des réductions plus sensibles des forces navales. Car comment pourra-t-il renforcer la puissance du contingent américain sur la péninsule coréenne ? Uniquement à l'aide de porte-avions. « Le porte-avions, si vous voulez, est une ambulance de la politique extérieure américaine », résume Alexandre Golts.

 

Les questions sur la valeur stratégique des porte-avions sont liées à plusieurs causes, estime le rédacteur en chef de la revue Exportations des armements Andreï Frolov. Tout d'abord c'est leur coût dans le contexte où des luttes intestines sont menées au sein du Pentagone pour le financement de différentes armes. Ensuite, suppose Andreï Frolov dans un entretien à La Voix de la Russie, il y a des projets de confier aux missiles de croisières et drones, beaucoup moins onéreux, de nombreuses missions réalisées actuellement par les porte-avions.

 

Mais Frolov est d'accord avec Golts, affirmant, lui aussi, que les Américins ne renonceront jamais aux porte-avions.

 

Je pense que la marine fera tout pour garder les onze porte-avions, mais s'il y a réduction, celle-ci ne sera pas radicale. Il s'agira peut-être d'un bâtiment, sinon les Etats-Unis se verraient obligés de reconnaître l'incapacité de maintenir une puissance indispensable dans les régions considérées comme critiques.

 

Le fait que la Russie et la Chine développent leurs propres programmes de groupes de porte-avions est un autre argument en faveur des porte-avions. Il n'y a pas longtemps le commandant des forces navales de Russie l'amiral Viktor Tchirkov a déclaré que dans un proche avenir les sous-marins nucléaires et les porte-avions de génération nouvelle constitueraient la base de la flotte russe. Selon les experts, en vertu de la doctrine militaire russe les porte-avions devront, en premier lieu, assurer la protection aérienne des sous-marins nuclélaires lanceurs d'engins sur leur position en cas d'un besoin militaire. Pourtant, chaque puissance navale a ses propres idées au sujet des porte-avions et il n'y a pas de raison de confronter ces concepts stratégiques et tactiques.

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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 08:35

INS Vikramaditya sea trials source Livefist

Le porte-avions Vikramaditya

 

12.03.2013 Mer et Marine

 

Alignant près de 100 bâtiments de combat (plus de 183.000 tonnes) armés par 60.000 hommes, l’Inde dispose aujourd’hui de la septième flotte mondiale en tonnage et, dans les prochaines années, devrait gagner encore une place en devançant la marine française.

 

Avec la livraison par la Russie — avec près de 4 années de retard — du sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Nerpa (type Akula), l’Inde a  fait en 2012 une nouvelle entrée remarquée dans le club très restreint des marines dotées de sous-marins nucléaires. Elle en avait momentanément fait partie entre 1988 et 1991 lorsque l’ex-URSS lui avait loué un SNA du type Charlie I rebaptisé Chakra, nom qu’a repris l’ex-Nerpa.

 

 

Le Chakra (© : MARINE INDIENNE)

 

L'Arihant (© : MARINE INDIENNE)

 

 

Un second bâtiment nucléaire, de construction indienne cette fois, devrait arriver prochainement. Il s’agit de l’Arihant, lancé en 2009. Ce SNA doté de missiles de croisière Sagarika est considéré par les Indiens comme un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE), le Sagarika pouvant être doté d’une tête nucléaire mais sa modeste portée (750 km) est sans commune mesure avec celle des missiles balistiques américains, russes ou français. Un deuxième sous-marin du même type est en construction alors même que l’Arihant n’a pas encore commencé ses essais à la mer et que sa mise en service n’est pas attendue avant 2014. Alors que le dernier des 7 sous-marins du type Kilo modernisés en Russie a été livré en janvier 2013, et que ceux du type 209/1500 vont être à leur tour révovés, le programme de construction en transfert de technologie des 6 sous-marins du type Scorpène est bien engagé malgré un retard d’au moins 2 années sur les prévisions. L’admission au service du premier est prévue à l’été 2015. En revanche, le choix du modèle pour les 6 unités suivantes du type 75-1 n’est toujours pas arrêté.

 

 

 

Sous-marin indien du type Kilo (© : M. NITZ - COLLECTION FLOTTES DE COMBAT)

 

Sous-marin indien du type 209 (© : M. NITZ - COLLECTION FLOTTES DE COMBAT)

 

Sous-marin du type Scorpène (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

 

 

Concernant la flotte de surface, la date de livraison du porte-avions Vikramaditya par les chantiers russes a été une énième fois reportée, cette fois à octobre 2013 en raison de problèmes de chaudières survenus pendant les essais à la mer au cours de l’été 2012, alors qu’initialement elle devait avoir lieu en décembre 2008. L’Inde doit commencer à se demander si elle a réellement fait une bonne opération en acceptant l’ex-Baku/Gorshkov russe, d’autant plus que le coût de sa refonte a plus que doublé. Il est vrai que les délais de construction ne sont pas mieux respectés dans les chantiers de Kochi car la mise en service du porte-avions de conception nationale Vikrant, mis sur cale en 2009, est désormais prévue au mieux pour 2018.Quant au second bâtiment de ce type, qui serait une version améliorée, sa mise en service est maintenant annoncée entre 2022 et 2027.  

 

 

Le porte-avions Vikramaditya (© : SEVMACH)

 

Vue du futur Vikrant (© : SEVMACH)

 

 

En attendant, l’Inde reçoit les avions Mig-29K prévus pour embarquer sur les nouveaux porte-avions. Les 16 appareils commandés en 2004 sont tous livrés et, sur les 29 autres commandés en 2010, 4 ont été livrés en décembre dernier et 7 autres sont prévus cette année. Dans le domaine de la patrouille maritime, le premier de 8 P-8I (dérivé du P-8A Poseidon américain) a été livré le 19 décembre 2012 et les deux suivants sont prévus en juin 2013.

 

Comme pour le Vikrant ou les sous-marins, les programmes de destroyers, frégates sont également marqués par des retards. C’est un problème récurrent rencontré dans la plupart des chantiers indiens, la construction navale s’y pratiquant toujours à l’ancienne. La livraison des nouveaux bâtiments en pâtit donc, telle celle des 3 premiers destroyers du type Kolkata qui va demander près de 10 années, ce qui a été le cas pour les 3 frégates du Shivalik. Ceci explique les commandes successives des frégates du type Talwar (Krivak III modifié)  aux chantiers russes de Kaliningrad qui respectent à peu près les dates prévisionnelles ; 5 sont maintenant en service ou livrées, une 6 e est en achèvement et 3 autres doivent être commandées. Les délais de construction seront en principe moins longs pour les corvettes du type Kamorta/P28 (la première n’est cependant toujours pas en service 6 ans après sa mise sur cale) et les patrouilleurs océaniques du type Saryu, dont la tête de série a été mise en service le 21 janvier 2013.

 

 

Destroyer du type Kolkata (© : DROITS RESERVES)

 

Frégate du type Shivalik (© : US NAVY)

 

Frégate du type Talwar (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

 

Corvette du type Kamorta (© : DROITS RESERVES)

 

Patrouilleur du type Saryu (© : MARINE INDIENNE)

 

 

Malgré tout, la marine indienne dispose maintenant d’un bel ensemble de bâtiments de combat de surface (destroyers et frégates) et d’un nombre respectable de corvettes et patrouilleurs. Elle va maintenant faire porter ses efforts sur les bâtiments de guerre des mines et amphibies : 8 chasseurs de mines du type Yang Yang sud-coréen doivent être commandés et 4 transports de chalands de débarquement ou porte-hélicoptères d’assaut sont envisagés. La composante soutien a, quant à elle, été renforcée et modernisée avec la livraison en 2011 des 2 pétroliers-ravitailleurs Deepak et Shakti par les chantiers italiens Fincantieri.

 

 

Le pétrolier-ravitailleur Shakti (© : US NAVY)

 

 

 

Article de Bernard Prézelin, auteur de Flottes de Combat

 

 

 

Flottes de Combat, l'ouvrage de référence des forces navales (© : MARINES EDITIONS)

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 08:55

Bougainville-CDG-270113-123.jpg

photo Mer et Marine

 

30/01/2013 Mer et Marine

 

Afin de protéger la forme toulonnaise dans laquelle le porte-avions Charles de Gaulle est depuis vendredi dernier en cale sèche (voir notre article à ce sujet), la coque de l’ex-bâtiment de transport et de soutien Bougainville a été remorquée jusqu’aux bassins Vauban. L’ancien BTS a pris place devant le bateau porte fermant la cale et assurant son étanchéité, permettant ainsi de protéger l’infrastructure en cas d’attaque terroriste. Ce n’est pas la première fois qu’une telle mesure est prise. Ainsi, lors du passage en cale sèche du Charles de Gaulle lors de sa période de grande maintenance (IPER), en 2008, c’est l’ex-frégate lance-missiles Suffren qui avait été disposée devant la forme où se trouvait le porte-avions.

 

Dernier bâtiment construit par les chantiers nantais Dubigeon, le Bougainville, lancé en 1986, est entré en service deux ans plus tard après son achèvement à Saint-Nazaire. Initialement construit pour les besoins du centre d'expérimentation nucléaire du Pacifique, notamment le transport entre Papeete et Mururoa, il avait été modifié à Lorient en 1998 et 1999 afin d’être transformé en navire collecteur de renseignements. Il a été utilisé à cet effet jusqu'à la fin 2005, avant d'être remplacé par le Dupuy de Lôme. Après avoir été utilisé un certain temps pour des missions de transport et de surveillance, le Bougainville a finalement été désarmé en 2008. Long de 112.8 mètres pour un déplacement de 5200 tonnes en charge, ce navire, doté d’un radier de 78 mètres de long et 10 mètres de large, pouvait embarquer deux chalands de débarquement et 1200 tonnes de matériel. Il disposait d’une grue d'une capacité de 37 tonnes (à 12 mètres) et d'une plateforme pouvant accueillir un hélicoptère, ainsi que de locaux hospitaliers avec un bloc opératoire. 

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 16:35
Chine : un outil aéronaval en construction pour réaffirmer les ambitions géopolitiques de Pékin

 

octobre 7, 2012 by Marquis Seignelay - alliancegeostrategique.org

 

La nouvelle a fait le tour du monde : le « porte-avions » de la Marine populaire de libération a été mis en service le 26 septembre 2012 ! Cette entrée du navire en service actif est l’occasion de proposer quelques petites choses pour tenter d’apprécier la portée de l’événement. Ce qui est surprenant, c’est que l’attention des médias a été focalisée sur l’entrée au service actif d’un navire qui n’est capable de rien, ou presque, sur le plan opérationnel : le poids de la puissance aéronavale chinoise embarquée sur pont plat n’est donc pas actuel. Bien au contraire, la période allant des années 2015 à 2025 semble constituer un tournant aéronaval dans le monde et c’est bel et bien cela qu’il faut préparer. D’autre part, rien n’a été dit sur le nom du navire alors que la Chine ne baptise pas ses unités les plus importantes à la légère. Bien souvent, ces noms sur la mer valent au moins un discours adressé au monde, si ce n’est plus.

 

La Chine vers la puissance aéronavale embarquée : des années 80 vers 2011

 

Hervé Coutau-Bégarie, dans l’un de ses ouvrages phares, « Le problème du porte-avions » (1991), abordait la question dans le chapitre II consacrait aux porte-aéronefs sous le sous-titre « les velléités chinoises » :

« On parle depuis le début des années 80 de l’acquisition de porte-avions par la marine chinoise : les premières rumeurs fai­saient état de l’achat de 5 porte-aéronefs du type Invincible qui auraient été construits sous licence. L’intention chinoise d’acheter des Harrier a évidemment donné crédit à ces rumeurs. Mais cette évaluation des possibilités chinoises s’est révélée beaucoup trop ambitieuse et ce programme n’a reçu aucun commencement d’exécution en dehors de l’acquisition de la coque du Melbourne ferraillé par les Australiens : les ingénieurs chinois l’ont minutieu­sement examiné avant de commencer la démolition : ils en ont cer­tainement tiré d’utiles enseignements, mais la technologie du Melbourne datait des années 50.

 

La marine chinoise n’a pas pour autant abandonné tout espoir d’acquérir des porte-aéronefs : le débat continue dans les re­vues navales, un auteur demandant la construction de porte-avions légers dans la première décennie du XXIe siècle, d’autres suggérant d’acheter aux États-unis l’un des deux Essex moderni­sés encore en réserve [27]. La conjoncture budgétaire et internatio­nale semble rendre de tels projets chimériques, mais le besoin subsiste, notamment sur le flanc sud, face au Vietnam : les avions basés à Haïnan peuvent couvrir les îles Paracels, mais pas l’archipel des Spratley, situé beaucoup plus au sud, où Pékin a récemment entrepris de renforcer sa présence. D’après des rap­ports américains, dont les conclusions ont récemment été rendues publiques, l’état-Major de la marine chinoise aurait poursuivi des études dans deux directions : à long terme, un porte-avions classi­que de 48 000 tonnes, avec des avions conventionnels : l’amiral Zheng Mingh, directeur du matériel de la marine chinoise, aurait étudié de très près les rapports sur les essais du Tbilissi soviéti­que ; à court terme, la conversion d’un roulier en porte-aéronefs de fortune, sur le modèle de ce que la Royal Navy a réalisé avec l’Argus. Un navire actuellement armé par le ministère des com­munications, le Huayuankou, pourrait faire l’objet d’une telle transformation. Des entretiens sur ce thème ont eu lieu en avril 90 à Pékin [28]. Mais même un porte-avions modeste risque d’être hors de portée de la Chine au moment où l’économie connaît une dé­pression qui risque d’être durable et où le maintien de l’ordre passe au premier rang des missions des forces armées. La marine chinoise ne disposera pas de porte-avions avant le XXIe siècle ».

 

Le long périple de l’ancien Varyag

 

Un petit retour en arrière s’impose : « Racheté en [1998] au chantier ukrainien par l’intermédiaire d’un homme d’affaires chinois, la coque, à environ 70% d’achèvement, a été remorquée en 2002 à Dalian ». Il s’agit du Varyag qui est la seconde unité de la classe Kuznetsov et celle-ci ne compte pas d’autres navires. Il est question que la coque vendue à la Chine devienne un casino-flottant (un croiseur porte-aéronefs, le Kiev, tête de série de sa classe, a connu un tel destin en Chine. Un navire de la même classe, le Minsk, est devenu un musée).

Il y eu des chancelleries qui ne furent pas dupes de la finalité du projet puisque la Turquie bloqua le passage de ses détroits (des Dardanelles et du Bosphore). C’est à se demander si l’initiative d’Ankara n’avait pas été influencée. La coque eu alors quelques difficultés à quitter la mer Noire. Les détroits turcs ont la particularité d’être sous la juridiction de traités internationaux (comme, par exemple, la convention de Montreux, c’est une des formes de désarmement naval) qui prohibent le passage de navire porte-avions. Le pont plat quitte donc finalement l’Ukraine en 2001 et arrive en Chine, à Dailan, en 2002. Mais, le navire qui est livré n’est doté d’aucun engin de propulsion.

 

© Inconnu. Le porte-aéronefs Kuznetsov.

© Inconnu. Le porte-aéronefs Kuznetsov.

 

Porte-aéronefs et non pas porte-avions

 

Le Kuznetsov et l’ex-Varyag sont plus des porte-aéronefs que des porte-avions -et la différence est fondamentale. Première chose, les soviétiques les ont conçu comme des « croiseurs porte-aéronefs ». Il s’agissait de pouvoir s’affranchir de la convention de Montreux par un artifice juridique. Hors, Coutau-Bégarie le relevait, avec une certaine malice, dans le café stratégique numéro 4 consacré à la géostratégie maritime, quand il posait cette question : « avez-vous déjà vu un croiseur de 40 000 tonnes ? » L’auteur évoquait le cas des croiseurs porte-aéronefs de classe Kiev. A titre d’exemple, les croiseurs lance-missiles à propulsion nucléaire de la même classe que le Pierre le Grand déplacent 26 000 tonnes à pleine charge. Et pourtant, ce sont les derniers croiseurs de bataille du monde.

De plus, la stratégie navale soviétique s’appuyait sur des bastions. Ces zones, au nombre de deux, étaient sous la responsabilité des flottes du Nord et du Pacifique. Il s’agissait pour la marine russe de construire, par diverses actions opérationnelles, des zones interdites à toutes les menaces dans l’optique de sécuriser les vecteurs nucléaires (SNLE principalement) qui pouvaient y patrouiller.

 

Une parenthèse doit être ouverte car il est régulièrement évoqué la création d’une sorte de bastion en Chine autour de l’île de Hainan. Une base souterraine pour sous-marin y a été aménagée. Qui plus, le porte-aéronefs chinois pourrait être amené à y patrouilleur selon l’analyse de quelques personnes afin de protéger cette zone, le flanc sud de la Chine, qui est assez vulnérable. Coutau-Bégarie relevait déjà cet état de fait au début des années 90. Parenthèse refermée.

Donc, il y avait nécessité de navires de défense aérienne car l’attaque anti-navires se faisait par avions à long rayon d’action (Tu-95 et 142, par exemple) et croiseurs sous-marins lance-missiles à propulsion nucléaire (les fameux Oscar I et II dont le Koursk était l’un des représentants). En outre, il n’y avait pas de projection de puissance dans la doctrine navale russe car elle était essentiellement défensive.. Mais pas seulement, soit dit en passant puisque la doctrine navale soviétique des années 70 et 80 prévoyait de mener une guerre des communications contre les routes alliés à partir des différentes bases avancées de l’URSS dans le monde. Alors, ces deux navires (ainsi qu’une classe de quatre autres croiseurs porte-aéronefs : les Kiev) sont des croiseurs lance-missiles en tout premier lieu. Le navire tête de série, le Kuznetsov qui est en service dans la Marine russe, permet d’appréhender la chose. Ils (exemple de la classe Kuznetsov) ont donc :

  • une batterie principale composée de missiles : « 12 missiles anti-navires SS-N-19 Shipwreck (« Granit » de 555 km de portée) situés sous le pont d’envol au milieu de la piste (la phase de tir interromprait donc les opérations aériennes). La défense anti-aérienne du bâtiment est assurée par 4 groupements de 6 silos à 8 missiles surface-air SA-N-9 (15 km de portée), 4 systèmes anti-aériens CADS-N-1 (2 canons de 30mm et 8 missiles SA-N-11 -8 km de portée- chacun) et 6 canons anti-aériens multitubes de 30mm. Deux lance-roquettes anti sous-marins complètent le tout » ;
  • et d’une batterie secondaire qui repose sur un groupe aérien embarqué : « Le groupe aérien du Kouznetsov se compose généralement de trente aéronefs dont des chasseurs embarqués Su-33, des avions d’entraînement Su-25UTG et des hélicoptères anti sous-marins Ka-27, de guet aérien Ka-31 et de transport d’assaut Ka-29. A l’origine, il était également prévu d’embarquer des chasseurs à décollage vertical Yak-141 Freestyle avant abandon du programme à la chute de l’URSS. Le Mig-29K a quant à lui été testé mais n’a pas été retenu face au Su-33« .

Le problème pour la Chine, c’est que le navire a été livré sans sa batterie principale. Cette dernière prend une place considérable à bord, ce qui fait que le groupe aérien est plutôt limité (30 machines, officiellement) par rapport au tonnage du navire (60 000 tonnes, contre 32 aéronefs et 40 000 tonnes pour le Charles de Gaulle). Le vaisseau n’est pas non plus optimisé, à l’origine, pour les opérations aériennes puisqu’il fallait composer avec un navire hybride (croiseur/porte-aéronefs) avec deux batteries aux solutions architecturales presque contradictoires.

 

CATOBAR versus STOBAR

 

De plus, les deux navires russes (et six avec les quatre Kiev) relèvent de la filière aéronavale des STOBAR (Short take-off but arrested recovery). C’est-à-dire que les aéronefs à voilure fixe décollent à la seule force de leur réacteur et avec l’aide d’un tremplin et ils reviennent apponter sur le navire avec l’aide de brins d’arrêt. Il n’y a pas de catapultes et c’est une différence vraiment fondamentale d’avec la filière CATOBAR (Catapult Assisted Take Off Barrier Arrested Recovery) qui compte comme seuls membres les Etats-Unis, la France et le Brésil. Si la filière STOBAR simplifie l’architecture des navires, elle implique que l’avion embarqué soit inférieur en performances à son homologue terrestre. La chose est simple à constater : un Su-33 qui décolle du Kuznetsov ne le fait pas avec son plein chargement de munitions et de carburant, comme il aurait pu le faire depuis une base terrestre. La masse maximale de l’appareil est de 33 tonnes. A contrario, et avec la filière CATOBAR, un Rafale qui est catapulté du Charles de Gaulle a les mêmes performances que celui de l’Armée de l’Air qui décolle d’une base terrestre : ils sont tout les deux aussi chargés. Sauf que le Rafale M est catapulté, à l’heure actuelle, avec une masse maximale de 21 tonnes. Cette symétrie des performances entre l’avion catapulté et son homologue terrestre est vraie dans l’US Navy depuis les années 50. Dans la pratique, cela aboutit à ce que le groupe aéronaval CATOBAR ait une portée très supérieure au groupe aéronaval STOBAR.

 

Une refonte modeste pour l’entrée en service

 

Si l’ex-Varyag arrive finalement en Chine en 2002, il n’entre en cale sèche qu’au cours de l’année 2005. Ce long retard reste à expliquer : était-ce pour cacher la finalité de l’opération ? Les deux porte-aéronefs musée et casino ne suffisaient-ils pas pour faire illusion ?. Finalement, le navire ne quitte sa cale que pendant l’année 2011.

6 années de travaux, c’est à la fois beaucoup et à la fois très peu. Il fallait, au moins, motoriser le navire. Par la suite, les chinois l’ont un peu adapté à leurs besoins, comme c’est expliqué par Mer et Marine :

« Doté de matériels chinois en plus de ses équipements d’origine russe, l’ex-Varyag, qui devrait porter le nom de Shi Lang, mesure 304 mètres de long et affiche un déplacement lège de 46.000 tonnes, son déplacement à pleine charge étant estimé à environ 60.000 tonnes. Doté à l’avant d’un tremplin incliné à 12 degrés, il disposera comme le Kuznetsov d’une piste oblique avec brins d’arrêt. Par rapport à son aîné, divers aménagements ont été réalisés. Ainsi, la capacité du hangar aurait été augmentée, pour permettre à cet espace d’accueillir 22 avions, contre 18 suivant les plans originaux. Le groupe aérien embarqué du Shi Lang devrait comprendre des avions multi-rôles J10 et des intercepteurs J15, version chinoise du Su-33 russe. On rappellera d’ailleurs que Moscou a suspendu la livraison de 50 Su-33 après avoir découvert que le chasseur avait été copié par les Chinois. Il conviendra également de voir comment sera traitée la problématique de l’alerte lointaine, indispensable pour tout déploiement aéronaval lointain, alors que la marine ne dispose d’aucun avion de guet aérien embarqué ».

 

Il semblerait que la batterie principale n’ait pas été renouvelée. Mais les chinois n’auraient pas mené les travaux nécessaires pour optimiser les opérations aériennes à bord du navire. Ainsi, la Russie refond actuellement l’ancien Gorshkov, navire de la classe Kiev, pour l’Inde. Donc, à titre de contre-exemple par rapport aux travaux menés sur le frère jumeau du Kuznetsov, le Liaoning de la marine chinoise, voici l’ampleur de la refonte Gorshkov : « Long de 283 mètres pour un déplacement de 45.000 tonnes en charge, le porte-avions, qui sera rebaptisé Vikramaditya, mettra en œuvre 20 avions MiG-29 K et 12 hélicoptères ». Le Su-33 a beau être légèrement plus grand que le Mig-29K, il y a 12 aéronefs d’écart entre les deux navires. Tout est relatif puisque la place à bord des BPC français pour les hélicoptères le montre, mais c’est à relever.

 

 

© Inconnu. L'INS Vikramaditya, porte-aéronefs refondu par la Russie et qui doit être livré en 2013 à l'Inde.

© Inconnu. L'INS Vikramaditya, porte-aéronefs refondu par la Russie et qui doit être livré en 2013 à l'Inde.

 

Un navire d’essais, d’expérimentations et d’apprentissage des arts aéronavals

 

Le navire sert donc à pratiquer de nombreux essais à la mer depuis 2011, et il a surtout fait l’objet d’une mise en service, plutôt que d’une refonte aussi ambitieuse que celle choisie par l’Inde pour un autre croiseur porte-aéronefs.

Pékin présente son porte-aéronefs (puisque ce n’est pas un porte-avions) comme un navire-école. Il y a un décalage entre ce qui se passe en Asie et ce qui est perçu dans divers endroits de l’Occident. Ce décalage en sera que plus dommageable pour ceux qui perçoivent très mal la montée en puissance des capacités aéronavales chinoises.

Dans un premier temps, l’apprentissage de l’outil aéronaval fondé sur un porte-aéronefs sera très long pour la Chine. Comme le faisait remarquer Coutau-Bégarie, il est nécessaire de distinguer deux notions différentes :

  • le groupe aérien embarqué, qui va de paire avec le navire porte-aéronefs ou porte-avions,
  • le groupe aéronaval.

Groupe aérien embarqué incomplet

 

Le groupe aérien embarqué n’est pas une notion qui va de soi. Par exemple, dans le colloque du CESM consacré au centenaire de l’aéronautique navale française, Coutau-Bégarie notait qu’il avait fallu attendre les porte-avions Foch et Clemenceau pour que la notion s’impose en France. Entre temps, bien des compétences qui avaient été acquises depuis le début de la guerre d’Indochine jusqu’à la Crise de Suez avaient été perdues. Les chinois peuvent difficilement passer à côté d’une telle unité organique qui permet de générer, diffuser et de régénérer les compétences opérationnelles.

 

Pékin a pris les devants. D’une part, la Chine a conclu un accord aéronaval avec le Brésil, en 2010, relatif à la formation des futurs pilotes embarqués chinois. D’autre part, il y a de nombreuses installations terrestres en Chine qui permettent le début de la formation du groupe aérien embarqué et des personnels méconnus mais ô combien indispensables pour sa mise en œuvre (rien que la gestion du pont d’envol est tout un art).

La marine chinoise bénéficierait d’une très bonne préparation avant de percevoir son navire-amiral : mais la pratique sur le porte-aéronefs demeure indispensable…

 

De plus, si la Chine prépare la constitution d’un groupe aérien embarqué et sa mise en œuvre à la mer sur son pont plat, il est à noter que ce groupe est incomplet. Par exemple, il n’y a pas d’aéronefs dédié à l’éclairage de l’escadre ou à la coordination et au soutien des activités aériennes (comme le relevait Mer et Marine dès 2011). Ce groupe est donc sans aéronef de guet aérien (AEW dans la terminologie anglo-américaine) et c’est un manque crucial car c’est l’absence de ce genre d’appareils qui a coûté bien des pertes aux anglais lors de la guerre des Malouines (sans compter qu’il semblerait que la Royal Navy ait été incapable de débusquer et suivre le 25 de Mayo, le porte-avions Argentin -il rentrera au port de lui-même après le torpillage du croiseur argentin Belgrano). Pékin préparerait diverses solutions pour palier au problème : des hélicoptères d’alerte lointaine auraient été développés pour le ou les porte-aéronefs et un avion de guet aérien serait également en développement… Par ailleurs, à quoi peut bien servir un tel appareil, si ce n’est pour équiper un porte-avions dotés de catapultes ?…


C’est sans oublier les hélicoptères de sauvetage qui sont, eux aussi, indispensables pour parer à toutes les éventualités. De même que les hélicoptères logistiques sont nécessaires pour faire durer le navire à la mer grâce aux liaisons qu’ils permettent de faire rapidement entre navires et entre l’escadre et la terre.

 

 

© Wendell Royce McLaughlin Jr. Planes of Carrier Air Wing 7 (CVW-7) fly by USS George Washington (CVN-73) during the ship's maiden deployment to the Mediterranean and Persian Gulf, May 20–November 17, 1994. Official US Navy photograph. Le CVN 73 George Washington est aujourd'hui prépositionné au Japon. Sur cette photographie, le groupe aérien embarqué était au grand complet : intercepteurs (F-14C Tomcat), chasseurs-bombardiers (F/A-18 Hornet), bombardiers (A-6 Intruder), avions de guerre électronique (EA-6B Prowler) et de guet aérien (E-2C Hawkeye).

© Wendell Royce McLaughlin Jr. Planes of Carrier Air Wing 7 (CVW-7) fly by USS George Washington (CVN-73) during the ship's maiden deployment to the Mediterranean and Persian Gulf, May 20–November 17, 1994. Official US Navy photograph. Le CVN 73 George Washington est aujourd'hui prépositionné au Japon. Sur cette photographie, le groupe aérien embarqué était au grand complet : intercepteurs (F-14C Tomcat), chasseurs-bombardiers (F/A-18 Hornet), bombardiers (A-6 Intruder), avions de guerre électronique (EA-6B Prowler) et de guet aérien (E-2C Hawkeye).

 

Absence de groupe aéronaval chinois

 

Outre le couple porte-aéronefs/groupe aérien embarqué, il faut pouvoir l’escorter. Ce n’est pas une mince affaire que d’articuler une base aérienne flottante (tout comme il faut protéger une base aérienne déployée à l’étranger… ou en France !) avec, au moins, un escorteur dédié à la lutte anti-sous-marine et un autre à la lutte anti-aérienne. Ainsi, il est impensable de nos jours de déployer un porte-aéronefs ou un porte-avions sans sous-marin nucléaire d’attaque pour assurer sa protection (sauf quand la nation détentrice du pont plat ne possède pas de SNA, mais alors elle déploie rarement son porte-aéronefs de manière indépendante). C’est l’escorte minimale pour protéger le porte-aéronefs. En la matière, il est difficile de dire que la SNA regorge de SNA (une demi-douzaine) par rapport au nombre de sous-marins classiques qu’elle met en œuvre. Mais le « hic » est que, historiquement, le sous-marin diesel-électrique est inapte à escorter une escadre.

 

Et c’est sans compter sur le nécessaire train logistique pour faire durer le navire à la mer : il faut autant ravitailler le pont plat que ses aéronefs que son escorte. Tout comme l’escorte doit pouvoir être relevé si besoin est par de nouveaux navires. Cela implique d’avoir une flotte de surface bien dimensionnée par rapport au besoin -même si le navire n’est pas destiné à être projeté loin de sa base. Par exemple, quand le Charles de Gaulle œuvrait au Sud du port de Toulon, l’escorte de SNA était insuffisante.

 

Le porte-aéronefs chinois se prépare à entrer en service depuis l’année 2011 : c’est-à-dire que son équipage prend en main le navire et le porte vers l’état opérationnel en qualifiant les systèmes les uns après les autres. Si le navire est livré en fin d’année 2012 (le 23 ou le 25 septembre, peu importe), c’est qu’il aura fallu au moins une année pour le prendre en main depuis ses premiers essais à la mer.

 

Dans le même temps, le navire a commencé les essais aéronautiques dont les objectifs sont autant de qualifier les hommes que les machines et l’intégration des deux aussi bien sur le pont d’envol que dans les airs. Il faudra probablement une bonne année pour prendre en main tout cela.

 

Mais il faudra encore une bonne année, si ce n’est plus, pour adjoindre au pilier du groupe aéronaval son escorte et un train logistique efficace. La Chine s’est essayé à la projection de forces à l’occasion des opérations de lutte contre la piraterie au large de l’Afrique. Si le fait de déployer quelques frégates dans le temps au large de la Corne de l’Afrique peut passer pour un effort « modeste » et « non-alarmant » sur la puissance navale chinoise, il faut bien comprendre que Pékin fait dans ce cadre ses armes pour projeter loin de ses côtes des unités navales…

Enfin, il sera intéressant d’observer comment la Chine couplera sa force aéronaval terrestre constitué d’appareils d’attaque à long rayon d’action avec son groupe aéronaval : complémentarité ou rivalité ?

 

Groupe Aéronaval Chinois (GAC) : vers 2022 ?

 

Bernard Prézelin, l’auteur actuel de « Fottes de combat », estimait en 2011, que cinq année, au minimum, serait nécessaire à la Chine pour construire un groupe aéronaval crédible (par rapport à ce qui se faisait pendant l’opération Harmattan). Il faudra certainement quelques années de plus car il sera nécessaire à la marine chinoise d’apprendre de nombreux exercices, voire d’interventions militaires. Par ailleurs, il est bon de noter que la Chine semble développer une coopération aéronavale avec le Brésil : est-ce que ce sera la seule ?

 

Dire que le groupe aéronaval chinois ne sera crédible que vers l’an 2022, ce n’est ni exagéré, ni une sous-estimation. La Chine se donne les moyens de préparer l’aventure avant la perception du navire afin de gagner du temps sur les enseignements à tirer de la mer. Elle parviendra à construire l’outil qu’elle ambitionne de se doter, à n’en pas douter. Donc, il serait surfait de craindre que le navire puisse actuellement, et dès sa livraison (comme s’il pouvait être livré « prêt à l’emploi en guerre »), être la pièce maîtresse d’un dispositif naval offensif.

 

Un outil pour la guerre des archipels ?

 

Coutau-Bégarie proposait une utilité au futur navire porte-aéronefs ou porte-avions chinois en 1991 : « La conjoncture budgétaire et internatio­nale semble rendre de tels projets chimériques, mais le besoin subsiste, notamment sur le flanc sud, face au Vietnam : les avions basés à Haïnan peuvent couvrir les îles Paracels, mais pas l’archipel des Spratley, situé beaucoup plus au sud, où Pékin a récemment entrepris de renforcer sa présence ». C’est une possible utilisation du navire, qu’il serve d’école ou non, qui a encore été avancé cette année. Si les tensions qui règnent entre le Japon et la Chine autour de l’archipel des Senkaku focalisent aujourd’hui l’attention, elles ne doivent pas faire oublier les conflits territoriaux qui perdurent sur le flanc sud de la façade maritime chinoise.

 

Un navire bien encombrant pour la diplomatie navale chinoise ?

 

C’est sur le plan de la diplomatie navale que le navire produit ses premiers effets car il est l’objet du fantasme d’une « Chine impéraliste ». Tout du moins, il montre que la Chine entend aussi projeter sa puissance aérienne par la voie des mers, au moins au large de ses côtes.

 

Mais en attendant le nécessaire apprentissage, il n’est pas un instrument de combat, ce qui va compliquer les bénéfices politiques à retirer de ses croisières. Cela pourrait même fragiliser sa position : un navire inapte au combat ne va pas dans un théâtre d’opérations où pourrait se dérouler des actions offensives de moyenne ou haute intensité. Et donc, le moral chinois pourrait recevoir un coup terrible en cas de crise régionale puisque le fleuron de la flotte resterait au port ou loin des combats, dans une sorte de « fleet in being« . La diplomatie navale peut être à double tranchant.

 

 

© Inconnu. Maquette de porte-avions nucléaire soviétique, l'Ulyanovsk, qui était construit à 20% lors de la chute du mur de Berlin. Il a été déconstruit sur cale par la suite. Il pourrait inspirer le projet 085 chinois.

© Inconnu. Maquette de porte-avions nucléaire soviétique, l'Ulyanovsk, qui était construit à 20% lors de la chute du mur de Berlin. Il a été déconstruit sur cale par la suite. Il pourrait inspirer le projet 085 chinois.

 

Deux porte-aéronefs et un porte-avions supplémentaires à percevoir pour la Marine chinoise ?

 

Le décalage entre la situation opérationnelle du porte-aéronefs chinois d’aujourd’hui et la montée en puissance des capacités aéronavales chinoises dissimulent ce qui pourrait se passer en 2022. Ce navire demeurera très certainement un navire-école (tout comme il sera le centre d’un groupe aéronaval école, à vrai dire) car tant qu’il flottera, il sera une inappréciable source d’enseignements opérationnels pour la Chine. Si jamais il devait ne plus naviguer pour bien des raisons, alors ce serait autant de temps perdu.

Mais si Pékin tient son calendrier, alors la marine chinoise pourrait sereinement faire entrer en service d’autres porte-avions à partir de 2022. Deux projets seraient actuellement menés en Chine :

  • le projet 085 : « Les autorités chinoises envisageraient la réalisation d’un porte-avions à propulsion nucléaire. Ce grand bâtiment de 93.000 tonnes pourrait être mis en service à l’horizon 2020 [...]. En ce qui concerne le porte-avions nucléaire, sa conception et sa réalisation pourrait être confiées aux chantiers Jiangnan, près de Shanghai. Ses dimensions seraient très proches de celles de l’ex-porte-avions nucléaire russe Ul’yanovsk, soit plus de 300 mètres de long. Mis sur cale à Nikolaev en fin 1988, ce navire avait été finalement démoli en 1992, alors que sa coque était à 20% d’achèvement ».
  • Le projet 089 qui compterait deux navires : « Les autorités chinoises envisageraient la réalisation d’un porte-avions à propulsion nucléaire [...] viendrait compléter le dossier « 089 », portant sur la construction dans les 5 à 8 ans [à partir de 2007] de deux porte-avions classiques de 64.000 tonnes. Dotés de deux catapultes, ils pourraient mettre en oeuvre 30 à 40 avions J-10. Ces bâtiments seraient dérivés du Varyag, le sistership non achevé du porte-avions russe Kuznetzov ».

Les équipages du premier groupe aéronaval auront constitué le noyau dur de la puissance aéronavale chinoise. C’est à partir de ce noyau qu’elle grandira. Les actuelles agitations autour de la livraison du navire font oublier le fait que bien des échos annoncent la construction de porte-avions en Chine. S’ils étaient livrés en 2022, alors la Chine ferait un pas de géant dans le club des puissances aéronavales.

 

C’est cet accroissement soudain de la puissance aéronavale chinoise à l’horizon des années 2020 que peuvent craindre les nations asiatiques.

 

Le temps long de la construction hauturière de la marine chinoise est bien adapté à celui de la mer qui est, aussi, un temps long, Pékin pourrait prendre de vitesse bien des rivaux. Il doit être clair pour tout le monde que l’acquisition d’un porte-avions et sa préparation pour qu’il devienne la pièce centrale d’un outil stratégique relève du long terme puisque :

  • quelques années sont nécessaires pour concevoir le navire dans un bureau d’études.
  • La durée de construction généralement constatée d’un tel navire et pour l’armer de tout ses systèmes est de 5 à 7 ans.
  • Enfin, 5 à 10 ans années sont nécessaires pour le transformer en un outil opérationnel (à force d’entraînements et d’échanges avec les marines alliés) capable d’opérer avec un groupe aéronaval.

Nous sommes en 2012, et autant dire que si, effectivement, la Chine construit une escadre école pour accueillir deux porte-aéronefs de plus, et avec, peut être, le premier porte-avions (à propulsion nucléaire) sur la tranche des années 2020-2025, alors elle prendra bel et bien toute l’Asie du Sud-Est de court.

 

Développement horizontal de la puissance aéronavale en Asie

 

Ce n’est pas vraiment une projection saugrenue puisque :

  • les programmes indiens d’acquisition de porte-aéronefs accumulent les retards : les navires (un, voire deux Air Defense Ship/Indigenous Aircrafts Carrier et l’INS Vikramaditya (ex-Gorshkov soviétique) n’arriveraient en flotte en 2013 (Vikramaditya) et les deux autres vers 2017-2020. Actuellement la marine indienne ne met en œuvre que l’INS Vikrant, navire qui accuse son âge.
  • La Russie maintient le Kuznetsov en service, mais elle n’a pas encore retrouvé les capacités nécessaires pour le remplacer, voire augmenter sa flotte de ponts plats. La démonstration la plus flagrante de cet état de fait est que la Chine aura réussi l’exploit de refondre et mettre au service un ancien porte-aéronefs soviétique (classe Kuznetsov) avant que Moscou réussisse à en faire de même pour honorer le contrat d’acquisition passé par l’Inde pour un autre ancien porte-aéronefs soviétique (le Gorshkov, donc, de classe Kiev). Mais Moscou devrait percevoir un second porte-avions (en plus de ses deux premiers BPC et de son Kuznetsov qui serait alors toujours en service) vers 2020 et ils seront complétés par les modernisations et réactivations des croiseurs lance-missiles classe Pierre le Grand.
  • la Corée du Sud aura toujours ses trois Dokdo (et pourquoi pas des F-35B à mettre dessus?).
  • Le Japon aura alors au moins quatre porte-aéronefs (avec, peut être, des F-35B, même si Tokyo dit ne pas s’y intéresser à l’heure actuelle) : les deux destroyers porte-hélicoptères 16DDH et deux autres navires de ce type, mais plus volumineux et grands : les deux 22DDH.
  • Les Etats-Unis auront toujours un porte-avions basé au Japon, en sus des autres naviguant de la mer d’Arabie jusqu’au Pacifique en passant par l’océan Indien (soit trois navires autour du Rimland, en plus du navire basé au Japon).

Dans une telle mêlée, deux ou trois porte-aéronefs et porte-avions chinois en plus de l’actuel, ce n’est pas difficile à justifier.

 

Le problème naval américain ?

 

Il demeure donc essentiellement les Etats-Unis dans la région pour contre-balancer la puissance navale chinoise en devenir, et dans une moindre mesure, l’Inde. Ils sont directement impactés par le potentiel défi et cela ne fait qu’accentuer leur problème naval : avec un navire stationné au Japon, un ou deux patrouillant dans le Golfe Persique et un autre faisant la jonction entre l’océan Indien et l’Asie du Sud-Est, il n’y a pas tellement de navires américains face à un, deux ou trois, voire quatre ! (à l’orée 2020) navires chinois jouant à domicile. Les navires de la marine de l’armée populaire de libération ont cet avantage d’être directement sur zone quand les navires américains passent un bon tiers de leur temps en transit.

 

Si Pékin armait deux, trois ou quatre porte-aéronefs et porte-avions entre 2020-2025, que feront les Etats-Unis qui disposent, en moyenne, d’autant de porte-avions dans la zone ? Les valeurs respectives des groupes aéronavals de chacun ne seront pas les mêmes, certes. Mais comment se posera le problème naval américain si Pékin allait jusqu’à lancer un porte-aéronefs ou porte-avions de plus que ce que peuvent aligner les Etats-Unis dans la zone ? C’est une chose que l’URSS n’avait pas osé faire : dépasser quantitativement l’US Navy dans la projection de puissance via les ponts plats. D’un autre côté, et à moins d’un affrontement de haute intensité, la Chine pourrait rapidement se convertir à la « diplomatie du porte-avions » et donc envoyer ses porte-avions faire sentir l’influence de Pékin dans toutes les zones jugées stratégiques par la capitale chinoise.

 

 

© Inconnu. Repris sur le site de DSI : "Une vue d’artiste tirée d’internet et montrant le 22DDH, nouveau type de « destroyer porte-hélicoptères » aux côtés d’un Hyuga. La JMSDF japonaise, qui devait recevoir 4 Hyuga, a décidé que les deux derniers bâtiments seraient substantiellement plus gros (plus de 24 000 tonnes contre 18 000 pour les Hyuga) et plus long (248 m, largeur de 39 m). Tokyo n'a toutefois pas encore montré d’intérêt pour le F-35B".

© Inconnu. Repris sur le site de DSI : "Une vue d’artiste tirée d’internet et montrant le 22DDH, nouveau type de « destroyer porte-hélicoptères » aux côtés d’un Hyuga. La JMSDF japonaise, qui devait recevoir 4 Hyuga, a décidé que les deux derniers bâtiments seraient substantiellement plus gros (plus de 24 000 tonnes contre 18 000 pour les Hyuga) et plus long (248 m, largeur de 39 m). Tokyo n'a toutefois pas encore montré d’intérêt pour le F-35B".

 

Des noms de navires pour l’ambition

 

C’est justement la volonté des Etats-Unis qui est mesurée par Pékin.

 

Sur le plan naval, il faut bien comprendre que la Chine ne donne pas, par hasard, des noms à ses navires. Par exemple, le navire-école chinois qui sert à former les officiers d’une marine océanique en construction porte un nom bien particulier : le Zheng He. C’était aussi le nom d’un amiral chinois du XIVe siècle. La particularité de ce marin est qu’il est soupçonné d’être l’un des premiers à avoir découvert l’Amérique du Nord dès le XIVe siècle (mais d’autres pistes portent à croire que ce serait une découverte viking qui daterait du Xe siècle -l’Europe est sauvée). Mais plus encore, du temps de cet amiral, la marine chinoise était une force océanique capable de croiser depuis la Chine jusqu’au Golfe Persique et de soumettre ces côtes à l’influence chinoise.

 

Dans un premier temps, donc, ce premier porte-aéronefs chinois etait baptisé « Shi Lang« . C’est le nom d’un amiral chinois qui servit sous les dynasties des Ming et des Qing, soit au XVIIe siècle. Une des réussites militaires de cet amiral a une résonance toute particulière, encore aujourd’hui : il réussi à soumettre l’archipel de Taiwan. Donc, et alors que Pékin niait toujours, pour la forme, que l’ancien Varyag soviétique allait devenir un navire militaire, il était attribué d’un nom à la symbolique très forte. Il semblait bien trouvé puisqu’il permettait à Pékin de matérialiser une volonté politique très forte de faire entendre raison à cet archipel pour qu’il rejoigne « une seule Chine, deux systèmes » -ou trois systèmes pour l’occasion. C’était une réaffirmation politique qui aurait fait écho à bien des discours. Mais c’était aussi un risque calculé car si la Chine montait progressivement d’un cran dans le cadre de cette crise larvée, elle le faisait très progressivement sans déstabiliser la région. Les Etats-Unis auraient alors reçu très clairement le message puisque l’archipel de la Chine nationaliste est sous leur protection (bien que Washington évite de franchir des lignes jaunes en accordant une trop grande protection aux yeux de Pékin – autre chose à noter, les Etats-Unis se méfient, peut être trop tard, de la réussite chinoise à espionner les matériels américains vendus à Taiwan, ce qui pourrait expliquer quelques lenteurs à la livraison de matériels).

 

Mais ce n’était qu’un nom de baptême officieux : rien de rien n’était officiel.

C’est bien dommage, dans un sens. Il a été dit que bien des esprits se focalisent (trop ?) sur les capacités supposées du navire. Sans paraphraser ce qui a été dit plus haut, ce porte-aéronefs n’est pas la pièce d’un groupe aéronaval opérationnel. C’est la pièce maîtresse de la montée en puissance de la Chine dans le club fermé des marines dotées d’une aéronavale embarquée sur porte-aéronefs ou porte-avions. Ce qui aurait dû retenir l’attention, c’est le nom du navire. Première observation, c’est le nom de la province il a été refondu et mis en service : Liaoning. Et alors ? Il y a bien un porte-avions Charles de Gaulle qui était baptisé Bretagne au début de son programme en France et la première frégate du programme FREMM qui est nommée Aquitaine. Deuxième remarque : la Chine ne semble jamais donner un nom à un navire de premier plan à la légère…

 

La troisième remarque n’est que le fruit de la supposition de l’auteur : Liaoning, ce nom n’est pas inconnu dans nos manuels d’Histoire. Liaoning est donc le nom d’une province chinoise. Cette entité administrative abrite une ville, Dailan, où a été refondu et mis en service le navire. La capitale de cette entité territoriale est Shenyang. Le nom mandchou de cette ville est « assez intéressant » : Moukden. En 1931, l’empire du soleil levant organise un faux attentat sur une ligne de chemin de fer appartenant à une société japonaise. Cet « attentat » (il est avéré aujourd’hui que c’est bien le Japon qui l’avait monté de toutes pièces) a été le prétexte pour Tokyo pour occuper la Mandchourie. La suite de l’Histoire est connue : la Chine côtière fut en grande partie soumise par les armes japonaises, et ce fut un massacre parmi les chinois. Aujourd’hui encore, Pékin exige des excuses du Japon et la fureur populaire chinoise explose à chaque fois que cette période est minimisée au Japon, comme quand un manuel scolaire japonais restait bien « modeste » sur cette période.


Il faudrait donc admettre que le nom du premier porte-aéronefs chinois ait été effectivement choisi en liaison avec cet événement historique qui inaugurait une période noire pour la Chine. Les gouvernements successifs de Pékin, depuis la proclamation de la République Populaire de Chine, s’acharnent à démonter, les uns après les autres, les traités « inégaux » que la Chine aurait eu à signer au XIXe siècle (essentiellement). Cette fois-ci, la Chine pourrait (ce n’est qu’une supposition) adresser un message très fort au Japon : il y a des contentieux à régler, et cela ne peut plus se faire sur des bases que les gouvernants chinois jugent ou jugeraient inéquitables. Pékin afficherait alors une ligne géopolitique constante, mais renouvellerait également sa volonté par cet acte fort.

Dans le cadre de cette supposition, ce n’est plus seulement l’archipel nationaliste et rebelle qui est visé, mais c’est bien le Japon. Le protecteur stratégique est le même dans les deux cas. Ce ne serait pas du tout la même chose entre la réintégration de Taiwan dans le giron chinois et le lâchage du Japon par les Etats-Unis :

  • d’un côté, il y a un archipel qui est divisé entre indépendantistes et un autre camp plutôt désireux de se rapprocher de la Chine (ce qui ne veut pas dire rattachement pur et simple). Si la pression des armes chinoises se fait sentir, la porte n’est pas non plus fermée à une solution politique.
  • De l’autre côté, il y a le Japon. L’archipel dépositaire de l’empire du soleil levant est sous protectorat américain depuis 1945.

La sécurité nationale japonaise repose sur la volonté des Etats-Unis à rester suffisamment engagé en Asie pour défendre et leurs intérêts, et l’archipel. Si donc le message de la Chine passe par ce navire, dont le nom ferait référence à l’incident de 1931, alors un défi est lancé au Japon et aux Etats-Unis.

La Chine fait sentir sa présence navale, via ses agences paramilitaires, le long de ses côtes à travers tout les archipels et îlots qui font l’objet d’une crise larvée depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies (Taïwan donc, mais aussi les Senkaku, Paracels et les Spratleys). Ces confrontations navales qui se font via des forces civiles ou paramilitaires font craindre l’engagement des marines de guerre des pays concernés. Par son porte-aéronefs, Pékin pourrait (conditionnel, toujours) faire savoir que, à l’avenir, la volonté de la Chine est suffisamment forte pour engager un ou deux autres porte-aéronefs supplémentaires, voire un porte-avions nucléaire. Il y a donc un défi militaire qui est lancé. Le Japon a d’ores et déjà lancé deux destroyers porte-hélicoptères (16DDH) et devrait percevoir dans les prochaines années deux autres navires porte-hélicoptères (les deux destroyers 22DDH, notoirement plus grands). La question qui est posée aux Etats-Unis est celle de la volonté :

  • est-ce que Washington relève le défi chinois et reste partie prenante dans les différentes crises qui secouent le Sud-Est asiatique, notamment et surtout les crises territoriales ?
  • Ou bien est-ce que la stratégie d’engagement prioritaire en Asie décrétée par les derniers gouvernements américains (dont celui d’Obama) n’est pas subordonnée à une volonté politique suffisamment solide ?

Pékin fait sentir sa détermination, notamment, et pas seulement, par le poids de son engagement naval. Alors soit les Etats-Unis répondent présent et l’US Navy s’engage encore plus en Asie, soit le Japon et les autres nations asiatiques se retrouvent en tête-à-tête avec la Chine. A ce moment là, les modalités d’un équilibre des puissances entre elles seront tout autre avec une présence américaine en reflux.

Cette supposition sur le choix du nom du porte-aéronefs chinois demeure une supposition. Il est certain que la Chine ne choisit pas au hasard le nom de ses plus importantes unités navales qui constituent le fondement de sa puissance de demain. Si c’est une manière de tester la volonté politique américaine, alors la réponse façonnera pour beaucoup les équilibres géopolitiques des 20 ou 30 prochaines années. Dans ce cadre, l’Europe ne peut que s’attendre à un seul cas de figure : un désengagement américain encore plus grand du Vieux continent. Effectivement, il faut noter que :

  • si les Etats-Unis relèvent le défi asiatique jusqu’au bout en continuant à construire un front d’opposition à Pékin, alors les américains auront besoin de la majorité de leurs forces disponibles dans le Pacifique, et cela se fera certainement au détriment de l’Europe (qui investit beaucoup moins sur le plan militaire que le reste du monde).
  • Mais si les Etats-Unis abdiquaient face à Pékin et abandonnaient la stratégie de containment de la Chine dans le Pacifique, alors pourquoi est-ce que les Etats-Unis s’investiraient-ils en Europe ?!

L’arrivée du Liaoning au service actif peut signifier un outil supplémentaire dans les mains de Pékin pour intervenir dans les crises territoriales qui secouent la façade chinoise. Mais c’est un outil à double tranchant dans le cadre de la diplomatie navale car ce navire pourrait être un poids bien encombrant pour Pékin puisqu’il n’a pas de valeur opérationnelle. Par contre, la Chine lance deux défis à l’Asie, aux Etats-Unis et à ceux qui ambitionnent de compter dans les affaires du monde : d’une part, le nom du navire pourrait indiquer que Pékin entend disputer, à travers le Japon, le statut des Etats-Unis comme première puissance asiatique, mais exogène. D’autre part, que ce défi supposé réussisse ou non, la Chine pourrait être amené à faire rapidement, sur la période allant de 2015 à 2025, un saut quantitatif et qualitatif dans sa puissance aéronavale. Et ce défi là, il sera très difficile à contourner.

 

Pendant ce temps là, en France, le second porte-avions et le remplaçant du Charles de Gaulle se font attendre… Que sera la puissance aéronavale française dans le contexte des années 2020 et du défi chinois ?

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1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 07:25
Le groupe aéronaval part manoeuvrer en Méditerranée et en Atlantique

Le porte-avions Charles de Gaulle

 

01/06/2012 MER et MARINE

 

Articulé autour du Charles de Gaulle, le groupe aéronaval français a débuté un entrainement à la mer de 6 semaines en Méditerranée et Atlantique. Le porte-avions, qui a appareillé mercredi de Toulon, est entouré pour ces manoeuvres PEAN (Période d'entrainement aéronaval) de la frégate de défense aérienne Forbin, de la frégate anti-sous-marine Montcalm, du bâtiment de commandement et de ravitaillement Var (puis du pétrolier-ravitailleur Meuse), ainsi que d'un sous-marin nucléaire d'attaque. Le groupe aérien embarqué est, quant à lui, constitué de 8 Rafale Marine, 7 Super Etendard Modernisés (SEM) et deux Hawkeye. Du 6 au 8 juin, le groupe aéronaval (GAN) de la Marine national mènera un exercice de lutte antinavire Exocet, avec le renfort de la frégate antiaérienne Jean Bart, dotée de son nouveau radar SMART-S, ainsi que des frégates furtives Surcouf et Courbet.


Le Forbin (© : MARINE NATIONALE)


Le Montcalm (© : MARINE NATIONALE)


Le Jean Bart avec son nouveau radar (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)


Le Surcouf (© : MARINE NATIONALE)


Le Courbet (© : MARINE NATIONALE)


Un SNA du type Rubis (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)


Le Var (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)


La Meuse (© : MARINE NATIONALE)

Manoeuvres dans le sud-ouest avec l'armée de Terre et l'aviation

La flotte participera ensuite à l'entraînement interarmées Mojito, qui se déroulera du 11 au 14 juin. Organisé par la 11èmeBrigade parachutiste, et engageant principalement le 1erRégiment de chasseurs parachutistes de Pamiers, ce vaste entraînement de l'armée de Terre intègrera les avions du groupe aérien embarqué en appui-feu des troupes au sol. « S'entraîner à la projection de puissance vers la terre depuis le porte-avions nous permet de focaliser nos efforts tactiques sur le soutien aérien rapproché, la reconnaissance et les opérations aériennes combinées, ou encore la récupération et le sauvetage au combat »,explique le contre-amiral Coindreau, commandant la force aéromaritime de réaction rapide et du GAN. Mojito sera aussi l'occasion pour la Marine nationale de travailler avec une dizaine d'aéronefs de l'armée de l'Air et un groupe du commando parachutiste de l'air (CPA 30), ces derniers étant embarqués pour l'occasion à bord du Charles De Gaulle.


Le pont d'envol du Charles de Gaulle (© : MARINE NATIONALE)


Rafale Marine à l'appontage (© : MARINE NATIONALE)


SEM au catapultage (© : MARINE NATIONALE)


Hawkeye (© : MARINE NATIONALE)

Exercices avec les Espagnols, les Marocains et les Américains

Après ces manoeuvres, le GAN rejoindra les côtes ibériques pour un exercice avec la marine et l'armée de l'Air espagnoles, avec une escale à Carthagène, la première dans ce port pour le Charles de Gaulle. Après le passage de Gibraltar vers le 24 juin, le groupe aéronaval rejoindra ensuite le Maroc et s'entrainera au large de Rabat avec les forces armées marocaines, une campagne de tir air-sol au profit des avions du groupe aérien embarqué étant notamment prévue. De retour en Méditerranée, le Charles de Gaulle et son escorte devraient, enfin, rencontrer le groupe du porte-avions américain USS Eisenhower. « C'est entre autres grâce à des déploiements réguliers d'une force à la mer significative du type de PEAN que le GAN se maintient au plus haut opérationnel. Non seulement ces manoeuvres permettent d'entretenir et de développer les interactions interarmées et la coopération avec des forces armées alliées, mais c'est aussi une nécessité pour garantir de pouvoir fournir, sous faible préavis, une capacité opérationnelle significative n'importe où dans le monde » , rappelle le contre-amiral Coindreau.


Le Charles de Gaulle avec un porte-avions américain (© : MARINE NATIONALE)

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 07:55
Défense aérienne de la Flotte : le porte-avions doit-il être le piquet radar aérospatiale ?

24.04.2012 Le Fauteuil de Colbert

 

La défense aérienne de la Flotte pose bien des questions. Un certain nombre d'entre elles nous conduit invariablement vers la question des senseurs. La FREDA (FREMM de Défense Aérienne) en est l'exemple le plus abouti : elle ne disposerait pas de radar de veille aérienne à longue portée, elle n'aurait pas la puissance électrique nécessaire pour servir de navire de défense antimissile balistique (de théâtre, comme de territoire).

 

Le radar de veille aérienne à longue portée à bord des frégates

 

Peut-être qu'une partie du "problème" vient du fait que l'on veuille absolument que ce soit une frégate de défense aérienne (FDA) qui mette en oeuvre de puissants moyens radars de veille aérienne. Quelques exemples :

  • Les frégates lance-engins de classe Duquesne étaient les premières frégates1 à mettre en oeuvre des radars de veille aérienne à longue portée : le DRBI-23B. Celui-ci aurait eu un rayon de détection de 400 km.
  • Les unités suivantes, les Cassard et Jean Bart (corvettes C70, puis frégates F70) reçurent le DRBJ-11 (bien que le Cassard reçu en premier lieu le DRBV-15). Ce radar avait une portée similaire à son prédécesseur.
    Les deux navires sont actuellement refondus afin de mettre en oeuvre le SMART-S (d'une portée réduite : de 150 à 250 km de rayon).
  • Enfin, les frégates issues du programme Horizon, les Forbin et Chevalier Paul, disposent du radar S-1850 (ou SMART-L) qui permet d'établir une bulle de détection de 500 km de rayon.

A contrario, le croiseurs Colbert (mais pas le De Grasse) reçu d'importants équipements de veille aérienne lors de sa refonte (1970-1972) : les DRB-20, 23C et 50. A noter que le navire ne reçu pas d'intercepteurs à la hauteur de ses capacités : le MASALCA n'entra jamais en service, contrairement au Talos américian.

Du côté des porte-avions, les Clemenceau et Foch portaient les DRB-20, 23C et 50 de veille aérienne. Ces senseurs seront modernisés, et complétés par la suite par un radar de veille air tridimensionnel : le DRBI-10. Ces deux navires ne mettaient pas en oeuvre d'aéronefs de guet aérien. Il a été nécessaire d'attendre la refonte d'une partie des Alizée pour assurer cette mission qui donne un très grand avantage à celui qui en dispose.
Ainsi, la défense aérienne dans la "génération Clemenceau" usa du même radar de veille aérienne à longue portée : le DRB/DRBI-23. Celle du Charles de Gaulle eu recours au DBRJ-11.


Quand au Charles de Gaulle, ces moyens de veille air consistent en le DRBJ-11 (aussi utilisé sur les F70) et le DBRV-26D. Il n'y a pas eu de construction de la défense aérienne autour d'un même radar de veille aérienne à longue portée : les Horizon portent le S-1850/SMART-L et les FREMM emporteront l'Heraklès.

 

Ces radars de veille aérienne à longue portée donnent l'avantage à son porteur de pouvoir disposer d'une large bulle de veille air (de 2 à 500 km de rayon). En contre-partie, le flotteur doit avoir deux qualités :

  • disposer de la puissance électrique nécessaire pour alimenter ces senseurs (sachant que le radar de veille air à longue portée n'est qu'un élément du système d'armes) ;
  • porter le radar suffisamment haut sur l'eau afin qu'il puisse offrir sa pleine portée, sans trop charger le navire dans les hauts.

Ces deux conditions déterminent un navire suffisamment volumineux pour avoir la puissance idoine et le tonnage nécessaire pour que le radar ne soit pas au ras de l'eau.

 

L'évolution Horizon

 

En outre, ce n'est que depuis les frégates Horizon qu'il est question qu'un navire pilote la défense aérienne de la Flotte dans le cadre d'un réseau de senseurs et d'effecteurs. En ce qui concernait les générations précédentes, la FDA devait combiner senseurs et effecteurs. Elle devait intégrer les informations qu'elle obtenait elle-même pour engager, éventuellement, une cible. Il était donc nécessaire que l'unité de défense aérienne dispose d'un radar de veille air à longue portée. Le partage des données était assez rudimentaire.

 

Mais, donc, depuis, les frégates Horizon, et surtout, depuis le PAAMS (Principal Anti-Air Missile System), il est possible de fusionner et partager les données reçues, et même, de commander à un navire d'user de ses munitions pour contrer une menace. Les deux frégates Horizon en ont fait une éclatante démonstration récemment où le Chevalier Paul a mené tout l'engagement grâce aux munitions et informations du Forbin afin d'intercepteur un missile supersonique rase-mer.

 

Le porte-avions : piquet radar de la Flotte ?

 

Dès lors, pourquoi ne pas imaginer de transformer la réussite de cet exercice en évolution matérielle de la Flotte ?

Disposer d'un radar de veille aérienne à bord d'une frégate, c'est coûteux : les navires de défense aérienne ont toujours été très onéreux car, notamment, il faut leur adjoindre ces radars (ainsi que le système d'armes, l'architecture et la puissance nécessaire). Aussi, il convient de noter que la plus grande partie du temps, ces navires assurent la protection du porte-avions qui lui-même dispose d'une belle suite de radars de veille air.

 

Aujourd'hui, la fusion des données et le pilotage de la défense aérienne d'une escadre est possible depuis un centre opérations. Pourquoi ne pas installer les plus grands senseurs de veille air à bord des porte-avions ? Ils présentent l'avantage de porter haut au-dessus de la mer ces radars, et d'offrir une très grande puissance électrique (deux K-15 développant 300 MW sur le Charles de Gaulle2...).

Si l'escorteur de défense aérienne offre une bulle supplémentaire, il convient de noter que ce n'est plus, depuis 2001 et l'entrée en service du PAN, qu'un des éléments du système :

  • les radars du porte-avions, dont le DRBJ-11 (dont la portée atteint 400 km),
  • il y a l'avion de guet aérien (l'E-2 Hawkeye) qui offre une bulle de 250 km de rayon,
  • et les radars des frégates ASM (150 km). 

Ainsi, l'état-major de la Marine ambitionnerait une FREDA avec un radar Heraklès dont la portée serait augmentée de 150 à 250 km. Cela revient à dire que les FREMM ASM offrent un écran de veille air qui s'ajoute aux autres moyens, et qui est non-négligeable dans un groupe aéronaval où il y a toujours une frégate anti-sousmarine -et parfois deux- qui s'ajoute à l'unité de défense aérienne.

 

Une nécessité imposé par la DAMB ?

 

En outre, si la France devait s'engager plus en avant dans la défense antimissile balistique de théâtre ou investir celle de territoire, alors il serait question d'une contribution navale :

  • pour la première, ce serait un "refonte DAMB" des frégates Horizon pour 300 millions d'euros. C'est-à-dire qu'il s'agirait de confier aux deux navires les mêmes capacités anti-balistiques que le SAMP/T, ou Mamba, de l'Armée de l'Air. Il faudrait surtout moderniser la suite radar, et les logiciels du PAAMS ;
  • pour la seconde, il faudrait deux navires capables d'embarquer les nouveaux intercepteurs -sur les frégates DAMB-, et qui disposeraient de la suite radar nécessaire à leur mise en oeuvre. Il y en aurait pour 1500 millions, et ce n'est que le premier devis... pour des navires sans armes (celles-ci sont encore à développer : les Aster 2 et Exoguard). 

A priori, et en considérant tout les croiseurs de défense aérienne de l'US Navy, des années 60 à nos jours, soit du Long Beach jusqu'au Zumwalt, les radars nécessaires à une DAMB de théâtre élargie nécessiteraient de grandes quantités d'énergie. A tel point qu'il a été souvent proposé que leur propulsion soit assurée sur des réacteurs nucléaires3. Le porte-avions nucléaire dispose d'ores et déjà de la propulsion nucléaire, et de sa formidable puissance.

 

Combien de CO ?


Mais il demeure deux questions :

  • le central opérations de défense aérienne de la Flotte par intercepteurs non-pilotés doit-il se situer à bord du porte-avions, dans une sorte de grand CO unifié ? Ou bien, doit-il être à bord d'un escorteur AA, devenu coordinateur d'un réseau, avant toute chose ?
  • N'est-ce pas prendre un risque que de faire reposer les senseurs à longue portée sur un seul navire ?

La première question est assez complexe car il s'agirait d'unifier la lutte aérienne à bord d'un seul CO : est-ce faisable et souhaitable ? Il est très difficile de répondre à la question quand on n'a strictement aucune expérience en la matière. Mais, il serait assez difficile d'assurer une défense aérienne de zone là où le porte-avions ne serait pas présent avec une telle organisation : dans une France avec un seul porte-avions, ce n'est pas un cas improbable. Aussi, ce serait se priver de moyens de peser sur une coalition car le navire de défense aérienne a du poids car tout le monde ne peut pas diriger un réseau. Enfin, embarquer le PAAMS à bord du porte-avions, ce serait complexifier un navire qui est déjà bien coûteux.

 

La seconde question est toute aussi épineuse. En réalité, elle repose sur l'hypothèse que le porte-avions peut être coulé. Pendant la seconde guerre mondiale, la majeure partie des porte-avions de la Royal Navy furent coulés dans les premiers engagements. C'était souvent en raison de déficiences dans la protection de ceux-ci, que ce soit à quai ou en opérations. Aujourd'hui, si le porte-avions est atteint, c'est que l'escorte a échoué, et qu'elle pourrait donc suivre son funeste sort.
Autre chose : si les senseurs de la défense antimissile balistique sont installés à bord du porte-avions, et que celui-ci disparaît ou est mis hors de combat, alors l'interception de missiles balistiques ne sera plus assurée. Cela est un problème quand la contribution navale à la DAMB aurait pour rôle de défendre un territoire. Sinon, à l'heure actuelle, il n'est toujours pas démontré qu'un missile balistique (non-nucléarisé) puisse détruire un navire en mouvement.

Une solution contre la montée aux extrêmes des tonnages et des coûts ?

 

Confier les senseurs de veille aérienne, voir aérospatiale dans le cadre de la DAMB, au porte-avions, c'est peut être, aussi, tenter d'endiguer la montée aux extrêmes des coûts pour les navires de défense aérienne. Les frégates Horizon ont coûté 800 millions d'euros à l'unité à leur construction4. Ce coût pourraît être majoré avec d'éventuelles capacités DAMB.

Aux Etats-Unis, la recherche de la défense aérienne à très longue portée (via les sytèmes RIM-8 Talos et RIM-50 Typhon) s'est presque toujours raduite par des navires de fort tonnage (du niveau du croiseur léger, au moins), ou nucléraires. Le porte-avions dispose d'ores et déjà de cette puissance, et ce, sans surcoût pour la construction de la Flotte. L'installation de nouveaux radars se ferait à la marge, et ne nécessiterait pas la construction de nouveaux navires.

 

Ainsi, ce basculement des coûts de la frégate de défense aérienne au porte-avions permettrait même de financer le second porte-avions. En prenant l'hypothèse d'un escorteur de défense aérienne avec un simple radar multifonctions, et dont la mission est de coordonner l'interceptions de missiles et aéronefs par des missiles, alors il ne s'agirait que de frégates ASM sur lesquels on aurait installé le PAAMS. Aussi, il ne serait pas nécessaire de construire deux "frégates DAMB" car les radars seraient installés sur le Charles de Gaulle, et le PAAMS mis à jour.

Il y aurait donc 1500 millions d'euros d'économiser, moins l'installation des radars sur le PAN, et la mise à niveau du PAAMS. Le raisonnement est le même pour la mise à niveau des Horizon.

 

La situation permettrait aussi de se concentrer sur l'emport de missiles à bord des frégates.
 

In fine, s'il s'agissait de préparer la construction de quatre navires de défense aérienne, alors leur coût serait moindre que les Horizon, et il serait, peut-être, possible de financer le PA2 via ce basculement de senseurs d'un navire à l'autre.

Situation paradoxale car l'Exécutif et le Législatif affirment que le second porte-avions ne sera mis sur cale que si les conditions économiques et financières le permettent (livres blancs de 1994 et 2008 -et tout les rapports et autres bonnes déclarations). Finalement, il est possible de trouver une somme de 1800 millions d'euros à répartir autrement, et d'avoir une réserve de bonnes intentions pour lancer la construction d'un navire qui, rappelons-le, coûterait 2 ou 3 Rafale par année budgétaire sur dix ans.

Trois ou quatre porte-avions ?

 

Ce qui gêne dans l'argumentaire, c'est de ne pas y avoir trouvé le moyen de construire trois ou quatre porte-avions.

Trop ? Il y a peu de lignes, ce n'était pas possible de construire le second, qui est pourtant indispensable, alors que les financements existent, manifestement. Si jamais tout le raisonnement précédent, qui consiste à placer les senseurs de veille aérienne à longue et très longue portée à bord du porte-avions, est défendable, alors, pourquoi ne pas imaginer une Flotte où il n'y aurait plus que quatre frégates de coordination de la défense aérienne, en sus de frégates ASM "croiseurisées" ? Il n'y aurait vraiment plus qu'une seule classe de frégates, avec une sous-classe pour s'adapter à quelques particularités. Il ne serait plus question des coûts d'adaptation de la FREMM à la défense aérienne, mais des coûts d'installation du PAAMS à bord de quatre FREMM. Ce n'est pas du tout la même chose. L'effet de série reviendrait.

 

Peut-être que le porte-avions doit devenir le pion central de la défense aérienne de la Flotte à longue et très longue portée.

 

 


 

1 A noter que les cuirassés Richelieu et Jean Bart ne reçurent pas de tels senseurs, et ils restèrent pourtant en service. Ils ne servirent pas non-plus dans des missions antinavire ou d'action vers la terre. 
2 Les Horizon développent une puissance de 64 MW, quand ce sont 32 MW développés par les FREMM.

3 Il avait été proposé que les Tinconderoga, les Arleigh Burke et les Zumwalt soient à propulsion nucléaires.

4 Le programme FREMM, et ses 17 frégates, était évalué à 6,5 milliards d'euros en 2005 : 382 millions d'euros le navire (hors-taxes ? Avec ou sans études ? Armés ?). Le programme a bondu à 710 millions d'euros l'unité pour 11 navires (rapport de la Cour des comptes de 2010), avec l'inclusion de l'armement et du MCO.

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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 13:10
Russia Signs Contract for Navy MiG-29K Fighter

 

The Russian Defense Ministry has signed a contract with aircraft maker MiG for the delivery of 20 MiG-29K and four MiG-29KUB carrier-based fighter aircraft

 

MOSCOW, February 29 (RIA Novosti)

 

The Russian Defense Ministry has signed a contract with aircraft maker MiG for the delivery of 20 MiG-29K and four MiG-29KUB carrier-based fighter aircraft, MiG said on Wednesday.

 

"Defense Minister Anatoly Serdyukov and MiG General Director Sergei Korotkov have signed the contract for the delivery of MiG-29K and MiG-29KUB carrier-based fighters," MiG said in a statement.

 

MiG wil deliver the aircraft from 2013-2015. The aircraft will operate from Russia's single serving carrier, the Admiral Kuznetsov, with the Northern Fleet based in Murmansk. The value of the deal has not been disclosed.

 

"The signature of this contract for delivery of these fighters is a real step in fulfilling our program for rearming the forces. The Naval Air Forces will get a modern combat aircraft as good as any in the world," Serdyukov was quoted as saying by his press service.

 

The contract will guarantee MiG a steady level of work in the medium term, Korotkov said.

 

The MiG-29K is a navalized variant of the MiG-29 land-based fighter, and has folding wings, an arrester tail-hook, strengthened airframe and multirole capability. It can be armed with a wide variety of air-to-air and air-to-surface weaponry. So far, the aircraft has only been exported to India for use on a refitted Russian-built carrier which is to be delivered at the end of this year.

 

The Admiral Kuznetsov currently operates Sukhoi Su-33 naval fighter aircraft.

 

Russia Signs Contract for Navy MiG-29K Fighter
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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 12:50
Le porte-avions français Charles de Gaulle vu sous tous les angles

source peopledaily.com.cn

 

14 décembre 2011 Par Rédacteur en chef. PORTAIL DES SOUS-MARINS

 

Le Charles de Gaulle est un porte-avions qui appartient à la Marine nationale française. Il a appareillé samedi vers 9h de Toulon, son port d’attache, pour une semaine d’essais de sa propulsion en Méditerranée, selon des médias français.

 

Référence : Quotidien du Peuple (Chine)

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 07:55
Le porte-avions Charles de Gaulle crédits : EMA

Le porte-avions Charles de Gaulle crédits : EMA

 

05/10/2011 MER et MARINE

 

Commandée en 2008 à l'issue des réflexions ayant abouti au livre blanc sur la défense, la nouvelle étude portant sur le second porte-avions français (PA2) est achevée. Les travaux ont, notamment, porté sur les différents modes de propulsion possibles. Il s'agissait d'évaluer, à long terme, les avantages et les inconvénients du nucléaire. Le principal bénéfice de ce mode de propulsion, adopté pour le Charles de Gaulle, est d'offrir une autonomie considérable, la place occupée par le combustible de propulsion pouvant être attribuée à d'autres fonctions. Dans un contexte de renchérissement du pétrole et de raréfaction des hydrocarbures (du moins ceux facilement atteignables), cette solution peut paraitre avantageuse en matière de coûts d'exploitation. Mais elle présente aussi des inconvénients. Comme l'a démontré le Charles de Gaulle, les contraintes en termes de sécurité sont importantes et, en temps de paix, la propulsion d'un porte-avions nucléaire (PAN) est gérée suivant les mêmes règles de sureté qu'une centrale nucléaire civile, ce qui n'est pas la solution offrant le plus de souplesse par rapport aux besoins opérationnels. Les mesures de sécurité, très importantes, ont évidemment un coût, auquel il faudra rajouter le démantèlement des installations une fois le bâtiment désarmé. Le rechargement des réacteurs est, de plus, dimensionnant lors des grands arrêts techniques et rend le navire inutilisable durant une longue période. En matière d'escales, il est aussi à noter que tous les pays n'acceptent pas les bâtiments à propulsion nucléaire, ce qui peut parfois être problématique. Quant aux ressources humaines, la réalisation d'un second PAN nécessiterait sans doute d'augmenter les effectifs spécialisés, notamment les atomiciens, qui demeurent des « perles rares » en matière de recrutement. Enfin, au cas où le PA2 serait construit et qu'il serait décidé de le doter d'une propulsion nucléaire, il conviendrait de développer de nouveaux réacteurs, ce qui entrainerait un surcoût important et rendrait sans doute plus complexe la mise en oeuvre de deux porte-avions équipés différemment.


En somme, bien que l'option nucléaire soit opérationnellement la meilleure, les contraintes évoquées, dans un contexte budgétaire compliqué, plaident plutôt en faveur d'un porte-avions à propulsion conventionnelle, telle le PA2 issu du projet de coopération franco-britannique mené entre 2006 et 2008. Ce projet n'est officiellement plus à l'ordre du jour, même si le gouvernement britannique a décidé de se séparer de l'un de ses deux futurs porte-avions, le Queen Elizabeth, actuellement assemblé à Rosyth, ce qui peut constituer une éventuelle opportunité (moyennant une adaptation aux besoins français).


Le design de PA2 présenté par DCNS fin 2010 (© : MER ET MARINE)

DCNS et STX ont un design en poche

Après l'abandon du programme franco-britannique en 2008, DCNS et STX France ont travaillé sur un nouveau design de porte-avions, s'affranchissant des contraintes liées à la coopération. Présenté lors du salon Euronaval 2010, le dernier modèle exposé porte sur un navire à propulsion classique doté de trois lignes d'arbres. Long de 285 mètres pour un déplacement de 59.000 tonnes en charge, ce projet se distingue par un important travail sur la carène, avec bulbe d'étrave très allongé et jupe à la poupe, ainsi que l'optimisation de la plateforme pour réduire fortement les coûts d'exploitation et de maintenance. Grâce à l'automatisation, l'équipage (hors groupe aérien embarqué) pourrait être réduit à 900 marins, contre 1260 pour le Charles de Gaulle, pourtant plus petit (261 mètres, 42.000 tonnes). Ce modèle de PA2 pourrait embarquer 32 Rafale, 3 Hawkeye et 5 hélicoptères. En profitant des techniques de construction modernes mises en oeuvre à Saint-Nazaire, la coque pourrait, aujourd'hui, être réalisée entre deux et trois ans seulement, auxquels il convient d'ajouter la phase d'essais et de mise au point des systèmes. En clair, s'il était commandé demain, ce second porte-avions pourrait être à la mer lorsque son aîné subira, vers 2016, son second arrêt technique majeur, qui sera assorti d'une importante modernisation.


L'étude commandée en 2008 et désormais achevée a pour but d'éclairer le président de la République sur les possibilités techniques offertes. Il y a trois ans, Nicolas Sarkozy avait renvoyé à 2011/2012 la décision de construire, ou non, le PA2. Jusqu'ici, l'Elysée a mis en avant le contexte économique difficile pour différer ce programme, dont l'utilité n'est pourtant pas remise en cause, un seul porte-avions ne permettant pas de disposer en permanence du groupe aéronaval, l'une des clés de voute l'armée française.


Mais la réalisation du PA2 demeure avant tout une question politique, son coût (environ 3 milliards d'euros à répartir sur plusieurs années) étant finalement assez faible comparé à d'autres programmes et, de manière générale, à ce que l'Etat dépense tous les ans en crédits d'équipement (16 milliards d'euros).

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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 06:00
http://www.meretmarine.com/objets/500/35540.jpg

Le porte-avions chinois Shi Lang

crédits : WWW.NEWS.CN

 

 

29.08.2011 Mer et Marine
Alors que la construction d'autres bâtiments du même type aurait été lancée, le premier porte-avions chinois a appareillé le 10 août de l'arsenal de Dalian pour une première série d'essais en mer. Au cours de cette campagne de quelques jours, marins et ingénieurs ont notamment testé la propulsion, la stabilité et la manoeuvrabilité du navire. Mis sur cale en 1985 aux chantiers de Nikolaev, en Ukraine, et lancé trois ans plus tard, ce porte-avions était un sistership de l'Admiral Kuznetsov (ex-Tbilissi, ex-Leonid Brezhnev), entré en service dans la marine russe en 1991. Mais, suite à l'effondrement de l'URSS, le Varyag (appelé au départ Riga) n'a pas été terminé. Racheté en juin 2000 au chantier ukrainien par l'intermédiaire d'un homme d'affaires chinois, la coque, à environ 70% d'achèvement, a été remorquée en 2002 à Dalian. Officiellement, le bâtiment devait être transformé en casino flottant à Macao, à l'image des ex-porte-aéronefs russes Kiev et Minsk, qui avaient été acquis précédemment et convertis respectivement en hôtel à Tianjin et en parc d'attraction à Shenzen.


L'ex-Varyag arrivant en Chine en 2002 (© : WWW.NWC.NAVY.MIL)


L'ex-Varyag avant sa première sortie (© : CHINESE MILITARY FORUM)


L'ex-Varyag de retour de ses essais en mer, mi-août (© : MIL.HUANQUI.COM)

Plus de 6 ans de travaux à Dalian

Mais le Varyag étant de conception assez récente à l'époque, la Chine a, sans véritable surprise pour les experts, décidé de l'achever afin de disposer de son premier porte-avions. Les travaux en ce sens ont véritablement repris en 2005 à Dalian, Pékin ne dévoilant officiellement que cette année son intention de terminer la coque pour un usage militaire. Doté de matériels chinois en plus de ses équipements d'origine russe, l'ex-Varyag, qui devrait porter le nom de Shi Lang, mesure 304 mètres de long et affiche un déplacement lège de 46.000 tonnes, son déplacement à pleine charge étant estimé à environ 60.000 tonnes. Doté à l'avant d'un tremplin incliné à 12 degrés, il disposera comme le Kuznetsov d'une piste oblique avec brins d'arrêt. Par rapport à son aîné, divers aménagements ont été réalisés. Ainsi, la capacité du hangar aurait été augmentée, pour permettre à cet espace d'accueillir 22 avions, contre 18 suivant les plans originaux. Le groupe aérien embarqué du Shi Lang devrait comprendre des avions multi-rôles J10 et des intercepteurs J15, version chinoise du Su-33 russe. On rappellera d'ailleurs que Moscou a suspendu la livraison de 50 Su-33 après avoir découvert que le chasseur avait été copié par les Chinois. Il conviendra également de voir comment sera traitée la problématique de l'alerte lointaine, indispensable pour tout déploiement aéronaval lointain, alors que la marine ne dispose d'aucun avion de guet aérien embarqué.


Prototype du J15, copie chinoise du Su-33 (© : CHINESE MILITARY FORUM)

Un énorme challenge pour la marine chinoise

Si, en prenant la mer, le premier porte-avions chinois devient réalité, le projet est encore loin d'être achevé. D'abord, il conviendra de mener à bien la mise au point de la plateforme, ce qui sera sans doute long. Ensuite, il faudra former le personnel nécessaire à la mise en oeuvre du bâtiment. A cet effet, une étonnante réplique en béton du porte-avions (pont et îlot) a notamment été construite à Wuhan sur un immeuble de bureaux. Cette infrastructure devrait permettre d'aider les marins à se familiariser avec la manoeuvre des appareils sur un pont d'envol. Il conviendra ensuite de former les pilotes de l'aéronavale chinoise aux appontages et décollages depuis le Shi Lang, ce qui ne sera pas évident. A cet effet, Pékin cherchera peut être à se rapprocher d'un autre pays disposant de porte-avions, comme la Russie ou l'Inde (on a aussi, un temps, évoqué le Brésil) afin de permettre à ses pilotes de se former auprès d'une marine disposant du savoir-faire nécessaire. Enfin, les Chinois devront faire fonctionner l'ensemble du porte-avions puis maîtriser son intégration dans un groupe aéronaval, ce qui suppose une coordination très fine avec les bâtiments d'escorte et de ravitaillement. « Les porte-avions formeront un très puissant groupe de bataille mais la construction et la mise en oeuvre de ce type de bâtiments sont extrêmement complexes », a reconnu début août le contre-amiral chinois Yin Zhuo, évoquant notamment la formation et l'entrainement des personnels. C'est pourquoi, au moins pendant les premières années de sa vie active, le Shi Lang servira avant tout de porte-avions école, permettant à la marine chinoise d'acquérir progressivement les techniques et l'entrainement nécessaires à l'apprentissage de l'outil aéronaval. Selon certains spécialistes, il faudrait, en fait, environ 10 ans pour que cette nouvelle capacité soit bien maîtrisée.


Vue de l'Ulyanovsk (© : DROITS RESERVES)


Vue de l'Ulyanovsk (© : DROITS RESERVES)

D'autres bâtiments déjà en chantier ?

On le sait, Pékin ne compte pas se limiter au Shi Lang. A plusieurs reprises, des officiels chinois ont évoqué d'autres projets destinés à accroître la force aéronavale chinoise. Le premier projet, baptisé « 089 », consiste à réaliser deux unités dérivées de l'ex-Varyag. Moins longs (285 mètres) mais plus gros (48.000 tonnes lège, 64.000 tonnes à pleine charge), les deux futurs porte-avions pourraient mettre en oeuvre 35 avions et 6 hélicoptères. On ne sait pas encore si ces bâtiments, qui pourraient recevoir les noms de Beijing et Mao Zedong, disposeront d'un tremplin ou seront dotés de catapultes. La mise sur cale du premier navire était prévue cette année au nouveau chantier Jiangnan Shipyard Corp, situé sur l'île de Changxing, près de Shanghai. Et, selon certaines sources, la construction aurait effectivement débuté, en vue d'un lancement en 2015 et une admission au service actif vers 2020. Les travaux d'usinage auraient également commencé sur la seconde unité de la série, dont la mise sur cale est prévue en 2012.
Dans le même temps, la Chine semble toujours projeter la construction d'un premier porte-avions à propulsion nucléaire (projet 085). Pour cela, les plans d'un défunt projet soviétique devant conduire à la réalisation de l'Ulyanovsk auraient été achetés aux chantiers ukrainiens, qui avaient débuté la construction du bâtiment en 1988, avant de l'abandonner trois ans plus tard. Il s'agissait alors d'un porte-avions de 300 mètres de long et de 85.000 tonnes de déplacement à pleine charge, équipé d'un tremplin mais aussi de deux catapultes pour le lancement d'avions de guet aérien.


Vue d'artiste du futur groupe aéronaval chinois (© : DROITS RESERVES)

Au moins trois porte-avions pour défendre les intérêts chinois

Fin juillet, un général chinois a estimé que son pays avait besoin d'au moins trois porte-avions pour défendre ses intérêts stratégiques. « Si l'on considère nos voisins, l'Inde en aura trois d'ici à 2014, le Japon aura trois équivalents de porte-avions d'ici à 2014, donc j'estime que le nombre (pour la Chine) ne devrait pas être de moins de trois si nous voulons défendre nos droits et nos intérêts maritimes avec efficacité », a affirmé le général Luo Yuan dans les colonnes des Nouvelles de Pékin. Pour les autorités chinoises, l'acquisition de cette nouvelle capacité s'inscrit dans la stratégie défensive du pays, en améliorant notamment la couverture des approches maritimes chinoises. Mais ce sera aussi un moyen de pression supplémentaire sur Taïwan, le Japon en encore le Vietnam ; tout en mettant un terme, au moins symboliquement, au monopole aéronaval américain dans cette partie du monde. En dehors de la simple « gesticulation politique », il va aussi sans dire que la mise en oeuvre de porte-avions permettra à la marine chinoise, à terme, de disposer d'une puissante force de projection de puissance, les bâtiments déployant non seulement des chasseurs, mais aussi des appareils pouvant mener des assaut à la mer ou contre des objectifs terrestres. Avec l'arrivée de ses nouveaux porte-avions, la flotte poursuivra en tous cas son évolution vers une marine océanique, augmentant de facto la sphère d'influence chinoise. L'acquisition de ce puissant outil diplomatique et militaire pourrait, à n'en pas douter, renforcer la tendance des bâtiments chinois à participer, de plus en plus souvent, à des déploiements loin des eaux nationales. D'où la méfiance de certains pays face au développement par Pékin d'un outil aéronaval, perçu dans certaines capitales comme une menace potentielle pour la stabilité régionale.


Nouveau destroyer lance-missiles du type Lujang II (© : APL)

Une puissance encore limitée

La montée en puissance de la marine chinoise s'illustre par sa progression dans le palmarès des grandes flottes mondiales. En tonnage, elle est devenue la troisième du monde, avec 486.000 tonnes de bâtiments de combat (sous-marins, destroyers, frégates, corvettes, patrouilleurs et bâtiments anti-mines, hors unités amphibies et logistiques), contre plus de 2 millions de tonnes pour celle des Etats-Unis et environ 850.000 tonnes pour la marine russe (la marine française, numéro 6 mondiale en tonnage derrière la Grande-Bretagne et le Japon, n'aligne plus, pour mémoire, que 210.000 tonnes de bâtiments de combat). Portée par d'importants programmes de constructions neuves, la flotte chinoise est donc devenue, en quelques années, une force imposante. Du moins quantitativement. Car il ne s'agit pas de construire de beaux bateaux à la chaîne, encore faut-il savoir les exploiter et, surtout, disposer et maîtriser des équipements nécessairement de pointe dans un environnement de plus en plus technologique et complexe. Or, si les chantiers chinois sortent désormais des navires à l'allure moderne, de nombreux doutes subsistent quant à leur réel niveau technologique. La politique plutôt autarcique en ce qui concerne les exercices avec des flottes étrangères, surtout occidentales, limite la connaissance des unités chinoises. Pour Pékin c'est une manière de laisser planer le doute sur son potentiel, qu'il s'agisse de ses forces comme de ses faiblesses. Mais c'est aussi un handicap puisque les Chinois ne peuvent se mesurer à leurs homologues et tirer de précieuses leçons lors de grands entrainements internationaux, exercices toujours utiles pour révéler certaines lacunes.


Tir de missile antinavire depuis un bâtiment chinois (© : APL)

A l'issue de visites, d'échanges et de rares manoeuvres, certains militaires occidentaux demeurent en tous cas dubitatifs quant à la véritable puissance de la nouvelle marine chinoise, dont un nombre important d'équipements est constitué de copies plus ou moins réussies de matériels russes ou occidentaux. S'il ne fait aucun doute que la marine chinoise continuera de monter en gamme dans les années à venir, on peut raisonnablement estimer que, pour l'heure, destroyers, frégates et sous-marins chinois sont très loin de valoir, technologiquement, les dernières réalisations occidentales. C'est l'une des raisons pour lesquelles la « menace » chinoise, telle qu'elle est présentée dans certains pays, est encore relative. Quant à l'arrivée de nouveaux porte-avions, il convient là aussi de relativiser leur impact. Car non seulement il faudra de nombreuses années pour maîtriser cet outil, mais en plus, dans son actuelle zone d'intérêt, la Chine dispose déjà de moyens militaires colossaux, qui suffisent amplement à remplir toutes les missions pouvant être dévolues à ses forces armées.


L'USS Abraham Lincoln (© : US NAVY)


Vue du futur USS Gerald R. Ford (© : US NAVY)

Un club très fermé

La construction d'une force aéronavale a donc d'abord une vocation politique. En se dotant de cet outil, la Chine compte sans doute renforcer son poids sur la scène internationale, en intégrant le club très fermé des marines mettant en oeuvre des porte-avions. Actuellement, seuls les Etats-Unis et la France disposent de bâtiments à catapultes et d'une propulsion nucléaire. Ces navires sont reconnus comme étant la configuration offrant le plus de puissance. L'US Navy compte actuellement 11 porte-avions, soit 10 du type Nimitz et dérivés (333 mètres, 93.700 à 104.200 tpc, 68 aéronefs), mis en service entre 1975 et 2010, ainsi que l'USS Enterprise (336 mètres, 93.970 tonnes, 68 aéronefs). Datant de 1961, ce dernier doit être désarmé l'an prochain et remplacé en 2015 par l'USS Gerald R. Ford (335 mètres, 95.000 tpc, 60 aéronefs), premier d'une nouvelle génération de porte-avions appelée à prendre la succession des bâtiments constituant aujourd'hui l'ossature de la flotte américaine.


Le Charles de Gaulle (© : MARINE NATIONALE)

Après avoir disposé durant cinquante ans d'au moins deux porte-avions, la France ne compte plus, actuellement, que le Charles de Gaulle (261 mètres, 42.000 tpc, 40 aéronefs). Admis au service actif en 2001, le premier bâtiment de guerre européen à propulsion nucléaire attend toujours l'arrivée d'un second navire pour l'épauler pendant ses indisponibilités techniques. Après l'échec d'une coopération franco-britannique en 2008, de nouvelles études ont été lancées afin d'évaluer les différents modes de propulsion possibles. Une décision concernant la construction, espérée d'ici 2012, semble aujourd'hui très difficile compte tenu du contexte économique et budgétaire.


Le Sao Paulo avec au second plan un PA américain (© : US NAVY)

Le Brésil est le seul autre pays à jouer également dans la catégorie des porte-avions à catapulte (mais à propulsion conventionnelle), grâce au Sao Paulo (ex-Foch), acquis en 2000 auprès de la France. Mais ce bâtiment (265 mètres, 32.780 tpc, 34 aéronefs), qui date de 1963, est très vieux, navigue peu et n'embarque que des avions anciens (de type AF-1 Skyhawk, en attendant peut-être des Super Etendard français). La Russie, qui projette de construire de nouveaux porte-avions (plutôt nucléaires), ne compte pour l'heure que le Kuznetsov (304.5 mètres, 58.600 tpc, 30 aéronefs), dont les capacités aériennes sont assez limitées, avec seulement des Su-33. Ces derniers devraient néanmoins être remplacés par des MiG-29K.
L'Inde a, quant à elle, décidé de développer sa capacité en porte-avions. Armant toujours l'antique Viraat (ex-Hermes britannique datant de 1959 et acheté en 1986 - 227 mètres, 28.700 tpc, 21 aéronefs), la marine indienne devrait toucher l'an prochain le Vikramaditya (283 mètres, 45.000 tpc, 32 aéronefs). Il s'agit de l'ex-Admiral Gorshkov russe (1987), qui achève actuellement une importante refonte en Russie. Ce navire sera suivi, vers 2014, du premier porte-avions indien de construction nationale, le Vikrant (252 mètres, 37.500 tpc, 30 aéronefs), actuellement construction à l'arsenal de Cochin. Le Vikramaditya comme le Vikrant disposeront, comme le Kuznetsov et le Shi Lang, d'un tremplin et d'une piste oblique avec brins d'arrêt. Leur aviation sera notamment constituée de MiG-29K.


Le Kuznetsov russe (© : MARINE RUSSE)


Le Viraat indien (© : MARINE NATIONALE)


Vue du futur Vikramaditya indien (© : MARINE INDIENNE)


Vue du futur Vikrant indien (© : MARINE INDIENNE)

En Europe, seules l'Italie et l'Espagne disposent de porte-aéronefs, dotés d'un tremplin et embarquant des avions à décollage court et appontage vertical. En plus du Principe de Asturias (196 mètres, 17.200 tpc, 30 aéronefs), admis au service actif en 1988, l'Armada espagnole vient de recevoir le bâtiment de projection stratégique Juan Carlos I (231 mètres, 26.800 tpc, 24 aéronefs). Doté d'un radier pour le déploiement d'engins amphibies, ce navire est conçu pour pouvoir mettre en oeuvre, dans les prochaines années, des F-35 B. Il en sera de même pour le nouveau porte-aéronefs italien, le Cavour, livré en 2008 et toujours en phase d'essais et d'entrainement. Ce navire remplacera le Garibaldi qui, contrairement à son successeur, ne pourra recevoir de F-35 B. En attendant que le nouvel avion soit opérationnel, Italiens et Espagnols se contentent de leurs Harrier.


Le Principe de Asturias espagnol (© : ARMADA ESPANOLA)


Le Juan Carlos I espagnol (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)


Le Cavour italien (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)


Le Garibaldi italien (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Depuis la fin 2010 et la décision de retirer du service le HMS Ark Royal (209 mètres, 22.000 tonnes, 21 aéronefs) et la flotte de Harrier, la Grande-Bretagne, dont le dernier porte-aéronefs (HMS Illustrious) a été ravalé au rang de porte-hélicoptères, ne dispose plus d'avions embarqués. Cette situation est néanmoins temporaire puisque la Royal Navy doit recevoir un nouveau porte-avions. Un premier bâtiment, le HMS Queen Elizabeth (283 mètres, 65.000 tpc, 40 aéronefs), est actuellement en construction pour une livraison en 2015. Mais ce navire ne sera armé que pendant quelques années comme porte-hélicoptères, en attendant la mise en service, vers 2020, d'un autre porte-avions, le HMS Prince of Wales. Contrairement à son aîné, qui disposera d'un tremplin (pour la mise en oeuvre de F-35B, option finalement abandonnée par Londres), le second porte-avions britannique sera doté de catapultes et de brins d'arrêt pour pouvoir accueillir des F-35C. Après une longue période réapprentissage, la Royal Navy recouvrera le club des marines dotées de porte-avions classiques, configuration qu'elle avait abandonné à la fin des années 70 pour privilégier l'emploi de petits porte-aéronefs (ce qui fut à postériori une erreur, aujourd'hui reconnue).


Le futur HMS Queen Elizabeth britannique (© : BAE SYSTEMS)


Le futur HMS Prince of Wales britannique (© : BAE SYSTEMS)

Le tour d'horizon ne serait pas complet sans revenir en Asie. Dans cette région, le seul pays à disposer d'un véritable porte-aéronefs est la Thaïlande. Celle-ci a commandé en 1992 un bâtiment dérivé du Principe de Asturias, qui a été livré par les chantiers espagnols en 1997. Bien que récent, le Chakri Naruebet (182 mètres, 11.500 tpc, 12 aéronefs) présente toutefois des capacités limitées, son parc aérien ne pouvant comprendre que quelques vieux avions Matador (ancienne version espagnole du Harrier), dont 9 exemplaires ont été achetés à l'Armada en 1996.


Le Chakri Naruebet thaïlandais (© : MARINE THAILANDAISE)

Le Japon, quant à lui, a construit une série de porte-hélicoptères qui pourraient, le cas échéant, être transformés en porte-aéronefs. Mis en service entre 1998 et 2003, les Osumi, Shimokita et Kunisaki (178 mètres, 14.000 tpc) du type 16DDH, sont de taille réduite. Mais la capacité potentielle en matière de porte-aéronefs de la marine japonaise résiderait plutôt dans une nouvelle classe de bâtiments, le type 22DDH, dont le design a été dévoilé en 2009. Ces navires mesurent 248 mètres de long, avec un déplacement de plus de 30.000 tonnes en charge.
Enfin, dans le même esprit, la Corée du Sud a intégré, en 2007, son premier porte-hélicoptères d'assaut avec radier, pont d'envol continu et îlot. Long de 199.4 mètres pour un déplacement de 18.860 tonnes en charge, le Dokdo aura un sistership, le Marado.


Image de synthèse des types japonais 16DDH et 22DDH (© : DROITS RESERVES)


Le Dokdo sud-coréen (© : DROITS RESERVES)
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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 17:50

http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/photo/art/default/937808-1112368.jpg?v=1313312201 

le Charles de Gaulle lors de son retour à Toulon, vendredi 12 aout.

Photo (MN PM Stephane Dzioba) :

 

14 Août 2011 par Jean-Dominique Merchet

 

Le porte-avions Charles-de-Gaulle devrait rester à Toulon jusqu'au début 2012

De retour à Toulon, vendredi 12 aout, le porte-avions Charles-de-Gaulle ne devrait pas être engagé dans des opérations avant le début de l'année prochaine. Sauf urgence !

Au cours des dix derniers mois, le porte-avions et son équipage ont passé 35 semaines à la mer... soit plus de 80% du temps. Il en enchaîné une longue mission dans l'océan indien puis l'negagement au large de la Libye, avec une "mi-temps" d'un mois. Le bateau, comme l'équipage (partiellement relevé), ont besoin de repos, d'entretien ou de formation.

C'est notamment le cas des jeunes pilotes de l'aéronavale, qui doivent pouvoir s'entraîner à l'exercice délicat de l'appontage. Une fois remis en l'état, le Charles-de-Gaulle fera donc des "ronds dans l'eau" au large de Toulon pour les exercices aériens.

Les marins estiment qu'il sera à nouveau pleinement opérationnel à la mi-février, mais d'autres estiment qu'il sera prêt dès la mi-janvier. Dans tous les cas, si une urgence se déclarait, le Charles-de-Gaulle pourrait appareiller plus rapidement. Son arrêt à Toulon n'est pas une IPER, c'est-à-dire une immobilisation au cours de la laquelle des éléments essentiels sont démontés.

 

Sur le front libyen, le groupe aérien embarqué (qui a rejoint Landivisiau et Lann-Bihoué, pour les Hawkeye) sera partiellement remplacé par des appareils de l'armée de l'air. Les seize avions de combat de la Marine (10 Rafale et 6 Super-Etendard) sont relevés par quatre Mirage F1CR de l'esacron 2/33 Savoie de Mont-de-Marsan, basés à Sigonella (Sicile). Le dispositif aérien français est reparti entre cette base et celle de la Sude, en Crète. Les avions de l'armée de l'air pourront toujours effectuer environ 16 sorties d'attaques au sol (strikes) chaque jour.

 

Les observateurs constatent que les cibles de l'aviation se raréfient après cinq mois de frappes. En revanche, la nécessité de reconnaissance est toujours importante (d'ou l'envoi de F1 CR, capable de frappes et de reco). En revanche, les cibles traitées par les hélicoptères du groupe aéromobile de l'Alat, dans une profondeur d'une vingtaine de kilomètres à partir de la côte, restent nombreuses. Celui reste donc engagé, à raison de deux ou trois raids nocturnes par semaine. Le groupe aéromobile est déployé sur le BPC Mistral, après l'avoir été sur le Tonnerre. Le fait de possèder deux (et bientôt trois, avec le Dixmude, désormais à Toulon) BPC permet d'assurer une permanence à la mer. Ce n'est évidemment pas le cas avec un seul porte-avions. 

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5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 17:30

http://www.meretmarine.com/objets/500/34668.jpg

 

Le porte-avions Charles de Gaulle au large de la Libye

crédits : MARINE NATIONALE

 

05/08/2011 MER et MARINE

 

Le porte-avions Charles de Gaulle doit rentrer à Toulon d'ici le 15 août, ce qui met un terme à son engagement dans l'opération Harmattan/Unified Protector. A partir du 22 mars, le bâtiment, dont le groupe aérien embarqué comprend 18 avions (Rafale, Super-Etendard Modernisés et Hawkeye) et des hélicoptères, est intervenu en Libye contre les forces du colonel Kadhafi. A cette occasion, le Charles de Gaulle a, une nouvelle fois, démontré l'intérêt de disposer d'un porte-avions, qui permet de profiter de la liberté de navigation pour s'approcher rapidement et au plus près d'un théâtre de crise. Ce déploiement fut également l'occasion de roder ou mettre en oeuvre pour la première fois un certain nombre de matériels dans un conflit « classique » contre des forces armées constituées. Ce fut notamment le cas pour le missile de croisière Scalp EG, l'Armement Air-Sol Modulaire (AASM), le pod de reconnaissance Reco NG ou encore la nacelle de désignation d'objectifs Damocles ; tous ces équipements étant embarqués sur Rafale.


Le Charles de Gaulle au large de la Libye (© : EMA)

Plusieurs mois à quai pour se remettre en condition

L'équipage a, également, montré une grande capacité de résistance. Car, avant de rejoindre la Libye, le porte-avions avait participé, d'octobre 2010 à février 2011, à l'opération Agapanthe, qui avait elle-même succédé à une période très intensive d'entrainement à la mer suite à son premier grand carénage. Depuis octobre dernier, le navire totalise donc plus de 8 mois d'opérations, interrompues seulement pas un mois d'arrêt technique à Toulon et deux escales de quelques jours en Crète durant l'opération Harmattan. Même si l'équipage de plus de 1800 personnes a été partiellement relevé (dont 340 marins lors de l'escale du 15 au 21 juillet en Crète), il devenait nécessaire de faire souffler les hommes et le matériel. Après une telle activité, le Charles de Gaulle sera immobilisé durant plusieurs mois, « afin de permettre la remise à niveau technique et la remise en condition de l'équipage avant une remontée en puissance opérationnelle », explique l'Etat-major des Armées. On notera aussi que le bâtiment a changé de commandant en plein mer et durant les opérations. Ainsi, le 1er août, l'amiral Pierre-François Forissier, chef d'état-major de la Marine nationale, a fait reconnaître le capitaine de vaisseau Olivier Lebas comme nouveau pacha du Charles de Gaulle. L'officier succède au capitaine de vaisseau Jean-Philippe Rolland.


Prise de commandement sur le CDG, le 1er août (© : MARINE NATIONALE)


Un Tigre sur un BPC (© : EMA)

Réorganisation du dispositif français en Libye

Avec le départ du Charles de Gaulle, dont les avions assuraient notamment une part significative des sorties d'attaque au sol, la France, qui intervient en Libye dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, réorganise son dispositif miliaire. Les missions d'attaque sont, désormais, entièrement assurées par l'armée de l'Air. A La Sude, en Crète, la France déploie un détachement de Mirage 2000D et de Mirage 2000N de l'armée de l'Air ; alors que 5 Rafale Air interviennent maintenant depuis la base italienne de Sigonella, afin de se rapprocher de la zone d'intervention. Par ailleurs, les avions de détection et de contrôle E-3F et de ravitaillement C135 continuent d'opérer depuis la France, respectivement depuis les bases aériennes d'Avord et Istres. On notera aussi la présence, en Crète, d'avions de patrouille maritime Atlantique 2, de la Marine nationale. Cette dernière, malgré le retrait du porte-avions, compte encore au large de la Libye une puissance force navale. Celle-ci comprend le bâtiment de projection et de commandement Mistral, qui embarque un groupe aéromobile, composé d'une vingtaine d'hélicoptères Tigre, Gazelle, Puma et Caracal, qui interviennent contre les forces fidèles au régime de Tripoli. La flotte française compte également sur zone deux frégates (Chevalier Paul et Jean de Vienne), le bâtiment de commandement et de ravitaillement Var, ainsi qu'un sous-marin nucléaire d'attaque. L'aviso Lieutenant de Vaisseau Lavallée est, quant à lui, engagé dans la force maritime de l'OTAN.




Mirage 2000 (© : EMA)


Atlantique 2 à La Sude (© : EMA)

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 07:15
L'aviation navale européenne

21/06/2011 MER et MARINE

 

A l'occasion du salon du Bourget, nous faisons un point sur les principaux programmes d'avions maritimes développés en Europe. De la chasse embarquée à la surveillance et la patrouille maritime, les industriels proposent différents produits destinés à remplacer les appareils anciens et mieux répondre aux besoins des militaires dans un contexte géostratégique nécessitant polyvalence et souplesse d'emploi.


Rafale M emportant un Exocet AM39 (© : DASSAULT AVIATION)

AVIATION EMBARQUEE

Rafale Marine : Fer de lance de l'aéronavale française

Arrivé à partir de 1999 dans l'aéronautique navale française, au sein de la flottille 12F, le Rafale Marine est mis en oeuvre à partir du porte-avions Charles de Gaulle. Engagé depuis plusieurs années sur le théâtre afghan et ayant participé à de nombreux exercices internationaux, l'avion de combat de Dassault Aviation, après une longue montée en puissance, tient ses promesses et démontre ses performances. Son engagement en Libye depuis plus de trois mois, notamment depuis le porte-avions Charles de Gaulle, permet, pour la première fois, de déployer l'ensemble des nouvelles capacités. Ainsi, le Système de Protection et d'Évitement des Conduites de Tir du Rafale (SPECTRA) a été utilisé dans un véritable environnement de guerre, face à des stations radars et des moyens antiaérien, alors que les avions ont tiré leurs premiers missiles de croisière Scalp EG et de nombreux Armement Air Sol Modulaire (AASM) ont fait mouche avec une remarquable précision. Quotidiennement, le Rafale sert également aux missions de reconnaissance, dont les renseignements, précieux, permettent de repérer les cibles et juger de l'efficacité des attaques.


Rafale M emportant un Scalp EG (© : MARINE NATIONALE)

Avec la mise en service du standard F3 fin 2009 et l'ouverture en 2010 de nouvelles capacités opérationnelles, le Rafale présente aujourd'hui une polyvalence impressionnante. Défense aérienne, assaut contre cibles terrestres ou navales, dissuasion nucléaire, reconnaissance, ravitaillement en vol... Le Rafale est devenu un véritable « couteau suisse ».
Doté d'un canon de 30mm, il peut emporter des missiles air-air Mica EM et Mica IR, des bombes à guidage laser GBU, l'Armement Air Sol Modulaire (AASM) et le missile de croisière Scalp EG. Le Rafale M est aussi qualifié pour la mise en oeuvre de l'Exocet AM39 Block2 Mod2, version numérisée du missile antinavire spécialement développée pour lui. En 2010, l'avion a également été déclaré apte au déploiement du nouveau missile nucléaire ASMP-A. Cette même année, les premières nacelles de désignation laser Damoclès, qui permettent des tirs autonomes, ont été livrées. Le Rafale acquière, dans le même temps, un rôle de reconnaissance, avec l'arrivée des premiers pods Reco NG. On notera enfin qu'une capacité « nounou » existe pour le ravitaillement en vol. Dans cette configuration, l'avion emporte des bidons supplémentaires, afin de ravitailler d'autres appareils et augmenter, ainsi, le rayon d'action ou l'autonomie du groupe aérien embarqué.


Rafale doté d'un pod Damoclès (© : DASSAULT AVIATION)


Rafale au catapultage sur le Charles de Gaulle (© : EMA)


Rafale Marine (© : DASSAULT AVIATION)

C'est donc avec des capacités aériennes nettement accrues que le Charles de Gaulle est désormais déployé. Remplaçant les Crusader, aujourd'hui retirés du service, ainsi que les Super Etendard Modernisés (SEM), qui cesseront de voler en 2015 ; les Rafale doivent être livrés à 60 exemplaires à la marine. Mi-2010, le 30ème appareil, sur 58 avions commandés en quatre tranches ; avait été livré. Après la 12F, une seconde flottille, la 11F, passera du SEM au Rafale entre 2011 et 2012. Puis ce sera au tour de la 17F, qui doit effectuer la transformation d'ici 2015. Malgré tout, la jonction avec la fin de vie du SEM reste tendue, l'aéronautique navale ne comptant qu'une vingtaine de Rafale en ligne. En raison des contraintes budgétaires, la cadence de production demeure lente et les marins ont perdu accidentellement, en 2009 et 2010, les M18, M22 et M25. De plus, les 10 premiers Rafale M ne sont pas disponibles. Le M1 sert à l'expérimentation de nouveaux équipements et les M2 à M10, livrés au standard F1, ne reprendront du service qu'entre 2014 et 2017, à l'issue d'un retrofit qui les portera au standard F3. D'ici là, le Rafale aura intégré de nouvelles évolutions. Le nouveau radar RBE-AESA à antenne active de Thales équipera le M34, qui sera livré en 2012 et achèvera le développement des senseurs de nouvelle génération. En plus de ces améliorations, la préparation d'un nouveau standard a débuté. Le Rafale F4 disposera notamment du missile air-air à longue portée Meteor.


ASMP-A sur le Rafale (© : ARMEE DE L'AIR)

ASMP-A La mise en service opérationnelle de la nouvelle arme de dissuasion aéroportée française est intervenue en juillet 2010. Déployée depuis le Rafale, l'ASMP-A emporte une nouvelle tête nucléaire TNA d'une puissance de 300 kilotonnes, sa portée étant donnée à 500 kilomètres en tir à haute altitude. Pesant 850 kilos pour une longueur de 5.25 mètres, ce missile à statoréacteur peut atteindre Mach 3 et voler à très basse altitude. Ses capacités de pénétration et de précisions sont accrues par rapport à celles de son aîné, l'ASMP, qui était mis en oeuvre par le Super Etendard Modernisé. Les soutes du porte-avions Charles de Gaulle ont été adaptées pour recevoir le nouveau missile.


AASM sur le Rafale (© : SAGEM)

AASM L'Armement Air Sol Modulaire de Sagem équipe le Rafale, soit six engins de 250 kg par avion. Pouvant être tiré à basse altitude, avec un fort dépointage de la cible, de jour comme de nuit et par tous les temps, l'AASM offre une précision de l'ordre du mètre et une portée supérieure à 50 km. En juin 2010, le premier tir d'un engin à guidage terminal laser a été réalisé, complétant les versions GPS/inertiel et GPS/inertiel/infrarouge déjà qualifiées. L'AASM permet d'engager des cibles mobiles manoeuvrantes, terrestres ou marines. Il est constitué d'un kit de guidage et d'un kit d'augmentation de portée s'adaptant aux corps de bombe existants de 250 kg et, à terme, de 125, 500 et 1000 kg.


Le Meteor (© : MBDA)

METEOR C'est le nouveau missile air-air à longue portée développé pour équiper le Rafale, l'Eurofighter et le Gripen. Mené par l'Allemagne, l'Espagne, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et la Suède, ce programme est porté industriellement par MBDA UK. Long de 3.65 mètres, le Meteor est propulsé par statoréacteur. Sa vitesse devrait être supérieure à Mach 4 et sa portée sera d'une centaine de kilomètres, avec une zone d'interception assurée dans laquelle la cible ne pourra s'échapper. La mise en oeuvre du Meteor sur Rafale est espérée en 2017. Pour les missions de combat aérien, l'avion français pourra embarquer jusqu'à quatre munitions de ce type, en complément des Mica EM et IR.


Pod Damoclès sur le Rafale (© : DASSAULT AVIATION)

RECO NG Avec le système de reconnaissance de nouvelle génération, dont les premiers exemplaires ont été livrés en 2010 par Thales, le Rafale remplace le SEM pour les missions de reconnaissance. Le pod Reco NG permet d'augmenter les capacités de renseignement et transmettre les images au sol, ou sur navire, via liaison de données (L16). Permettant le recueil d'informations de jour comme de nuit, à toute altitude, à grande distance et forte vitesse, il est interfacé avec le système local de préparation et de restitution de mission (SLPRM) et avec le système d'aide à l'interprétation multi-capteurs (SAIM). Qualifié en octobre 2009, Reco NG a été mis en service cette année dans la marine française.


F-35 B (© : LOCKHEED-MARTIN)

F-35 : Les essais se poursuivent

Porté par le groupe américain Lockheed-Martin et impliquant de nombreux acteurs internationaux, notamment britanniques, Italiens et néerlandais, le programme Joint Strike Fighter (JSF) en est toujours au stade des essais. Marqué par d'importants retards et surcoûts, ce programme fait actuellement l'objet d'une reprise en main, imposée par le Pentagone. Depuis 2006, plusieurs centaines de vols d'essais ont été réalisés et les tests ont redoublé ces derniers mois. La version catapultée, le F-35 C, a décollé pour la première fois en juin 2010, le troisième prototype étant livré en mai 2011. Variante à décollage court et appontage vertical, le F-35 B, doté d'une soufflante intégrée au fuselage et d'une tuyère orientable vers le bas, a réalisé son premier atterrissage vertical en mars 2010. Le 12 mai 2011, le prototype BF-01 réalisait son 100ème décollage vertical, 106 manoeuvres de ce type étant prévues cette année. Quant à la variante conventionnelle, le F-35 A, elle a récemment atteint Mach 1.53, la plus importante vitesse enregistrée jusqu'ici pour l'appareil. Conçu pour être embarqué sur porte-avions, le F-35 C, avec train avant renforcé et crosse d'appontage, doit être livré à partir de 2014 à l'US Navy, où il remplacera les F/A-18 A et F/A-18 D Hornet. Ce modèle a également été retenu par la Royal Navy, qui devait initialement s'équiper de F-35 B pour constituer le groupe aérien de son futur porte-avions et remplacer les Harrier GR9 mis en oeuvre auparavant sur les porte-aéronefs de la classe Invincible. Pour des raisons d'économies et d'interopérabilité avec ses alliés américains et français, la Grande-Bretagne a, néanmoins, décidé fin 2010 de modifier le design de son nouveau porte-avions. Abandonnant le tremplin situé à l'avant, le futur HMS Prince of Wales (qui sera peut être rebaptisé), livrable en 2018, sera doté de deux catapultes et d'une piste oblique avec brins d'arrêt.


F-35 B (© : LOCKHEED-MARTIN)


F-35 B (© : LOCKHEED-MARTIN)


F-35 C (© : LOCKHEED-MARTIN)


Le futur porte-avions britannique (© : BAE SYSTEMS)


Le BPE Juan Carlos I (© : ARMADA ESPANOLA)


Le Cavour (© : MARINA MILITARE)

Malgré ce retrait britannique, le F-35B, dont l'avenir paraissait un temps menacé, doit toujours équiper l'US Marine Corps pour embarquer sur les porte-hélicoptères d'assaut de l'US Navy. Mais cet appareil est aussi vital pour les aéronautiques navales espagnole et italienne. Il n'existe, en effet, aucun autre remplaçant au Harrier, qui équipe le porte-aéronefs Principe de Asturias et le porte-hélicoptères d'assaut Juan Carlos I de l'Armada, ainsi que le nouveau porte-aéronefs Cavour de la Marina militare (le Garibalidi ne peut embarquer le F-35). Pour l'Italie et l'Espagne, qui ont spécialement conçu leurs nouveaux bâtiments dans la perspective d'embarquer le F-35 B, voir le programme mené à son terme est donc une priorité. D'autres marines sont également intéressées par cet appareil embarqué, comme l'Australie, qui a commandé deux sisterships du Juan Carlos I (BPE) et pourrait ainsi recouvrer une aviation embarquée, capacité perdue depuis le désarmement du porte-avions HMAS Melbourne en 1982. Egalement impliquée dans le programme JSF, la Turquie s'est également vue proposer le BPE espagnol.


Le Sea Gripen (© : SAAB)

Gripen : Saab propose une version navalisée

Début 2010, Saab a créé la surprise en présentant une version navalisée du Gripen. Cette nouveauté fait suite à une demande d'informations exprimée par l'Inde, qui va renouveler son parc d'avions embarqués avec l'arrivée de ses nouveaux porte-aéronefs, les Vikramaditya et Vikrant. Même si des MiG-29K ont été commandés pour équiper ces bâtiments, New Delhi a souhaité se renseigner sur d'autres appareils. Et Saab a profité de l'occasion pour ajouter une corde à l'arc du Gripen. L'avionneur suédois propose une version modifiée du Gripen NG. Le Sea Gripen pourrait être soit catapulté, soit utilisé à partir de porte-aéronefs dotés d'un tremplin. Le retour se ferait au moyen de brins d'arrêt. Saab fait valoir la petite taille du Sea Gripen, qui permettrait d'embarquer un groupe aérien plus important sur des plateformes aux dimensions réduites. Outre le MiG-29K, l'avion de Saab pourrait alors concurrencer le F-35 B, avec un prix d'achat moins élevé. Dans cette optique, des marines européennes comme l'Espagne ou l'Italie pourraient s'y intéresser. Certains experts doutent néanmoins qu'une version navalisée du Gripen puisse être développée sans consentir d'importants investissements sur la cellule pour la rendre apte à la mise en oeuvre sur porte-aéronefs. Saab, de son côté, rétorque que la structure de son avion, conçue dès l'origine pour être très résistante, permettrait d'obtenir à moindre frais une variante répondant aux contraintes de la navalisation.


Atlantique 2 (© : MARINE NATIONALE)

PATROUILLE ET SURVEILLANCE MARITIME

Si l'aviation embarquée ne touche en Europe que quelques marines, le marché des avions de patrouille et de surveillance maritime (PATMAR/SURMAR) est, quant à lui, beaucoup plus vastes. Chaque pays a, en effet, besoin d'appareils spécialisés dans le contrôle des espaces maritimes, la lutte anti-sous-marine et antinavire, ainsi que le sauvetage en mer. Si, pour les missions de SURMAR, une offre existe pour doter les marines ou armées de l'Air de moyens performants et peu coûteux, la problématique est beaucoup plus complexe dans le domaine de la PATMAR. En effet, les flottes sont vieillissantes et, faute d'un nouveau programme européen, les marines se contentent, au mieux, de moderniser les avions existants. Même si ces outils sont essentiels, notamment pour les pays disposant d'une dissuasion nucléaire, les crédits nécessaires au développement d'une nouvelle plateforme sont difficiles à obtenir et ces projets, très onéreux, ne sont pas pour le moment érigés en priorité. Même la Grande-Bretagne a renoncé au programme Nimrod MRA-4, au risque de fragiliser la crédibilité de sa dissuasion. Plus réaliste, la France vient de lancer la modernisation de ses Atlantique 2 en attendant un nouvel avion vers 2030.
Dans ce contexte, et alors que certaines marines manquent d'options pour renouveler leur PATMAR (comme l'Allemagne qui a acheté d'occasion des P-3 Orion américains pour remplacer leurs vieux Atlantic et l'Italie qui envisage l'acquisition de P-8A Poseidon), certains industriels, comme Airbus Military, développent de nouvelles solutions. L'avionneur européen a, ainsi, lancé à partir de son avion de surveillance maritime CN235 un petit PATMAR à même de faire de la lutte anti-sous-marine et antinavire.


Atlantique 2 (© : MARINE NATIONALE)

Atlantique 2 : Une nouvelle jeunesse

Livrés à la marine française entre 1989 et 1997, 22 avions de patrouille maritime Atlantique 2 vont bénéficier d'une importante modernisation pour voler jusqu'en 2030. Il s'agit de traiter les obsolescences et redonner du potentiel au calculateur central de contrôle de mission, qui arrive à saturation après l'intégration de nouvelles capacités, comme la liaison 11 en 1998 et la torpille MU90 en 2010. Dans le domaine de la lutte anti-sous-marine, l'ATL2 va voir son sous-système acoustique modernisé. Il sera, vers 2014, capable de déployer et traiter les signaux de bouées acoustiques numériques, tout en s'inscrivant dans une logique de « multi-statisme », dans laquelle capteurs et plateformes travaillent en réseau. Entre 2015 et 2020, une seconde phase de modernisation doit porter sur la mise à niveau du radar, la veille et l'identification (FLIR), les communications (L16 ou L22) et l'autoprotection (leurres). Considéré comme une frégate volante, l'ATL2 peut voler 14 heures et embarquer six torpilles MU90 ou deux missiles antinavire Exocet AM39. Très polyvalent, il assure la protection des sous-marins stratégiques, participe à la surveillance et la protection des approches maritimes, à la lutte contre les trafics illicites et la piraterie, aux missions de sauvetage, ainsi qu'au renseignement et à l'appui des troupes terrestres.


C295 MPA lançant une torpille (© : AIRBUS MILITARY)

C295 & CN235 : Airbus mise sur les PATMAR et SURMAR

Airbus Military, filiale d'EADS, a développé une gamme d'avions de surveillance et de patrouille maritime sur la base des appareils de transport de la famille Casa. A l'été 2010, les autorités espagnoles ont délivré la certification du C295 Maritime Patrol Aircraft dans sa version de lutte anti-sous-marine. Au printemps précédent, l'avion, fabriqué par l'usine de Séville, avait procédé avec succès au largage mer d'une torpille. Capable d'emporter deux munitions de ce type sous les ailes, le C295 MPA est doté du Fully Integrated Tactical System. Développé par Airbus, le FITS est chargé de traiter les données recueillies par les moyens de détection et d'écoute (dont bouées acoustiques) et de mettre en oeuvre les armes. On notera que le FITS peut être, selon la volonté des clients, remplacé par un autre système de mission, comme l'AMASCOS de Thales.


C295 MPA chilien (© : AIRBUS MILITARY)


C295 MPA doté du FITS (© : AIRBUS MILITARY)

Le C295 MPA affiche une autonomie de 11 heures (9 heures de patrouille à 200 nautiques) et peut remplir différentes missions, comme la lutte ASM ou antinavire, la surveillance de ZEE, la détection de pollutions maritimes et le sauvetage. Disposant d'un système de contre-mesures, notamment des leurres, le C295 compte six points d'emport pour torpilles, missiles air-mer, mines, charges de profondeur ou pods de reconnaissance. Cet appareil est présenté par Airbus comme une alternative aux gros avions de patrouille maritime, comme le P-3 C Orion américain. Cela n'empêche toutefois pas l'avionneur européen de travailler sur les programmes de modernisation des actuels avions de PATMAR. Ainsi, Airbus travaille actuellement sur la remise à niveau de 9 P-3 de l'armée de l'air brésilienne, acquis auprès des Etats-Unis entre 2002 et 2004. Ces appareils vont, notamment, mettre en oeuvre le système de mission FITS et de nouveaux moyens de détection et d'écoute.


A319 MPA (© : AIRBUS MILITARY)


A319 MPA (© : AIRBUS MILITARY)

De plus, pour compléter sa gamme de produits, Airbus propose une solution neuve sur le segment des avions de patrouille maritime à long rayon d'action. Ainsi, le groupe a développé l'A319 MPA à partir de son biréacteur civil monocouloir A319. Capable de voler à basse altitude et présentant une vitesse de transit élevé, cet avion est clairement conçu pour le marché de remplacement de l'actuelle flotte de P-3 Orion et d'Atlantique 2. L'A319 MPA serait doté du FITS et de différents senseurs, dont un radar, un système électro-optique, un dispositif de contre-mesures et des moyens de détection sous-marine, comme un système de détection d'anomalie magnétique (MAD). Son système serait à même de gérer différentes liaisons de données (L11, L22, L16, TCDL). Côté armement, l'appareil a été conçu pour mettre en oeuvre, sous voilure, des torpilles et missiles antinavire. La cabine, très vaste, permettrait d'abriter six consoles pour les opérateurs (avec de l'espace pour des unités additionnelles), un espace de restauration, un espace de couchage avec lits superposés, ainsi qu'un poste d'observation sur l'arrière.


CN235 Persuader (© : AIRBUS MILITARY)

Le développement d'une gamme d'avions de patrouille maritime découle de l'expérience acquise par Airbus dans le domaine de la surveillance maritime. Adoptée notamment par l'US Coast Guard, une version dédiée à la surveillance maritime, le CN235 Persuader, est, ainsi, en service depuis 1994. Cet appareil embarque aussi le FITS, la configuration typique incluant deux consoles d'opérateurs, un radar, un système électro-optique FLIR, un AIS et une liaison de données. Grace à sa porte arrière, le CN235 peut aussi mener des opérations logistiques. Mi-2010, Airbus Military avait vendu 47 CN235 et C295 MPA à 9 pays.


Falcon 50M (© : DASSAULT AVIATION)

Falcon : Dassault Aviation renouvelle sa gamme

En France, comme aux Etats-Unis, une distinction très claire est faite entre PATMAR et SURMAR. La première met en oeuvre des appareils à grand rayon d'action et fortes capacités, notamment en emport d'armes et de senseurs. Plus légers, les avions de surveillance maritime sont destinés à veiller sur les Zones Economiques Exclusives (ZEE). Dépourvus d'armement, ils disposent de moyens de détection et de secours en mer (chaînes Search and Rescue - SAR). C'est dans cette catégorie qu'évoluent les Gardian et Falcon 50M de la marine française. Produits par Dassault Aviation, ces appareils doivent être remplacés à partir de 2015 dans le cadre du programme AVSIMAR (Avion de surveillance et d'intervention maritime). Dans cette perspective, Dassault propose de nouveaux appareils issus de sa gamme civile. Biréacteur, le Falcon 2000 MRA, d'une masse maximale de 19 tonnes, peut atteindre Mach 0.8, opérer jusqu'à 47.000 pieds et patrouiller durant 7 heures à 200 nautiques de sa base, ou bien durant 2 heures à 1200 nautiques. Doté d'un radar, d'une boule FLIR rétractable et d'une rampe SAR, le Falcon 2000 MRA dispose de deux postes d'observateurs et deux postes opérateurs.


Falcon 2000 MRA (© : DASSAULT AVIATION)


Falcon 2000 MRA (© : DASSAULT AVIATION)

Plus puissant, le Falcon 900 MPA est un triréacteur de 22 tonnes. Cet appareil, notamment en raison de potentielles opportunités à l'export, est à mi-chemin entre SURMAR et PATMAR. Capable d'atteindre Mach 0.87 et d'opérer à 51.000 pieds, il peut évoluer durant 5 heures à 600 nautiques de la côte. Il compte un 3ème poste opérateur et peut mener des missions de lutte antinavire ou anti-sous-marine. A cet effet, le Falcon 900 MPA dispose d'un système de mission AMASCOS, développé par Thales. Ce système redondé dispose de consoles totalement reconfigurables, capables de gérer tous les senseurs et armes de l'appareil, y compris dans le domaine de la lutte anti-sous-marine. Le Falcon 900 MPA peut être doté d'un radar Ocean Master, d'un FLIR Agile, d'un ESM Vigile et d'une liaison de données. L'appareil est aussi conçu pour emporter sous voilure deux armes de types AM39 et MU90.


Falcon 900 MPA (© : DASSAULT AVIATION)

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