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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 12:55

Europe Flag

 

Mar 22, 2012 Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2)

 

Cette page va être réactualisée au fur à mesure des informations du Conseil des ministres de la Défense qui se tient aujourd’hui (22 mars) et du Conseil des ministres des Affaires étrangères qui se tient vendredi (23 mars).

 

A l’ordre du jour du premier : la revue des opérations existantes (piraterie, Althea en Bosnie…), des capacités (les projets pooling and sharing), les partenariats et le positionnement par rapport à la nouvelle stratégie américaine (qui sera le plat de choix du déjeuner). A l’ordre du jour du second : le Sahel (avec l’approbation du premier document politique au lancement d’une opération PSDC au Sahel, et sûrement un point d’actualité sur le coup d’Etat au Mali) ; la Syrie (avec une bonne nouvelle venant de New-York et l’approbation de la première résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies) ; le Belarus (avec de nouvelles sanctions). Des sanctions devrait également être décidées également contre plusieurs pays : Afghanistan, Iran (droits de l’homme), Somalie (charbon de bois), Transnistrie (renouvellement). La coopération avec la Turquie sur différentes questions géopolitiques (Moyen-Orient, Syrie, Afrique) devrait être le plat de choix du déjeuner des ministres des Affaires étrangères.

 

Dernières news

 

• Extension d’Eunavfor Atalanta : tous les Etats membres de l’UE ont levé leurs réserves parlementaires – le Royaume-Uni la semaine dernière, l’Espagne et l’Allemagne tous récemment – à l’extension de l’opération anti-piraterie de l’UE (Eunavfor Atalanta) tant pour sa durée (prolongée jusqu’à 2014) que géographique (permettant d’atteindre les eaux territoriales somaliennes et les plages). Ce point devrait être approuvé sans débat, avec les points A vendredi.  Les détails du plan « offensif » seront fixés dans un plan d’opération dont les détails devraient approuvés la semaine prochaine par le Cops (Comité politique et de sécurité)

 

Au Conseil des ministres de la Défense, quelques pays n’étaient pas représentés par leur ministre en chef.

L’Allemand T. De Maizière notamment et le Britannique P. Hammond ne sont pas là ; remplacés par leur secrétaire d’Etat. Le Français Gérard Longuet également n’est pas venu (au dernier moment). Coup d’Etat au Mali et situation intérieure obligent.

 

Papiers déjà parus

 

Sur les projets pooling and sharing

Sur l’extension d’Eunavfor Atalanta :

Sur l’OpsCenter :

Sur l’opération au Sahel :

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 19:31
L’opération PSDC Niger : 5 menaces pèsent sur le pays. Les objectifs de la mission

Mar 19, 2012 Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2, exclusif)

 

Le concept de gestion de crises (CMC) que pourraient adopter le 23 mars les ministres des Affaires étrangères des « 27″ devrait se centrer – ainsi qu’annoncé sur B2 – sur le Niger. Ce devrait être une mission civile, d’environ une quarantaine de personnes selon les informations recueillies. Le plan d’opération doit encore être finalisé.

 

Selon le projet de CMC qu’a pu lire B2, c’est le nord du pays qui est particulièrement visé. Une région marquée une pauvreté chronique, un sous développement et une insécurité alimentaire ; une des régions les plus pauvres du globe. La crise libyenne a encore exarcerbé et augmenté les risques de violence dans la région.

Objectif de la mission

Une mission d’évaluation de la Commission et du Service diplomatique a été au Niger en janvier dernier. La mission européenne devrait viser à augmenter la capacité des forces nigériennes – dépendant du ministère de l’Intérieur – à lutter contre le terrorisme comme le crime organisé, et à récupérer le contrôle de l’Etat dans la région du nord du pays. L’objectif est de développer et rendre opérationnel la dimension sécurité de la stratégie mise en place par le Niger. Le gouvernement a, en effet, adopté sa propre stratégie « sécurité et développement » pour cette partie du pays, placée sous la direction politique directement du Premier ministre. Et il a invité les autorités européennes à déployer une mission.

 

La mission aurait trois volets : formation, assistance et conseil. La mission aurait aussi pour fonction de pouvoir identifier certains projets – pouvant bénéficier d’un financement européen – de les planifier et d’en suivre la mise en oeuvre, en liaison éventuellement avec les actions bilatérales des Etats membres (ou d’autres pays). Elle devrait être de petite taille, environ une petite équipe de 40 personnes, selon les informations recueillies par B2.

Les risques menaçant le pays

Certains risques sont liés à des mouvements « terroristes » (AQMI, Boko Haram), apparus assez récemment, d’autres à des mouvements de minorités nationales, récurrents dans la région, d’autres à la conjoncture libyenne (avec le retour de combattants et de travailleurs immigrés).

 

1° AQMI (Al Quaida au Maghreb islamique) a vu ses effectifs réduits. Mais ses militants – environ 300 personnes dans le nord du Mali -, constituent un des risques principaux de sécurité pour la région. L’enlèvement d’occidentaux a réduit le tourisme drastiquement. Il est bien implanté au Mali – où il remplace souvent l’Etat dans différentes attributions. Il n’aurait pas de bases permanentes dans le Nord Niger, où il mène des incursions.

 

2° Boko Haram (BH), le mouvement actif au Nord Nigeria, constitue également une menace pour le Niger. Il conduit à des déplacements de personnes et réfugiés dans la frontière sud. Il n’y a pas de preuve d’une liaison entre Boko Haram et AQMI mais des contacts périodiques ont été observés sur place.

 

3° le mouvement touareg. Après la rébellion dans le nord du pays en 2007-2009, des efforts ont été faits pour réintégrer les touaregs dans la vie politique et sociale. mais certains restent en dehors de ce mouvement. « Le défaut de mise en oeuvre de certains mesures et l’influence négative des évènements au Mali pourrait conduire à la renaissance de ce conflit », précise-t-on coté européen. Le MNLA – mouvement pour la libération des Azawad) présent au Mali et qui compte en son sein plusieurs combattants pro-Kadhafi, a lancé plusieurs attaques contre les forces maliennes.

 

4° Les réseaux de trafic en tous genres. Armes, drogues, trafic humain… la région est traversée par plusieurs réseaux criminels. Les « propriétaires de ces réseaux » utilisent des groupes d’anciens combattants, de Touaregs et Toubous, pour le transport et les escortes. « Aucun base permanente n’a été identifiée au Niger » ; mais la libre circulation dans la région du Nord facilite les trafics.

 

5° Les anciens combattants pro-Kadhafi revenus de Libye. Cela constitue sans doute un des « principaux et plus urgents défis ». Si certains semblent se réintégrer dans la vie civile, d’autres « avec une bonne connaissance du terrain et de bonnes compétences militaires veulent rester armés, prêts à s’engager dans le banditisme ou d’autres activités criminelles ».

 

6° L’augmentation d’armes, de munitions et d’explosifs en circulation a augmenté depuis le conflit en Libye. Une partie circule dans les réseaux ; d’autres – en nombre « considérable » – restent cachés dans la région montagneuse de l’Aïr.

 

Enfin, il y a un autre risque celui des travailleurs nigériens de retour de Libye. On en estime le nombre à 200.000. Leur retour dans une région extrêmement pauvre en accroit sa vulnérabilité. D’autant que, souvent, ils subsistaient grâce aux sommes envoyées par les travailleurs immigrés. Ce risque a progressivement diminué depuis la dispersion dans tout le pays.

Les forces du Niger

Les trois forces du Niger – la Gendarmerie, la Police nationale et la Garde nationale – comme l’armée (terre et air) sont impliquées dans la lutte contre ces menaces. Le ministère de l’Intérieur a préparé une approche unique de ses différentes forces. Et il semble aussi nécessaire – selon les Européens – de rationaliser un peu toutes les initiatives. Entre le service central de lutte contre le terrorisme, les groupes d’intervention, le centre d’entraînement…, il y a peut-être nécessité d’une identification plus claire, d’une évaluation et d’un renforcement si nécessaire.

 

Mais le contrôle du territoire et des frontières s’étendant sur plusieurs centaines de km, souvent désertiques est difficile. Deux opérations mobilisant environ 2500 militaires ont été déployées sur la frontière avec le Mali et la Libye, et pour sécuriser les mines (uranium et pétrole), précieuses pour l’économie du pays.

Les projets européens déjà menés

L’Union européenne finance déjà certaines actions au Niger, via le programme d’appui à la justice et à l’Etat de droit (PAJED). Le Pajed II comprend ainsi un volet sécurité de 2,3 millions d’euros (sur un montant de 15 millions) pour la période 2011-2014, permettant notamment de soutenir les services d’enquête et de police des trois forces de sécurité. Un budget de 5 millions d’euros a été dégagé dans le cadre de la stratégie « Sahel ».

 

Deux autres projets sont menés dans le cadre de l’Instrument de stabilité : à court terme, pour pallier l’insécurité et les conséquences de la crise libyenne, avec le renforcement d’équipes de police locales et de contrôle des armes illicites, dans la région d’Agadez. Un autre à plus long terme, pour renforcer le système de justice pénale, anti-terroriste, en lien avec des projets identiques menés au Mali et en Mauritanie, avec notamment le développement d’un « Collège sahélien de sécurité » visant à développer une approche commune de la coopération et de l’Etat de droit. Ces programmes ne sont pas menés directement par l’Union européenne mais différentes agences (PNUD, CICR … et un consortium européen dirigé par Civipol).

Quelques Etats actifs en bilatéral, de l’UE ou … non

Différents pays mènent également une action bilatérale : la France avec une mission d’assistance militaire (qui devrait passer de 4 à 12 millions d’euros) ; l’Espagne qui a un projet de contrôle de l’Immigration dans le Sahel de l’Ouest avec un expert présent à Niamey.

 

Les Etats-Unis mènent également un programme – TransSaharan Initiative – soutenant les forces de sécurité et l’armée dans la lutte anti-terroristes, avec un appui logistique et du matériel (véhicules, équipement de contrôle aux frontières, communications…).

 

L’Algérie est également active dans la région avec la mise en place d’une structure commune, le CEMOC, avec les trois pays de la région (Mali, Mauritanie, Niger). Mais son engagement sur AQMI reste « très limité » selon les experts européens et « reste principalement concentré sur la frontière entre l’Algérie et le Mali ». Et elle reste pour l’instant réticente à ouvrir le Cemoc à d’autres pays. Seule ouverture la possibilité d’établir des liens avec l’UFL – une unité de fusion et de liaison du renseignement (UFL), basée à Alger.

Commentaire : on peut remarquer que cette action au Niger permet de démarrer rapidement la mission au Sahel qui a, un peu, trainé dans les tiroirs de la Haute représentante. Selon les engagements pris, un plan aurait dû être présenté au début… 2011. Mais n’agir qu’au Niger va ressembler très vite à écoper l’eau avec une passoire. Une action identique devra également se situer de l’autre coté de la frontière, au Mali. C’est un peu plus compliqué qu’au Niger. Et on comprend fort bien la nécessité de commencer la mission par un bout, plutôt que d’attendre encore. Pour avoir une action complète et globale, cette mission devrait être reliée très rapidement avec l’action de récupération des armes et de surveillance des frontières en Libye.

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 13:20

Europe Flag

 

Mar 12, 2012 Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2, exclusif)

 

Approuvé sur le principe en décembre, l’activation du Centre d’opérations (OpsCenter) pour la Corne de l’Afrique devrait désormais être entérinée dans les jours qui viennent par le Conseil des ministres de l’UE. Les « 26″ (*) se sont mis d’accord sur le texte de la décision qui devrait être adoptée par procédure écrite (ou en point A d’un futur Conseil des ministres. Ce centre aura vocation à assurer la coordination de toutes les opérations conduites dans la Corne de l’Afrique : sur mer avec la mission anti-piraterie (Eunavfor Atalanta), comme sur terre, avec la future mission pour le renforcement des capacités maritimes (Eucap – du moins pour sa partie militaire – la partie civile restera « conduite » par le commandant civil de l’UE, à la CPCC) et la mission de formation des soldats somaliens en Ouganda (EUTM Somalia). L’OpsCenter sera placé au sein de l’Etat-Major militaire de l’UE et activé pour une durée de deux ans. Une évaluation régulière de son activité sera effectuée.

 

(*) Le Danemark ne participe pas à cette décision. Mais la Croatie participe aux discussions à titre d’observateur.

 

Lire également :

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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 12:35
La formation des gendarmes au Niger, enjeu de la future mission « Sahel » de l’UE

 

Mar 9, 2012 Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2)

 

Les préparatifs pour une mission européenne au Sahel avancent… lentement. Les ambassadeurs du COPS – le comité politique et de sécurité – se penchaient aujourd’hui sur le Concept de gestion de crises (CMC), première étape formelle du processus politique et militaire visant à lancer une mission de la Politique européenne de sécurité et de défense commune (PSDC). Et les ministres des Affaires étrangères pourraient en approuver le principe à la prochaine réunion, le 23 mars… si tout va bien. Cette mission ne sera pas unique. Elle comprendra plusieurs volets adaptés aux différents problèmes rencontrés dans les 2-3 pays concernés de la région (Niger, Mali, Mauritanie) par l’augmentation du risque terroriste et sécuritaire. Un des premiers éléments approuvés pourrait être, selon les informations de B2, pour assurer une assistance et la formation de la Gendarmerie et de la Garde nationale du Niger.

 

NB : La récente intervention pour libérer deux otages – italien et britannique – dans l’extrême nord du Nigeria, dans cette zone jouxtant le Sahel et le Niger pourraient accélérer les préparatifs de cette mission qui devrait normalement démarrer d’ici l’été.

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20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 21:31
L’OpsCenter sur les rails: les grands principes adoptés lundi. Et quelques détails…



jan 20, 2012 Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2, exclusif)

 

Le centre opérationnel de l’UE (OpsCenter) n’est pas encore… opérationnel. Mais, histoire de faire avancer le « schmilblick », les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne adoptent ce lundi (23 janvier) les grands principes qui régiront le fonctionnement de l’OpsCenter. B2 a pu lire ses conclusions en avant-première. Et obtenir également d’autres détails sur la mise en place de ce premier centre de commandement des opérations militaires établi à Bruxelles. L’appel à candidature pour le chef de cet OpsCenter vient ainsi d’être lancé aujourd’hui vendredi (20 janvier), traduisant la volonté de la plupart des Etats membres d’aller assez vite sur ce dossier.

 

Coordination de trois opérations

 

Le centre aura pour vocation de coordonner toutes les opérations de la Corne de l’Afrique. Il s’agira donc non seulement de coordonner l’opération militaire de formation des soldats somaliens en Ouganda (EUTM Somalia) et la future opération de renforcement des capacités maritimes des pays de la région de l’Océan indien et de l’Afrique de l’Est (EUCAP Corne de l’Afrique) mais aussi de s’occuper de l’opération de lutte anti-piraterie (EUNavfor Atalanta). La conduite simultanée de trois opérations requiert un « niveau renforcé de la coordination et l’interaction, notamment entre acteurs civils et militaires » précisent les conclusions du Conseil.

 

Un rôle variable selon les opérations

 

C’est pour EuCap où l’OpsCenter jouera le rôle principal : il fournira un « soutien direct » au commandant des opérations civiles pour la « planification opérationnelle comme pour la conduite de la mission ». Pour EUTM Somalia, il fournira un soutien au commandant de mission et renforcera la « coordination stratégique entre la mission et les autres actions » ; son rôle pourra aussi augmenter dans le cadre de la 3e phase d’EUTM (EUTM3) qui ne devrait pas commencer avant la fin de l’année. Pour l’opération Atalanta, l’Ops Center aura surtout comme mission de faciliter l’interaction ; il aura ainsi une fonction de super officier liaison.L’OpsCenter aura aussi des fonctions transversales : « renforcer les synergies civiles et militaires », assurer la liaison « entre les différentes missions/opérations et les structures (politico-diplomatiques) de Bruxelles ».

 

Dans ces différents rôles, le commandant du Centre aura un rattachement hiérarchique variable : il sera ainsi placé sous la responsabilité du commandant d’opération concerné : selon le cas, le chef d’EUTM Somalia, le commandant d’Atalanta (le contre-amiral Duncan L. Potts) ou le commandant des opérations civiles de l’UE (H. Haber) pour la mission EUCAP.

 

Une décision encore « à écrire »

 

La décision fixant le fonctionnement, la chaîne hiérarchique et le commandant de l’OpsCenter doit encore être écrite. Elle n’a pas pu être préparée à temps pour le Conseil des Affaires étrangères pour différentes raisons, à la fois pratiques et de fond. Le fait que le conseil des Ministres ait été avancé d’une semaine et la monopolisation des diplomates « affaires extérieures » des 27 (groupe Relex) par le dossier iranien (voir ) a empêché d’avoir le texte prêt à temps. Il faut aussi remarquer que la première décision sur l’OpsCenter datait… Elle n’avait pas été mise à jour depuis la création de la CPCC – l’Etat-Major des opérations civiles de l’UE – et du SEAE – le service diplomatique européen. Un certain travail préparatoire, « plus complexe qu’il n’y parait de prime abord » comme le rapporte à B2 un expert des opérations de défense de l’UE, est donc nécessaire. Cette décision devrait être approuvée ultérieurement, au besoin par procédure écrite.

 

Le recrutement du commandant est lancé 

 

Les « 27″ (*) ont lancé aujourd’hui l’appel à candidature pour le chef de l’OpsCenter. La proposition initiale de voir le centre placé sous le commandement du chef d’Etat-Major de l’UE (actuellement le général Van Osch) a été refusée par la plupart des Etats membres qui préféraient désigner un commandant en leur sein. Les différentes candidatures seront examinées au sein du comité militaire de l’UE qui émettra ensuite une recommandation. Ce recrutement pourrait s’opérer rapidement ; l’avis du comité militaire est attendu pour début février.

 

Personnel mixte

 

L’OpsCenter devrait compter environ une trentaine de personnes selon nos informations. Certains agents proviendront de l’Etat-Major militaire de l’UE ou des Etats membres. Ceux-ci se sont engagés à mettre à disposition le personnel nécessaire pour cet OpsCenter, un peu comme ils le font pour la mise en place d’un quartier général d’opérations (OHQ). L’organisation de l’OpsCenter devrait d’ailleurs être similaire à un mini-OHQ, avec une répartition des postes en J1, J2, J3… Une fois proposé par leurs Etats membres, le personnel sera ensuite sélectionné par la voie des panels.

 

Localisé au sein de l’Etat-Major de l’UE

 

L’OpsCenter devrait être localisé au sein des structures de gestion de crise de l’UE, « au Cortenberg », colocalisé ainsi avec l’Etat-Major militaire et l’Etat-major civil (CPCC) de l’Union européenne. Le problème est de lui trouver « un peu de place » rapporte un expert du dossier. « La place dévolue à l’OpsCenter » – qui n’a pas été occupée durant des années de manière opérationnelle – est « aujourd’hui occupée par la Situation Room » du service diplomatique européen. Il faudra peut-être se serrer un peu…

 

(*) Précisons que le terme de 27 est choisi par commodité. Le Danemark ne participe pas à la planification et conduite des opérations militaires.  
 

Lire aussi :

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 08:35
Arnaud Danjean : l’Europe doit apprendre à s’assumer toute seule

30 décembre 2011 by Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2, bilan 2011, exclusif)

 

Dans cette fin de l’année, B2 a pu s’entretenir avec Arnaud Danjean, le président de la sous-commission Défense du Parlement européen, pour dresser un panorama des enjeux en matière de défense après une année riche en « surprises stratégiques » et rebondissements. L’eurodéputé français estime que l’année finit mieux qu’elle a commencé pour la politique européenne de sécurité et de défense commune (PSDC). Mais qu’il reste encore beaucoup de travail. L’Europe doit aujourd’hui apprendre à s’assumer toute seule et à prendre leurs responsabilités. L’approche globale voulue par les rédacteurs du Traité de Lisbonne n’est pas encore pleinement d’application. Car il reste encore une timidité à aborder et développer le volet sécuritaire de l’action européenne.

 

• Comment voyez-vous cette année ?

 

Le processus de la PSDC est toujours vivant. C’est déjà un résultat. Le bilan est sans doute moins maigre qu’on aurait pu le penser en début de présidence. Nous avons eu le rapport de juillet (NB : un rapport qui doit beaucoup à Pierre Vimont, le directeur du Service diplomatique et de son conseiller, Yves de Kermabon qui ont poussé dans ce sens) ainsi qu’un débat lors du dernier conseil. Ce débat a prouvé qu’il y avait une réelle volonté politique – ce dont on pouvait douter encore il y a quelques mois. Des Ministres ont pris le relais, pas seulement Français mais aussi Polonais et Allemand. Le poids des contraintes budgétaire et stratégique reste là. La crise libyenne a préempté certains débats. Aujourd’hui on se réveille avec nos vraies contraintes : l’effort de rationalisation (avec le pooling and sharing) est inévitable et la donne stratégique. Les Etats-unis sont nos alliés. Mais ils ont le regard tourné ailleurs. Gates l’a dit, Panetta également, Obama était en Asie récemment. Aujourd’hui, la défense européenne doit s’assumer toute seule.

 

• Quand vous dites « s’assumer toute seule », comment le voyez-vous ?

 

Les Etats-Unis sont notre ultime allié, à la fois l’allié avec lequel on va s’engager sur un conflit de haute intensité et de longue durée – comme en Afghanistan – et l’allié ultime pour la défense de notre territoire. On voit mal aujourd’hui un engagement massif extérieur ou une mobilisation maximale sur le territoire. Mais il y a des crises de moyenne intensité aux marges du continent européen (comme monde arabe…) ou sur le territoire européen ; et, là, la réponse ne peut qu’être qu’européenne. Aujourd’hui, les Etats-Unis nous disent clairement : « débrouillez-vous » ! Politiquement, diplomatiquement et, le cas échéant, militairement, les Européens doivent prendre leurs responsabilités.

 

• Les Américains estimant que le Moyen-Orient ou l’Asie requiert toute leur attention, il y aurait alors une certaine répartition des tâches ?

 

Dans l’arc de crise (qui court de l’Asie à l’Afrique), on peut en effet se dire que les Européens doivent prendre en charge le Sahel, l’Afrique, le monde arabe. Les Américains seront là, au besoin, mais en soutien, comme pour la formation des soldats somaliens. Ce sont les Européens qui forment. Et les Américains paient les salaires ou assurent certaines fonctions logistiques. La question, maintenant, est de savoir : est-ce que l’UE est prête à donner corps à la fameuse approche globale ?…

 

• Cette approche globale, c’était un des objectifs du Traité de Lisbonne. Cela n’est pas encore au point ?

 

Non. L’approche européenne ne paraît, pour l’instant, pas si globale. Les instruments communautaires « classiques » – le développement et instruments financiers – restent privilégiés. Dès qu’on aborde l’aspect sécuritaire, sans parler de l’aspect militaire, on voit tout de suite soulever certaines questions : faut-il utiliser la PSDC ou non ? Déployer quelques experts ou du matériel plus lourd, via des missions PSDC ou via l’instrument de stabilité ? Il y a un vrai débat qui n’est pas commencé, qu’il faut entamer. On le voit bien sur le Sahel, pour la Corne de l’Afrique…

 

• On a eu deux documents stratégiques du SEAE ?

 

Oui. Pour l’instant, il y a beaucoup de mots. Mais sur le volet sécuritaire, rien n’est tranché. C’est une très bonne chose que ces priorités soient inscrites sur le planning. Mais je suis un peu inquiet sur la mise en œuvre. Or, sans l’aspect sécuritaire surtout dans les zones comme la « Corne de l’Afrique » et le « Sahel », on ne pourra espérer avoir une approche globale.

 

(NDLR : Une question fondamentale. Lors de la dernière rencontre avec Catherine Ashton, les Nigériens et Mauritaniens ont réclamé en priorité à l’UE, des véhicules, des capacités de transmission, voire des armes, et n’étaient pas vraiment preneurs de la formation des juges que voulaient proposer les Européens).

 

• A vous entendre, l’UE est trop timide ?

 

Oui. L’important, maintenant, est d’agir. La balle est dans le camp de l’UE. La timidité de la Haute représentante sur les opérations n’est pas justifiée. Elle doit proposer des choses. Pour le Sahel, on peut avoir une mission PSDC, éventuellement avec une phase transitoire au début. Car une mission PSDC a une certaine lenteur de mise en œuvre et de génération de force. Catherine Ashton a raison sur ce point : trouver 50 personnes aujourd’hui de haute compétence n’est pas simple. Mais, spontanément, Me Ashton n’a pas pris la mesure de la dimension « sécurité et défense commune ». Elle insiste beaucoup sur la diplomatie préventive, la médiation…, moins sur les capacités de sécurité et de défense de l’UE. On l’a bien vu sur la Libye ; la planification n’a pas été vraiment engagée. Me Ashton nous a dit : les États membres n’étaient pas tous volontaires. Au Parlement européen, nous lui répondons : « Il ne faut pas prendre prétexte des hésitations des États membres pour ne pas faire ou faire a minima ; il ne faut pas sur-anticiper les réticences des États membres ».

 

• Il y a eu des évolutions entre les Conseils de juillet et de décembre ?

 

La petite « explication de texte » avec les Britanniques en juillet n’a pas été inutile. C’est ce qui a permis de déboucher, en décembre. A minima, sans doute, mais on a débouché. A Paris, il y avait certains doutes sur le fait de ne pas avoir le Royaume-Uni à bord, deux ans après Lisbonne. Mais une des bonnes surprises de la discussion a été de la voir se terminer à 26 (même si existaient des réticences parmi les États membres).

 

• Que retenez-vous de cette discussion ?

 

Il ne faut pas avoir peur de poser des questions de vérité à un moment du processus, on peut rechercher le compromis minimal à 27. Mais il y a un jour où il faut poser ses responsabilités. Si, demain, il y a une crise majeure, on risque de retrouver dans la même situation qu’en Yougoslavie, il y a 20 ans. On n’est vraiment pas passé loin dans le cas de la Libye. On ne peut pas faire comme si tout était réglable à 27. Il faut que chacun prendre ses responsabilités.

 

• L’Europe de la Défense – comme l’Europe économique – semble fonctionner davantage à plusieurs vitesses, n’est-ce pas dangereux ?

 

L’Europe à plusieurs vitesses existe depuis le début. Il existe plusieurs vitesses en matière migratoire, en matière de défense (avec l’opt-out du Danemark), en matière agricole — rééquilibrage —, régionale…). En matière de sécurité et de défense, on est à plusieurs vitesses, de façon objective. Ce n’est pas un argument pour empêcher ceux qui veulent avancer d’avancer. Ceux qui vont de l’avant vont permettre d’imprimer le tempo.

 

• Et le Royaume-Uni ?

 

Le Royaume-Uni est pragmatique. S’il y a des opérations qui marchent, si c’est pertinent, bien conduit, les Britanniques en seront. Ils nous rejoindront. Je crois beaucoup à la vertu des opérations menées en commun. Les Britanniques ont sans doute mal mesuré la portée du discours de Gates et du changement de cap américain – L’Europe n’est plus la préoccupation principale des Américains. Ce qui, combiné à la contrainte budgétaire, va peser énormément à l’avenir.

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 18:45
Des conclusions « défense » en forme de feuille de route. Au rapport !

5 décembre 2011 by Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2)

 

 

Les conclusions des conseils des ministres sur la défense européenne sont souvent assez rituelles rappelant ce qui a été fait dans l’année et annonçant des décisions prochaines assez courantes : prolongation ou annonces d’opérations, lancement de projets… Un texte souvent administratif et quelque peu ennuyeux (il faut l’avouer). Celles qui viennent d’être adoptées (*) doivent cependant être regardées à la loupe. Car sous ces dehors rituels, se cache autre chose. Un peu comme une reprise en main de la lente dérive qui avait marqué ces derniers mois, vers une baisse continuelle des ambitions que ce soit en termes d’opérations ou d’outils de gestion de crise.

 

Du pain sur la planche pour six mois

 

Il y a d’abord la planification de plusieurs nouvelles opérations situées en Afrique : le renforcement des capacités maritimes dans la Corne de l’Afrique, l’étude d’éventuelles missions au Sahel ou en Libye, la prolongation de l’opération Atalanta, ainsi que le lancement de 11 projets capacitaires par l’Agence européenne de Défense. En reliant, tous les paragraphes, les uns aux autres, elles forment une véritable feuille de route que les Etats membres ont voulu tracer, donnant à la Haute représentante le mandat pour développer et renforcer l’Europe de la défense. Comme l’a expliqué cet après-midi, devant le Parlement européen, l’ambassadeure polonaise au COPS,  Beata Peksa-Krawiec, c’est une « politique de petits pas. Et nous avons du pain sur la planche pour six mois ».

 

Des rapports à la pelle jusqu’à une possible strategic review

 

Plusieurs rapports d’étape ou dates butoirs pour aboutir à des accords ont, en effet, été fixés : sur les nouvelles missions, les battlegroups, la refonte des procédures de gestion de crises, le mécanisme Athena, l’activation de l’Ops-center, les procédures de génération de force, le renforcement des capacités militaires …

 

De façon générale, les 27 ont surtout demandé à la Haute représentante de leur faire un « rapport de progrès » sur tous les aspects de la PSDC en général dans les six mois, « d’ici juin 2012 ». Une opportunité que pourrait saisir la Haute représentante pour faire un état des lieux ambitieux en traçant des perspectives, et des lignes de force, tel un « Livre blanc ». Même si le terme n’est pas prononcé, il n’est pas interdit. Et dans la version anglaise « reviewing progress made » on n’est pas loin de la « Strategic review » engagée par les Britanniques pour leurs propres forces.

 

Une demande croissante d’action européenne

 

Le contexte est parlant. Il y a une demande croissante pour que l’Union européenne devienne un « acteur stratégique mondial, plus capable et plus cohérent », précisent les conclusions. Les 27 soulignent l’importance de la PSDC « comme un élément essentiel de cette approche globale » et insistent sur les « nécessaires progrès » à accomplir. Ils réitèrent ainsi « le plein engagement pour maintenir les engagements actuels sur les missions en cours de la PSDC » alors qu’ils « envisagent de nouvelles actions de la PSDC ». Il faut utiliser « de manière efficace et activement toute la palette des instruments à disposition dans la prévention des conflits et la gestion de crises ».

 

Evaluation et valeur ajoutée nécessaires pour les missions de la PSDC

 

Les 27 endossent la nécessité d’améliorer la performance de la PSDC, notamment à travers l’évaluation des résultats, le ‘benchmarking’, l’étude d’impact, l’identification et l’application des retours d’expérience (lessons learned) tout comme le développement des meilleures pratiques. Ils fixent aussi ce qu’on peut retenir comme cinq critères à l’utilisation des missions de la PSDC : 1) la valeur ajoutée, 2) sur la base de besoins identifiés, 3) avec des objectifs clairs, 4) des stratégies de sorties, 5) pour aboutir à des résultats durables.

 

Nouvelles missions : décisions à prendre d’ici la fin de l’année ou début 2012

 

Les 27 ont demandé à la Haute représentante d’accélérer le travail préparatoire sur l’opération PSDC au Sahel dans l’objectif d’un nouveau rendez-vous fixé « d‘ici la fin de l’année (2011) » pour examiner les suites à donner.  Ils ont réaffirmé la disponibilité de l’UE à prêter assistance à la Libye, sur un nombre variable de secteurs, notamment la réforme du secteur de sécurité et la gestion des frontières. Des « options pour une possible action de la PSDC » devraient être élaborées début 2012 selon les deux conditions fixées par le SEAE : le principe de l’appropriation par les Libyens et la coopération avec l’ONU. Quant à l’opération anti-piraterie Eunavfor Atalatanta, n’ayant pu pour des raisons de procédure la prolonger jusqu’à 2014, ils ont convenu de revenir sur la question début 2012 en vue d’une décision. Quant à la mission de sécurité sur l’aéroport au Sud-Soudan, ils ont pris note du travail en cours.

 

Capacités civiles : un cadre réglementaire de génération de force

 

Faute d’avoir atteint les objectifs fixés dans les « Headline Goals 2010″, les 27 avaient l’année dernière, tout bonnement, décidé d’en repousser l’application. Ils rappellent aujourd’hui combien la « recherche de synergies entre le développement de capacités civiles et militaires » est nécessaire, pour la gestion de crises à l’Européenne, et répondre à la fois aux lacunes existant et à la demande grandissante dans ce domaine.

 

Ils fixent un délai : au 1er semestre 2012 à la Haute représentante et à la Commission pour ensemble réexaminer les moyens d’améliorer la génération de force « dans un cadre réglementaire solide ». Ils demandent aussi aux Etats membres d’avoir des stratégies plus efficaces permettant l’utilisation de personnels civils, en provenance de différents ministères (Affaires étrangères, Intérieur, Justice, Finances…). Cela passe aussi par « davantage de formations, des incitatifs de carrière… » pour permettre de disposer de personnels motivés et qualifiés pour les missions de la PSDC.

 

Les contours d’une politique industrielle de défense

 

La crise frappant, les 27 ont voulu intégrer ces nouvelles contraintes dans le travail capacitaire. Il ne s’agit plus seulement – comme auparavant – de résoudre les lacunes constatées mais de « développer la coopération en matière de capacités militaires sur des bases plus systématiques et à long terme ». Les Etats membres doivent indiquer sur quels projets ils prennent le « lead ». La situation sera examinée en avril 2012. Et les 27 rappellent l’engagement pris par les chefs de défense de l’UE d’établir ou d’élargir des projets de coopération d’ici la mi-2012.

Ils veulent ainsi examiner en détail « l’impact de la réduction des dépenses de défense sur les capacités, notamment l’impact possible sur les capacités technologiques et industriels à maintenir et développer en Europe ». L’agence européenne de défense (EDA) sera chargée de ce travail. Et demandent à la Commission comme à l’EDA d’accélérer la recherche de « synergies », notamment en intégrant ces préoccupations dans le futur programme cadre de recherche et technologies à l’horizon 2020.

 

Amélioration de la réaction de crise : au rapport.

 

Les 27 ont endossé la création d’un entrepôt permanent pour les équipements civils en 2012 et la rédéfinition des procédures. Mais ils aussi demandé à la Haute représentante de plancher sur différents sujets pour améliorer la réaction de crises. Il en sera ainsi sur les battlegroups et leur interaction avec des éléments civils (voir article séparé), rapport attendu au 1er semestre 2012.

 

Les procédures de gestion de crise, procédures qui datent un peu puisqu’elles remontent à 2003, doivent aussi être revues, estiment les 27 qui demandent à la Haute représentante de faire des propositions, en suivant quelques principes. Il faut avoir des « mandats clairs » et des « capacités renforcées » pour les structures de gestion de crises, notamment entre le CMPD et l’Etat-Major de l’UE (la CPCC n’est pas citée en tant que tel, mais on pense), pour « permettre une planification anticipée, et plus efficace, permettant une prise de décision plus rapide au niveau politique, l’amélioration des échanges d’informations, l’identification de synergies civilo-militaires et une étroite coopération avec les organisations internationales ». On peut préciser que ce travail a déjà été entamé au sein du SEAE. Le général de Kermabon étant spécialement chargé de faire une mission d’étude et de proposition.

 

Rapport sur la coopération avec l’ONU

 

La coopération internationale notamment avec les structures onusiennes de gestion de crises a aussi été examinée, les 27 demandant – là encore – à la Haute représentante de faire des propositions pour des actions concrètes qui devront être prises à la première moitié de 2012. Dans le même sens, ils l’encouragent à continuer ses efforts pour faciliter la coopération entre l’UE et l’OTAN, notamment sur les théâtres d’opérations, où les deux organisations travaillent côte à côté (Afghanistan, Kosovo…). Ils valident ainsi le processus de contacts, notamment entre les différents niveaux des deux administrations.

 

(*) Texte qui n’est disponible qu’en anglais, pour l’instant. Traduction personnelle.

 

Lire aussi :

 

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 17:30
Accord sur le centre de commandement de l’UE (maj)

 

1 décembre 2011 by Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2)

 

Victoire. C’est un peu le message d’Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères à sa sortie du Conseil des ministres des Affaires étrangères. Avant tout sujet il a tenu à  dire aux quelques journalistes (dont B2) qui l’attendait là qu’il y avait un accord sur la PSDC (la politique de sécurité et de défense commune). « Un bon accord. On va lancer de nouvelles opérations (NB : pour le renforcement des capacités maritimes dans la Corne de l’Afrique, et pour soutenir la coopération régionale anti-terroriste au Sahel). Nous avons décidé d’activer le centre de commandement (OpsCenter) d’ici janvier pour nos opérations dans la Corne de l’Afrique. Et nous avons convenu de continuer à travailler à la planification d’une capacité permanente de conduite des opérations. La PSDC est relancée » a-t-il conclu.

 

L’OpsCenter activé dès janvier

 

Concrètement, le point crucial de l’accord est le centre de commandement (OpsCenter). Celui-ci devrait être activé d’ici janvier pour l’opération de formation des soldats somaliens (EUTM Somalia) qui est en cours en Ouganda mais aussi éventuellement pour l’opération RMCB. Une activation symbolique pour un centre qui n’avait jamais été activé depuis sa mise en place, en 2004. Pour EUTM Somalia, cela ne signifie pas un transfert de quartier général ni d’effectif supplémentaire. Cette mission n’avait pour l’instant pas de quartier-général d’opération (OHQ). Le principe avait en effet été décidé à l’époque de ne pas avoir d’OHQ mais un simple commandement sur zone (FHQ) basé à Kampala, la capitale ougandaise, tandis que le centre de formation se situe à Bihanga (plus à l’ouest du pays). Pour la mission RMCB, c’est un peu plus problématique, car c’est une opération civile. La conduite des opérations civiles relève normalement de la CPCC, la structure de gestion des opérations civiles du service diplomatique européen.

 

Le texte des conclusions

 

Le texte des conclusions atteste de façon plus diplomatique cet accord mais en entérine les principaux points. « Le Conseil appelle à une utilisation optimale des structures existantes. Dans ce contexte, quand la nature de l’opération ne requiert pas un quartier-général national, le Conseil est prêt à activer sur une base ad hoc le centre d’opérations (NB : Ops Center) en accord avec ses termes de référence, pour une opération spécifique de la PSDC. Sur cette base, le Conseil est d’accord pour accélérer la planification de l’activation du centre d’opérations pour les opérations dans la Corne de l’Afrique, au plus tard au prochain Conseil des Affaires étrangères. » est-il précisé au point 32, selon la dernière version (en anglais) que B2 a pu obtenir. « Le Conseil est d’accord pour continuer à examiner l’efficacité de la performance de l’Union européenne dans la planification et la conduite des opérations civiles et militaires de la PSDC. Rappelant les principes d’unanimité et d’inclusivité sous-tendant la PSDC, le Conseil décidera sur les améliorations possibles sur ces bases, sans préjudice des Traités et à la lumière du rapport de la Haute représentante sur la PSDC de juillet 2011. » est-il précisé au point 33. 

 

Cela signifie notamment que l’idée un tant évoquée par les Weimar d’une Coopération structurée permanente sur le sujet est abandonné. Une idée évoquée en fait surtout comme moyen de pression comme nous l’ont confirmé plusieurs diplomates de différentes origines. Cela signifie aussi que les 2 options mises sur la table par Catherine Ashton – QG permanent ou amélioration du système existant – restent sur la table. 

 

Feu vert à l’opération RMCB

 

L’opération de renforcement des capacités maritimes (RMCB) est déjà sur les rails. Un concept de gestion de crises (CMC) est prêt. Mais pour des raisons pratiques, il ne pouvait pas être adopté à ce Conseil. Ce qui a suscité un petit quiproquo entre les diplomates et les juristes. Ceux-ci arguant qu’on ne pouvait dans les conclusions indiquer qu’il était adopté s’il ne l’était pas. Il le sera très prochainement, soit en procédure écrite, soit en point A d’un prochain conseil.

 

Lire également :

Relance de la mission de soutien anti-terroriste au Sahel

 

Quant à l’opération de soutien régional au Sahel, contre le terrorisme d’Al Qaïda, elle est bien moins avancée. L’option d’une mission PeSDC un temps envisagée a été ensuite légèrement enterrée. Elle ressurgit aujourd’hui à la faveur d’une poussée de plusieurs Etats membres (et aussi il faut bien le reconnaître de la pression sur le terrain). Et c’est une bonne chose, selon moi. Certes, pour l’instant rien n’est prêt coté européen. Mais un rendez-vous est déjà pris, au 8 décembre prochain. Une première rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de la région (les 4 initiateurs de cette coopération – Algérie, Mali, Niger, Mauritanie – + le Burkina-Faso, le Tchad, le Nigeria) et leurs homologues de l’Union européenne a lieu à Nouakchott.

 

Lire également : La mission PSDC pour le Sahel attendra encore bien un peu…

Commentaire : Une avancée non négligeable et nécessaire

 

Les « Weimar » ont donc obtenu des Britanniques qui s’opposaient à toute activation de cet OpsCenter une avancée. Avancée qui peut paraître bien petite au regard des enjeux mais qui constitue sur un dossier bloqué depuis des années un réel exploit. S’ils n’ont pas réussi à obtenir la mise en place du quartier général permanent (OHQ), ils ont aussi réussi à ne pas enterrer le projet, puisque le mandat a été donné à la Haute représentante de continuer le travail. Ils ont aussi réussi à dégager la voie à la mission de soutien aux capacités maritimes régionales (RMCB) qui était dans les cartons depuis plus de deux ans et à ressortir la mission Sahel de l’ornière où elle était tombée. Cela redonne ainsi un brin d’espoir par rapport à la tonalité, plutôt pessimiste des derniers mois.

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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 06:50
Présidence polonaise de l’Union européenne : vers une relance de l’Europe de la défense ?

 

lundi 4 juillet 2011, par Institut Thomas More - Comité belgique

 

 

Par Antonin TISSERON, chercheur associé à l’Institut Thomas More. Alors que les récentes opérations ont rappelé les limites des outils militaires des États européens, la Pologne prend la présidence tournante de l’Union européenne le 1er juillet. Or étant donné les ambitions polonaises dans le domaine de la défense, les mois qui vont suivre peuvent constituer une opportunité pour donner une nouvelle impulsion à la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Encore faut-il cependant que les projets polonais soient correctement décryptés.

 

Le 1er juillet 2011, la Pologne prend la présidence tournante de l’Union européenne. Après une présidence hongroise peu marquante, une présidence belge qui a sombré avec la crise institutionnelle touchant le royaume, et une présidence espagnole emportée par la crise économique et financière, la présidence polonaise donne l’espoir de voir une nouvelle impulsion à Bruxelles dans le domaine de la défense.

 

Varsovie s’est en effet affirmée ces dernières années comme un pilier diplomatique et militaire, désireux de s’engager dans le renforcement de la sécurité du continent européen. Derrière les initiatives et les prises de position du gouvernement polonais, ce dynamisme doit cependant être replacé dans une géopolitique plus large de l’Est de l’Europe et des relations avec les États-Unis et la Russie.

 

Les ministres des Affaires étrangères et de la défense des trois pays du triangle de Weimar (Allemagne, France et Pologne) adressaient une lettre à la Haute représentante Catherine Ashton dans laquelle ils plaidaient pour une nouvelle impulsion de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC). « Dans un contexte de fortes contraintes financières, nous devons être prêts à prendre des décisions audacieuses », écrivaient-ils, avant de demander une « PSDC plus performante et plus efficiente ».

 

Bien que signée des trois pays du triangle de Weimar, cette lettre est le fruit d’un activisme diplomatique polonais initié en 2009 et destiné à faire avancer la PSDC, considérée alors comme l’une des cinq priorités de la Pologne pour sa présidence européenne (1). Le 19 juillet 2009, le ministre des Affaires étrangères polonais, Radoslaw Sikorski transmettait en effet un document officiel, dit « non paper », au ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner. Ce texte polonais, surnommé « initiative de Chobielin » du nom du manoir du nord-ouest de la Pologne dans lequel se rencontraient les deux ministres, avançait plusieurs propositions pour faire de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD, devenue depuis la PSDC) « un outil dynamique de prévention et de résolution des conflits » : création d'un adjoint au haut représentant pour la politique étrangère de l'UE, responsable de la PESD ; mise en place d'un état-major européen intégré, civil et militaire ; création de « forces de stabilisation » (armée, police, gardes-frontières) ; échanges temporaires d'unités dans le cadre d'opérations sous l'égide de l'UE ; multiplication des exercices communs ; projets industriels européens. Diversement appréciée par la diplomatie française, qui jugeait notamment les propositions trop institutionnelles et pas assez capacitaires, l’initiative de Chobielin a cependant donné suite à plusieurs échanges diplomatiques avec la France et l’Allemagne dont la lettre de décembre 2010 est un aboutissement.  

 

Le maître mot de la future présidence est depuis devenu « l’intégration européenne » avec trois grandes priorités : la croissance, l’ouverture et la sûreté. Dans cette nouvelle segmentation, l’Europe de la défense est reléguée au rang de contribution à une « Europe plus sûre », aux côtés de la gouvernance économique, de la politique agricole commune et de la sécurité énergétique. Si cette discrétion contraste avec les précédentes annonces et initiatives, elle doit cependant être remise en perspective. Il y a, pour la Pologne et les Européens, des sujets plus importants à court terme. D’autre part, l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne enlève à la présidence tournante tout poids sur la politique étrangère et de défense (2). Toutefois, les ambitions de Varsovie demeurent, comme en témoigne le lancement avec la France et l’Allemagne de séminaires thématiques sur les capacités de commandement (en Allemagne), les groupements tactiques et leur utilisation (en Pologne) et les capacités de défense (en France) (3).

 

Un pays à la recherche de sécurité

 

Les préoccupations de la Pologne pour la sécurité reposent sur la conscience de menaces extérieures. Le sentiment selon lequel les Polonais ne sont pas à l’abri d’une agression d’ampleur sur leur sol est en effet répandu dans l’opinion et au sein de la classe politique.  

 

Cette vision géopolitique est avant tout le fruit de l’histoire d’un pays « balloté, jusqu’à récemment encore, entre indépendance plus ou moins contrôlée et disparition pure et simple » (entre 1795 et 1918) (4). Alors que les Carpates limitent les déplacements selon un axe Nord-Sud, la grande plaine polonaise facilite les intrusions venant de l’Est et de l’Ouest. Après la reconnaissance par l’Allemagne de la ligne « Oder-Neisse » en 1990, Berlin n’est plus considéré comme une menace. Le souvenir de la campagne éclair de septembre 1939 reste vif et le passé revient régulièrement dans les débats et discussions entre les deux pays (5), mais plus que l’Allemagne, le facteur d’incertitude et d’instabilité pour Varsovie se trouve aujourd’hui à l’Est. Sur fond de résurgence de traditions autoritaires depuis l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine (6), la politique étrangère de Moscou a rappelé les ambitions russes de mener une politique de puissance et d’influence dans son environnement proche. L’arme énergétique a ainsi été utilisée contre les voisins d’Europe de l’Est, tandis que l’Otan était désignée comme une « menace » dans la doctrine de défense.  

 

L’offensive russe en Géorgie durant le mois d’août 2008 a considérablement renforcé cette vision d’une Russie menaçante. Pour Varsovie, l’intervention de Moscou a rappelé que la Russie n’hésitait pas à employer la force armée contre un voisin, voire à fomenter des troubles pour intervenir. Pour le chef d’état-major polonais, l’éclatement du conflit était ainsi dû à une manipulation du Président géorgien Saakashvili par les services secrets russes. Dans ce contexte, le refus d’intervenir militairement des États-Unis – tout comme le refus français – a marqué les Polonais, d’autant que l’administration américaine évoquait avant la guerre une éventuelle intégration de la Géorgie dans l’Otan et prévoyait d’y implanter deux bases. Signe des tensions à l’intérieur de l’Alliance atlantique à cette période, le ministre des Affaires étrangères polonais se serait plaint aux Américains, quelques mois après le conflit, que l’Otan soit devenue un « club politique sans dents », et affirmant également que son pays n’accepterait pas un « scénario identique en Ukraine » (7). Quant à l’accident le 10 avril 2010 de l’avion transportant le président polonais et 95 autres personnes (dont les plus hautes autorités militaires du pays), il a vite donné lieu à des accusations selon lesquelles la Russie aurait été responsable.

 

L’importance accordée à l’Europe de la défense par la Pologne se replace en cela dans la recherche de sécurité pour un pays dont l’histoire aiguise le sentiment de fragilité face à ses puissants voisins. Certes, pour la Pologne, développer de bonnes relations avec Moscou est une priorité afin de garantir l’indépendance et la sécurité polonaise. Mais face à la Russie, le dialogue et la coopération ne sauraient suffire. La Pologne doit pouvoir se défendre, et être défendue, que cela soit d’ailleurs par les autres pays européens ou les États-Unis. Et, dans le domaine de la sécurité, plusieurs jeux d’alliances et de relations s’entrecroisent.  

 

Une approche pro-européenne dans un cadre pro-atlantiste  

 

Malgré la position américaine lors de la guerre russo-géorgienne et la manière dont a été annoncée, le 17 septembre 2009, la décision américaine de réorganiser le bouclier antimissile en Europe, en renonçant au projet initial d’installer des missiles intercepteurs en Pologne et un radar en République tchèque pour déployer les systèmes plutôt dans le Sud de l’Europe (en Roumanie ou en Bulgarie) (8), les États-Unis demeurent un pilier de la sécurité polonaise. C’est d’ailleurs en revendiquant la position de « meilleur allié » que la Pologne s’est engagée en Irak et en Afghanistan (environ 2 500 hommes dans chaque opération sur un effectif de 100 000 hommes, tous professionnels) et les deux pays ont signé en août 2008 une déclaration de coopération technique (9).  

 

Plus récemment, en juin 2010, le gouvernement polonais a également obtenu l’établissement de 32 missiles Patriot dans son pays et, suite au voyage de Barack Obama en Pologne en mai 2011, la Pologne devrait recevoir prochainement des avions américains F-16 et C-130 pour des vols d’entraînement conjoints, ainsi qu’une antenne permanente de l’U.S. Air Force. Le président américain a également annoncé lors de son séjour que Varsovie ferait partie intégrante du nouveau bouclier antimissile. En fait, comme l’affirmait en octobre 2010 le ministre polonais de la défense, « nous sommes vivement intéressés par une présence supplémentaire des soldats américains en Pologne ainsi que des soldats d’autres pays alliés ». (10). Il faut dire qu’il s’agit de la meilleure garantie d’une intervention de ces alliés en cas d’agression à l’encontre du territoire polonais, et d’un vecteur de renforcement des relations bilatérales.  

 

Dans cette perspective, la défense du territoire polonais repose avant tout sur l’article 5 du Traité atlantique (11), aspect fondamental d’une alliance dont la finalité première est la défense des États-membres. À ce titre, la Pologne, tout comme les autres pays d’Europe centrale, souhaite renforcer les relations entre l’Otan et l’Union européenne et, en cela, il convient de ne pas opposer l’Alliance à l’Europe de la défense, mais bien au contraire de les associer de manière « harmonieuse et complémentaire ». (12).

 

Le renforcement de la PSDC s’inscrit dans ce double cadre. D’une part, même si l’investissement de la diplomatie polonaise dans l’Europe est parfois considéré comme le fruit d’une prise de distance avec les États-Unis – dont les annonces faites par Barack Obama en mai dernier montrent les limites –, il est davantage question d’équilibrage que de bascule. D’autre part, la Pologne reste un pays profondément pro-atlantique et envisage l’Europe de la défense comme complémentaire des dispositifs existants. Certes, le déplacement des intérêts américains du continent européen au continent asiatique (et à l’échelle du contient européenne de l’Ouest vers l’Est) interroge les autorités polonaises sur les garanties américaines en termes de sécurité. Les États-Unis demeurent toutefois encore aujourd’hui un contrepoids fondamental face à la Russie, et l’Europe de la défense relève d’un investissement aux retombées hypothétiques.  

 

Une opportunité pour les Européens  

 

Alors que les opérations armées récentes ont montré les limites des outils militaires des Européens, l’engagement du triangle de Weimar constitue un cadre possible pour impulser un nouveau souffle à la coopération dans le domaine de la défense. L’intervention en Libye a en effet mis à jour les carences capacitaires européennes, dans les domaines de la suppression des défenses antiaériennes et de la guerre électronique par exemple, et les limites de programmes amenant à des productions trop faibles pour produire un effet militaire et politique. Ainsi, en quelques jours, l’armée de l’Air et la Marine américaine ont tiré autant de missiles de croisière que l’ensemble du programme français. En Afghanistan, la situation n’est pas meilleure. Les États européens engagés dépendent des États-Unis pour le transport (hélicoptères lourds notamment) et le renseignement, et peinent à produire avec des contingents limités un effet significatif sur le terrain (13).  

 

Si les initiatives polonaises s’ajoutent au rapprochement franco-britannique en institutionnalisant une coopération entre les trois pays du triangle de Weimar, plusieurs tendances peuvent en fragiliser les avancées. Les agendas et les visions géopolitiques des trois pays diffèrent en effet comme l’a rappelé l’intervention en Libye. Alors que Paris regarde du côté de Londres et de la Méditerranée, Berlin et Varsovie sont davantage préoccupés par la défense mutuelle dans le cadre de l’article 5. Ensuite, les politiques russes de Paris et Berlin risquent de peser sur les avancées dans le domaine de la défense européenne, les intérêts nationaux prenant le pas sur l’intérêt commun.  

 

L’engagement annoncé par la Pologne en faveur de l’Europe de la défense doit en cela être apprécié à l’aune de la politique étrangère polonaise, de ses attentes et de ses objectifs, ainsi que du primat de l’Otan. Certes, il constitue une opportunité pour l’Europe de la défense, mais il rappelle également que la PSDC ne doit pas être pensée comme l’indispensable dimension militaire d’un ensemble fédéralisé, mais comme un outil permettant aux États européens de rationaliser leurs efforts militaires et d’agir de manière autonome s’ils le souhaitent sans prétendre supplanter l’Otan (14). De même, dans une Europe aux regroupements à géométrie variable, les initiatives polonaises ne doivent pas être perçues comme concurrentes de la logique communautaire ou des logiques bilatérales, mais complémentaires. Les choix faits par la Pologne témoignent d’ailleurs de ce pragmatisme. À l’investissement dans le cadre du triangle de Weimar avec les Français et Allemands, qui promeut notamment l’idée d’un état-major autonome pour les opérations européennes de maintien de la paix, s’ajoute la signature avec les Belges et Hongrois, d’un « non paper » sur la coopération structurée permanente et les avancées du traité de Lisbonne.  

 

En donnant corps aux ambitions annoncées, la Pologne offrira en tout cas l’occasion de porter dans l’espace public les questions de défense et de sécurité et d’y associer étroitement l’Allemagne. Mais dans ce débat, l’avenir des capacités des Européens sera crucial, étant donné les carences constatées sur les théâtres d’opérations récents et les menaces d’érosion des capacités militaires des États-membres. Sans capacités, avoir des états-majors reste de peu d’utilité et les États-Unis n’attendent pas des Européens qu’ils se reposent sur eux pour leur défense.  

 

Notes

 

(1) Exposé du ministre des Affaires étrangères polonais Radoslaw Sikorski à la Diète, 8 avril 2010Les quatre autres priorités sont la sécurité énergétique de l’Union européenne, les négociations au sujet du cadre financier pluriannuel, la relance économique sur le marché intérieur et les relations avec les pays de l’Europe orientale.

 

(2) Nicolas Gros-Verheyde, « La défense, priorité très discrète de la présidence polonaise », blog Bruxelles2, 3 juin 2011. http://www.bruxelles2.eu/defense-ue/defense-ue-droit-doctrine-politique/la-defense-priorite-tres-discrete-de-la-presidence-polonaise.html.  

 

(3) Ce séminaire est prévu pour le 13 juillet à Paris, sous l’intitulé « Mutualisation, partage et coopération : un défi sans alternative ». Il s’agit du séminaire de clôture de la série.

 

(4) Roland Delawarde, « "Qui veut être mon ami ?" : la politique de défense de la Pologne à travers ses alliances », Revue Défense Nationale, n°738, Mars 2011, pp. 62-69, p. 64.

 

(5) Sur les usages du passé dans les relations germano-polonaises, consulter Dorota Dakowska, « Les relations germano-polonaises. Les relectures du passé dans le contexte de l’adhésion à l’UE », Pouvoirs, n°118, septembre 2006, pp. 125-136. Se référer de manière plus générale à Valérie-Barbara Rosoux, Les usages de la mémoire dans les relations internationales. Le recours au passé dans la politique étrangère de la France à l’égard de l’Allemagne et de l’Algérie, de 1962 à nos jours, Bruxelles, Éditions Émile Bruylant, 2001.

 

(6) François Bafoil (dir.), La Pologne, Paris, Fayard-CERI, 2007, p. 470.

 

(7) Propos du ministre des Affaires étrangères polonais Radoslaw Sikorski, extrait d’un télégramme diplomatique de l’ambassade américaine de Pologne daté du 12 décembre 2008.

 

(8) Le lieu de déploiement du système antimissile en Roumanie doit être la base de Deveselu, dans le sud du pays. Sous contrôle roumain, elle devrait accueillir entre 200 et 500 militaires américains et, dès 2015, 24 missiles SM-3 de nouvelle génération y seront déployés. Afin de faciliter le transit des troupes américaines de retour l’Afghanistan et d’Irak, Bucarest a également mis à la disposition des Etats-Unis le port de Constanta et l’aéroport de Kogalniceanu.

 

(9) Cette déclaration institutionnalise la collaboration politico-militaire par la mise en place d’un groupe consultatif.

 

(10) Bogdan Klich, cité par Stanislaw Parzymies, « Entre atlantisme et européisme : l’approche stratégique polonaise », Revue Défense Nationale, n°737, février 2011, pp. 65-78, p. 71.

 

(11) Tomasz Orlowski, ambassadeur de Pologne à Paris, « Le point de vue polonais sur les perspectives de la défense européenne », Défense, n°143, janvier-février 2010, p. 58.  

 

(12) Stanislaw Parzymies, art. cit., p. 68.  

 

(13) Intervention d’Étienne de Durand (IFRI), colloque organisé par la FRS le 11 mai 2011.  

 

(14) Sur ce thème, consulter notamment Jean-Sylvestre Mongrenier, « De l’Alliance à l’Europe : une géopolitique de l’ensemble euro-atlantique », note de l’Institut Thomas More, 16 novembre 2010. http://www.institut-thomas-more.org/upload/media/artjsmongrenier-nov2010-fr.pdf.

 

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 20:30

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par Nicolas Gros-Verheyde BRUXELLES2

 

Le rapport qu’a adopté le Parlement européen mercredi dernier (11 mai) prône une nouvelle dynamique en matière de politique européenne de défense. C’est atypique dans le moment et cela mérite un détour approfondi, d’autant que (une fois n’est pas coutume), ce rapport recèle nombre de propositions concrètes.

 

Rédigé par l’Italien Roberto Gualtieri (S&D), et amendé de façon assez consensuelle par les principaux groupes (sauf le groupe de la Gauche unie démocratique – GUE), le rapport dresse, en effet, un constat sans concession de la politique européenne de sécurité et de défense commune (PSDC). Ces propositions (que nous avons rassemblées en dix points) sont plutôt réalistes mais, en même temps, elles peuvent sembler audacieuses, vu l’atonie du moment. Le Parlement s’affirme ainsi comme un gardien du temple, une des seules institutions européennes à revendiquer, haut et fort, une politique de défense européenne — alors que les autres acteurs du jeu institutionnel (Commission, Haut représentant, Conseil) semblent plutôt en retrait, voire absents — et à demander l’application de tout le Traité de Lisbonne, l’esprit et la lettre…

 

Un constat sans concession

 

Loin des rapports qui se gargarisent des bons résultats, le Parlement européen met le doigt où cela fait mal. Il note ainsi :

  • Le « contraste marqué entre les 200 milliards d’euros consacrés chaque année par les États membres à la défense, le manque de moyens dont dispose l’UE et les conférences prolongées à grand-peine sur la constitution d’une force pour les opérations militaires de l’UE ».
  • « En plus de douze ans, la méthode de constitution d’une force n’a de fait produit aucune amélioration quantitative ou qualitative au niveau des capacités militaires disponibles pour les missions de la PSDC »
  • Les « mauvais résultats obtenus par l’objectif global civil pour 2010 sur le plan des capacités civiles ». Il y a un « contraste entre les unités de personnel mises à disposition sur le papier par les États membres et celles effectivement disponibles pour les missions, et les progrès limités sur le plan de la formation des ressources humaines ».
  • Coté industriel, la « redondance généralisée de programmes de défense dans l’Union ». Il existe « plus de vingt programmes axés sur les véhicules blindés, six programmes différents axés sur les sous-marins d’attaque, cinq programmes axés sur les missiles sol-air et trois programmes axés sur les avions de combat ». Ce qui a pour conséquence « l’absence de réalisation d’économies d’échelle, le gaspillage de ressources économiques limitées et les prix exagérément élevés du matériel de défense européen (…) entretient la fragmentation de la base industrielle et technologique de défense européenne, freine la compétitivité de tout le secteur industriel européen lié à la sécurité ».
  • Côté opérations, la mission EUTM Somalie a été « l’unique intervention nouvelle ces deux dernières années ».
  • Enfin, « plus d’un an après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, l’on n’observe encore aucun signe apparent d’une approche communautaire exhaustive post-Lisbonne dans le cadre de laquelle les obstacles procéduraux et institutionnels classiques seraient levés ».

Les idées fortes du Parlement

Le Parlement milite pour une PSDC forte qui ne soit pas seulement l’addition des coopérations des Etats. Il prône une autonomie stratégique pour l’UE et une ambition nouvelle pour la PSDC. Et il demande au Haut représentant d’avoir une démarche « proactive ». Ces idées transcendent le rapport, faut-il préciser et se retrouvent exprimées à diverses reprises, parfois de façon différente.

 

L’Europe de la défense n’est pas la coalition des politiques de défense

 

« Une coalition de volontés ne peut remplacer la PSDC, cela aboutit à une renationalisation des politiques » a expliqué Roberto Gualtieri l’auteur du rapport. « Les coalitions de volontaires ou la coopération bilatérale ne sont pas des solutions viables pour remplacer la PSDC. Aucun État européen n’a les moyens de jouer un rôle significatif en matière de sécurité et de défense dans le monde du XXIe siècle ».

 

Une ambition stratégique

 

« L’Union européenne est appelée à améliorer son autonomie stratégique afin de maintenir ses valeurs, de défendre ses intérêts et de protéger ses citoyens ». « Des capacités militaires crédibles, fiables et disponibles sont une condition indispensable à une PSDC autonome ».

 

Le Parlement souhaite que le Conseil européen adopte une « stratégie de politique étrangère européenne adaptée aux évolutions du système international ». Une réponse commune aux événements en Libye est « indispensable » pour la crédibilité de la politique de voisinage au sud comme l’élaboration d’une stratégie pour la région du Sahel et la Corne de l’Afrique. Ce qui serait une occasion concrète pour l’UE de « prouver sa capacité d’action face aux défis tant en matière de sécurité que de développement ».

 

Un « nouvel élan aux missions »

 

C’est le terme même du rapport du Parlement. Les missions représentent le banc d’essai du mandat de la PSDC et un test important pour la crédibilité de l’Union en tant qu’acteur international. Le PE recommande notamment de préparer une « opération PSDC à moyen et long terme en Libye dans les domaines de la réforme du secteur de la sécurité, du renforcement institutionnel et de la gestion des frontières ».

 

Me la Haute représentante, agissez !

 

Sans mettre en cause directement la Haute représentante, le Parlement émet une critique structurée de son action (ou plutôt) de son inaction en matière de défense. Le rapport ne se fait pas faute de rappeler ainsi que : 1° « la VP/HR est soumise au vote d’approbation du Parlement européen et celui-ci adopte par codécision le budget de l’action extérieure de l’UE ». 2° Les pouvoirs et les responsabilités de la VP/HR « ne représentent pas seulement une « double casquette », mais constituent une fusion de fonctions et de sources de légitimation » qui la placent « au centre du processus de construction de la cohérence entre les divers instruments, acteurs et procédures de l’action extérieure de l’UE ». Et le Parlement d’inviter la HR à considérer sa fonction « de manière proactive ».

 

soldats finlandais en exercice dans le grand nord (crédit : ministère finlandais de la Défense)

Les dix propositions du rapport

Le Parlement ne se contente pas d’un rapport à charge ou à décharge, il met en avant son pouvoir de propositions, reprenant certaines revendications précédemment contenus dans des rapports (un Livre Blanc, un conseil des Ministres de la Défense…) et en avançant de nouvelles (le Conseil de gestion de crises, la tenue d’un Conseil européen…).

 

1. Appliquer le Traité de Lisbonne, la lettre et l’esprit…

 

Le Parlement revendique la tenue d’un Conseil européen extraordinaire sur la sécurité et la défense européennes.

Il souhaite voir aussi renforcer le rôle des ministres de la défense dans le cadre du format associé au Conseil « Affaires étrangères. Il réitère (sans trop de conviction) sa nécessité de rédiger un livre blanc de la sécurité et de la défense européennes.

 

Enfin, il voudrait voir les dispositions du Traité de Lisbonne entrer en vigueur. Il veut ainsi que soient élaborées des « lignes directrices politiques sur la clause d’assistance mutuelle » et que soit institué le fonds de lancement pour les activités préparatoires dans la conduite des opérations militaires.

 

2. Un QG permanent d’opérations

 

Il faut doter « l’UE d’une planification civile et militaire et d’une capacité de conduite permanente ou d’un poste de commandement opérationnel (PCO) ». C’est une vieille antienne des eurodéputés. Mais le rapport enfonce le clou, avec détermination et conviction. « Le Centre opérationnel actuel, même s’il représente un premier pas dans la bonne direction, est insuffisant et inadapté au degré d’ambition d’un PCO permanent et doit devenir un centre permanent et capable de gérer des missions plus importantes ». Le Parlement préconise ainsi le « regroupement du PCO militaire avec le poste de commandement civil afin de rendre possible la mise en œuvre l’ensemble des opérations militaires et civiles en profitant au maximum des synergies possibles tout en respectant les chaînes de commandement civiles et militaires spécifiques ».

 

3. Un Conseil de gestion des crises

 

Le PE souhaite qu’un « conseil de gestion des crises » se réunisse régulièrement. Ce conseil ne serait pas une nouvelle structure en soi. Il serait composé « de la CMPD, de la CCPC, de l’EMUE, du SITCEN, des unités de consolidation de la paix, de prévention des conflits, de médiation et de politique de sécurité, de la présidence de la PSC, des bureaux géographiques et des autres structures thématiques concernées (…) avec la participation des structures d’aide humanitaire, de protection civile et de sécurité intérieure de la Commission en fonction des circonstances ».

 

Ce conseil serait placé « sous l’autorité de la VP/HR et du secrétaire général exécutif » et les réunions seraient « coordonnées par le directeur général (de) la réponse aux crises ». Il aurait deux tâches principales : la « planification d’urgence unifiée à l’égard des scènes et des scénarios de crise potentiels », « gérer concrètement la réponse aux crises, à travers une plateforme de crise, en coordonnant, tant à Bruxelles que sur le terrain, l’emploi des divers instruments financiers et des capacités dont dispose l’Union ».

 

Cette structure devrait être dotée d’un « système efficace d’alerte et d’urgence », ainsi qu’une « grande salle opérationnelle unifiée ». Celle-ci serait située « au siège du SEAE, capable d’assurer une surveillance 24 heures sur 24, sept jours sur sept, évitant ainsi l’existence de chevauchements opérationnels, qui cadrent rarement avec la nécessité de disposer d’un système adapté de surveillance et de réaction rapide aux crises ». Une coordination devrait être assurée avec le centre européen pour l’intervention d’urgence.

 

4. Des missions mieux financées, mieux évaluées, plus intégrées…

 

Mieux financées. Le PE souhaite une révision du mécanisme Athena, afin de « rationaliser et d’augmenter la part de coûts communs (qui se situe actuellement à environ 10 %) en vue d’une répartition plus équitable des coûts des opérations militaires ».

 

Mieux évaluées. Le rapport souhaite des « mécanismes formels institutionnalisés plus solides, qui évaluent, à intervalles réguliers et en fonction de critères communs, le déroulement des missions sur le terrain ».

Plus intégrées. « Chaque mission (doit être) intégrée dans une stratégie politique bien définie (à moyen et à long terme). (…) Ces missions ne se substituent à une véritable politique ».

 

Mieux coordonnées. Le Parlement prône le « renforcement de la coordination sur le terrain entre les différents acteurs : différentes missions opérant sur une même scène, entre les missions PSDC et les autres acteurs et instruments de l’Union, entre les projets de coopération au développement et les missions PSDC, entre l’UE et les autres acteurs internationaux agissant dans le même domaine ».

 

5. Du personnel mieux formé

 

Le Parlement propose « un mécanisme communautaire pour renforcer les capacités civiles, surtout par la formation et l’augmentation du personnel civil du Collège européen de sécurité et de défense».

 

6. Revoir le concept des Battlegroups

 

Il faut « revoir sérieusement le concept et la structure de ces groupes (tactiques), qui n’ont jusqu’à présent pas été utilisés ». Le Parlement avance deux pistes : 1) la spécialisation de l’un des deux groupes tactiques dans des capacités de niche et/ou des capacités adaptées à des conflits de faible intensité qui exigent des missions hybrides (civiles/militaires) ; 2) imputer les coûts opérationnels y afférents au mécanisme Athena (dont la révision est prévue sous la présidence polonaise).

 

La spécialisation des battlegroups dans certaines fonctions pourrait être une solution pour le Parlement (Crédit : Ministère suédois de la défense, entraînement du Battlegroup suédois, mars 2011)

 

7. Un partenariat sur la recherche avec l’Agence de défense

 

Le Parlement milite sans ambages pour le renforcement de l’Agence européenne de défense, « la mieux à même, au niveau de l’Union, de relever et d’améliorer les capacités de défense dans le domaine de la gestion des crises et de promouvoir et de renforcer la coopération européenne dans le domaine de l’armement ».

 

Il souligne aussi la nécessité d’une « coopération étroite » entre l’Agence et la Commission européenne en vue de renforcer les capacités à double usage (civil et militaire) et souhaiterait notamment que les fonds communautaires de la recherche puissent « aller davantage en faveur de projets de sécurité et de défense ». Ainsi il souhaite la mise en place d’un partenariat solide entre tous les participants pour la préparation du 8e programme-cadre en vue « d’investir dans des domaines technologiques présentant un intérêt commun ».

 

8. Compléter l’organigramme du SEAE

 

Le Parlement préconise certains ajustements dans l’organigramme actuel du SEAE. Il regrette notamment que celui-ci « ne comprenne pas toutes les unités chargées de la planification et de la programmation des interventions en cas de crise, de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix dans les structures de la PSDC ». Et il édicte trois demandes.

 

1° « Renforcer l’unité de planification opérationnelle des missions civiles de la CPCC ».

 

2° « Intégrer dans les structures de gestion des crises et de consolidation de la paix du SEAE le service des instruments de politique étrangère chargé de la planification et de la programmation des mesures de réponse aux crises ». Les douze postes AD et cinq postes AST d’ex Relex/A2 ont été intégrés dans l’unité 2 des nouveaux instruments de politique étrangère. Le Parlement a posé une réserve budgétaire dans le budget de la Commission. Et celle-ci ne « sera supprimée que si cette condition est réalisée ».

 

3° « Créer un centre de services partagés pour la gestion des missions PSDC ». Ceux-ci sont en effet dispersés entre l’ unité 3 « Opérations PESC des instruments de politique étrangère » de la Commission (anciennement, Relex/A3) et l’unité de « soutien aux missions » de la CPCC. Le Parlement souhaite (logiquement) que ces unités soient réunies. Ce nouveau service, « en s’occupant des responsabilités en matière de personnel, de logistique, d’achats et de finances des missions civiles PSDC et en déchargeant les chefs de mission d’une partie de leurs tâches administratives, garantirait une plus grande efficacité, en mettant en commun les fonctions administratives, à partir du processus de sélection et de recrutement du personnel, et en centralisant l’acquisition et la gestion de l’équipement».

 

9. Développer les compétences du PE

 

Le Parlement veut aussi défendre, et étendre, ses compétences en matière de politique extérieure, estimant que l’exception contenue dans le Traité doit être interprété de façon restrictive, notamment en matière d’accords internationaux ou quand les intérêts de sécurités intérieure et extérieure sont mélangés. Il se veut également vigilant sur son rôle de contrôle budgétaire en matière de missions.

 

Accords internationaux. Le Parlement veut ainsi être tenu informé des accords internationaux négociés ou conclus dans l’intérêt de l’Union européenne. Le rapport cite un cas particulier : « les accords relatifs à l’échange d’informations confidentielles ». L’accord du Parlement est nécessaire — rappelle-t-il également — « pour conclure des accords internationaux, y compris ceux qui concernent essentiellement la PESC, à la seule exception de ceux qui la concernent exclusivement ». C’est une antienne régulière du Parlement et les Etats membres y sont réticents. On sait que la bataille ne cessera pas demain et se terminera, un jour, devant la Cour de Justice de l’UE.

 

Sécurité intérieure et extérieure. Le Parlement considère que divers secteurs comme le terrorisme, le crime organisé et la cyber-sécurité, ont des implications dans les deux dimensions de la sécurité, interne et externe. Dans ce cas, il estime que toutes les initiatives qui auraient un double impact ne pourraient « être lancées (que) dans le cadre de la compétence ordinaire intérieure communautaire », c’est-à-dire avec une base juridique « identifiée », la règle de la majorité qualifiée au Conseil, avec codécision au Parlement européen et contrôle judiciaire de la Cour de justice

 

Contrôle des missions. Le Parlement réitère enfin sa revendication « d’allouer une ligne budgétaire à chaque mission PSDC », afin de mieux contrôler les dépenses. Au passage, il s’inquiète des « coûts élevés des mesures axées sur la sécurité des missions dans EUJUST LEX Irak et EUPOL Afghanistan, confiées à des sociétés de sécurité privées ». La question devrait revenir lors du débat budgétaire.

 

10. Une présence de l’UE au Conseil de sécurité de l’ONU

 

Le Parlement souhaite que le Haut représentant assure la représentation de l’UE et de convaincre les Etats membres de « convenir d’un système de rotation qui garantira à l’Union un siège permanent au CSNU ».

 

Lire également :

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 06:00

http://www.europarl.europa.eu/eplive/expert/photo/20100921PHT83026/pict_20100921PHT83026.jpg

 

11 mai 2011 creusot-infos.com

 

Arnaud Danjean à Catherine Ashton: "la Politique de Sécurité et de Défense commune est une nécessité stratégique et vous devez être en première ligne pour prendre les initiatives qui s'imposent"

 

"La crise libyenne a de nouveau illustré les difficultés de l'Union Européenne à exister diplomatiquement et militairement, face à un enjeu de sécurité majeur aux portes immédiates de notre continent" a déclaré Arnaud Danjean, Président de la sous-commission Sécurité et défense, à l'occasion du débat consacré à la politique extérieure et de sécurité de l'Union européenne, en séance plénière du Parlement européen mercredi 11 mai.

 

S'adressant à la Haute Représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Catherine Ashton, Arnaud Danjean a déclaré: " Il serait injuste de vous attribuer exclusivement les insuffisances de volonté politique affichées par l'Union, même si nous sommes nombreux à penser que des initiatives plus énergiques auraient dû être prises. Il est vrai que les Etats-Membres portent aussi une très large responsabilité dans cette incapacité à construire une politique cohérente, efficace et visible sur ce dossier, alors même que nos amis américains s'en remettaient largement à l'Europe pour agir".

 

"On pourra toujours se consoler en constatant que ce sont bien quelques pays européens qui ont, diplomatiquement et militairement, pris les initiatives qui s'imposaient, et qui, d'ailleurs, suivaient en cela les recommandations diplomatiques, humanitaires et militaires contenues dans la résolution votée ici même, à une large majorité, le 10 mars dernier.

 

"Au-delà de cette crise libyenne, il faut bien être conscient des évolutions stratégiques majeures qui nous obligent à ne pas renoncer à l'ambition d'une politique de sécurité et de défense commune, inscrite dans le Traité de Lisbonne et dont vous devez être, madame la haute-représentante, l'inspiratrice, la garante et la porte-parole", a poursuivi Arnaud Danjean.

 

"La conjonction de contraintes budgétaires inédites sur les budgets de défense, de la multiplicité des crises internationales et du redéploiement stratégique américain sont des facteurs lourds qui ne nous laissent pas d'autres choix que de prendre notre destin en main.

 

Face à toutes ces crises et menaces, nous ne pouvons pas nous contenter de laisser les clefs à nos amis et alliés américains et à l'OTAN. Ce ne sont, par exemple, ni les Américains ni l'OTAN qui ont pu mettre un terme à la guerre russo-géorgienne et qui peuvent aujourd'hui en observer l'application du cessez-le-feu. Nous voyons bien en Libye que les Etats-Unis se souhaitent pas être en première ligne et que l'engagement minimaliste de l'OTAN ne règle pas tout."

 

"Madame la Haute-Représentante, la Politique de Securité et de Défense commune est un non seulement un acquis, non seulement une ambition inscrite dans les traités, c'est aussi une nécessité stratégique et vous devez être en première ligne pour prendre les initiatives qui s'imposent" a déclaré Arnaud Danjean en conclusion.

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 21:30
La défense européenne à l'épreuve de la crise libyenne

« Je comprends que l'autonomie stratégique européenne puisse paraître idéaliste au regard de l'actualité », a déclaré le président de la sous-commission, Arnaud Danjean.

 

05.04.2011 par Aude Raso Centre universitaire d'enseignement du journalisme - Strasbourg (France)

 

Consensus sur la faiblesse stratégique européenne et divergences autour de l'intervention franco-britannique : l'examen en commission du projet de rapport Gualtieri a subi le crible de l'actualité libyenne.

 

« La Libye a montré les lacunes, l’inefficacité, et le manque de volonté politique à faire le point et à agir dans le cadre du Traité de Lisbonne en matière stratégique ». Le jugement d'Ana Gomes (S&D, Portugal) a fait consensus au sein de la sous-commission Sécurité et défense le lundi 4 avril.

La réunion était consacrée à l'examen des amendements au projet de rapport sur le développement de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne.

 

Le rapporteur Roberto Gualtieri (S&D, Italie) a annoncé que le texte définitif inclurait une réflexion sur le manque de cohésion européenne autour de la résolution 1973 de l’ONU et la modestie de la mission PSDC de soutien humanitaire approuvée le 30 mars.

 

Si le consensus sur le diagnostic s'étend du PPE aux socialistes, en passant par les libéraux et les Verts, il y a désaccord sur la portée des accords de défense passés en novembre dernier entre la France et la Grande-Bretagne. Perçus par les Libéraux et les Verts comme un obstacle à la PSDC, ils ont été défendus par Roberto Gualtieri : « Le Parlement européen ne doit bien sûr pas appeler à la multiplication des missions hors-UE ; mais si certains sont à l’avant-garde, il faut faire en sorte que les autres les rejoignent .»

 

Le rapport Gualtieri sera soumis le 13 avril au vote de la commission des Affaires étrangères, et fera l’objet d’un débat et d'un vote lors de la séance plénière de mai en présence de la Haute représentante Catherine Ashton.

 

Deux autres réunions de la sous-commission Sécurité/Défense sont prévues pour les 13 et 14 avril. Son président, Arnaud Danjean (PPE, France) a annoncé la venue à cette occasion de Claude-France Arnoud, nouvelle directrice de l’Agence européenne de défense, et la présence – non confirmée – du ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, pour discuter des opérations en Libye.

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 23:07
Pooling & Sharing : des sages vont se mettre au travail. Calendrier serré

 

Publié le 2 mars 2011 par Nicolas Gros-Verheyde

Le planning de travail pour le « pooling and sharing » est fixé. Et il est serré. Chaque ministère de la Défense doit donner ses premiers éléments, les domaines où il entend pouvoir nouer des coopérations, éventuellement en interdépendance, très rapidement. Une première évaluation devront être faites par le comité militaire de l’UE début avril. Avant un examen et des premières décisions au niveau ministériel en mai. Les CHOD (chefs d’Etat major) seront assistés de sages. Cette nécessité a été reconnue par plusieurs participants et avalisée, semble-t-il par Cathy Ashton, qui n’était pas très enthousiaste au début. Le nombre n’est pas encore fixé exactement. Sans doute davantage qu’un mais inférieur à 5. Leur rôle n’a pas été clairement fixé. Mais ils devront plutôt qu’établir un rapport, faire la navette entre la capitale, être des missi dominici, à qui on peut confier sous le sceau du secret, ce que l’on entend mettre dans la « corbeille » européenne. D’ores et déjà plusieurs pays ont présenté des candidats : les Pays-Bas, la Finlande et la Grèce, d’après mes dernières informations.

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