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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 17:50
Dixmude, tenir coûte que coûte


23 Octobre 2014 LV (R) Pascal Boisson, Docteur en histoire, Centre de Recherche Historique de l'Ouest

 

Août 1914, le contre-amiral Ronarc’h chargé de maintenir l’ordre dans Paris et de défendre ses environs forme «une brigade de fortune». Il rassemble 6 585 marins originaires majoritairement de Bretagne dont un quart de fusiliers brevetés. Finalement les armées ont besoin d'eux pour d'autres théâtres d'opérations. Ainsi, le 8 octobre, la brigade se porte au secours des Belges en retraite. Retour sur l’action des fusiliers marins entre le 16 octobre et le 10 novembre 1914.

 

 

Les marins embrigadés viennent de tous les horizons. Paul Petit-Dutaillis, un des médecins de la brigade, note dans ses souvenirs : «Les hommes de cette brigade étaient de tous âges : il y en avait de moins de 20 ans et de plus de 50 ans. On y trouvait toutes les spécialités, aussi bien des timoniers, des gabiers, des infirmiers, des soutiers, des électriciens, que de véritables fusiliers, et des canonniers sans canon». Nombreux sont ceux qui, improvisés officiers ou officiers-mariniers, rempliront avec courage des rôles auxquels ils n'étaient pas préparés. L’extrême jeunesse de certaines recrues, qui surprend bon nombre de leurs compatriotes, leur vaut le surnom de « demoiselles aux pompons rouges ».

Après leur baptême du feu à Melle, les fusiliers s'établissent à Dixmude, position stratégique, tête de pont d’une ligne de résistance qui s’appuie sur le petit fleuve Yser depuis Nieuport. Le 16 octobre, la brigade brise le premier assaut des divisions allemandes lancées dans la course à la mer pour s'emparer de Dunkerque et Calais. Le 24, l'amiral reçoit l’ordre de tenir «coûte que coûte tant qu’il restera un fusilier marin vivant».

Les conditions de vie des soldats au front sont atroces. Le quartier-maître Luc Platt évoque dans sa correspondance les souffrances physiques et morales des longs moments passés dans les tranchées quand il ne se bat pas : «Sur une nuit de douze heures, chacun de nous monte six heures de garde : deux fois trois heures ! Il fait, la nuit, un froid terrible, et il faut rester trois heures sans bouger ni dormir. Je vous assure que c’est là le plus pénible du métier : on a beau mettre les pieds dans le sac à viande avec deux paires de chaussettes, on est transformé en glaçon». Les maux dont souffrent les hommes sont multiples : gelures, fièvres, dysenterie, maladies vénériennes, parasites, affections dentaires et cutanées, bronchites, conjonctivites.

Dans ces conditions difficiles, le rôle du lieutenant de vaisseau Jean Pinguet est primordial pour ses hommes : « Quand ils sont trop à me regarder ainsi, comme des chiens battus qu’on mène à l’assommoir, je chante quelque refrain du bataillon, un de ceux qu’ils connaissent tous. L’effet est immédiat : ils oublient la canonnade, et, sur la ligne, cinq ou six chansons s’élèvent, déclenchant les rires partout. C’est le facteur moral qui donne».

 

L'ESPRIT DE RÉSISTANCE

Ronarc'h permet à l’armée belge d’échapper à l’encerclement et à l’armée française de contenir les tentatives d’enfoncement du front avant de le consolider jusqu'en 1918. La résistance acharnée de l'amiral marquée par la ténacité et l’héroïsme de ses hommes n’est finalement submergée que le 10 novembre, jour de la prise de la ville par les Allemands. Ses marins, nous dit Dutaillis, «ont toujours manqué d’un peu de tout, aussi bien de voitures, d'ambulance que de pinard et d'artillerie». Et pourtant ils s’affirmeront les égaux des soldats de la Marne ; ils se battront farouchement pendant vingt cinq jours aux côtés de 5 000 Belges, 1 200 Sénégalais, et trois bataillons de chasseurs à pied, résistant à environ 40 000 Allemands. «Nous sommes restés dans la tradition de la brigade, fidèles à tenir : c’est ordinairement tout ce qu’on demande aux marins, et ils savent le faire» écrit l'enseigne de vaisseau Charles Poisson. La brigade perd la moitié de son effectif et 80% de ses officiers ; les Allemands 8 000 hommes.

La bataille de Dixmude marque l'arrêt de l'invasion allemande. Un coup sérieux est porté à la puissance militaire de l’Allemagne ; son prestige est atteint, ses effectifs réduits par de lourdes pertes, ses approvisionnements entamés.

Les fusiliers marins ont tenu au prix de grandes souffrances durant cette courte mais terrible et défensive campagne. Dixmude est un des tournants majeurs dans l'histoire de la Première Guerre mondiale ; c'est un combat primordial, puisque la formidable défense de l'Yser que l’ennemi n’a pu franchir vient compléter la victoire de la Marne en fermant aux Allemands le dernier passage encore ouvert de la défense française.

Dans l’Histoire française et belge, la ténacité et le courage des demoiselles aux pompons rouges de Dixmude demeurent le symbole de la résistance.

 

 

Dates clés

 

7-28 août 1914 : Formation de la brigade

 

8 octobre : Arrivée en Belgique

 

24 octobre : Ordre de tenir Dixmude « coûte que coûte. La seule hypothèse qui ne puisse être envisagée c’est la retraite»

 

7-9 novembre : Pilonnages massifs des allemands

 

10 novembre 1914 : Prise de Dixmude

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26 septembre 2014 5 26 /09 /septembre /2014 11:50
photo Marine nationale

photo Marine nationale

 

25/09/2014 Marine nationale

 

Dans le cadre de la commémoration de la bataille de Dixmude, la Marine nationale honorera le souvenir des fusiliers marins qui ont combattu aux côtés de leurs camarades de l’armée de Terre, des soldats belges et britanniques pendant la Première Guerre Mondiale.

 

A cette occasion, le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude sera déployé entre le 29 septembre et le 27 octobre 2014 afin de participer aux cérémonies de commémoration de la bataille de l’Yser les 11 et 12 octobre en Belgique.

 

Au cours de son déploiement, le BPC fera escale Lorient du 6 au 8 octobre, à Zeebrugge du 10 au 15 octobre, à Brest du 17 au 19 octobre et à Lisbonne le 21 octobre.

 

L’équipage du Dixmude ainsi que les fusiliers marins embarqués participeront à des cérémonies de commémoration. Des conférences et des expositions auront également lieu à bord.

 

La bataille de Dixmude est un épisode marquant de l’Histoire militaire et de la Première Guerre Mondiale par le caractère décisif de cette bataille dans la campagne des Flandres, dans la guerre de mouvement que cette dernière clôture en empêchant les troupes allemandes de déborder les troupes alliées. La création de la brigade des fusiliers marins principalement à partir des inscrits maritimes, de jeunes marins et d’anciens gabiers, mécaniciens - principalement encadrés par des fusiliers marins.

 

La Marine n’a de cesse, depuis la Première Guerre Mondiale, de transmettre le souvenir de cet engagement par la force maritime des fusiliers marins et commandos marine, par le baptême d’unités de la Marine au nom de Dixmude et enfin par une coopération active avec les forces belges.

 

Héritière de la brigade des fusiliers marins commandée par l’Amiral Ronarc’h, la force maritime des fusiliers marins et commandos a un rôle déterminant dans le succès des missions de la Marine. Elle a une double mission, la protection et la défense des sites stratégiques et des unités de la Marine, le renforcement de la protection des certains bâtiments français jugés sensibles pour les intérêts nationaux ou particulièrement exposés à certaines menaces maritimes, la participation aux opérations spéciales en haute mer, depuis la mer ou à terre.

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