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20 décembre 2013 5 20 /12 /décembre /2013 21:45
Carte : MAE, Centre crise, 18/11/2013. En rouge, zone fortement déconseillée

Carte : MAE, Centre crise, 18/11/2013. En rouge, zone fortement déconseillée

 

16 décembre 2013 par Thomas Flichy - libertepolitique.com

 

La guerre qui désole actuellement la République centrafricaine est inséparable de la longue histoire de ce territoire-refuge, faisant la transition entre le désert et la forêt équatoriale.

 

DEPUIS LE XVIe siècle, la Centrafrique se présente comme un territoire-refuge pour les populations chrétiennes venant du Soudan, du Tchad ou encore du Nigéria. Depuis des siècles, les populations du Nord se livrent en effet à des raids militaires à la recherche d’esclaves et de butin. C’est le cas du royaume de Ouaddaï, fondé au XVIIe siècle, qui étend son influence jusqu’au fleuve Chari en ravageant périodiquement ses rives.

Avec la colonisation française, les différends sont partiellement gelés. Pourtant, l’Oubangui-Chari demeure un territoire imparfaitement maîtrisé, une grande partie de ses espaces restant incontrôlée.

Depuis l’indépendance, la Centrafrique a retrouvé son instabilité antérieure. Dans ces circonstances, parler d’« État failli » serait un contresens dans la mesure où aucun État n’a jamais véritablement existé, les affrontements ethniques et religieux contemporains ne faisant que révéler la fragilité d’une frontière désarmée, vulnérable à toutes les agressions.

 

La guerre vise-t-elle l’accaparement des ressources locales ?

On pourrait dire à l’inverse que la guerre civile rend impossible l’exploitation des richesses locales. La République centrafricaine dispose d’importantes richesses agricoles, mais également minières, qu’il s’agisse de l’or, des diamants du pétrole ou de l’uranium.

Dans les années 1960, un gisement de bauxite avait été découvert à Bakouma par le Commissariat à l’énergie atomique. Cet uranium a intéressé le Japon, la Chine, l’Afrique du Sud mais aussi la France. Toutefois, plusieurs attaques ont obligé les compagnies privées à en différer l’exploitation.

Aujourd’hui, le drame humanitaire qui jette les réfugiés sur les routes rend tout redressement économique improbable.

 

Comment stabiliser la Centrafrique ?

D’un point de vue géopolitique, il sera très difficile de stabiliser la République centrafricaine sans l’aide du Tchad, qui joue un rôle majeur dans la sous-région. N’Djamena dispose en effet de réels moyens de pression sur les milices Séléka qui ravagent la Centrafrique depuis plusieurs mois.

Les opérations « Sangaris » et « Serval », sont à cet égard complémentaires.

La France n’a pas voulu intervenir rapidement en Centrafrique dans la mesure où le Tchad était un bon allié. Il a soutenu activement l’opération « Serval », un important contingent de soldats tchadiens ayant été dépêché au Mali afin d’appuyer les opérations françaises.

Après la chute de Bozizé toutefois, la France a volé au secours du Tchad et de la Centrafrique. Elle a donc pu proposer ses services en douceur, sans froisser pour autant, son allié tchadien. 

 

Thomas Flichy est chercheur au CREC-Centre de recherche des écoles de Coëtquidan, professeur à l'ESM de Saint-Cyr.

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22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 16:45
Opération Serval au Mali, l'intervention française décryptée

19.04.2013 Par Olivier Berger, grand reporter à La Voix du Nord. – Défense Globale

 

Sous la direction de Thomas Flichy, professeur à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr, le groupe Synopsis, du Centre de recherches des écoles de Coëtquidan, a publié en mars un décryptage de l'Opération Serval au Mali. On ne peut dire qu'ils aient chômé même s'il ne s'agit pas d'une analyse tactique des opérations...

Nous avons rencontré Thomas Flichy récemment à Lille. Il est en effet officier de réserve au Knowledge Center du Corps de réaction rapide France (CRR-FR)...

 

- Pourquoi avoir publié aussi vite un décryptage de l'intervention française au Mali ?

" Il ne s'agit pas d'une analyse de l'opération en cours. Nous avons voulu disséquer ce qu'est le Mali, ce territoire, ses frontières entre la civilisation de la savane au sud et celle du désert au nord. L'histoire liée à la colonisation garde un impact fort. Par exemple, les populations du nord ont joué la scolarisation pendant la colonisation française. On a ainsi formé des élites alors que les Touareg du nord ont toujours refusé. Ils étaient dans une logique nomade : pour eux, se fixer signifiait renoncer au pouvoir. Logiquement, lors de la décolonisation, les élites sont venues du sud et des jeux de revanche se sont mis en place qui remontaient aux temps de l'esclavage menée par le Nord sur le Sud. Et là, c'est en quelque sorte la belle. "

- Pourquoi la France est-elle intervenue au Mali ?

" La France a d'abord eu raison d'intervenir pour une raison très simple. Si les forces spéciales et l'armée de terre n'étaient pas intervenues, nous aurions pu avoir 700 otages à Bamako. Donc la décision a été prise très rapidement, s'est imposée d'elle-même. Il n'y avait pas tellement d'autres choix, même d'intervenir à moitié. C'était une politique d'opportunité. Après, les choses s'enclenchent avec une montée en puissance. Au-delà, cette opération est intéressante car on voit que la France garde les pieds et des attaches dans cette région, avec des enjeux géopolitiques, pétroliers, miniers... "

- La France devait-elle s'engager seule, comme cela a été critiqué au début de l'intervention ?

" Il fallait intervenir dans l'urgence. L'Europe de la défense est une chose mais on ne monte pas une coalition internationale en en quart d'heure. Le terrain était pour ainsi dire préparé. On a pu agir vite, en quelques heures, grâce à la présence française sur place. Quel autre pays européen aurait été capable de le faire ? Ensuite, l'envoi des troupes suit. On s'engage. Avec la participation pour le transport notamment, il faut le noter, d'autres pays européens "

- L'intervention au Mali est-elle tombée à pic pour l'armée française, au moment de discussions budgétaires ?

" Effectivement, elle ne pouvait pas mieux tomber, à un moment où on évoque des réductions. L'armée a voulu montrer qu'elle était capable de mener une opération d'envergure. Par exemple, si nous n'avions pas eu de troupes prépositionnées en Afrique, nous n'aurions pas été capables d'intervenir aussi rapidement. Ce sont des dizaines d'années d'expérience. Nos militaires sont habitués à partir en Afrique et l'intervention au Mali ne les a pas tellement surpris. On peut même dire qu'ils s'y attendaient. Au-delà, la France a montré qu'elle pouvait mener une opération à bien. Ce qui est important pour sa stature internationale, pour sa position et pour la protection de ses intérêts. "

- Combien de temps va durer l'intervention française ?

" Combien de temps va-t-on rester ? Faut-il rester ? La question est délicate. Un scénario d'ensablement existe mais il ne faut pas transposer avec l'Afghanistan. Il faut attendre encore un peu et savoir quelle force sera capable de sécuriser le Mali très concrètement. Et quels seront les soutiens financiers ? Une question essentielle en Afrique. "

Opération Serval au Mali, L'intervention française décryptée, par le groupe Synopsis sous la direction de Thomas Flichy, éditions Lavauzelle, 14,80 €, 123 pages.

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