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26 février 2015 4 26 /02 /février /2015 19:45
La Libye menacée de devenir une nouvelle Syrie, craint son chef de la diplomatie

 

25 février 2015 45eNord.ca (AFP)

 

La montée en puissance des groupes extrémistes menace de transformer la Libye en une nouvelle Syrie, juge le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohammed al-Dairi, pour qui les Occidentaux doivent armer les forces libyennes qui combattent les djihadistes.

 

« Le temps presse », a déclaré dans un entretien accordé à l’AFP M. Dayri lors d’une brève visite mardi soir à Paris. « Le terrorisme ne constitue pas un danger pour la Libye et les seuls pays voisins, il s’agit d’une menace qui s’intensifie contre l’Europe ».

 

« En l’absence d’une solution politique, le pays peut être entraîné dans une véritable guerre civile comme en Syrie », a averti le ministre, dont le pays, en proie aux milices rivales, a sombré dans le chaos.

 

La Libye, riche pays pétrolier, est aujourd’hui dirigé par deux parlements et deux gouvernements rivaux, l’un proche des milices islamistes qui contrôle la capitale Tripoli et l’autre reconnu par la communauté internationale qui siège à Tobrouk (est).

 

Le ministre, qui fait partie de cet exécutif à Tobrouk, a souligné que le groupe de l’État islamique contrôlait déjà deux villes, Derna (est) et Syrte (centre), qu’il « tient en otages », et qu’il était présent à Tripoli où il a mené le mois dernier un attentat contre un hôtel abritant des responsables et des étrangers.

 

Les combattants djihadistes sont estimés, selon lui, à environ 5.000 actuellement et comme en Syrie, un grand nombre d’entre eux, notamment à des postes de commandement, sont des étrangers.

 

Ainsi, « l’émir » autoproclamé de la Cyrénaïque, dont la capitale est Derna, est Yéménite, celui de Tripoli est Tunisien, deux des trois kamikazes ayant mené le dernier attentat suicide de l’EI vendredi dans l’est du pays seraient Saoudiens, a précisé le ministre.

 

M. al-Dairi a souligné que son gouvernement ne plaidait pas « pour une nouvelle intervention militaire occidentale », à l’instar de celle qui avait délogé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, mais pour « le renforcement des capacités de l’armée libyenne ».

 

Il avait déjà appelé la semaine dernière, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, à une levée de l’embargo imposé depuis 2011 aux armes destinées à la Libye. Plusieurs membres du Conseil, dont la Russie, sont réticents à lever cet embargo, évoquant le risque de voir des armes tomber entre de mauvaises mains.

 

La communauté internationale réclame une solution politique en Libye avant toute chose, et s’inquiète, outre la montée en puissance des djihadistes, de l’afflux de l’immigration clandestine à destination de l’Italie notamment.

 

« La formation d’un gouvernement d’union nationale est une priorité libyenne, avant d’être une demande internationale », a assuré le ministre. « Mais si nous parvenons dès demain à former un tel gouvernement, il nous faut de l’aide pour l’armée libyenne. Or je n’ai trouvé aucune réponse convaincante aux États-unis ou en Europe, seulement des assurances qu’il y aurait une action internationale et non une intervention ».

 

L’armée et la police régulières sont profondément divisées et affaiblies en Libye. Mais pour le ministre, les forces du général controversé Khalifa Haftar, qui combattent depuis des mois les groupes islamistes dans l’est du pays, constituent « un embryon d’armée nationale ».

 

Le Parlement libyen reconnu par la communauté internationale a d’ailleurs décidé mardi d’instaurer un poste de « chef général de l’armée », créé sur mesure pour le général Haftar.

 

Le gouvernement de Tripoli étant très hostile au général Haftar, cette création risque de compliquer le dialogue politique entre les deux camps, mené sous l’égide de l’ONU.

 

Un nouveau round de discussions était prévu jeudi au Maroc, mais le Parlement libyen reconnu par la communauté internationale a décidé de suspendre sa participation à ce dialogue « après les attentats terroristes » vendredi commis par l’EI à Al-Qoba (est) et qui ont fait plus de 40 morts.

 

Le gouvernement de Tobrouk reproche à son rival de Tripoli de ne pas « condamner assez fermement le terrorisme », a dit le ministre. Mais Mohammed al-Dairi a cependant assuré qu’il n’y avait « pas de remise en cause du dialogue » venant de son camp. Il reviendra à la table des négociations, a-t-il dit, sans préciser quand.

 

« Notre condition sine qua non pour former un gouvernement d’union nationale est l’engagement à combattre le terrorisme », a-t-il insisté.

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25 février 2015 3 25 /02 /février /2015 20:30
Les quatre cibles de l'Etat islamique en Libye

 

23 février 2015 par Antoine Malo - JDD

 

Des djihadistes venus de Syrie attirent de nouveaux combattants sur le sol libyen. y multiplie démonstrations de force, attaques et décapitations d’otages.

 

La Libye, nouvelle terre de conquête de Daech? Les images de la décapitation des 21 coptes égyptiens ont brutalement mis en lumière la place de l'organisation État islamique (EI) en Libye. À la différence de la Syrie et de l'Irak, elle ne contrôle pas un territoire homogène, mais son expansion est indéniable. "Daech devient un pôle d'attraction pour la jeunesse libyenne, spécialement celle des campagnes", prévient Omar Altwati, journaliste libyen aujourd'hui exilé aux États-Unis. L'EI a repris le découpage historique du pays en trois provinces, Barqa (Cyrénaïque, Est), Fezzan (Sud) et Tarabulus (Tripolitaine, Ouest), comme autant de territoires à conquérir.

 

Derna, le quartier général

C'est dans cette ville côtière de l'Est, bastion historique du radicalisme religieux, que l'organisation est apparue il y a plusieurs mois à travers le Majlis Shura Shabab al-Islam (conseil consultatif de la jeunesse islamique), un rassemblement de djihadistes. Le noyau dur de Daech à Derna est composé de combattants revenus de Syrie, ­appartenant à la brigade Al-Batar : 200 à 300 hommes, libyens mais aussi algériens, tunisiens, yéménites… "Ce sont des professionnels, capables de commettre des attentats-suicides", assure Muftar D.*, un avocat de la ville. Une autre source évoque la présence d'une deuxième brigade revenue de Syrie, qui compterait quelque 500 combattants. L'organisation n'est pas la seule à régner sur Derna puisqu'elle doit composer avec un Conseil consultatif de la Choura des moudjahidin. On y retrouve des groupes plus ou moins liés à Al-Qaida, comme Ansar al-Charia, mais aussi la Brigade des martyrs d'Abou Salim, dirigée par une figure de la révolution, Salim Derbi. Un vétéran du djihad libyen jouerait les intermédiaires entre Daech et ce Conseil de la Choura.

L'EI, pourvu d'un arsenal considérable, contrôle le centre-ville, et les autres groupes plutôt la périphérie. Un Yéménite répondant au nom de guerre d'Abou Bara Al-Azdi serait arrivé il y a six mois et jouerait un rôle prépondérant dans l'organisation. À ses côtés officierait un cheikh saoudien, responsable du tribunal et de la police islamiques. Comme en Syrie, la vie des habitants est régie par une application stricte de la charia. "Les magasins qui vendent des cigarettes ont été fermés, les femmes doivent sortir couvertes, les coiffeurs ne peuvent plus couper les barbes et les échoppes doivent fermer aux heures de prière", résume une habitante qui a préféré garder l'anonymat.

Les djihadistes disposent de différents camps d'entraînement dans et à l'extérieur de la ville. Selon un habitant, l'un d'eux aurait été la cible des bombardements égyptiens. En représailles, l'EI a revendiqué des attentats-suicides qui ont tué au moins 40 personnes vendredi à Al-Qoba, à quelques dizaines de kilomètres de Derna.

 

Objectif pétrole?

Les plus grandes inquiétudes entourent aujourd'hui la ville de Syrte. Jusqu'ici, l'ancien fief de ­Kadhafi vivait sous la coupe de divers groupes dont Ansar al-Charia. Mais ses membres semblent se rallier peu à peu à Daech. Jeudi, l'EI s'est emparé de l'université et aurait mis sur pied, selon le journaliste Omar Altwati, un tribunal islamique. Il y a dix jours, ils ont aussi mis la main sur des radios locales et diffusent depuis des versets du Coran et des discours de leur "calife" Baghdadi. Un peu plus à l'est, aux abords du village de Nofilia, Daech a fait récemment une démonstration de force en organisant un convoi de plusieurs dizaines de pick-up surmontés de drapeaux noirs.

"Nofilia est un village stratégique, un carrefour routier important", s'inquiète-t-on chez le général Haftar. C'est aussi une porte d'entrée vers les terminaux pétroliers de Ben Jawad, Ras Lanouf, Al-Sedra et Brega : les prochaines cibles de Daech? "C'est une possibilité à envisager", explique le géographe Ali Bensaad, spécialiste de la Libye. L'objectif? Peut-être moins mettre la main sur l'or noir que de plonger un peu plus le pays dans le chaos en empêchant l'exploitation pétrolière, déjà perturbée par la guerre que se livrent les gouvernements de Tobrouk et de Tripoli. Le 4 février, une attaque contre le champ pétrolier d'Al-Mabrouk, à 180 km au sud de Syrte, était ainsi attribuée à l'EI. Le 13, c'est le site d'Al-Bahi, à une trentaine de kilomètres, qui étaient la cible de tirs de roquettes.

 

À la conquête de l'Ouest

La Tripolitaine est l'autre nouveau terrain de chasse de l'EI : fin novembre, des images circulant sur les réseaux sociaux montraient la naissance d'une cellule dans la ­région de Tripoli. N'y figuraient que quelques pick-up, une dizaine de "combattants" portant de vieux lance-roquettes.

En trois mois, ­l'organisation s'est distinguée par plusieurs attentats revendiqués contre des bâtiments publics ou des ambassades étrangères. Le 27 janvier, ce sera le coup d'éclat avec l'attaque-­suicide contre le ­Corinthia, un hôtel de luxe, qui fera 9 morts. Mais il est difficile d'évaluer la force de Daech dans la région, d'autant que les autorités de Tripoli niaient jusqu'à récemment son existence.

 

Les mystères du Sud

L'EI serait-il aussi implanté dans cette zone de non-droit où pullulent groupes djihadistes et trafiquants sahéliens? "Il y a là un risque de connexion entre les terroristes d'Aqmi [Al-Qaida au Maghreb islamique] et ceux de l'EI", explique-t-on côté français. Début janvier, 14 soldats libyens loyaux au gouvernement de Tobrouk étaient tués près de la ville de Sebha dans une embuscade revendiquée par l'EI.

Le géographe Ali Bensaâd tempère : "Il y a peut-être du passage des combattants de l'EI dans la zone, mais pour qu'ils s'y implantent, il leur faudrait d'abord négocier avec les diverses tribus qui la contrôlent." Le Sud libyen semble être encore et surtout une base de repli pour Aqmi et ses affidés. Mokhtar Belmokhtar, chef du groupe djihadiste des Signataires par le sang, s'y serait installé avec ses hommes. Selon une source à Paris, il y aurait pris femme et y aurait eu, très récemment, un enfant.

* Nom modifié pour des raisons de sécurité.

 

Lire aussi : L'Égypte sur le front de l'extrémisme religieux contre l'Etat islamique

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